Retrospective de 6 ans passés à ConcreteWorld – épisode 1/3

Voici la deuxième moitié d’article que j’aurais dû écrire le mois précédent, mais c’était l’arrachasse. Cette fois-ci, on va parler de

Quelques collègues

tagadzim !!

Semi-Chef Lula

Un concentré de connaissances, dans énormément de domaines : maths, cartographie, pêche, sculpture (sa passion personnelle), gastronomie, interfaces graphiques, informatique bien sûr, et beaucoup de ses sous-domaines. Mais toutes ces connaissances n’étaient-elle pas un peu trop théorique ?

Ce mec était un paradoxe. Je ne l’ai jamais vu faire d’autres choses qu’écrire et lire de la documentation, ainsi qu’organiser des réunions. C’est bien, mais ça suffit pas pour faire du travail facturable. Et pourtant, il s’était monté une espèce de web-agency et avait eu un tas de clients plus ou moins prestigieux, en France et en Amérique. Je ne sais pas du tout comment il y est arrivé.

Il sortait plein de formules marrantes provenant de mélange d’expressions existantes. Elles ressemblaient à des expressions connues, sauf qu’il était le seul à les employer. J’ai retrouvé, dans ce trait de personnalité, un petit peu de mon défunt collègue Eurod’/Drache-Code/Je-Sais-Tout.

Voici quelques-unes de ses perles :

  • Ça nous pend comme le nez au milieu de la figure.
  • Soyons précisément cartésiens.
  • Ça a été accouché à grand coup de débouche-évier.
  • Il n’y a pas le moindre bout de morceau d’ersatz de substitut de <indiquez ici ce que vous voulez>.
  • Faisons un point d’étape.
  • Faisons une réunion flash-éclair.
  • Je suis impressionné comme tu tapes du texte à la mitrailleuse lourde.
  • C’est capillotracté à la tenaille.
  • C’est parti en vrille comme une volée de moineaux.

Il raisonnait beaucoup en arborescence. Pour lui, tout était un arbre : une documentation avec ses chapitres et sous-chapitres, un projet avec ses tâches et sous-tâches, un organigramme, une vidéo porno avec ses positions et sous-positions, etc.

(C’est faux, les choses dans le monde sont des graphes, seule une partie d’entre elles sont des arbres).

Il était que Ouvrier-codeur au départ, et a très vite été catapulté Semi-Chef de diverses personnes, dont moi. Son problème était de croire qu’on était intelligents et autonomes. Il nous suggérait des choses à faire, qu’il appelait des « départs de branche ». On était censé défricher nous-mêmes l’arborescence sous-jacente à ladite branche. Ça fonctionnait pas toujours. J’agissais dans tous les sens de manière random pour donner l’impression que je travaillais, mais c’était assez bidon.

Une fois, il nous a donné comme départ de branche : « étudier diverses manières de stocker et manipuler des arbres hennaires ». J’ai mis plusieurs jours à comprendre de quoi il parlait : des arbres n-aires !! C’est comme des arbres binaires, avec n branches.

Sa gestion des tâches était un arbre n-aire, dont l’une des tâches était l’étude des arbres n-aires. Gestion-de-tâches-ception !!!

Un à-peu-près arbre hennaire

À cette occasion, j’ai découvert qu’on pouvait stocker ces arbres sous forme d’adjacency list (chaque nœud a une référence vers son parent), et aussi sous forme de nested set (on définit l’arbo avec des valeurs numériques « left » et « right » dans chaque nœud). C’était cool.

Concrètement, on a fait n’importe quoi. On a anarchiquement écrit des docs, on a installé une obscure lib PHP appelée stefano-tree, on l’a cassée, et pour finir on est passé à autre chose. Semi-Chef Lula était pas content et a dit que le sujet « n’avait pas été assez étudié ».

Concrètement du concrètement, on gérait nos arbres comme tout le monde : du json quand l’arbre est petit, des tables en base de données quand l’arbre est grand mais a une structure figée. On n’a pas trouvé, dans le monde réel, de cas où on aurait eu besoin de manipuler de grands arbres ayant une structure pas figée. Hop-là, work complete !

On faisait des réunions sur tout et n’importe quoi. Elles semblaient utiles, car il en sortait des éléments : des prises de décisions, de la documentation, des échanges. Pourtant, le travail n’avançait pas. C’est Stagiaire SuperCSS qui a mis le doigt sur le problème : on redisait très souvent les mêmes choses durant toutes ces réunions.

Semi-Chef Lula et moi discutions parfois jusqu’à 2 heures du matin, du projet POILS_PUBIENS, de l’avenir de la boîte, d’autres choses. En temps normal, j’aurais pas accepté. Mais il était fair-play et m’autorisait à comptabiliser ça dans le fameux total de 1607 heures à travailler sur toute l’année. Or, ça ne me dérange pas de veiller tard. C’était donc tout bénèf’, j’ai grignoté plein de jours de congés de rattrapage ! J’ai beaucoup aimé ces moments de discussion, même si ça faisait rien avancer. On s’était créé un lien assez fort tous les deux.

Au bout d’un moment, je l’ai senti un peu blasé de nous voir nous agiter aléatoirement tous azimuts. Je l’entendais dire « je ne donne plus d’ordres ». Ça n’avait pas trop d’impact, puisque quand il donnait des ordres, c’était rien de plus que des « suggestions de départ de branche ».

Je sentais que Chef NightWish commençait tout doucement à en avoir marre de cette situation. Il me parlait de Semi-Chef Lula en précisant : « t’inquiète pas, il n’ y a pas de soucis entre moi et lui ». Sous-entendu : « il y a un souci entre moi et lui ».

Ce qui a mis fin à cette période a été l’effrayant scandale du « Rapporchyderme ». Nous devions rédiger un petit document décrivant les modalités d’un partenariat entre POILS_PUBIENS et un autre organisme. Au cours de son élaboration, ce rapport a grossi jusqu’à atteindre la taille d’un pachyderme de 50 kilo-tonnes. Même Méga-Chef En-Même-Temps a ressenti le besoin d’intervenir et de demander des documents plus raisonnables pour les prochaines fois.

Suite à cette malheureuse gabegie, Semi-Chef Lula a été dégradé, il semi-cheffait moins de personnes. Je faisais partie des transfugés et suis passé sous les ordres de Semi-Chef Capibara, dont nous parlerons plus tard.

J’ai adoré cette épisode de mon incarnation professionelle. J’ai appris plein de choses, j’ai regagné la plupart de mes heures supplémentaires et j’étais relativement tranquille. Le seul stress que j’avais était de me demander ce que j’étais vraiment censé faire (puisque je n’avais pas d’ordre) et de me demander comment tout cela allait finir. Ça c’est pas trop mal fini, mais après il a fallu que je bosse pour de vrai. Je ne me faisais de toutes façons pas d’illusions sur la pérennité d’un tel modèle de Travail.

Dernière chose et pas des moindres au sujet de Semi-Chef Lula : c’est lui qui a négocié l’une de mes augmentations, pour une somme franchement pas dégueulasse. Tout seul, sans que je lui demande. Il avait probablement pitié de moi et de mon salaire de prolo. Je l’ai grandement remercié, je le remercie encore à nouveau ici. Je suis une grosse chiffe molle pour ce qui est de négocier mon salaire, j’ose jamais rien demander. Il a vu ce point faible et a décidé de m’apporter son aide. Je ne sais pas si il existe beaucoup de Semi-Chef comme ça dans le monde du Travail.

Semi-Chef Lula, sculpteur émérite (entre autres), présentant sa dernière œuvre

Docteur Maboul

Meilleur collègue de tout les temps. J’ai déjà chanté ses louanges. Je vais juste ajouter quelques anecdotes rapides.

Il codait en R. Un langage de programmation de zouzou de chercheurs, orienté data science et autres joyeusetés. Je suppose que ça permet de faire des trucs biens, mais lui codait bourrin. Et vas-y que je te charge 3 Go tout dans la RAM, et vas-y que je mets tous mes bouts de code dans un même fichier, et vas-y que je te lance un process qui tourne pendant plusieurs jours sans avoir aucune idée de quand il va finir. Ha ha, quel humour !!

Il était spécialiste de mettre des éléments « assez rigolos » dans ses Power Points. À ce sujet, Semi-Chef Lula m’a confessé que c’était la seule chose que Docteur Maboul savait faire : « amuser la galerie ». Je me souviens d’une présentation dans laquelle il montrait qu’en France, les recherches Google sur le terme « Intelligence Artificielle » baissaient fortement après 23 heures, alors que les recherches sur le terme « Camembert » augmentaient d’un coup. Il en concluait qu’à la nuit tombée, tous les français s’arrêtaient de réfléchir pour manger du camembert. Sartek.

Spéciale dédicace à mes amis les camemberts

Lorsqu’il auditionnait des stagiaires, il leur demandait de renvoyer un petit texte résumant l’entretien. C’est une pure idée ! Ça oblige le stagiaire à se souvenir de ce qui a été raconté, à rédiger un texte qu’il ne peut pas pomper sur internet, et surtout, ça permet de pas avoir à écrire ce résumé soi-même. Du brillantissime génie.

Oh, aussi, il connait l’une des personnes qui a fondé CodinGame. Re-sartek.

Son super-grade de Docteur fait qu’il coûtait presque rien en salaire, grâce à une espèce de subvention de l’État pour encourager les Docteurs à bosser du vrai Travail. Pour résumer, il était payé avec l’argent de vos impôts. Il n’a donc eu de cesse de répéter qu’il coûtait pas cher au projet POILS_PUBIENS, et que donc les chefs avaient pas à venir l’emmerder.

Plus tard, il a demandé une augmentation, qu’il a eu. Je ne sais pas ce qu’il a avancé comme arguments.

Chef NightWish finit par soupçonner que c’était un glandouilloux. Une conversation téléphonique eut lieu entre eux deux, au cours de laquelle Docteur Maboul monta sur ses grands chevaux et s’énerva taquet. J’aurais aimé y assister, avec un paquet de pop-corn. La rumeur dit que c’est suite à cette réunion que Docteur Maboul abandonna l’espoir d’avoir un avenir dans cette incarnation pro.

Pour finir, il s’est fait lourder pour glanderie aggravée, comme je vous l’ai déjà raconté. Une autre rumeur prétend qu’il a contesté son lourdage et que la procédure est toujours en cours. Mais c’est Chef NightWish qui l’avait lourdé et lui aussi est parti entre temps. Ça complique un peu.

Blague super-privée que je suis le seul à comprendre. Tralal-R ! (la personne dans cette image n’est pas Docteur Maboul).

Autres collègues divers

Je vous mets tout en vrac. J’ai déjà mentionné certains d’entre eux et n’ai plus grand chose à dire à leur sujet, ou bien j’avais moins d’interaction avec eux.

Collègue Aquafootball

Je lui avais lancé un défi : à la pause de midi, on faisait deux Clash of Codes sur CodinGame. À chaque fois qu’il gagnait, je devais aller courir avec lui. J’ai perdu une dizaine de fois en tout. On faisait quelques kilomètres. C’était plutôt cool et ça me faisait faire du sport. Ensuite il y a eu le Covid et tout ce bordel.

Collègue BarryWhite

Nous avons gardé contact. Il m’a donné quelques conseils de jeux vidéos et jeux de société, et c’est un fervent adepte de Squarity. Je ne peux pas trop vous en dire plus, pour conserver son intimité. Si j’ai le courage, je lui donne l’adresse de ce blog claqué du slip.

Traditionnellement, à chaque fin d’incarnation professionnelle, je donne l’adresse de mon blog à au moins une personne avec qui j’ai travaillé. Je l’ais transmis à Colléguette Rosemonde, ce qui valide l’incarnation de ConcreteWorld.🌍. Mais rien n’a encore été fait pour le projet POILS_PUBIENS.

Et hop, le quota de femme ronde de cette article est validé !

Collègue BlackJack

Un type qui codait pas super bien et qui laissait passer des boulettes ici et là. C’était également un actif participant au bordel des fichiers Excel de comptage des heures (voir l’article précédent).

J’ai eu des tas de collègues daubés, lui n’était vraiment pas le pire. Mais à un moment, je me suis demandé ce qu’il foutait là. J’ai découvert que c’est un déglingopathe du blackjack (le jeu de cartes). Il fait des compétitions, il va dans des tournois, il sait compter les cartes à l’avance sans montrer qu’il le fait pour pas se faire choper, etc. En plus de ça, il s’intéresse aux crypto-monnaies : l’actualité, le fonctionnement technique, les smart contracts, tout ça il connait.

Ma question est donc la suivante : sachant que ces deux activités rapportent du fric quand on est expert dedans, et que manifestement il l’est, qu’est-ce qu’il fout là ? Pourquoi il code des pauvres trucs buggés en échange d’un salaire slippé au sol, si à côté il gagne un pognon foutrionique ?

