#copinage : Ode à Caïssa

Coucou, et Joyeux Anniversaire-de-Isaac-Newton à tous !

Vous vous souvenez certainement de mon petit article sur le polar « Sans droit ni loi ».

Jacques-Yves Martin a réitéré son forfait, et nous a sorti l’épisode suivant des aventures de Boris Thibert le policier justice-holique.

Il a même re-réitéré son forfait puisqu’il a déjà pondu un troisième livre, mais je ne l’ai pas encore lu. On va donc rester sur « Ode à Caïssa » pour l’instant.

Dans cet opus, notre policier-justicier est plongé dans une enquête avec pillage de tombe maya, trafic mafieux d’objets d’art, recherches archéologiques, et vodka pour arroser le tout.

Comme je suis le critique littéraire le plus original du monde, je vous propose mon avis sous forme de plan basique j’aime / j’aime pas.

 

Les trucs qui m’ont énervé

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Parfois, pour désigner un personnage, l’auteur n’indique pas son nom, mais sa qualification ou son métier. Au lieu d’écrire ça :

Gilbert Trouzlup ouvrit la porte.

Il écrit ça :

L’universitaire ouvrit la porte.

Je suppose que ça part d’un bon sentiment, et que le but est d’éviter de trop nombreuses répétitions de « Gilbert Trouzlup ». Mais je trouve que ça ampoule fortement le style d’écriture. On se croirait dans un livre de grammaire du collège.

Le mec bizarre en noir ouvrit la porte noire bizarre.

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Le héros est assez tourmenté, et se lance souvent dans des réflexions et des songes alambiqués et turlupinesques. C’est tout à fait acceptable et c’est entièrement assumé. Ce qui m’énerve, c’est que lesdits tourments sont trop explicitement décrits.

On retrouve très souvent dans la narration le motif suivant : un dialogue de quelques phrases entre le héros et un autre personnage, puis un paragraphe expliquant les tourments que ce dialogue a déclenché dans son esprit. Eh bien ce paragraphe est à chaque fois un peu trop long et un peu trop détaillé.

On l’a compris que le héros était tourmenté, on arrive assez facilement à deviner ce que déclenche en lui chaque dialogue. Ce n’est pas la peine de le blablater en long en large en travers.

Quelques exemples (décrits assez vaguement, pour pas spoiler) :

  • Page 148 : dialogue entre Boris et Marion, suite au coup de fil « de l’universitaire ».
  • Page 153 : re-dialogue entre Boris et Marion, après l’invitation à dîner.
  • Page 158 : réaction de Boris à une remarque du mec de la BRB, au sujet de Marion.
  • Page 168 : turlupinage au sujet de l’affaire Dufrêne, suite à une mise en garde de son chef de service.

 

Les trucs qui m’ont plu

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Les tourments et les songes de Boris.

Je viens de dire dans le paragraphe précédent que le fait de les décrire trop explicitement m’énervait. Mais le fait qu’il ait des tourments et la nature de ses tourments me plaît, et donne de la profondeur au personnage.

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Le code indéchiffrable.

Il est relativement simple, mais l’idée est bonne. Et le lecteur motivé pourra essayer de le décrypter de lui-même. (Je dois avouer que je n’y suis pas arrivé).

Pour le coup, et en rapport avec le pinaillage que j’ai fait lors de mon article sur son précédent livre, je pense qu’il aurait fallu écrire « un code indécryptable », et non pas « un code indéchiffrable ». Mais je pinaille, je pinaille.

Un code indéscrichicryptiblable.

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La logistique autour de l’activité de fouilles et de trafic d’œuvre d’art.

C’est peut-être une conséquence des films d’Indiana Jones, mais on a souvent tendance à croire que la découverte de trésors archéologiques se résume à une aventure de quelques jours avec de l’action, des flingues, des explosions, un trou dans le sol, et hop c’est fini.

C’est évidemment un peu plus compliqué que ça. Les recherches préalables peuvent prendre des années, le transport et la vente (légal ou pas) peuvent prendre des semaines. C’est assez bien décrit dans le livre, et je suppose que c’est assez réaliste, même si je n’y connais rien dans ce domaine.

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Les relations entre le héros et les autres personnages, génératrice de tourments, bien évidemment.

Sa copine Camille, sa coéquipière Marion, son chef, ses collègues, les personnes qu’il interroge, etc. Boris est constamment en train de se demander ce qu’ils pensent, s’il est à la hauteur de leur confiance ou leur amitié, pourquoi ils ont réagi comme ci ou comme ça. Il y a un bon tas de psychologie là-dedans qui est tout à fait intéressant.

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Je suis mentionné dans les remerciements !

L’auteur salue ma « chouette » participation et mon coup d’œil aiguisé. Si ça c’est pas la classe !

 

Pour la suite

Les premières pages de « Sans Droit ni Loi » mentionnait (un peu par hasard), la cité maya de Chichén Itzá. Ce livre y accorde une part beaucoup plus importante. Je ne sais pas si ça a été fait exprès. Parfois, on place des éléments narratifs dans une histoire en se disant « ça servira peut-être pour après ».

Si j’ai bien tout suivi, le troisième roman de Jacques-Yves Martin ne fait pas intervenir Boris Thibert. Mais peut-être qu’une histoire prochaine remettra sur la scène ce héros et tous les éléments narratifs pré-installés. Nous avons maintenant à notre disposition un super-méchant, un changement important dans la vie personnelle de Boris, une nana paumée en cure de désintoxication, sans oublier Franck, l’ami d’enfance qui ne demanderait qu’à être réutilisé de manière plus conséquente. Tout cela promet d’être captivant.

Maya Milano, ça a presque un rapport avec la culture Maya