introduction à la karmagraphie

Un peu d’histoire

Première Conjecture de Goblavanala Rashpurlamharad :
Toutes les informations possèdent une valeur de karma.

bollywood

Goblavanala Rashpurlamharad, inventeuse de la karmagraphie.
Là, elle est à une conférence-beuverie d’éminents chercheurs.

Le mot « information » est ici à prendre au sens large, en tant qu’objet ou groupe d’objet du Monde Des Idées. Cela inclut : l’esprit d’un être vivant, les œuvres d’art, les souvenirs, les mots, les concepts, etc. Pour faire savant et pro, on utilise l’appellation « objet informationnel ».

La Deuxième Conjecture, on s’en fout un peu. Je vous la met ici juste pour la culture générale :
Pour qu’une information puisse avoir une influence dans un univers, elle doit exister, en au moins un exemplaire, dans l’univers lui-même, sur un support en accord avec sa physique.

Forte de ces découvertes, Goblavanala décida de ne pas progresser dans ses recherches, car elle venait de décrocher un petit rôle dans une production cinématographique. Elle eut son petit succès dans les années 50, et coule maintenant des jours paisibles en tant que rentière culturelle.

Quelques années plus tard, les ordinateurs et la théorie de l’information arrivèrent avec leur gros sabots, et annoncèrent en grande pompe que le karma, au même titre que tout le reste, pouvait s’exprimer sous la forme d’une suite d’octets. C’était super, sauf que ça nous avançait pas plus que ça.

grande pompe

La grande pompe utilisée pour l’annonce.
En fait c’est un modèle 3D fait sous Blender, sauvegardé dans le monde réel.

Évidemment, y’en a qui se sont amusés à dire que puisque le karma est une information, et que toutes les informations possèdent une valeur de karma, alors chaque valeur de karma possède une valeur de karma. Ha ha ha. Douglas Hofstadter trouve qu’il trouve que cela est cool.

Cependant, le problème principal subsistait : comment, techniquement, mesurer une valeur de karma ? Et surtout : à quoi ça pourrait servir ?

Après les conjectures, un peu de sérieux

Arriva alors celui qui allait devenir le père de la karmagraphie (on avait déjà la mère, voilà le père, mais ils n’ont jamais fait de cochonneries ensemble, la karmagraphie étant une immaculée conception).

Il s’agit de Tavaldlav Odkazapriba, ouvrier-bibliographe, qui travaillait la nuit tous les soirs dans sa chambre, entouré de petites sculptures amicales fabriquées avec du porridge.

russe Georgi Vitsin

C’est lui. Là il est à une conférence-beuverie organisée par lui-même, à laquelle il était le seul invité.

Principe de Tavaldlav, confirmé par plusieurs expériences :

Le karma d’un objet informationnel quelconque est un simple point, situé dans un espace imaginaire d’une infinité de dimensions.

Certains karmatologues pensent que cet espace est Le Monde Des Idées en lui-même, mais ça reste une hypothèse.

Grâce à ce principe, la karmagraphie put se développer, et mérita entièrement sa qualification de Science.

Méthodes de mesure

Il est actuellement impossible de déterminer les coordonnées absolues d’un point de karma, mais on peut calculer des distances.

Eurod’, mon collègue de travail (diplômé de karmatologie de l’université de Prout) m’a expliqué la méthode. Je vais essayer de vous la résumer ici.

Lorsqu’on mesure les ondes cérébrales d’une personne, on peut en déduire une projection de son point de karma, sur un espace à dimension finie. C’est bien, mais comme c’est jamais projeté sur les mêmes dimensions d’une mesure à l’autre, ça ne sert pas à grand-chose.

Heureusement, il y a une astuce : en mesurant la résonance des ondes cérébrales émises par 2 personnes, et à l’aide de quelques bidouilles calculatoires ésotériques, on obtient la distance karmique entre ces personnes.

Je sens une question poindre dans votre petit cortex tout électrifié. Si le nombre de dimensions est infini, la distance entre 2 points a de grande chance d’être infinie, elle aussi. Du coup, qu’est-ce qu’on peut bien en faire ?