Je ne sais pas. Peut-être qu’il investit tous ses gains du blackjack dans les cryptos, ou l’inverse. Il n’a donc pas de fric immédiat. Dans quelques années, il débarquera dans le burlingue du Méga-Chef, déguisé en canard géant, et chantera « au revoir Méga-Chef, je démissionne ». Mystère.

Chef NightWish

Comme tout Chef qui se respecte, quand on lui disait qu’un truc était fait, il se mettait à rêver et à imaginer que c’était vraiment complet, avec toutes les sous-fonctionnalités possibles et imaginables. Je me suis bien marré quand il a cru que j’avais implémenté dans mon prototype de cosmolo-détecteur la catégorisation automatique des incidents de réalité selon la norme Bogdanov, alors que c’est énorme et que chacun sait que ça prendrait des mois à faire.

Comme tout Chef doté d’un bagage technique qui se respecte, dès qu’il trouvait un truc sur internet ayant un lointain rapport avec notre projet, il nous disait de le récupérer et de l’intégrer. Parce que « c’est plus rapide de réutiliser des choses déjà faites ». Oui mon bon ami. Mais des fois les choses en question ne conviennent pas, ou ne s’intègrent pas, ou bien c’est plus simple de recoder nous-même la petite partie dont on a besoin plutôt que d’intégrer tant bien que mal un gros truc sous prétexte qu’il comporte cette même petite partie au fin fond dudit gros truc, excusez-moi pour cette phrase, elle est trop longue.

C’est lui qui m’a emmené à mon premier CTF ! Celui de la THCON (en 2018, je crois). C’était chouette, j’avais flaggé quelques challenges. Mais j’avais trouvé son attitude pas très motivante.

Il nous a raconté qu’à une époque, il était super fort en CTF. Possiblement, il a eu un réflexe de Chef et s’est mis à rêver qu’il allait cartonner comme avant. Mais il était un peu rouillé, il n’arrivait à rien, ça le déprimait. On était assis autour de notre table, chacun avec notre ordinateur à se prendre la tête. Lui, il regardait dans le vague et répétait : « là, je n’ai plus envie que d’une chose, c’est sortir fumer » (alors qu’il avait arrêté).

Vers la fin du CTF, ça allait mieux. On s’est mis à trois sur un même challenge. Un site web comportant une Local File Inclusion permettant de récupérer tous les fichiers d’un repository git. L’historique de ce repository ne contenait pas le flag, mais le mot de passe admin du site, celui-ci permettant de récupérer le vrai flag. Youpi !!

Rien à voir, mais je lui ai donné du compost. Je sais pas quoi foutre de mon compost parce que j’en ai rien à carrer de mon jardin. J’étais content de m’en débarrasser. Il m’a dit qu’il était super millésimé (depuis le temps qu’il macérait dans le composteur !!). Malheureusement, la seule chose qu’il a réussie à produire avec était des fruits pas mûrs, qui ont à leur tour servi de compost. Je vais certainement pas le juger pour ça.

Il a lancé l’initiative des cours de python que je donnais à des ado·e·s de collèges. Ça c’était une super bonne idée et ça m’a fait vraiment plaisir. Je ne sais pas du tout si j’ai suscité des vocations, mais quelques-unes de ces jeunes personnes étaient motivées. Hashtag-nostalgie, je me suis revu pendant mes années collège où je bidouillais sur Klik’n Play des jeux qui plantaient. Ensuite, paf Covid. Alors j’ai fait l’effort de rédiger quelques supports de cours pour que ces jeunes travaillent autonomement. Si je me souviens bien, j’ai balancés ces cours ici sous forme d’articles.

Et puis un beau jour, Chef NightWish a déclenché une réunion pleinière, comme on en faisait de temps en temps, et il nous a annoncé qu’il partait. Peut-être que les autres collègues-et-colléguettes l’avaient vu venir, mais pas moi. Je sais même plus dans quelle boîte il est allé. Il partait cheffiser bien moins de gens. Il en avait peut-être marre de gérer des crétins qui glandaient et faisaient n’importe quoi pas du tout en accord avec ses rêves.

Qui veut un cube minecraft de compost ?

Retrospective des 6 ans de Travail à ConcreteWorld – épisode 0.5/3

Voici un article qui n’est presque pas de type : « excusez-moi, voici un mini-article à l’arrache parce que j’ai pas le temps ».

Certes, il n’y a que la moitié de ce que je comptais mettre au départ. D’où la numérotation « 0.5/3 ». Je m’auto-flagelle pour cette offense.

Ce demi-épisode inaugure la rétrospective de mon incarnation professionnelle à ConcreteWorld.🌍, où j’ai occupé le poste de « roi du pétrole », suivi de mon enrôlement dans le projet POILS_PUBIENS, où j’ai occupé le poste d’artisan pythonologue.

Cette incarnation s’étend sur deux entreprises, car au milieu j’ais été transfugé dans une filiale. Je vous fais grâce de ce genre de détails. Le récit sera chronologiquement chaotique, comme d’habitude. Commençons par le plus rigolo, à savoir:

Mes échecs personnels et autres moments embarrassants

POCHTRONARR

À peine fringant arrivé dans l’entreprise, on m’a mis entre les pattes le fameux outil POCHTRONARR, dont j’ai déjà parlé maintes fois (faites une recherche dans le blog). Il s’agit d’un outil de suivi d’incidents de réalité. Par exemple, si un client signale un défaut de gravitation dans sa zone, on l’enregistre dans l’outil, on le qualifie (géolocalisation, valeur de la constante g à l’épicentre, …), puis on fait évoluer son statut avec les actions de l’équipe rectificatrice.

Toutes les entreprises de maintien de la réalité ont un outil de ce genre. Plusieurs années avant mon arrivée, Chef Peyotl avait porté son choix sur POCHTRONARR. Bien mal lui en a pris. De nombreuses personnes (de ConcreteWorld.🌍 ET de POCHTRONARR) se sont attelées à son installation et sa configuration, sans succès. L’outil vivotait dans un coin sans être utilisé. Toutes les deux semaines, Collègue Pagne redémarrait le serveur qui s’était planté.

J’étais censé raccomoder tout ce bordel et faire en sorte que la boîte utilise pleinement POCHTRONARR. Plusieurs collègues et colléguettes me dirent à demi-mots que c’était une tâche impossible, une arlésienne. J’essaye de faire abstraction de ces préjugés, commence à mettre les mains dans POCHTRONARR et à l’analyser. C’était effectivement une merde infâme et je n’y comprenais rien :

  • Une doc énorme mais très mal organisée, avec des copier-coller partout et des fautes d’orthographe.
  • Beaucoup de fonctionnalités avec beaucoup d’options de configuration, mais pas assez souple et ne permettant pas de mettre en place notre gestion à nous.
  • Et bien sûr : bugs, comportements aléatoires, plantages, etc.

J’ai pris peur. J’ai signalé à Semi-Chef Pez (responsable de la mise en place de ce monstre malade) que je n’étais pas sûr de parvenir à en sortir quelque chose d’utilisable. Semi-Chef Pez a déclenché une réunion avec Chef Peyotl, à qui j’ai redis mes inquiétudes. Chef Peyotl a tenu sa position, a dit que le choix de cet outil avait été fait et qu’on ne reviendrait pas en arrière. J’ai fermé ma gueule, me suis plongé dans POCHTRONNAR jusqu’à avoir de la merde jusque en haut du crâne. Après plusieurs mois, j’ai fini par lui faire accoucher des fonctionnalités.

Mon erreur, ça a été de paniquer et de signaler trop tôt que c’était du caca. Je l’ai fait 3 semaines à peine après mon embauche. Même si je pouvais apporter quelques preuves de merditude, je ne pouvais pas être suffisamment convaincant. Au lieu de passer pour une personne posée ayant fait une analyse profonde de l’outil, je suis passé pour un gamin effrayé à la moindre difficulté.

Quelques mois plus tard, ça allait mieux. J’avais trouvé le moyen de coder plus ou moins from scratch diverses actions. Je n’utilisais aucune des fonctionnalités toutes faites et toutes pourrites, je fabriquais tout avec du VBScript pété au sol, et ça marchait.

Contre toute attente, je ne regrette pas d’avoir rencontré POCHTRONARR lors de cette incarnation professionnelle. C’est le fait que j’ai réussi à le maîtriser qui m’a accordé mon statut de « roi du pétrole », et c’est aussi grâce à ça que j’ai commencé de m’intéresser au hacking (même si ce mot est nul). J’en parlerais plus tard, j’ai prévu tout un chapitre sur le hacking, ça va être rigolo.

workflow configurable dans POCHTRONARR

git pride fail

Collègue Kouing-Aman avait organisé un « hackerspace » (encore désolé pour ce mot nul). C’était super sympa. Il avait fait une démonstration d’un Rubber Ducky de vilain hacker. Il s’agit d’un appareil quelconque doté d’une prise USB. Vous le branchez à votre ordinateur. L’appareil se comporte comme un clavier, il tape automatiquement des touches (Windows-R + une vilaine commande console). Cette commande télécharge et installe un virus, qui permet au vilain initial de prendre le contrôle de l’ordinateur.

C’était chouette, bien mené et ça a interessé pleins de collègues et colléguettes.

Enhardi par cette événement, je me suis dit que cette entreprise était un endroit magique, dans lequel on pouvait parler de trucs techniques à des gens dont ce n’est pas le métier. J’ai proposé un hackerspace sur git, car il m’avait semblé que ça pouvait intéresser des personnes travaillant à plusieurs sur le même document, fut-ce-t-il autre qu’un fichier de code.

Ce fut un incommensurable échec. Tout le monde trouva ça chiant. J’étais vraiment mal à l’aise. Ce désastre est narré dans cet ancien article.

Plus tard, j’ai fait d’autres hackerspaces, mais technico-techniques, en annonçant dès le départ que si la technique vous intéresse pas, vous pouvez rester chez vous.

Excel-lent

À un certain moment, nous sommes passés au contrat de travail de 1607 heures par an.

  • Si votre chef est gentil, c’est super génial. Vous travaillez plus que 35 heures dans une semaine, mais c’est comptabilisé. Vous gagnez des jours de rattrapage.
  • Si votre chef est neutre, il va simplement vous dire de ne pas faire d’heures supplémentaires et ça ne change pas grand-chose à un contrat classique.
  • Si votre chef est un con, il va vous dire de ne pas faire d’heures sup’, mais il va quand même vous mettre la pression. Vous faites des heures sup’ non comptées, vous l’avez dans le sphincter.

Tiens c’est amusant, il semblerait que quel que soit le cadre juridique, votre emploi est bien si votre chef est bien, il est pourri si votre chef est pourri. Hmmm… Je crois que je tiens un principe révolutionnaire…

Cela dit, cette histoire de 1607 heures contient quand même quelques petites arnaques. À première vue, c’est zarbi car 1607 est un nombre premier, alors qu’il devrait provenir de multiplications (X heures par semaine * Y semaines). Ce serait oublier l’infâme Raffarin Pète-Gonades Memorial Day, que les lecteurtrices de ce blog ne connaissent que trop bien.

Voici un lien vers le détail du comptage. Il y a un vilain arrondi supérieur, et la moyenne de nombre de jours fériés par an est trop faible. Je vous laisse compter ceux des quelques années précédentes, ça tombe pas juste.

Dans les faits, l’arnaque ne se voit pas tout de suite. Si vous vous comportez normalement durant toute une année (25 jours de congés, pas de travail les jours fériés, 35 heures par semaine), eh bien à la fin ça merdouille. Il vous restera quelques heures à travailler alors que ça ne devrait pas. Dictature du patronat.

Quel est le rapport avec l’un de mes échecs ? J’y viens.

Lors de la mise en place de ce nouveau contrat, j’ai été catapulté « gérant du suivi des heures ». Je hais remplir ces conneries de feuilles de temps, voilà que j’en devenais carrément le responsable ! J’étais tortionnaire de moi-même.

Le projet POILS_PUBIENS comptait seulement 4 personnes. On a décidé de ne pas installer un enième outil pour ça, on est parti sur de simples fichiers Excel. Je savais que ça serait le bordel. Il existe un principe :

Fichiers Excel => partage en cacahuètes
(du verbe partir).
 

Avec Excel, les gens :

  • prennent un malin plaisir à décaler les colonnes,
  • écrivent des commentaires là où il faut mettre des nombres,
  • mettent des couleurs pour signaler des trucs qui ne sont ensuite pas détectées par des scripts de traitement automatiques,
  • etc.

Je pensais que gérer ce bordel pour 4 personnes serait surmontable.

