ALERTE ! ALERTE ! Tous à vos postes. Ce n’est pas un exercice ! Lâchez vos morceaux de pizzas, déglutissez votre morve, désoxyribez vos nucléiques ! Attention ! Attention ! Une événement NORMAL va bientôt se produire. Soyez prêt.
« Putain, Roger ! T’as entendu l’alarme ? C’est terrible ! Il va se passer quelque chose de normal. Ce genre de manifestation n’est jamais survenu depuis que l’univers existe. Mais tu te rends contre, bordel de Dieu de spermatozoïde toltèque ! du banal, du prévisible, du totalement anodin va se dérouler quelque part, dans un instant précis qu’est pas plus tard que bientôt !
– Je sais Raymond. Je sais. C’est psychologiquement dévastateur. À la seconde où j’ai appris ça, toute la confiance que j’avais placée dans l’humanité s’est effacée comme une traînée de poudre qui s’envolerait au vent mauvais qu’aurait dit si bien Verlaine. Je ne suis qu’un homme, Raymond. Un homme comme tout le monde, avec des envies, des désirs, un plan-épargne logement, et encore des envies et encore des désirs. Et maintenant que le monde bizarre que j’avais patiemment construit avec mes mains et ma folie va s’écrouler, je n’ai plus rien à croire. Tiens, prends cette dalle de béton que j’ai cueillie pour toi ce matin. Je ne suis plus qu’une coquille vide qu’un commercial vendrait à la criée à un client final. Oh, Raymond, je n’ai qu’un seul regret : depuis le temps que nous nous connaissons, il ne s’est pas passé un moment sans que je n’ai eu envie de t’embrasser.
– Oh Roger. Tu voudrais que nous nous embrassassions ?
– Mais non. je voudrais que, depuis le temps que nous nous connaissons, il se passe un moment durant lequel je n’ai PAS envie de t’embrasser.
– Ah d’accord. Rien de plus facile. Je plonge ma tête dans du munster fondu. Bloub bloub. Aïe c’est chaud. Et voilà, le tour est joué. T’as envie de m’embrasser là ?
– Oh, merci Raymond.
– De toutes façons, je suis une chaussette et tu es un bœuf musqué. Notre liaison aurait été impossible. À plus forte raison dans un monde qui se permet de faire occurrer de la normalité. Oh, à ce propos, regardons cela ensemble ! »
Alors l’événement normal survint, et plus rien ne fut jamais comme avant. A partir de cet instant, les choses furent comme maintenant. Ce maintenant s’enfonçait inexorablement dans le avant, au rythme régulier d’une seconde par seconde. Et c’est tout. Au fait, quel est-il, cet événement normal venu de maintenant pour changer l’avant ?
Eh bien c’est mon article mensuel de milieu-de-mois, qui récapèpète tout ce que j’ai fais dans le numéro 18 du magazine 42 mensuel du début-de-mois (http:// 42lemag.fr/archive_n18.php).
Et le thème, c’est l’humour noir !!
Mes contributions
Page 4 : visibilité et large support sont les deux mamelles de la publicité
Vous connaissez forcément Anorei Collins, je la fais parfois apparaître dans mes articles. Eh bien j’ai écrit une news à son sujet.
Je tiens à signaler une autre news toujours à son sujet (déjà postée dans le forum de 42) : Jace Hall, un mec génial, a fait un clip sur World of Warcraft, et sur le fait que rester enfermé chez soi à jouer, c’est trop le bien. (Oui c’est vrai, mais pas QUE à WoW, bordel). Bon bref, tout ça pour dire que Anorei y fait trois apparitions, et ça fait bien plaisir.
Edit 2013-07-25 : Notre chère Anorei nous racontait tout cela dans une entrée de son blog personnel, que j’avais linkée, sauf que le link est mort. Ce n’est pas grave, voici directement la vidéo (http:// www. youtube.com/watch?v=ltM5jHIJFw4).
Et 3 fois n’est pas coutume. Voici d’autres apparitions de la dame.
Page 13 : les deux fausses pub
Bon, la première est assez simple. Pas grand chose à en dire, sinon que je suis toujours aussi drôle.