Votre cortex a tout à fait raison. Les karmatologues s’en sortent avec une seconde astuce, d’ordre mathématique. En effet, il existe des infinis plus grands que d’autres. Pour les comparer, il suffit de les représenter sous forme d’une division par zéro. Une distance karmique de 5000/0 est plus grande qu’une de 0.0001/0.

Karma Komba 320

Vue d’artiste du Monde des Idées : une éponge verte infinidimensionnelle, représentée par une infinité d’éponge verte bidimensionnelles.

Pour mesurer la distance karmique entre une personne et un objet informationnel « inerte » (chanson, texte, feuille d’impôt, …) il faut procéder autrement, puisqu’un objet inerte ne génère pas d’ondes cérébrales.

Lorsqu’une personne consulte un objet informationnel, ses ondes se modifient légèrement. D’éminents savants ont mesuré cette écart, et ont tenté d’en déduire un point de karma, mais ça n’a pas fonctionné.

Ça paraît évident maintenant, mais sur le coup, ils étaient perplexes. En fait, cette mesure d’écart ne permet que d’obtenir une projection du point de karma de l’objet informationnel inerte.

Il faut deux personnes. On commence par mesurer leur distance karmique. Ensuite, l’une des deux consulte l’objet informationnel, mais pas l’autre. La résonance d’ondes cérébrales change un peu, donc la distance karmique aussi.

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Les premiers karmamètres. Oui c’était un peu encombrant.

Le changement de distance entre les deux personnes, avant et après consultation, donne une approximation de la distance karmique entre la personne ayant consulté l’objet informationnel, et l’objet lui-même.

Vous l’aurez deviné, tout cela reste très approximatif, car le point de karma d’une personne est toujours plus ou moins en mouvement : selon son humeur, qu’elle ait fait caca le matin, la météo, etc. Pour le moment, on n’a pas de meilleur technique.

Cas des distances finies

Dans certaines situations bien spécifiques, une distance karmique peut être finie. C’est à dire qu’il y a un nombre infini de coordonnées égales entre elles, et seulement quelques unes de différentes. On passe d’un point à l’autre grâce à un simple mouvement de translation.

Ce phénomène n’a pu être observé que dans deux cas :

  • Entre une œuvre d’art et son créateur. Et encore, au bout de quelques années, le point du créateur a bougé, et la distance peut devenir infinie. Ça s’appelle l’effet « Quoi ? C’est moi qu’avais fait ce truc là ? Je m’en souviens même plus. »
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Les distances karmiques entre cette photo, et les deux femmes qui sont dessus, sont finies. Mais la distance entre les deux femmes est infinie. Bizarre n’est-ce pas ?

  • Entre deux nouveaux-nés d’une même espèce. Là encore, ça s’éloigne très vite et devient infini au bout de quelques minutes de vie. Certains chercheurs pensent que la distance est également finie entre deux nouveaux-nés de n’importe quelle espèce, mais cette proximité ne durerait que quelques microsecondes. S’ils parviennent à le prouver, les répercussions seraient très importantes. Cela impliquerait qu’il existe un point de repère absolu pour le karma. Une sorte d’origine.
singes dans une brouette

Poilu, Dormeur, Tripote-Mascagne, Picassiette, Jean-René-Robert-Tolkien, R2D2, Igor et Grichka : les singes ayant permis de découvrir le 2ème cas de distance finie.

Tout cela est bien joli. Mais quelles applications concrètes y’a-t-il à cette discipline scientifique de haut vol ?

Plein ! En fait, la plupart des appareils que vous manipulez font appel à la karmagraphie, sans que vous vous en rendiez compte. Je donnerais divers exemples dans un prochain article. Là, faut que j’aille boire du champagne, afin de me donner l’illusion que ma vie est super.

Et entre temps, je vous ferais mon article récapitulatif de 42. Une fois de plus, je suis en retard là-dessus.

Unrelated pic, mais c’est pour respecter mes quotas blogaliens de femmes rondes.