Ça l’a été, jusqu’à ce qu’on recrute. Entre ceux qui étaient toujours à l’arrache pour les remplir, ceux qui se plantaient et qui s’en apercevaient plusieurs mois après et ceux qui demandaient des trucs bizarres genre des congés sans solde, je ne m’en sortais plus.

Chaque fin de mois, je vivais mon petit calvaire de moissonner les fichiers de tout le monde et les consolider pour la Rarache. Je m’étais fait un script en python, évidemment. Mais il fallait quand même préalablement vérifier les fichiers un par un, pour s’assurer qu’ils n’avaient pas été torturés ni stupidement annotés.

Une fois, j’ai ouvert tous les fichiers en même temps. Ça me semblait viable, il n’y en avait que 10.

Pas pour Excel. Ma machine s’est bloquée pendant plusieurs minutes. Ça m’a énervé, j’ai tapé mes deux mains sur le burlingue en criant « bordel, c’est possible d’avoir plusieurs fichiers ouverts avec cette chiasserie d’Excel ? ». Aucune personne autour n’a osé moufter. Je me suis excusé. Ma machine est sorti de son coma et j’ai pu terminer mes vérifs reloues.

Je pense que ce petit accès de panique colérique m’a fait passer pour le collègue qui pète les plombs au moindre problème.

Can’t RTFM !!

Il fallait que j’imprime un truc, mais des bidouillages dans le réseau informatique interne avait eu pour conséquence que je ne détectais plus l’imprimante.

Imprimer une feuille dans une entreprise est l’une des tâches les plus ardues qui soit, quelle que soit l’entreprise. Pas aussi ardu que de conserver des toilettes propres, mais quand même.

Collègue Monstro-Plante, gérant de la tripaillerie technique interne, vint à m’assister. On échange cordialement des infos, il m’indique une documentation qui n’est pas à jour, mais c’est pas grave. Des collègues autour commencent à m’asticoter, sous-entendant que je vais péter les plombs parce que je peux pas imprimer. Sûrement qu’ils se permettaient ça à cause de ce début de réputation de péteur de plombs que je commençais à avoir.

Ce stupide asticotage rendait donc l’atmosphère un peu tendue. Ça imprimait toujours pas. Je demande à Collègue Monstro-Plante comment je dois installer le truc-bidule approprié. Il me répond : « lit la doc ».

Et là, je lui braille dessus comme quoi qu’il n’y a pas de doc. La seule doc que y’a n’est pas à jour et ne résout pas mon problème. Je l’ai congédié et me suis débrouillé tout seul pour imprimer ma feuille de merde. Je ne sais même plus ce que c’était.

Je pense que ce pétage de plomb m’a fait passer pour le collègue qui pète les plombs au moindre problème.

Suite à ce cafardeux épisode, Collègue Monstro-Plante, qui s’appelait ainsi car il donne du marc de café radioactif à ses plantes, a été rebaptisé « Collègue FautLireLaDocQuExistePas ».

Puis il s’est fait lourder lors d’une opération de lourdage massif.

Pour une (grosse) poignée de dollars

Semi-Chef Lula et moi étions chargé de finaliser l’installation de l’outil Recrutator, pour la Rarache. (J’ai rebaptisé Semi-Chef Lucene-Lapin en Semi-Chef « Lula », parce que c’était vraiment long à lire).

Au départ, on devait juste adapter le CSS, pour harmoniser le style visuel de l’outil avec le reste du site web boîtal. On avait filé ça à Stagiaire SuperCSS, qui s’en était sorti avec maestria. Mais après inspection, nous nous sommes vite aperçu qu’il fallait entièrement tester Recrutator, car certains défauts méritaient d’être transmis à l’éditeur. Il s’agissait, une fois de plus, d’un outil mal foutu et rempli de failles de sécurité. Je détaillerai ça plus tard, dans le chapitre prévu à cet effet.

La liste des bugs mutait dangeureusement en une manticore gargantuesque et fractalement tentaculaire. Alors que nous travaillions dessus depuis plusieurs jours, je me permis d’émettre une réserve à Semi-Chef Lula : écrire un si grand compte-rendu, à deux personnes, pour un truc aussi merdique, cela en valait-il la peine ? Ne ferions-nous pas mieux de torcher ça vite fait et de passer à autre chose, d’autant plus que la gestion de Recrutator ne relevait même pas du sacerdoce premier de POILS_PUBIENS ?

Il l’a mal pris. Pour lui c’était important de détailler tout ce qui n’allait pas, pour bien montrer qu’on était capable d’analyser correctement des trucs. Il a ajouté : « la semaine dernière, j’ai rédigé une autre doc pour décrire la feuille de route de POILS_PUBIENS et pour lister les ressources dont nous aurons besoin. C’était un gros morceau. Mais avec ça, on a gagné la confiance de Méga-Chef En-Même-Temps, qui va nous débloquer 500 000 boulasses. Vas-y, fais mieux ».

J’ai pas su quoi répondre. Le moment était gênant. Je ne me suis plus jamais permis d’émettre la moindre réserve sur les décisions et les rédactions de doc de Semi-Chef Lula. J’ai fait ce que je sais faire de mieux : le super-flamby (même si des fois le flamby pète les plombs).

John-Wayne-like dit : « WTFM » (Write The Fucking Manual)

« Redémarrez votre box »

Un lundi matin post-covid, fin de sprint. J’ai diverses choses à présenter pour la réunion de Sprint Review. Tout est prêt. Je dis bonjour dans le tchat boîtal. J’ai une bonne demi-heure d’avance, alors je décide de télécharger des vidéos de Shannon Marie et de me masturber. Tout se passe bien.

L’heure de la réunion approche. Je nettoie les toilettes et ouvre l’onglet de la réunion. Et là, rien ! Panique, redémarrage du TP-Link, puis de la box, puis de l’ordinateur. Toujours rien. Une foutue merderie de coupure internet ! Ça ne venait pas des vidéos de Shannon Marie. La dernière fois que j’en avais téléchargé, il n’y avait eu aucun problème.

Appel des collègues par téléphone, appel de ma chérie à son boulot qui se connecte à son internet et me confirme que le nôtre est coupé. J’enfourche mon vélo et pédale de ouf’ jusqu’au boulot de ma chérie. Je ne peux pas squatter son internet, car leur protocoles réseaux sont obsolètes et n’acceptent pas notre VPN boîtal (je savais même pas que c’était possible). Je re-enfourche mon vélo et repédale de ouf’ pour rentrer à la maison, où l’internet était revenu.

J’ai présenté mes trucs complètement à l’arrache. Je me mélangeais dans les dates des fichiers, je n’étais même plus capable de savoir si le 24 de ce mois était un jeudi ou pas. Ça a été cataclysmique.

Plus tard, on m’a rapporté que ce fâcheux épisode avait bien énervé Chef NightWish. En apprenant que je n’avais plus d’internet, il a dit : « oui mais dans ce genre de situation, faut réagir vite. Il avait qu’à aller au burlingue ». Sauf qu’on n’a qu’une seule bagnole pour deux, le burlingue j’y vais en vélo+bus et ça prend une heure.

La conclusion, ça a été que je devrais m’acheter un smartphone (ouais, j’en avais pas à l’époque, j’étais un rebel) pour l’utiliser comme access point si jamais ce genre d’horrible incident se reproduisait. J’ai dit oui et l’ai pas fait. J’achète pas un smartphone et un abonnement juste pour me garantir une connexion internet de tra-travail !

Ça m’a énervé que Chef NightWish s’énerve à mon sujet, mais en mon absence. Sa phrase pétée de « il faut réagir vite », il ne me l’a pas dite en face et ne m’a pas donné l’occasion de me défendre ou me justifier. C’est des propos qu’on m’a seulement rapporté. Lui aussi c’est un flamby, en fait.

Bref, un moment gênant, mais je ne considère pas que ce soit un échec personnel de ma part. Zut.

Shannon Marie. Splendide

PHP = People Hates PHP

Nous devions construire une sorte de blog / site communautaire pour le projet POILS_PUBIENS. Semi-Chef Lula, grand fan de PHP (seriously, dude….), décida d’utiliser Drupal pour cela. C’est un moteur de blog, genre WordPress, avec plein de modules et autres trucs configurables.

Un choix tout à fait pertinent (si on fait abstraction du choix initial de prendre PHP), mais il y avait un petit souci. Les drupalologues venaient d’annoncer une migration de leur outil vers Symfony, un framework web générique.

Semi-Chef Lula a demandé, à moi et d’autres collègues, de « faire une étude ». Il avait créé des petits modules drupaux permettant de créer des pages web entièrement configurables. Ça permettait d’avoir à la fois un blog et des pages génériques. Il se demandait si ce serait toujours possible avec cette future fusion drupalo-symfonienne.

On a installé des tas de versions de ces deux différents trucs en essayant de les faire fonctionner ensemble. En même temps, on moissonnait toutes les docs trouvables sur internet qui traitaient du sujet. C’était très brumeux.

Les docs officielles de Drupal annonçaient une « transition progressive » et indiquaient dans quel ordre les modules de Symfony seraient intégrés. Mais quand on installait Drupal on ne retrouvait jamais ces modules. Les docs officielles de Symfony non-mentionnaient Drupal avec un tel aplomb de jean-foutrisme que c’en était effrayant. Les docs non-officielles racontaient n’importe quoi.

Semi-Chef Lula nous a laissés nous débrouiller pendant quelques semaines, puis s’est lancé dans l’aventure. Il nous a alors écrit un mail embarrassant :

Constatant que le projet d’étude symfono-drupalique n’avance pas, j’ai décidé de m’y coller. En moins de deux heures, j’ai trouvé cette doc. Ça correspond à ce qu’on veut faire. Appliquez-là.
 

Sa doc était un article dégueu d’un dev amateur qui avait essayé d’intégrer Symfony dans un module Drupal, soit le contraire de ce qu’on voulait faire. Je me suis dit que ce serait amusant d’essayer de mettre un Drupal dans un Symfony dans un autre Drupal, mais j’ai senti que c’était pas le moment de proposer quelque chose d’aussi drôle.

Finalement, on a laissé tomber la création de ce site communautaire, car c’est pas ça qui aurait rapporté de l’argent à POILS_PUBIENS. Semi-Chef Lula a maugréé que l’intégralité du compte-rendu de cette désastreuse aventure tenait dans la phrase « on a galéré ». On est passé à d’autres choses.

À l’heure actuelle, j’ignore toujours si les clowns de Drupal ont réussi leur fusion avec les saltimbanques de Symfony. Juste par curiosité, j’ai à nouveau cherché des docs sur internet, il me semble que oui, mais je ne suis pas sûr que tous les modules symfoniens aient été intégrés. Ensuite j’ai réalisé que j’en avait nom de dieu de bordel de cul rien à foutre. Cette hypothétique fusion restera donc un mystère pour moi (autant que le PHP en général).

Ce sera tout pour l’instant.

Comme souvent, j’ai triché dans la date de parution de cet article pour faire comme si il avait été publié en avril. J’essaie de me mettre tout de suite au second demi-épisode. À bientôt !

Martin Luther King’s reconstruct-gonades day #1

Une énoooorme info provenant de la nouvelle crémerie dans laquelle je bosse :

J’ai des jours fériés en plus par rapport au reste des serfs non-chômeurs ouvrier-codeurs travailleurs français !

J’ai passé des années à conspuer ce gros con de Raffarin qui nous a volé notre lundi de Pentecôte, et voilà que l’on me rend (presque au centuple) ce temps que l’on m’a volé. J’en reste baba. À noter que je continuerais tout de même de conspuer Raffarin, par solidarité envers les tra-tra-travailleurs français.

D’où sors-je ce privilège ? Ma nouvelle crémerie résulte de la fusion/absorption d’une crémerie américaine et d’une crémerie française. De manière karmatique, les Méga-Chefs et Méga-Cheffettes ont décidé d’accorder les jours fériés des deux pays à tout le monde, afin de limiter les moments où on ne peut pas échanger entre Collègues et Colléguettes !!! Que leurs noms résonnent jusqu’en haut des montagnes iridescentes de la joyeuse créativité oisive !

Et justement, ce 16 janvier a eu lieu le Martin Luther King’s day, férié pour les américains et donc pour moi aussi. Bien entendu, j’aurais aimé écrire un article le jour-même, mais je l’ai passé à faire d’autres trucs. En espérant que vous ne m’en voudrez pas.

Afin de faire écho à mes noires et cafardeuses célébrations du « Raffarin pète-gonades Memorial Day », j’ai décidé d’appeler ce jour le « Marthin Luther King’s reconstruct-gonades day ». Youpi !

Je n’ai pas la prétention d’être expert-historien de la vie de Martin Luther King. J’aurais pu en connaître quelques détails supplémentaires, car j’ai lu, dans la revue Astrapi, les épisodes d’une bande dessinée sur son histoire.