La deuxième est un peu plus subtile. Je voulais faire quelque chose de sale, tout en reprenant des expressions qui font bien, tel que « sans distinction de race, de couleur, de religion, de nationalité. » Je suis plutôt content de moi.
Le logo du « Mouvement » a une signification particulière. Je ne l’ai pas donnée dans la pub, car ce n’est pas nécessaire pour comprendre le « message » (hu hu hu, encore un mot qui fait bien). Ici, nous sommes entre nous, je ne peux résister à l’envie de vous expliquer en détail.
Il y a deux interprétations possibles :
- Une pointe de flèche qui rentre dans une tête de bonhomme, et le tue. À noter que d’habitude, un dessin de tête, aussi épuré soit-il, comporte au moins les yeux. Là, y’a même pas ça. C’est pour montrer le caractère vraiment universel de l’humanocide proposé. Oui, on abat même les borgnes et les aveugles.
- La flèche représente un mouvement, une évolution vers l’avant, comme le bouton play des bidules à musique. Le rond représente la Terre. L’idée serait donc de faire évoluer la Terre. Sous-entendu : en supprimant l’espèce humaine, aussi ringarde que les dinosaures, afin de laisser place à l’espèce suivante, qui sera, on l’espère, un peu moins conne.
Et sinon, les petites photos en dessous, c’est juste pour l’ambiance, la cohérence générale du tract. Voili voilà.
D’autres images
J’ai un peu contribué à l’article « Les jeux sur la seconde guerre mondiale auxquels vous avez échappés », écrit par Mppprrrrfffffchier. (C’est son vrai prénom, d’ailleurs il a fait un procès à ses parents et il a gagné plein de fric. Je devrais faire pareil).
Page 15 : Image du jeu d’aventure « Werner von Raittenschplitz et le Secret de la Couronne du Labyrinthe Maudit »
La consigne générale donnée par le commanditaire de l’image (je ne vais pas réécrire son pseudo, Fait chier) était « je veux du WTF, comme dans les jeux d’aventures à la Lucas Arts ». Il voulait que ce soit dans un laboratoire d’alchimie cabalistique, avec un juif orthodoxe portant un masque et un tuba, des conneries dans l’inventaire, et que le héros possède une pipe, pour la référence au mec qui drink du milk. Je sais pas d’où il sort celui là, mais on s’en fout.
Je pense avoir à peu près rempli le contrat, même si on a du mal à distinguer les détails. Comme je suis trop fier de moi, voici mes sources:
- l’image de fond a été piquée à « Curse of Enchantia ». Le jeu d’aventure le plus débile que j’ai jamais rencontré. C’est une petite vengeance personnelle que je me permet ici, car je l’avais acheté ce jeu. Oui ! Avec du vrai argent de poche. Et ça m’avait vraiment énervé de tomber sur cet espèce de monstre de débilité sans aucune justification. Le WTF, oui, mais avec modération. Ou alors, sans modération, mais gratuit.
- La pipe dans l’inventaire est « la pipe qui n’est pas une pipe », de Magritte. Pourquoi a-t-il choisi une pipe pour son tableau, cet andouille ? Mystère. En tout cas je trouve ça crétin, car le « message » original du tableau est en partie occulté par le double-sens du mot « pipe ». Il ne le savait peut-être pas, le pauvre. Ah monde cruel. SUCK MY DICK, DIRTY SLUT FULL OF ROUGE A LEVRES !
- Le juif orthodoxe vient du meme « jew-jitsu ». Je vous laisse faire l’éventuelle recherche documentaire si vous ne connaissez pas. Ce juif porte un tuba, comme cela a été demandé. Celui-ci provient du jeu Maple Story (un snorkle, dropé par les Jr Pepe sous-marins). Pour ceux qui s’intéresserait à ma vie : je ne joue plus à Maple Story, je me suis arrêté au lvl 57.
- Le lecteur aux yeux de lynx aura reconnu un poulet en caoutchouc dans l’inventaire.
- L’objet suivant est un éléphant dans une bouteille (WTF). Je l’ai voulu un peu bleuté. Subtile référence au jeu flash rigolo « Achievement Unlocked ».