Introduction à une introduction à la karmagraphie

Aujourd’hui (ou plutôt la semaine dernière) (ou plutôt il y a 15 jours, le temps que je finisse cet article), Eurod’ et moi, on s’est fait engueuler par Random. Selon ce dernier, il semblerait que nos journées de Travail ne soient « pas optimisées », parce que « on discute trop ».

Eurod’, c’est mon collègue. Il s’appelle comme ça parce qu’il est fan d’Eurodance. Il met la radio pendant qu’il bosse. Moi ça me dérange pas, rappelons que je suis un inconditionnel d’Ace of Base. Mais du coup, on se fait régurgiter les mêmes chansons plusieurs fois par jour dans nos pauvres oreilles, jusque à ce que les circonvolutions en soient tellement sales qu’elles se collent entre elles. C’est assez peu ragoûtant. Toutes les radios font ça, qu’elles soient web ou à ondes, j’ai jamais compris pourquoi. Le patrimoine musical Eurodance est suffisamment bigarré, éclectique et foisonnant pour qu’on y trouve facilement 24 heures de chansons excellentes sans doublons, non ? Enfin ce n’est pas le sujet.

Ace of Base

« L’amour est mon moteur, et tu dois être du carburant ».

Random, c’est notre chef. Il s’appelle comme ça parce que son état « bien ou mal luné » est totalement soumis au hasard. Attention, il s’appelle bien « Random », et non pas « Random() ». Ce n’est pas un simple appel à la fonction, mais la fonction elle-même. Enfin, ce n’est pas le  sujet.

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« Mal luné » : une expression à la con.

Et donc quand Random a sorti cette remarque, j’ai voulu répondre que nos discussions avaient pour sujet notre Travail. Le vrai Travail : le sérieux, le couillu, le viril, celui pour lequel on me donne un salaire pharaonique, celui pour lequel « je me lève le matin ».

C’est faux, je me lève le matin pour un salaire de serf, et rien n’est couillu nul part, mais ce n’est pas le sujet.

Random ne m’a pas laissé le temps de finir ma phrase, il m’a balancé que c’était « des discussions inutiles », et que « mes états d’âme sur le C++, on pouvait s’en passer ».

C’est assez étrange. Il aurait pu riposter de manière bien plus simple, en arguant que nos discussions ne concernent pas à 100% le Travail. Et ce serait la vérité.

Je tiens toutefois à préciser que c’est pas de ma faute si on parle pas à 100% de Travail. C’est 100% la faute à Eurod’. Moi, de manière générale j’aime pas trop discuter, parce que j’aime pas trop les humains. Mais ce n’est pas le sujet.

Bref, voilà. Random a décidé de m’attaquer sur mes états d’âmes C++iens, je l’ai mal pris, et je considère cela comme une insulte et un affront. (Qui ne saurait se laver autrement que dans le sang, mais on ne va pas le faire).

Voyez-vous, je suis chercheur du CNRS en geekologie, moi. Je connais plus de 15 langages de programmation différents, moi (dont le glapumBasic, qui ne possède qu’une seule instruction, et c’est une grossièreté). J’étudie la sémanticologie, la syntaxologie, la grammaticologie, moi. J’ai écrit un article scientifique sur l’expression du vide, moi. J’ai dressé une taxonomie des méthodes d’échanges de A et B, moi. J’ai créé un langage permettant de coder en alsacien, moi (basé sur le C++, au passage). J’ai découvert que « Vulture repellent doesn’t work », moi. Et bien d’autres choses encore, moi.

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Alors mes états d’âme sur le C++, ça constitue une analyse ontologique fine, détaillée et pertinente, que beaucoup d’autres chercheurs du CNRS seraient prêts à tuer père et mère le prix fort pour l’avoir. Capito ?

Comme vous êtes gentils et que vous êtes sur mon blog, je vous résume rapidement cette analyse. Ainsi, vous aurez seulement à tuer votre chien le prix moyen pour l’obtenir. Ça vous va ? Oui ? Merci, vous êtes des gens géniaux et gentils, et j’aime bien être avec vous dans ma tête.