Mais ma dernière lecture de cette BD date d’il y a plus de 20 ans. Alors, j’ai un peu oublié, désolé.

Oh si attendez, je me souviens d’un truc. Une image montrant des policiers réprimant une manifestation. Ils avaient un gros camion avec un canon à eau. J’ai cru que les policiers s’en servaient pour rigoler et détendre l’atmosphère. Genre : « hey, j’ai un pistolet à eau géant, faisons une bataille d’eau et tout le monde se sentira mieux après ».

Ensuite, j’ai réalisé que c’était pas ça.

(ici, mettre une image de canon à eau durant une manifestation, pour montrer que je suis une personne engagée qui lutte contre l’oppression étatico-capitaliste).

Et sinon, cette nouvelle crémerie. Bien ou bien ?

Nouvelle crémerie dont il faudra un jour que je vous donne le nom et le sacerdoce. En attendant, je vous raconte en vrac.

Comme plein de gens de l’informatique, je suis en « full remote » (c’est comme ça qu’on dit). Je l’étais chez ConcreteWorld-🌍, mais pas full. Je revenais sur site tous les mercredis. Là je pourrais pas faire ça parce que le site en question est beaucoup plus loin : une demi-journée de train. Ça va me changer de ne voir mes Collègues et Colléguettes que environ tous les deux mois. J’appréhende un peu. On verra bien.

J’ai fait deux semaines de « onboarding » (c’est comme ça qu’on dit), sur site. Tout frais payés : bouffe, hôtel, trajets, PQ, tout je vous dis. J’ai mangé du fast-food gentrifié à m’en faire péter la caillette : tofu, bo bun, poke bowl, falafel végétarien, …

Y’a un baby-foot et une Switch dans le burlingue/open-space. C’est les clichés des boîtes super cools avec des vrais morceaux de bienveillance dedans. Je m’en tamponne un peu, mais ça ne me dérange pas que ça existe.

Je ne suis pas sûr de bien tout comprendre ce que je dois faire, ni dans quel ordre. J’improviserai, comme d’habitude.

Il n’y a pas d’outil stupide pour déclarer combien de temps on passe sur chaque tâche ! C’est une victoire personnelle résultant d’un combat qui a duré plusieurs années. J’espère juste que c’est une vraie victoire et qu’on ne va pas me sortir de derrière les fagots un google-doc naze de rapport d’activité que l’on n’aurait pas encore pensé à me montrer.

J’ai récupéré un nouvel ordinateur de Travail, comme il se doit. Le sachiez-vous ? Maintenant j’utilise Ubuntu ! Ouais bon, tout le monde s’en tamponne. Moi le premier. De toutes façons, de nos jours, tout est dans le navigateur, alors ça marche et puis c’est tout. Le seul truc qui m’embête c’est que je n’arrive pas à trouver de logiciel de dessin en pixel art aussi souple-et-solide-à-la-fois que Paint.net. Peut-être parce que j’ai pas vraiment cherché.

J’espère que OBS marchera, sinon je ne pourrais plus twitcher de Clash of Codes le jeudi. Faut que je l’installe et que je teste.

J’ai offert, en cadeau de bienvenue, l’énigme des clés inspiré de Harry Potter. Les Collègues et Colléguettes l’ont résolu, alors je leur ai donné la surprise promise : une boîte de chocolats de qualité classe et bourgeoise.

C’est pas ces clés là, mais vous voyez l’idée.

Pour postuler, j’avais caché dans mon CV un code secret en plusieurs parties. Je vous le montrerais à l’occasion. Comme ça en plus vous aurez mon CV, même si ça ne vous intéresse pas.

J’ai fait vœu de non-flatulence dans le burlingue open-space, que j’ai presque réussi à tenir les deux semaines ! Juste une fois, en screud’ (comme on dit maintenant), j’étais tout seul à côté de la cafetière qui faisait un bruit du diable, je me suis permis un petit écart. Personne n’a rien entendu grâce à la cafetière, et personne n’a rien senti car les distances de sécurité étaient respectées. Alors bon, hein, voilà.

J’ai aussi fait vœu de non-masturbation sur le lieu de Travail, que j’ai tenu ! Heureusement qu’il y avait des toilettes dans l’hôtel où je créchais, pour soulager le système.

Là maintenant, mon lieu de travail c’est aussi mon lieu d’habitation. J’ai arrêté les vœux, faut pas déconner.

Je vous laisse avec une image qui milite pour la lutte contre l’apartheid.

J’espère que le lien entre apartheid et cette image est suffisamment de mauvais goût pour vous.

Yo !

Solde de toute catharsis, avec une incarnation de retard

Comme je vous l’ai révélé à la fin de l’article précédent, j’ai à nouveau changé de crémerie. J’écrirais divers articles pour recenser tous les moments amusants et bizarres de cette incarnation professionnelle maintenant terminée. La mascaraderie corporate narrée dans l’article précédent en est déjà une partie.

Là, aujourd’hui, je n’ai pas envie de commencer cette mini-saga. Je veux régler les petites crottes de ma précédente incarnation professionnelle, qui me restent en travers de l’anus et que je voulais vous raconter à une occasion ou une autre.

Ça m’embêterait de raconter des histoires de mon boulot qui ont deux incarnations professionnelles de retard. Il faut donc que je brade tout, là maintenant.

Pour que ce soit bien clair : tout ce que je raconte dans cet article concerne la société Zarma.pro, dans laquelle je travaillais il y a plus de 7 ans. Il n’y a rien au sujet de ConcreteWorld-🌍 ni au sujet du projet POILS_PUBIENS. Je vous demanderai de ne pas confondre, parce que vraiment vraiment, ça n’a pas été les mêmes boîtes, ni la même ambiance, ni la même considération de la part des chefs.

En résumé, Zarma.pro était vraiment une boîte de merde. En détail, je vous renvoie à cet article et aux deux qui ont été écrits après. Je vais rementionner des personnes de cette époque. Pour avoir plus d’infos sur eux, consultez lesdits articles.

Crac-crac à gogo

Un collègue quelconque et une stagiaire quelconque se sont mis ensemble.

Colléguette Cuisse et Collègue Remplaçant (le mec qui m’a remplacé) se sont mis ensemble. J’ai eu vent d’anciennes histoires, mettant en scène Colléguette Cuisse et un ancien Méga-Chef qui est parti depuis. Je n’ai pas assez d’infos pour vous dire si c’était uniquement dans le but de faire progresser sa carrière, ou juste pour la beauté du sentiment de l’amour.

Ex-Collègue CDD et Collègue DashBoard se sont mariés. Je ne vous les avais pas présentés car ils ont peu d’intérêt. Pour résumer : ex-Collègue CDD prenait le bus avec moi, Collègue DashBoard a mis en place un outil interne dont tout le monde disait qu’il était pourri (sauf moi, parce que j’en avais rien à foutre).

Colléguette Hîhîhî et Collègue Tourbe se sont mis ensemble. Collègue Tourbe mérite une présentation : il a failli foutre le feu au bâtiment parce qu’il avait écrasé son mégot dans un bac à plantes. Quand il n’y a que de la terre, ça va. La tourbe, c’est humoristiquement inflammable. Rien de spectaculaire, mais il y a quand même eu un petit départ de feu qui a nécessité l’intervention des pompiers. J’ai beaucoup aimé.

Tout ça pour dire que ça baisait grave dans cette boîte. J’en suis assez surpris. Ça semble incompatible avec l’ambiance de merde et la politique d’oppression des Chefs qui régnaient. Peut-être que les gens étaient tellement désabusés que, foutus pour foutus, autant se payer une tranche de plaisir avant de sombrer définitivement dans mille ans de douleur professionnelle fataliste.

Personnellement, j’ai pas baisé.

Le monde est petit

Collègue Nounours, à force d’être maltraité parce qu’il glandouillait trop ouvertement, a fini par se barrer, ou bien se faire lourder.

Il a monté sa boîte (une boutique de soutien-gorges asymétriques démontables et customisables). J’y croyais pas une seconde. Mais quelques années plus tard, il avait quelque chose de tout à fait viable. La motivation de travailler pour lui-même lui a permis de se débarrasser de son démon de glandouille. J’ai été impressionné et admiratif.

Il emploie maintenant une petite dizaine de personnes. Il cherche des développeurs PHP pour le site de vente en ligne, alors il a eu la gentillesse de m’inviter à bouffer gratos dans un restau. Pas pour me proposer une embauche car il savait que je refuserai, mais pour que je diffuse ses offres à mes hypothétiques amis développeurs.

C’était un moment super chouette ! Je me sentais vraiment quelqu’un d’important, genre qui se fait remarquer par des chasseurs de tête et tout. On a évoqué quelques souvenirs amusants et/ou cafardeux, je lui ai parlé de mes projets de dev personnels, j’ai pris entrée-plat-dessert, on était vraiment bien.

Hé, devinez qui est maintenant embauchée dans cette charmante boutique asymétrique ? Lourdée Rosemonde ! Rappelez-vous, elle s’est fait violemment lourder de ConcreteWorld-🌍, alors qu’elle tenait avec brio le poste ô combien utile de « grande sœur de tout le monde ». Eh bien maintenant elle travaille avec Collègue Nounours. C’est cool.

À ma connaissance, ils baisent pas ensemble.

Janet Jackson, égérie de la boutique AsymBra.oO.

Et moi je suis encore vivant, tralalère !

Je vous avais décrit trois personnes : Collègue Eurod’ (qui écoute de l’eurodance), Collègue Drache-Code (qui code comme une porcasse) et Collègue Je-Sais-Tout (qui sait tout).

En vérité, c’est une seule et même personne. J’avais tellement de choses à déblaterrer sur lui que je l’ai découpé en trois blocs de personnalité distincts. J’ai bossé pendant plus de trois ans avec lui.

Lors de mon entretien de sortie avec MégaChef Storitel, celui-ci m’a dit : « je pense qu’il y a une autre raison à ton départ, que tu ne nous dis pas. Tu en as assez de faire équipe avec Travailleur Eurod’/Drache-Code/Je-Sais-Tout, car il s’impose trop ». Il avait raison.

Par le biais de Collègue Quelconque, avec qui je prenais le bus, j’ai pu avoir des nouvelles de Zarma.pro pendant encore quelque temps. Il m’a révélé que Collègue Eurod’/Drache-Code/Je-Sais-Tout avait demandé à changer de département boîtal. Après avoir chié dans tout le code du département où on bossait tous les deux, il a réalisé que plus rien n’était maintenable, alors il voulait aller chier dans le code d’un autre département. Étrangement, sa requête a été refusée.

Quelques années plus tard, il est parti de Zarma.pro. Le département où on était a agonisé quelques mois, puis a totalement été supprimé. J’en profite pour faire coucou à tous les clients qui nous avaient achetés des trucs et qui n’ont plus de maintenance !

Encore quelques années plus tard, il est mort.

Collègue Eurod’/Drache-Code/Je-Sais-Tout est décédé d’une crise cardiaque. Comme ça, paf. Il était à peine plus âgé que moi. Je suis allé à son enterrement et j’ai recroisé quelques Collègues.

J’ai eu des tas de grand-mères et de grand-pères morts, mais je n’avais pas passé beaucoup de temps avec eux. Actuellement, ce collègue est la personne décédée avec qui j’avais passé le plus de temps cumulé. Ça fait bizarre. Je repense de temps en temps à lui.

En travers de l’anus, disais-je

J’ai toujours en travers de la gueule et de l’anus le comportement de merde de Chef Random. La fois où il a tenté une attaque personnelle en disant que vu la manière dégueue dont j’arrangeais mon burlingue, ça devait être le bordel aussi dans ma maison. Et toutes ses petites remarques mesquines, quand j’avais l’outrecuidance de prendre les RTT auxquelles j’avais droit. J’arrivais dans la boîte et il me disait : « oh c’est gentil de passer nous voir ! ». À cause de ça, il m’a fait peur et après je n’osais plus prendre mes RTT (parce que je suis une chiffe molle, il faut bien le dire).

Je pensais que toutes ces petites crottes qu’il ma chié dessus allaient s’estomper progressivement. Ce n’est pas le cas. J’y repense de temps en temps et j’imagine des scènes où je me venge et où je lui fais rentrer ses crottes dans sa gorge.

Il y a 2 ans, je l’ai peut-être recroisé dans la rue. Mais il faisait sombre et le gars était de loin. On s’est regardé une seconde dans les yeux, personne n’a rien dit. Il a continué son chemin, j’ai attendu et je me suis dit : si il se retourne pour me regarder, je l’interpelle. Il s’est pas retourné, si ça trouve c’était pas lui.

Je regrette d’avoir raté cette possible occasion de lui balancer dans la gueule tout ce que je pense de lui. Je ne suis pas sûr, mais je pourrais finir par le gifler.