- Le dernier objet, c’est ma petite publicité personnelle. Il s’agit de monsieur Schizy, la marionnette schizophrène de Christiansen, dans mon superbe dessin animé que vous avez tous téléchargé et regardé, ici. L’astuce, c’est que Christiansen est schizophrène, mais ne veut pas l’admettre. Alors il s’est inventé un personnage imaginaire (monsieur Schizy), et s’imagine que c’est lui qui est schizophrène. Il projette sa schizophrénie sur son double schizophrénique. Hahaha. Je suis trop fort.
Page 18 : image du jeu Jewish Master.
Le bon goût reste présent, avec cette parodie de Tetris dans un four crématoire. On aurait pu l’appeler Jewish Match, pour le jeu de mot avec Jewel Match.
Voici les références notables :
- Dans « l’aire de jeu » du Tetris : Liam Neeson jouant Oskar Schindler.
- En haut de l’image, le garçon assis a été piqué au film « the boy in the striped pyjamas ». Les autres gens en fringues rayées ont été pris sur des sites web de fringues quelconques.
- Les « pièces du jeu » sont censé arriver par une voie de chemin de fer (lol, oui oui : lol). Celle-ci vient du jeu vidéo Locomotion. Bien sympa d’ailleurs. Il n’a rien à voir avec la deuxième guerre dial-mon, mais on n’est plus à ça près.
- Le gros truc vert fluo représente une barre d’uranium. Même que y’a un effet de transparence, et tout.
- À gauche se trouvent les jauges colorées représentant du score, du mana, ou des stats quelconques. On reconnaîtra les insignes portés par les prisonniers en camp de concentration. Avec, à chaque fois, la version « classique » (un triangle de couleur) et la version juive (même triangle, plus un autre triangle jaune inversé derrière)
Page 33 : Le Tibet à l’époque du 21ème siècle.
Petit article amusant, qui se permet de démonter le Tibet, sa culture, ses moines, le dalaï-lama, etc. J’ai voulu reprendre le style d’écriture de mes compositions d’histoire-géo de merde, où il fallait parler de trucs auxquels je comprenais rien, qui m’intéressaient pas, et qui m’étaient jamais payés plus cher que 9/20.
Il existe des choses plus ou moins sacrées, dont les gens ne se moquent pas. Chez certains trublions, ce caractère sacré provoque la réaction inverse. Ils s’en moquent à outrance et font du « politiquement incorrect ». Je trouve ça tout à fait bien.
Sauf qu’il y a un petit problème. Ce sont trop souvent les mêmes choses sacrées qui se font désacraliser : les vieux, les pauvres, les handicapés, les roux, les écologistes, Johnny Halliday… Les trublions politiquement incorrects négligent certaines cibles. Pourquoi ? Peut-être par simple oubli, ou parce qu’il y a des choses plus sacrées que d’autres. J’ai eu l’impression que le Tibet avait été mis à l’écart de ces actes de moqueries mini-contestataires. Alors j’ai voulu réparer cette injustice.
Si j’avais vraiment eu des couilles, je me serais moqué de choses encore plus sacrées, que pratiquement aucun trublion n’ose approcher : les infirmières, la religion musulmane, les femmes enceintes, Coluche… Mais j’ai pas de couilles. Oui je sais, c’est facile de se contenter de l’avouer, au lieu de faire l’effort d’essayer de régler le problème. Mais je viens de vous avouer que je me contente de l’avouer. Paf, boucle infinie. Merci, au revoir.
L’article contient aussi quelques blagues fines sur le nazisme et les point Godwin. Je vais en parler ci-après, car je tiens à éclaircir un point (not Godwin)important.
Page 49 : monsieur Sylvestre chez le psy
Dialogue surréaliste entre deux entités emblématiques de la culture humaine : monsieur Sylvestre (la marionnette des Guignols), et Fred Freud, un psychologue générique de son état. Et pis c’est tout.
J’aime bien monsieur Sylvestre. Il est très spécial, parce que c’est l’une des rare marionnette qui ne représente aucune personne en particulier. La référence à Sylvester Stallone s’est évanouie depuis longtemps. Et non seulement ce n’est personne en particulier, mais en plus, il incarne plusieurs stéréotypes : le soldat, le businessman, le curé… C’est une coquille vide multiple et schizophrène. Je trouve ça cool.
Tiens ça fait deux fois que je parle de schizophrénie. Youpi !