Mon analyse du C++

Il s’agit d’un vieux langage. C’est pourquoi il ne possède pas tous les raccourcis syntaxiques dont on a l’habitude maintenant. Je rappelle qu’il faut écrire deux fois la même chose, respectivement dans le .c et le .h, que les chaînes de caractère sont implémentées de plusieurs manières différentes, et qu’on peut préciser qu’un caractère est signé ou non signé, ce qui n’a aucun sens.

Métaphoriquement parlant, le codeur C++ est donc une sorte de moine tibétain solitaire perdu au milieu des paysages aride de la taïga russe. Le fait qu’il puisse y avoir d’autres moines solitaires autour de lui ne le rend pas moins solitaire.

moine

#define FALSE TRUE

Pour autant, ce langage conserve son utilité. Notamment dans les cas suivants :

  • lorsqu’on veut « rester proche de la machine » (ce n’est pas sale)
  • dans le cadre de la réalisation de micro-contrôleurs de tondeuses à gazon
  • à des fins pédagogiques, pour expliquer « ce qui se passe sous le capot ».

En revanche, programmer à un haut niveau d’abstraction, manipuler une interface graphique riche, ou bidouiller de la communication complexe de web service, tout cela en C++, c’est complètement crétin. Et le fait que ce soit du Microsoft Visual C++ millésime 2048 n’arrange rien à l’affaire, voyez-vous.

Random m’a reproché d’exprimer cette vérité, alors que j’en avais besoin pour m’exutoirer cathartiqement. J’ai mal pris ce reproche et c’est ce que j’ai voulu raconter ici, afin d’exutoirer cathartiquement le fait que je n’ai pas le droit de m’exutoirer cathartiquement sous prétexte que c’est « pas optimisé de dedans le Travail ».

C’est tout ce que je voulais dire et je ne me sens pas très bien.

Ce n’est pas tout ce que je voulais dire et je ne me sens pas très bien.

Car je dois malgré tout reconnaître que, dans ce nouveau boulot qui est actuellement le mien, je jouit d’un gros mieux, à savoir :

Le Métier

metier à tisser patrimoine

Métier complètement con, ou quoi ?

Que veux-je dire par là ? Quel est ce nouvel venu dans notre vocabulaire ?

Les informaticiens n’ont pas de Métier. Leurs compétences et leurs savoir-faire ne méritent pas d’être inscrit dans l’encyclopédie de Diderot et D’Alembert. Ce ne sont que des geekeries absconses de gamins attardés qui n’ont pas grandi.

Les informaticiens sont au service d’autres gens, qui eux, ont un vrai Métier. Quelque chose dont ils sont fiers, quelque chose de couillu, de viril, le truc pour lequel ils « se lèvent le matin ».

Bull Humps Donkey Bull Humps Statue

Une allégorie de la virilité du Travail.

Parfois, le vrai Métier des vrais gens auquel l’informaticien se met au service est chiant. C’était le cas de mon ancien boulot, avec les tondeuses à gazon, machines à laver, accélèromètres, et autres trucs que je savais même pas ce que c’était, je ne reviens pas dessus.

Et parfois, le Métier est fun, rigolo et intéressant. C’est le cas de mon boulot actuel. Je fais des applications informatiques orientée karmagraphie. Ça ne m’empêche pas de trouver le boulot chiant et privateur de liberté, mais ce ressenti personnel s’applique à tous les boulots, et à la notion de Travail en général.

Bref donc, la karmagraphie est un métier rigolo. Et maintenant que je l’ai découvert, je peux me fendre d’une petite

intro-

duction

à la

karma-

graphie

Sauf que je vais pas la faire tout de suite car j’ai pas le temps. Ce sera le prochain article !

The Temptations To Be Continued 86

To be continued, comme disent les Jackson Five.

Et vu que je viens de mettre des gens avec des belettes en guise de coiffure, et que mon nouveau l’ami de l’internet voulait une alternance belette/nichons, voici l’autre moitié de l’alternance. Moitié qui est constitué d’une double dose de nichons, donc 4.

tumblr_m1uyvijxiN1qcru98o1_400 Nadine Jansen Milena Velba

Mmmrrrrppppffflllmmmm !!!

À bientôt !