Comment se débarrasser de ce qui reste en travers de l’anus.

D’autres trucs en vrac

Cheffette Gothique, qui a eu un arrêt maladie de dépression assez long pendant que je bossais encore dans la boîte, s’est re-dépressionisée. À ma connaissance, elle n’a toujours pas repris le travail.

Chef Random est parti à la retraite. On s’en fout.

Maryse-Gâteau est aussi partie à la retraite. On s’en fout aussi.

Chef «  » ne cheffise plus grand chose, peut-être parce que tout le monde en avait marre de son management par la douleur. Il est maintenant « ingénieur technico-commercial » ou une connerie comme ça.

Collègue BarryWhite et Collègue Aquafootball, dont j’ai parlé dans l’article précédent et dans d’autres, proviennent de Zarma.pro. C’est moi qui les ai débauchés ! Je suis trop fier ! J’ai aussi essayé de débaucher Collègue Tourbe, mais il a préféré partir ailleurs. Ce n’est pas grave. J’ai ouï dire qu’après ce coup là, MegaChef Storitel est allé voir MegaChef En-même-temps, pour lui dire d’arrêter de débaucher ses petits esclaves personnels. Dans ta face !!

Moins d’un an après mon départ, j’ai été contacté sur LinkedIn par une recruteuse de Zarma.pro, qui m’a sorti son petit blabla générique pour m’alpaguer. Stupide boulette ! Elle n’avait même pas vérifié que je m’étais tout fraîchement éclipsé de chez eux. J’ai réussi à garder mon calme lorsque je lui ai répondu. Je m’en félicite. Manifestement, un champ résiduel de stupidité hante cette boîte, qui fait que toute personne qui y travaille se met inévitablement à faire des conneries.

Un champ de stupidité résiduelle.

Transition

Voilà, je n’ai plus rien à vous balancer au sujet de Zarma.pro. Sauf si je croise Chef Random et que je lui pète la gueule, dans ce cas je ne manquerai pas de vous en faire part.

Comme presque chaque année, je vous sors un article le presque-25 décembre, parce que c’est le moment où je suis en vacances. Mais là c’est plus que ça. Je suis entre deux incarnations professionnelles.

Bien entendu, vous aurez le récit de mes exploits désastreux et malaisants, au fur et à mesure qu’ils arriveront et que je trouverai le temps de les écrire. Mais là, tout de suite, j’ai juste envie de profiter de ce moment, alors que mon âme flotte éphémèrement dans les limbes de la sans-emploititude.

Je m’offre la relecture du roman « Monstres Invisibles », de Chuck Palahniuck (je me souviens jamais où est le H muet dans son nom). C’est glauque. C’est bien. Je me sens bizarre. Chuck Palahniuck vous fait vous sentir bizarre quel que soit votre état initial. Mais là en plus je me sentais déjà bizarre avant.

Fais-moi ça transition.
Éclair du flash.
Fais-moi ça légère inquiétude.
Éclair du flash.

Pour la première fois de ma vie, je ne change de boulot ni par contrainte géographique, ni par fuite, ni par une mutation interne que je laisse couler toute seule. Je change de boulot par choix. J’étais tout a fait bien là où j’étais avant, une occasion s’est présentée à moi, elle m’a plu, j’ai gagné les différentes épreuves d’embauche.

Pour la première fois de ma vie, je doute un peu de ma capacité à être acceptable professionnellement, car ce ne sera pas que du développement. Sans rentrer dans les détails : je serai censé définir la vision d’ensemble d’un gros machin et peut-être même gérer des freelances. Moi qui ai toujours refusé d’être Chef de quoi que ce soit, qui ai toujours considéré que Chef, c’est même pas un métier.

Je me suis toujours vanté d’un certain jean-foutisme professionel. Dans ce blog, je raconte mes efforts pour glander au boulot sans que ça se voit. Je ne souhaite pas, pour l’instant, vous dire dans quelle Entreprise je vais officier. Mais la raison pour laquelle je l’ai choisie, c’est la nature du Travail que je vais y faire et non pas d’éventuelles possibilités de glandage. Ça me fait un peu peur.

Est-ce que je finirai par devenir un type corporate et sérieux ? Est-ce que je ne risque pas de brûler l’âme de ce blog, initialement construit sur le concept de l’oisiveté ? Et mes projets persos dans tout ça ? Et Squarity ? Est-ce que j’arriverais toujours à trouver un peu de temps ici et là pour le faire avancer ? Que ferait Chuck Palahniuck à ma place ? Si je découpe quelqu’un en trois personnalités distinctes et que cette personne meurt, est-ce que je ne viens pas de la tuer deux fois supplémentaires, en plus de son décès initial ? Est-ce que je dois stalker Chef Random pour augmenter mes chances de le croiser dans la rue et de tout lui balancer dans la gueule tant qu’il est encore vivant ?

Nous verrons bien.

Medley d’événements corporates

Cet article sera bourré d’incohérences, encore plus que d’habitude, car il est inspiré de plusieurs événements. Ils se sont tous déroulés il y a plus de deux ans, ne soyez donc pas choqués s’il n’y est fait aucune référence à des masques ou des virus.

L’un de ces événements inaugure le démarrage du projet POILS_PUBIENS. À cette époque, nous n’étions que 4 :

  • Chef NightWish. Pouvoirs spéciaux : balancer des liens vers des docs en croyant que ça va automatiquement résoudre un de nos blocages techniques. Dire « on n’a pas réussi à faire telle chose » pour dire « tu n’as pas réussi à faire telle chose ».
  • Semi-Chef Lucene-Lapin. Pouvoirs spéciaux : travailler la nuit et dormir le jour, déclencher des « réunions coup-de-poing », coder des projets persos clients lourds en PHP (wtf ?). Son titre de noblesse a fluctué d’un article à l’autre : « Collègue », « Chef », etc. On va dire qu’il est Semi-Chef.
  • Collègue DocteurMaboul. Pouvoirs spéciaux : écrire de la documentation en LATEX, faire des présentations avec des images rigolotes hahaha.
  • Et moi, bien sûr.

Petit zoom sur Collègue DocteurMaboul, mon meilleur collègue de tous les temps et de toutes les boîtes où j’ai été :

  • Il gueule contre les chefs afin d’obtenir des avantages, pour lui-même et pour l’équipe, ce dont je suis incapable en tant que SuperFlamby.
  • Il lèche les bottes de ses collègues et encense le moindre petit morceau de travail produit, ce que j’aime en tant que SuperEgo.
  • Il glandouille et ne travaille que sur les sujets qui l’intéressent, au point de déformer l’espace glandique local, masquant ainsi les glanderies moins prononcées des collègues situés à proximité, ce qui m’intéresse en tant que SuperGlandeur.

C’était mon collègue-fusible. Je me disais : « tant qu’il est là, je peux glander un peu puisque de toutes façons je glanderai jamais autant que lui ». Spoiler alert : le fusible a pas tenu.

L’événement se déroule en Sicile, dans une villa isolée du monde extérieur. Nous y crécherons pendant 4 jours, l’objectif étant d’élaborer le « Business Model Canvas » du projet.

Phase 1 : on collecte des slips…

Petit rappel concernant POILS_PUBIENS : il s’agit d’une gamme d’application cosmologiques ayant pour sacerdoce de lutter contre les distortions spatio-temporelles de l’univers, sur tous les plans d’existence confiés par nos clients, afin d’empêcher un débordement de chaos. C’est un outil parmi d’autres dans ce passionant métier qu’est le maintien de la réalité, mais nous avons vocation à en faire un outil central qui recueillerait les détections de paradoxe génériques des autres outils.

Comme cet article est un medley, en même temps qu’on est 4, on est aussi une quinzaine de personne, mais l’événement va durer une seule journée et une seule nuit. La nuit sera longue…

Un nombre conséquent d’embauche a été récemment effectué, nous ne nous connaissons pas tous très bien. Nous avions donc pour consigne de préparer des petites présentations de nous-mêmes. Les collègues front-enders ont osé un Power Point ironico-dégueulasse rose fluo + WordArt arc-en-ciel + gif animés de dancing banana. Sa confection leur a pris une bonne demi-journée.

De mon côté, j’ai recensé des hobbys et des passions de chaque collègue, afin d’obtenir un joli graphe connexe (les collègues A et B aiment l’aquafootball, les collègues B et C aiment collectionner des images de nichons, etc.). J’ai ensuite créé un petit jeu dans lequel il faut retrouver toutes les associations hobby-personne. Je ne peux pas vous le montrer car il révélerait des choses trop intimes. Mais je l’ai recyclé en un jeu-hommage à Eye of the Beholder, décrit dans cet ancien article, et jouable par ici.

J’ai aussi demandé un petit créneau pour jouer un sketch de mon crû sur le langage python. Oui, on peut faire des blagues avec du code.

Patchwork narratif du matin

L’événement est situé à quelques lieues du Travail. Chef NightWish nous a laissé nous organiser pour le trajet, avec l’obligation d’arriver au plus tard à 12h30. Sous-entendu : « le matin vous bossez normalement, parce que les événements corporate faut pas en abuser. En partant vers 11h, vous serez large pour arriver à 12h30 ».

On part dès 9h. Chef NightWish tire la tronche. On fait semblant de rien et on s’éclipse.

On débarque tranquille dans la maison-villa AirBnB. La gérante nous fait visiter. Elle est un peu âgée, avec des seins énormes. Pour de vrai. C’est pas moi qui le fantasme.

Des collègues installent du matos musical (sono, guitare, piano électropsychédélique et autres fatras). Vous verrez bientôt pourquoi.

Concernant la boustifaille, nous avons chacun été affecté à un poste précis. Collègue Aquafootball, autoproclamé « roi du barbeuk », s’est proposé pour les saucisses du soir. Il se nomme ainsi car c’est un grand supporter de l’équipe locale d’aquafootball chilien, le sport populaire de la région.

J’ai personnellement opté pour la salade-tomate-mozzarella, du soir aussi. Je peux donc glander.

J’aurais aimé distiller dans cet article une ambiance glauque et effrayante : la villa sicilienne est hantée, on entend des bruits, des personnes disparaissent, on ne peut plus repartir car la voiture est en panne, etc. Mais la matière ne s’y prêtait pas. Les deux points les plus dérangeants de la maison sont :

  • la disposition des toilettes : juste à côté de la cuisine. Si ça ne tenait qu’à moi, on serait toujours à moins de 20 mètres d’une chiotte partout dans le monde. C’est important. Mais de là à avoir un accès direct aux chiottes depuis la cuisine, une limite a été franchie.
  • Une absence de moyen acceptable de faire du café. Nous disposons d’un récipient bizarre dans lequel il faut tout mettre en vrac (eau et café moulu), puis nous devons appuyer tout doucement sur un piston afin de séparer le café liquide du café moulu. Ça ne marche pas. Nous mâcherons du café pendant 4 jours.

On pose notre fatras informatique dans la salle principale. Entre temps, Chef NightWish est arrivé. Comme il s’y croit à fond, il annonce avec un corporatisme empreint d’ironie que cette pièce sera la « War Room ».

Collègue Aquafootball teste la tireuse à bière. Je discute du projet annexe Arcanciel avec Stagiaire SuperCSS.

Le projet annexe Arcanciel est un truc de dingue, développé en partenariat avec la Zuzu Academy (l’université gratuite de Marc Zuckerberg). Comme vous le savez, l’œil humain ne distingue pas toutes les couleurs, or certains bugs de réalité ne se voient que sur certaines longueurs d’onde chromatique bien spécifiques. Arcanciel est un framework javascript permettant de convertir les couleurs d’un type d’œil vers un autre. Vous pouvez afficher une image telle que vue par un daltonien deutéranope, ou bien vue par un chien qui veut savoir comment voient les yeux d’une mante de mer, etc. C’est énormément de code, avec des calculs ultra-optimisés.

Tout le monde est là, c’est le moment de montrer notre surprise à Chef NightWish, car c’est son anniversaire ! Nous lui offrons une interprétation de la chanson « Something Wrong » du groupe islandais Bang Gang, avec des paroles personnalisées pour lui. Il a une petite larmette pendant notre prestation.

Bang Gang : meilleur groupe du monde, meilleur nom de groupe du monde, va te faire foutre la SEO.

C’est Semi-Chef Lucene-Lapin qui s’est occupé des paroles. Il avait inévitablement déclenché une « réunion-coup-de-poing » pour en faire part au reste de l’équipe, avec réservation de salle et tout. J’étais un peu gêné. Des gens passaient dans le couloir et voyaient à travers la vitre un texte humoristique projeté sur grand écran.