Notre réutilisation de la réutilisation du nazisme
Depuis le début que je traîne mon cerveau dans la sous-culture geek, et que je participe à ce webzine de qualité, j’y croise beaucoup de blagues avec des nazis, hahaha, Hitler, lol, tuer les juifs, houhouhou. Le thème de ce numéro 18 en a apporté une quantité exceptionnelle (je ne nie pas que j’y ai contribué). Ça pourrait être mal pris, même par des gens doté d’un minimum de second degré. Alors je vais expliquer mon interprétation de tout ce bordel.
Quand j’étais gamin, les profs, et les adultes en général, nous engueulaient mega-sérieusement quand on faisait joujou avec le nazisme (par exemple, si on traitait quelqu’un d’Hitler, ou si on s’amusait à dessiner des croix gammés sur nos cahiers). On a vite compris que c’était un sujet tabou, et qu’il fallait pas plaisanter avec ça. Jusqu’ici, tout va à peu près bien.
L’ennui, c’est que, devenu grands, certains gamins ont cru bon d’utiliser ce caractère tabou pour en faire des vrais insultes, qui font le plus mal possible. Vous voyez où je veux en venir : les bons gros point Godwin bien gras (http:// fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Godwin).
Ce qui est grave, c’est qu’il n’y a pas que les crétins-flooders-trolls de l’internet qui prononcent ce genre de dérapage, il y a aussi des personnes avec un minimum d’influence médiatique. Je pense par exemple à Wonder-Carla-Bruni, qui a dit, à propos des journaliste du Nouvel Obs dans l’affaire du SMS à la con : « Mais ils auraient fait quoi ces gens pendant la seconde guerre mondiale ? Ils auraient dénoncé des juifs ? ». Notre première dame va avoir besoin d’une masse et d’un burin pour découper sa nouvelle « distinction » sur l’écran de son ordinateur.
Toutes les blagues pourries sur le nazisme, dans le magazine 42, et ailleurs, sont là pour tourner en dérision ces points Godwin. C’est du second degré, non pas à propos d’événements historiques graves, mais à propos de la récupération d’événements historiques graves. On a tranformé le nazisme en quelque chose d’outrageusement rigolo, afin de lutter contre sa transformation en une insulte banale.
Est-ce que c’est bien de faire ça ? Je n’en ai aucune idée.
J’ai l’impression que l’humanité commence à peine à se remettre du traumatisme provoqué par la deuxième guerre mondiale. Ça passe peut-être obligatoirement par des étapes de ce genre. Je reconnais que je me contente de suivre la tendance. Mais à la différence de beaucoup d’autres gens, j’y ai réfléchi un minimum. Tout ce blabla en est la preuve.
Par contre, un truc qui me gêne un peu plus, c’est l’utilisation du mot « nazi » pour dire « pointilleux/perfectionniste/chiant ». Car là (Bruni), il s’agit de la transformation d’un mot grave vers un mot banal. Le premier exemple qui vient à l’esprit, c’est l’expression « grammar nazi ». Les gens pointilleux sur l’orthographe et la grammaire peuvent effectivement devenir très très chiant, surtout quand ils reprennent les moindres fautes des autres. Mais ça ne fait pas d’eux des nazis.
Tiens ça me rappelle Prison Break, la nana qui a fait les tatouages de Scofield dit : « c’était un véritable nazi du détail, il fallait que le dessin corresponde exactement à ce qu’il voulait. »
Bon, bref, que l’on s’amuse à changer le sens des mots, pourquoi pas, c’est comme ça qu’une langue évolue. Mais faisons gaffe, quand même, en particulier avec les mots « chargés de sens historique ». C’est pourquoi, j’évite d’utiliser l’expression grammar nazi. En revanche, je fais pas mon gros lourdingue, et j’oblige pas le reste du monde à agir comme moi. Ce serait un coup à se faire traiter de dictateur de la langue française, voire à se prendre des insultes point-godwinesque. La boucle (infinie) est bouclée, merci, au revoir.
Et l’humour noir alors ?
Ah ben oui, je vais pas vous laisser partir comme ça quand même. Voici donc une chouette image de Nadine Jansen, avec sa copine noire. Le casque colonial devrait en faire rire plus d’un.