Ça lui avait pris deux demi-nuits. Ce mec peut travailler des nuits entières sur des documents sérieux, puis d’autres nuits entières sur des trucs complètement aléatoires tels que des énigmes amusantes proposées par des collègues (pour une fois c’était pas moi). La journée, il m’appelle pour me narrer ce qu’il a fait de ses nuits (le sérieux ET l’aléatoire). Toutes ces heures passées au téléphone… Je les rentabilise en cassant des amandes, le téléphone sur l’oreille. J’en ai des pleines boîtes à chaussures, que je cueille chaque année sur les amandiers poussant autour de chez moi.

Et donc, cette performance chantatoire est la raison pour laquelle nous étions partis en avance. Nous devions installer le matos sans que Chef NightWish ne nous voit. Je ne suis pas sûr qu’il l’ait réalisé. Pour tous les domaines qu’il connait un minimum (entre autres, l’informatique et la musique), Chef NightWish croit systématiquement que chaque action « ne prendra pas plus de 5 minutes ». On retrouve ce caractère chez beaucoup de chefs.

De plus, il faut bien l’avouer, l’installation n’a pas pris énormément de temps. En tout cas, c’est sûr que ça ne nécessitait pas la contribution de tout le monde, puisque j’ai glandé pendant que d’autres s’y attelaient.

Pour finir cette matinée : repas classe et équilibré préparé avec amour par les collègues assignés à la bouffe du midi.

Moi pendant que les autres travaillaient.

Gloubiboulga récitatoire de l’après-midi

Séance de réflexion sur le Business Model Canvas et ses schémas annexes : Customer Journey Map, Economic Canvas, Environmental Canvas, Disruptifier Bullshit Canvas, etc. Vous connaissez le principe : on écrit un truc sur un post-it et on le colle sur un des schémas.

J’adore les pitreries corporate, mais j’ai beaucoup de mal à y garder mon sérieux. J’ai des idées de post-it que je trouve pertinentes, mais je ne peux m’empêcher de les présenter de manière débile. Par exemple, j’écris : « les lois étendues de conservation de la réalité physique, on n’y comprend rien ! ». Chef NightWish est obligé de dédébiliser le propos et de le remplacer par : « manque de connaissance théorique de l’équipe technique ». C’est pas très gentil de ma part et ça ralentit l’avancée de la réflexion, mais moi je me marre.

Le groupe de travail voisin, dans lequel officient Semi-Chef Lucene-Lapin et Collègue Aquafootball, a adopté la technique du pastis-post-it. Un post-it collé, un pastis, un post-it collé, un pastis, etc.

De manière prévisible, la War Room devient un océan de post-its aux couleurs criardes et entropiques.

Chef NightWish : « Nous ne devons pas hésiter à remettre en question ou casser des choses établies depuis des années. En gros : soyez punks ! ».

Des post-its punks.

Il nous donne comme exemple Elon Musk avec sa société SpaceX. La NASA imposait une gargantuesque liste d’exigences pour je-ne-sais-quel outil de navigation. Une seule entreprise au monde était capable de les fabriquer et les vendait à un prix stratosphérique (amusant pour un machin censé aller dans l’espace). Mumusk a pris un iPad, a (fait) effectuer une gargantuesque liste de tests pour prouver qu’il répondait aux exigences exigées, et c’est passé. Comme quoi il existe des appareils qui se vendent à un prix encore plus stratosphérique que le prix déjà bien stratosphérique d’un iPad.

Je reprécise que les événements corporates narrés ici datent de plusieurs années, Mumusk avait encore à peu près la cote auprès de la population humaine, Twitter gazouillait innocemment des propos d’une toxicité variable.

Vient alors le moment de faire nos auto-présentations. L’horrible & glorieux Power Point fait sensation. Collègue Aquafootball, alcoolisé par les bières et le pastis-post-it, commence à raconter n’importe quoi de plus en plus fort. Semi-Chef Lucene-Lapin trouve notre show très goleri, ha ha ha, mais aurait surtout souhaité une liste de nos compétences techniques : qui sait faire du python, du front-end, du big data, de la colorimétrie karmagraphique, … Ah oui, c’eut été intéressant.

Petite pause autorisée, avant de se remettre en groupe de travail pour préparer la restitution finale de nos post-its. Quelques personnes jouent au jeu des hobbys. Cool. Collègue DocteurMaboul entraine son groupe (dont moi) dans la méga-piscine de la maison. Le temps de pause file comme le vent. On revient à l’arrache, plus ou moins rhabillés et les cheveux dégoulinants. La restitution risque d’être un peu légère.

Dans une autre réalité, Chef NightWish nous présente le « Manifeste de la Bienveillance de POILS_PUBIENS ». Sur ce document est gravé en lettre de feu que nous devons être gentil, ne pas nous pourrir mutuellement et ne pas répéter ce que dit un collègue en prenant une voix de débile pour se moquer. Collègue BarryWhite met en doute la réelle utilité d’un tel texte. Chef NightWish répond que dans d’autres boîtes, il a vécu des moments où des ardeurs testostéronesques inter-collègues furent désamorcées grâce à quelqu’un qui montra du doigt le manifeste local placardé au mur.

Collègue BarryWhite continue d’émettre des doutes. Il est à la limite de se foutre de la gueule de Chef NightWish. Je lui réponds que dans le respect du Manifeste, on ne doit pas se foutre de la gueule des autres, y compris au sujet du Manifeste lui-même.

Collègue BarryWhite se nomme ainsi car il a le physique inverse de BarryWhite, tout en ayant sa voix. C’est assez troublant.

Le Manifeste.

Dans une autre réalité, un tournoi de paintball est organisé. Le gagnant remportera un coussin-peluche à l’effigie du logo de notre projet. Je suis l’un des plus mauvais, dans l’équipe la plus mauvaise. Ça me rappelle une partie de Laser Quest que j’avais disputé contre des gamins de 8 ans. J’étais arrivé avant-dernier. Évidemment, si ça avait été un tournoi de Clash of Codes, je leur aurai tous dévissé la tronche.

Malgré tout, je reste fair-play, en particulier lorsqu’une personne d’une autre équipe se vautre devant moi telle une otarie bourrée à la bière et se flingue le genou. Je m’enquiert de son état et ne lui tire pas dessus à bout portant. J’ai dû me faire violence, car cette personne est une autre fan d’aquafootball chilien, mais de type reloue. Elle arrête pas de fanfaronner chaque fois que son équipe gagne. Insupportable.

Chef NightWish n’est pas dans l’équipe la plus mauvaise, mais il est le plus mauvais. Ça finit par le gonfler d’arriver à rien. Dans les dernières minutes, il court dans tous les sens en rafalant aléatoirement et en insultant les mères de tout le monde.

Il est un peu essouflé et un peu rouge au moment de remettre le trophée à la personne gagnante (je ne sais plus qui c’est).

Saurez-vous deviner ce que représente ce trophée-coussin-peluche ?

Dans l’autre-autre réalité, notre restitution se déroule tant bien que mal et notre ardent travail est achevé. Les schémas dûment post-ités doivent maintenant nous permettre de déterminer notre Business Model. Chef NightWish énonce en quelques phrases le fonctionnement du projet et la manière dont il permettra de générer des clients et des soussous. On est tous bluffés : c’est clair, ça semble réaliste et c’est sorti naturellement. Une sorte de magie corporato-cognitive s’est opérée, notre travail de pastis-post-it-bullsh-it n’était rien d’autre qu’une préparation pour obtenir ces phrases qui nous sont maintenant évidentes.

Je pense que c’est des conneries et que Chef NightWish a tout fomenté à l’avance. Ces fameuses phrases étaient déjà prêtes bien avant le début de l’événement. Si je les ais instantanément approuvées, c’est surtout par fainéantise et par facilité. Dois-je rappeler que je préfère sauter dans une piscine, boire de la bière et réaliser des mini-jeux plutôt que de réfléchir à la proposition de valeur d’une start-up que l’on souhaiterait à haut potentiel de licornitude ?

Bachouillis racontariens du soir + lendemain

Réaffectation des tâches pour la préparation de la bouffe du soir, car Collègue Aquafootball est étrangement introuvable. Je me vois octroyé, d’autorité, le titre de « prince régent du barbeuk ». Je ne suis pas doué pour ce genre d’activité adulte et virile, je crame 73% des saucisses, ça aurait pu être pire.

Un québecois spawne de nul part, probablement un locataire comme nous. Comment a-t-il fait le trajet du Québec jusqu’à cette villa paumée en Sicile sans qu’on le voit arriver ? On ne le saura jamais. Il décline poliment notre invitation à partager notre repas, car il a déjà mangé. Mais il accepte l’invitation à boire et à discuter. Il a inévitablement un accent rigolo.

Je gratte les pourcentages de saucisse non-cramés et tente de les ingérer, car je n’aime pas gâcher la nourriture. Une voix proférant des propos aléatoires me fait relever la tête de mon assiette. Collègue Aquafootball a réapparu. Il parle avec le québecois, très fort et en anglais. Plusieurs personnes lui disent à plusieurs reprises que ce natif de la Belle Province parle et comprend le français, ce dont Collègue Aquafootball n’a cure. Un tel comportement peut-il être qualifié de « punk » ?

Il est 2 heures du matin, c’est le moment de sortir mon ordinateur et de proposer mon sketch sur le python. Dans un futur indéterminé, je vous ferais un article de blog pour vous le montrer. En attendant, voici un avant-goût : ouvrez une console python, écrivez None is not False et appuyez sur Entrée. Lolilol !

Dans tous les événements corporate dont cet article est le medley, je présente ce sketch. Chef NightWish, qui y a déjà assisté, me fait remarquer que la blague « None is not False », je finirai par ne plus pouvoir l’utiliser. Sous-entendu : « ton sketch, c’est du réchauffé ». Ouais, et alors ? T’as mieux à proposer ? Viens nous faire un sketch sur les Business Model Canvas ! (C’est même pas ironique).

Semi-Chef Lucene-Lapin tente de mettre en défaut mes connaissances, en me questionnant sur la manière dont les nombres décimaux sont gérés en python. Il me suggère de tester des opérations mathématiques donnant des résultats faux à cause des approximations. C’est censé me surprendre.

Réponse : les nombres décimaux sont gérés pareil que dans la plupart des autres langages, c’est à dire avec la norme IEEE 754 (mais toujours en précision « double », 64 bits). Sauf que je maîtrise mal ces histoires de valeur approchées et ne parviens pas à lui répondre. Je considère que Semi-Chef Lucene-Lapin a mis en défaut mes connaissances sur la norme IEEE 754, mais pas sur le python.

Je me permets de lui montrer que s’il veut des valeurs plus exactes, avec une précision configurable et théoriquement infinie, il suffit d’utiliser le module « decimal », de la librairie standard du python. Merci, au revoir.

Le sketch terminé, chacun retourne à des occupations plus ou moins valorisantes : boisson, katastro-karaoké avec le matos de musique, discussion sur la vie, …

On re-perd Collègue Aquafootball. On le re-retrouve endormi dans un fossé, serrant dans ses bras une bouteille de whisky aromatisé au sirop d’érable. Stagiaire SuperCSS le traine jusque dans la villa et le pose en vrac sur un canapé. La plupart des gens partent se coucher. Nous ne sommes plus que quatre : Semi-Chef Lucene-Lapin, Collègue DocteurMaboul, Stagiaire SuperCSS et moi.

Collègue DocteurMaboul sort un petit carré de shit et commence à rouler. Ça fait plus de quinze ans que je n’avais pas fumé. Je le remercie pour ce petit moment de nostalgie qui me remémore ma vie étudiante et post-étudiante. À l’époque où ce récit se déroule, le CBD n’était pas encore à la mode. Cela dit j’ai jamais testé ce truc.

Dans une autre réalité, ce n’est pas la dernière nuit de l’événement, et le Business Model Canvas n’est pas fini. Nous restons à rédiger des post-its supplémentaires. C’est clairement pas la même réalité que celle avec le shit.

Dans la réalité précédente, nous discutons de l’avenir du projet jusqu’à 4 heures du matin.

Les deux réalités se rejoignent lorsqu’on va tous se coucher. Sauf pour Semi-Chef Lucene-Lapin, qui utilise son pouvoir spécial et continue de rédiger des post-its tout seul.

Le lendemain, les gens se réveillent à des heures non centrées et non normées. Nous rangeons le bordel : ordinateurs, bouteilles vides, tireuses à bière, morceaux de saucisse, matériel de musique, fins de pétards, post-its, …

Après un vote à l’unanimité, nous annulons les résultats du tournoi de paintball. La personne ayant gagné accepte de bon cœur de rendre le trophée-coussin-peluche-poils-pubiens (de toutes façons je savais même plus qui c’était), afin de le remettre solennellement et officiellement à Collègue Aquafootball, pour l’ensemble de sa prestation de la veille.

Covoiturage pour rentrer, dans la voiture de Collègue BarryWhite. Nous mettons plus de temps qu’à l’aller, car nous devons faire une pause tous les 20 kilomètres pour laisser vomir Collègue Aquafootball.

Durant l’une de ces sessions « dégobillage », nous sommes arrêtés dans un chemin d’entrée de maison. Un vieux affublé d’une casquette Spiderman s’approche de nous. On lui explique pourquoi on est là, qu’on est désolé et qu’on va très vite repartir. Le vieux ne dit rien et reste à nous regarder jusqu’à ce qu’on parte. C’était pas par méchanceté ni par crainte qu’on soit des cambrioleurs gérontophiles. C’est juste qu’il était très vieux et n’avait plus la faculté de parler. Un moment étrange, hors du temps.

Collègue Aquafootball perdu dans son vomi et le vieux Spiderman bizarre (allégorie).

Épilogue

Le dérapage alcoolisé de Collègue Aquafootball restera dans les esprits et sera diffusé, répété et mentionné durant plusieurs mois. Le pauvre ne méritait pas ça, d’autant plus que c’était exceptionnel (dans tous les sens du terme). Ce n’est pas un déglingopathe habitué du binge partying. Ça avait fait pareil avec Chef Peyotl : il a eu un seul écart malheureux et les gens en reparlaient encore des années après. C’est pourquoi, j’essaye pour ma part de ne pas trop faire circuler ce genre d’embarrassantes sorties de route. Sauf que je les écris et les immortalise dans ce blog. Zut…

Collègue BarryWhite deviendra un early adopter de Squarity. C’est grâce à des gens comme lui si je continue d’avoir le courage d’avancer ce pojet personnel. Ça avance juste très lentement.

Le coussin-peluche deviendra la mascotte de la boîte, trônant sur le burlingue de Collègue Aquafootball. Nous nous amuserons régulièrement à nous le lancer mutuellement à la tronche.

Stagiaire SuperCSS, armé d’un magnum de vodka, consacrera deux week-ends au projet annexe Arcanciel. Son travail rendra caduc et inutile tout le code déjà produit par la Zuzu Academy. Ce que la plupart des gens ignorent (mais pas lui), c’est que les codes couleurs CSS peuvent contenir de nombreuses valeurs hexadécimales. Les 3 premières indiquent les quantités de rouge, de vert et de bleu, les suivantes décrivent les différentes couleurs visibles par d’autres types de cônes et de bâtonnets présents dans différents types d’organes visuels, aussi bien humains que animaux.

color: #AABBCC1122334455667788990000111111

Collègue DocteurMaboul se fera intégralement virer comme un malpropre. Licenciement pour truanderie au travail et glanderie aggravée, sans indemnité ni pot de départ. C’était mon gonfleur d’égo, mon aggro à chefs, mon meilleur collègue de tous les temps. Il ne pouvait pas durer éternellement. Je le remercie de m’avoir permis de croiser son chemin à lui, iridescent et éthéré.

Semi-Chef Lucene-Lapin, armé d’un Jéroboam de Ricard, tentera de fusionner le PHP de Drupal avec le PHP de Symfony en une ultime application client lourd, mais échouera à cause de la mauvaise gestion des encodages de caractères dans le PHP, qui effacera tous les points-virgules de son code source. Son rythme de travail-sommeil incompatible avec le reste de l’humanité agacera la hiérarchie, qui le semi-placardisera en abaissant son contrat de travail aux trois cinquièmes.

Chef Nightwish démissionnera pour aller brouter de l’herbe plus verte ailleurs. Il fera un pot de départ comme il se doit, que je rentabiliserai un max (fondue savoyarde).

Des quatre fondateurs originaux du projet POILS_PUBIENS, il n’en reste maintenant plus que 1,6 (suite au passage aux trois-cinquième de Semi-Chef Lucene-Lapin). Ce dernier se rapproche doucement de l’âge de la retraite…

Sauf que bientôt, il ne restera plus que 0,6 fondateurs. Si vous avez lu cet article jusqu’ici, vous méritez bien une petite info exclusive : je vais très prochainement changer de crémerie ! Je ne manquerai pas de vous écrire une palanquée d’articles récapitulant les divers moments intéressants et étranges de cette présente incarnation professionnelle. Cependant, je dois vous avertir qu’il y aura moins de matière que ma série d’articles revanchards et cathartiques que j’avais écris en fuyant Zarma.pro.

À bientôt !

Ça c’est pas moi, c’est Collègue DocteurMaboul

Pots de départ multiplexés

Suite à un tas d’événements qui m’échappent, la boîte ConcreteWorld-🌍 a dû recourir à une opération de lourdage massif du personnel.

Heureusement pour moi, les personnes affectées au super-projet secret « POILS_PUBIENS » n’ont pas été impactées, parce qu’au niveau comptable, gestion boîtale et autres subtilités administrativo-légales, c’est pas foutu pareil. Mais ça fait une ambiance un peu bizarre. Je crois que certaines personnes aimeraient avoir une preuve tangible de l’utilité de notre beau projet. Ça viendra.

En attendant, lecteurtrice, je t’en dois quand même une description minimale.

Description du projet POILS_PUBIENS

Comme tu le sais, l’entreprise ConcreteWorld-🌍 a la vocation (pour ne pas dire « l’abnégation ») de lutter contre les distortions spatio-temporelles de l’univers, sur les plans d’existence confiés par nos clients, afin d’empêcher un débordement de chaos. Comme toute entreprise ayant pour métier le maintien de la réalité, nous adoptons plusieurs approches :

  • blocage direct des déformations spatio-temporelles,
  • déplacement temporel afin de prévoir et bloquer les déformations spatio-temporelles,
  • déformation spatio-temporelle locale contrôlée afin de rendre impossible une déformation spatio-temporelle chaoticogène.

Le projet POILS_PUBIENS adopte une approche totalement innovantatrice. Nous réalisons une déformation spatio-temporelle globale, complémentaire et orthogonale à la déformation chaoticogène, afin, non pas de bloquer frontalement celle-ci, mais de la rendre normale. La déformation chaoticogène existe toujours, mais ce n’est plus une déformation.

C’est un peu compliqué à comprendre, alors je vais employer une analogie. Imaginons par exemple que vous ayez un pli sur votre drap. Vous pourriez tirer dessus, puis badigeonner le drap d’amidon pour le rendre entièrement rigide. Nous, nous faisons le choix de découper et reconstruire une partie du lit, ainsi que la maison autour, et la Terre, et l’univers, de façon à ce que le pli du drap ne se remarque plus. C’est aussi simple que ça.

Pour en revenir au plan de lourdage massif : celui-ci a déclenché un combo de deux pots de départ, que je vais vous narrer.

Présentation des lourdé·e·s

Colléguette Rosemonde

Il s’agit de l’ex-cheffe du département boîtal « Orgies Internes ». Elle s’appelle ainsi à cause d’un gros délire sorti de nul part durant une pause de midi.

Collègue TuLaBoucles, qui aime bien taquiner les gens, a dit que c’était une grande poétesse et qu’elle écrivait des textes d’une incommensurable époustouflance. C’est resté, elle a alors pris le nom de Rosemonde Gérard, une autre poétesse, qui ne lui arrive cependant pas à la cheville.

C’est une nana bien, plusieurs personnes dans la boîte s’accordaient à dire que c’était « la grande sœur de tout le monde ».

J’apprendrais plus tard qu’elle s’est fait lourder d’une manière quelque peu cavalière. je n’en dis pas plus pour l’instant, pour ne pas spoiler.

Rien à voir, mais son fils était présent à certains des cours de python que j’ai prodigué.

Chef Peyotl

L’ex-grand-chef du département boîtal « Corrélations Inter-spatio-temporelles des Réalités Locales ».

Pour rappel : il se nomme Chef Peyotl car il a parcouru tous les pays du monde à la recherche de l’alcool qui lui conviendrait le mieux, et qui s’est révélé être le peyotl.

Techniquement, il n’a pas été lourdé. Il est parti de lui-même, suite à « une accumulation de divergences d’opinions avec MégaChef En-Même-Temps ». J’en sais pas plus.

Un cactus peyotl n’ayant pas la même opinion que les autres.

Les autres

Ces personnes n’ont pas fait de pot de départ, ce qui peut se comprendre, car elles ont été prises au dépourvu. Certaines sont particulièrement dégoûtées.

Je vais me contenter de lister leur noms pour que leur mémoire soit à jamais gravée dans votre mémoire à vous.

  • Colléguette Carnea
  • Colléguette Louloute
  • DRHe Bourgeoise-Rappeuse
  • Collègue Rocker
  • Collègue Megabite
  • Collègue Kirikou
  • Collègue Bo (physiquement, il ressemble à l’autre dans la série SuperStore)
  • Collègue FautLireLaDocQuExistePas
  • Je crois qu’il y a une dernière personne mais désolé je l’ai oublié. (Pour le gravage dans la mémoire, c’est raté).

Comme d’habitude, à chaque fois qu’il y a des départs, volontaires ou non, un tabou temporaire le recouvre. Faut pas trop l’ébruiter, chacun l’apprend individuellement de manière détourné, tout en ayant la consigne de ne pas le transmettre.

Un départ dans une entreprise, c’est un peu comme une personne à l’article de la mort. On n’en parle pas ouvertement, des murmures se propagent progressivement sur l’état (sanitaire ou professionnel) de la personne concernée, mais tout le monde finit par le savoir. Je ne détaille pas plus cette situation, vous l’avez certainement déjà vécue, soit vous-même, soit par des collègues, soit par des proches.

Partie à peu près sobre de la soirée

Comme je suis très alternatif et que j’aime moi aussi à distordre gentiment la réalité, je vais vous narrer les deux pots de départ sous forme multiplexée, en un seul et même article de blog.

Il n’y a pas d’heure fixe, je débarque un peu à l’arrache. Multiplexement parlant, ça se passe dans un bar-tapas entrelacé avec un barbecue. À côté se trouvent des tireuses groupes-électrogènisées que personne n’arrive à démarrer. Les serveurs promettent de venir me voir pour prendre la commande, mais ils n’en font rien, alors je me bouge au comptoir.

Il y a plein de collègue·ttes que je n’ai pas croisé·e·s physiquement depuis longtemps. Leurs coiffures sont parfois un peu spéciales.

Les cheveux ont poussés pendant le confinement.

Et parfois, les cheveux ont frisotté sur la fin.

Colléguette Platona vient discuter avec moi. Même si nos sujets de conversation sont banals (le boulot, les gens, les enfants), ce moment est teinté d’une aura spirituelle mystique. Je réalise que lorsque je vous ai présenté cette dame, j’ai parlé un petit peu de son physique, ce qui était inapproprié, veuillez m’en excuser. Ce qui compte avec Colléguette Platona, c’est uniquement sa personnalité iridescente et sa façon toute particulière qu’elle a de la chatoyer pour illuminer mon ego. Je suis revegoré.

J’atteins Chef Peyotl, qui est derrière un bosquet de bouteilles, gobelets et autres cacaouètes. Je lui transmets les amitiés de Chef Lucene-Lapin qui n’a pas pu venir. La dernière fois que je vous ai parlé de Lucene-Lapin, il avait pour titre de noblesse « Collègue ». Ça a changé depuis le projet POILS_PUBIENS. Faudra que je décrive de ce gars là en détail, un jour.

Méga-Chef En-Même-Temps est là aussi. On discute de trucs couillus et virils de chefs d’entreprise : l’EPR de Flamanville, la sous-traitance off-shore, la culture japonaise, les piliers de ponts, … Je sais absolument pas quoi dire, heureusement, un autre collègue est là pour assurer la conversation. Je m’éclipse non-discrètement en prétextant que je dois remplir mon verre à la tireuse (que des gens ont réussi à faire fonctionner).

Pour éviter de me refaire piéger dans la même conversation, je squatte un groupe au hasard. J’y trouve Colléguette Pauline. On discute de choses diverses et de la situation du monde. Sa fille était présente à certains des cours de python que j’ai prodigué.

Petite partie de Mölkki durant laquelle je ratatine divers collègues, ainsi que Chef NightWish et ses enfants. On m’en repropose une autre, tellement elle a duré peu de temps, tellement je les ai tous ratatinés. Mais je décline l’invitation car je préfère boire et discuter avec des gens. Rien à voir, mais l’un des fils de Chef NightWish était présent à certains des cours de python que j’ai prodigué.

Petit échange avec Collègue Pagne, qui joue à d’anciens jeux d’aventure sur une ScummVM installée sur son smartphone. Je lui parle de Loom, un jeu Lucas Arts très beau et très onirique. Il faut que je lui envoie les fichiers. Vous pouvez télécharger la version anglaise EGA ici.

Je cause avec Mascotte À-Fleurs, de python et autres geekeries.

Au loin, Colléguette Platona discute avec d’autres gens. Des particules de sa personnalité volettent dans le Monde des Idées jusqu’à ma propre personnalité personnelle, et je m’en enivre.

Nous nous installons à une table pour manger. Dans ces situations, le placement est toujours crucial. Mais là ça va, car nous nous mélangerons, lèveront et assoiront aléatoirement. C’est cool.

Colléguette Babiole-Poétique me parle de la dernière fois où nous étions à cette même table, et où j’avais ébloui l’assemblée avec mes connaissances sur les moules à caca. Un moment anthologique. Si les moules à caca vous intéressent, en voici un article détaillé.

Les mélanges aléatoires de place me propulsent jusqu’à Colléguette Rosemonde, avec qui je peux enfin discuter un peu. Elle me révèle qu’elle va quitter la ville pour tenter l’aventure ailleurs. Dans l’ouest. Le grand ouest où tout est possible. Elle va me manquer. On se faisait de temps en temps le trajet du boulot en vélo, elle m’a montré tous les petits chemins secrets pour éviter la rocade de la mort que si t’y vas en vélo tu te fais tailler un shortasse. C’était sympa de faire cette route avec elle. Il faisait beau. Les dinosaures-marionnettes illusionnistes bleuissaient le ciel d’une jugulence idiosyncrasique.

Je cause avec Collègue Huître d’un ancien collègue, qui’il considérait comme un trou du cul. Ce n’est pas mon avis. Pour moi, cet ancien collègue était trop respectueux des humains, donc ne sortait jamais de blague sur des minorités diverses, donc n’était pas hyper drôle, mais ça n’en faisait pas un trou du cul.

Le robot DJ nous passe du Parov Stelar. J’aime bien l’electro swing. C’est de la bonne musique pour se concentrer pendant qu’on code.

Je continue de papillonner entre les groupes et les personnes, à deviser sur des sujets divers : le python, notre super-projet, la bière… Je réalise alors avec frayeur que je suis conversationolique.

Quelques minutes à peine après avoir entamé une discussion, je ne la juge pas suffisamment intéressante, et me dis que je ferais mieux de m’en éclipser pour espérer trouver une autre personne plus cultivée ou plus apte à faire gonfler mon ego. Je suis comme un alcoolique qui boit un verre et qui en veut un autre immédiatement après, comme un fumeur chronique voulant se griller une clope alors même qu’il est en train d’en fumer une. Je dois faire attention à ça.

Ensuite, je réalise autre chose : Méga-Chef En-Même-Temps est parti. On peut complètement arrêter d’avoir l’air digne, ce qui nous amène à la partie suivante de la soirée.

Partie n’importe quoi

Semi-Chef Pez vient participer à une conversation. Chef Peyotl le réprimande : « parle pas si fort, tu parles trop fort ». C’est rigolo parce que Chef Peyotl était le chef de Semi-Chef Pez, et il le taquinait régulièrement.

Je dis à Collègue Fêtard que c’est dommage car cette fois on ne pourra pas finir au Baron. Il m’annonce qu’il y a un espoir que cet établissement réouvre, on ne sait pas trop quand. Je me garde cette info.

Sans savoir pourquoi, je pense à un pote, dans un bar, qui a dit en revenant des toilettes : « Ils sont pas pratique leurs urinoirs. Ils sont super haut et la chasse d’eau nettoie pas bien les bords ». Un autre pote lui avait alors répondu : « Y’avait pas d’urinoir. Que des lavabos ».

Il ne m’a pas semblé que Colléguette Rosemonde ait eu un cadeau de départ, possiblement parce que son départ n’était pas souhaité et que son pot a été décidé à l’arrache.

En revanche, Chef Peyotl a eu plein de belles choses : Du peyotl bien entendu, un tas d’autres alcools, ainsi qu’un stage de ball-trap bazooka, son sport favori. Ça fait plaisir de voir quelqu’un avoir le minimum de personnalité nécessaire pour être capable d’être fan d’autre chose que l’aquafootball chilien, notre enculerie de sport local à la con qui fait la fierté de la ville.

Il nous gratifie d’un petit discours conventionnel : « j’ai adoré bosser avec vous, je vous aime, bonne continuation à vous, les oiseaux, les petites fleurs, etc. »

Et c’est beau. Toutes ces soirées, toutes ces molécules d’alcool, toutes ces conversations aléatoires, toutes ces années de travail, toutes ces lignes de code torturées n’ont existées que pour ce petit moment précis, cette toute petite seconde où la voix de Chef Peyotl a chevroté, et où ses yeux se sont un tout petit peu humidifiés.

La larmichette de Chef Peyotl

Mais ensuite, Semi-Chef Pez, comme à son habitude, fait son gros relou et sort un commentaire inintéressant pendant le discours. Il le fait quasiment à chaque fois.

Le re-hasard des placements me remet à côté de Colléguette Rosemonde. J’apprends que pour l’opération de lourdage massif, les chefs ont dû noter leurs ouailles, mais lesdites ouailles avaient le droit de demander leur note, ce que Rosemonde a fait. Sa cheffe, Semi-cheffe PositiveAttitude, lui a filé une note toute pourrite. C’est quelque peu cavalier.

Je suis un peu étonné de ça et préfère adopter l’attitude de la fuite : à savoir auto-persuader mon esprit que c’est sûrement pas comme ça que ça s’est passé, mais que j’ai mal compris parce que je suis bourré.

Il y a des gens qui font un feu juste à côté des groupes électrogènes et des noisetiers. Embarrassant.

Mon cerveau mate la magnifique personnalité de Colléguette Platona, tel le pervers platonique qu’il est.

Semi-Chef Pez, obéissant à l’entropie qui règne dans ses neurones, décide de s’improviser DJ et demande au maître du smartphone BlueToothé à l’enceinte de passer du død / violinbwoy. Il nous annonce, de sa voix de stentort (comme un stentor, mais qui aurait eu tort de le devenir), que c’est en souvenir du road-trip en ma compagnie, lorsque nous sommes allés aux Temps Forts de Pochtronarr. Un événement narré ici et ici. Je ne me souviens pas du tout qu’il avait passé cette musique, mais je me souviens que sur le chemin du retour on avait croisé une prostituée aux magnifiques formes généreuses.

J’avais filé des cours de python à son fils. (nan j’déconne).

Faisant fi de mon conversationolisme, je vais voir chef Peyotl et lui dit que j’ai beaucoup apprécié travailler avec lui, et que quand même ça fait quelque chose de le voir partir, parce que c’est lui qui m’avait embauché (même si je n’avais pas été le seul, évidemment). Il me répond que lui aussi il avait trouvé ça cool que je sois dans son équipe et qu’il aurait aimé que j’y reste un peu plus longtemps. Il ajoute conventionnellement qu’il est quand même content pour moi, parce qu’il sait que je m’éclate à fond sur le projet POILS_PUBIENS. Je lui réréponds conventionnellement que oui c’est tout à fait ça.

Je suis assez bourré pour ajouter, de manière taquine, que si j’avais aimé travailler avec lui, c’est aussi parce que je pouvais faire le roi du pétrole. Y’avait aucun autre développeur dans son équipe et c’est moi qui m’occupais de toute cette partie. Plein de gens me considéraient comme un super-héros.

Je m’allonge dans l’herbe et réalise que je suis super bien et super heureux. Souvent, on ne se rend pas immédiatement compte de son bonheur. C’est seulement après, lorsqu’on devient malheureux, qu’on réalise comme on était heureux avant. Alors je profite de ce moment de lucidité pour en profiter pleinement. Je regarde lentement tout autour de moi afin de bien m’imprégner des molécules volatiles de félicité et de béatitude. Je faisais pareil durant mes joyeuses études. Je m’adossais au bar de la Maison des Élèves, à l’UTBM, et j’opérais un lent regard circulaire, pour bien prendre conscience de tout ce qui était autour de moi et qui était bien.

Et voilà que ma stupide nostalgie revient. Alors que je suis dans un moment de bonheur et que je m’en rends pleinement compte, je suis nostalgique des fois précédentes où je m’étais pleinement rendu compte que j’étais dans un moment de bonheur.

Le vertige me prend et je réalise qu’il y a à peine quelques années, à ConcreteWorld-🌍, on faisait des soirées nimp’ dans les bars, et des soirées jeux de société avec un collègue qui est parti depuis, sans oublier les semencinaires/ovuliaires annuels. Tout ça s’est étiolé dans le temps et risque de ne plus trop revenir, maintenant que la cheffe du département « Orgies Internes » a été lourdée. Il y a aussi cette histoire de virus.

Heureusement, je peux toujours profiter des gaudrioleries que nous faisons entre membres du projet POILS_PUBIENS. Pour l’instant, je n’arrive pas à en retirer des choses à raconter. Il faut le temps que ça incube dans mon cerveau.

La carte de Chef Peyotl où on écrit un petit mot d’adieu circule plus ou moins discrètement. C’est lui qui avait pris la décision initiale d’acheter le super-outil de gestion de trucs « Pochtronarr » et qui m’avait laissé me démerdouiller avec. Je ne peux pas le laisser partir sans lui laisser une pique à ce sujet. J’écris :

Putain
Ondoyante
Carabistouille
Hail !
Terrible
Rouflaquette
Onirique
Nocturne
Amazing
Roooarrrr !
Réussite.

Et j’écris « Bisous » à la fin.

Les dernières personnes qui restent rangent les trucs du barbecue et s’au-revoirisent progressivement. On paye le bar-tapas.

On finit à trois : Collègue Fêtard, Collègue HumourBlanc et moi. On erre dans les rues à la recherche d’un dernier endroit où s’en coller une. Mais, comme déjà expliqué, il n’y a plus de Baron. Alors on squatte un bar random.

Dans un éclair épiphanique, j’explique à Collègue Fêtard que, globalement, dans l’univers mondial, ce qui est important ce ne sont pas les choses. Ce sont les liens entre les choses.

Les liens entre atomes sont plus importants que les atomes, car c’est ce qui fait les molécules. Les liens entre neurones sont plus importants que les neurones, car c’est ce qui fait l’intelligence. Les liens entre pièces de Lego sont plus importants que les pièces de Lego, car c’est ce qui fait une construction. Les liens entre les liens sont plus importants que l’éolien.

Collègue Fêtard réalise que je suis un génie. Il est tellement heureux qu’il nous paye un verre.

On boit, puis chacun rentre à pied chez soi.

Log out

C’était deux superbes pots de départ multiplexés. Merci à toutes les personnes qui ont participées.

Au revoir à Lourdée Rosemonde, Démissionné Peyotl, et aux autres lourdé·e·s.

Bonnes nouvelles-aventures à vous !

Événement corporate : l’Ovuliaire 2019

Préambule (de savon) : l’entreprise qui m’emploie a retravaillé son nom. « ConcreteWorld.🌏 », avec un point, ça faisait bizarre, car on avait parfois l’impression que c’était un point de fin de phrase, alors que c’est un point genre comme ceux des urls. Du coup, elle se nomme maintenant « ConcreteWorld-🌏 », avec un tiret. Je rappelle que le caractère final se prononce « 1F30D ».

L’entreprise a également retravaillé le nom de son gros événement corporate annuel. « le Semencinaire » dont je vous avais narré le déroulement s’intitule maintenant « l’Ovuliaire », par souci d’écriture inclusive.

Les présentations-blablatages

Au programme, point de Corporate Bullshiste ni de jeu de la multi-biscotte. Juste des présentations sous forme de cours magistraux, dans un amphithéâtre avec des tablettes repose-bloc-notes, parfaites pour réaliser des petits dessins.

Initialisation des cours avec la présentation de notre MegaChef. Au fait, ce monsieur a maintenant un nom : MegaChef En-Même-Temps. C’est d’un macronisme totalement assumé.

Explication : un MegaChef a intrinsèquement tendance à pousser ses employés à travailler au taquet. Cependant, ce serait trop frontal de dire « finissez-moi ce projet en deux fois moins de temps que nécessaire », or, comme il y a toujours des tonnes de projet à faire, sa solution à lui consiste à dire « finissez-moi le projet A en un temps normal, et ‘en même temps’ finissez-moi aussi le projet B en un temps normal ». L’incitation à mettre les bouchées doubles est toujours présente, mais un peu plus subtilement. Ça lui apporte également l’avantage de ne pas avoir besoin de prioriser les projets. Ils ont tous la priorité « super-haute, à faire en même temps ».

Cela dit, ce genre d’injonction n’a que peu d’implications sur moi, puisque je ne suis pas directement sous ses ordres. Mes chefs directs ont divers défauts, comme tout le monde, mais les incitations subliminales à travailler n’importe comment n’en font pas trop partie.

Rien de spécial à dire sur la présentation d’initialisation. On passe à celle de Colléguette PositiveAttitude, la nana du marketing.

Elle demande à la cantonnade si nous serions en mesure de citer une phrase d’un livre qui nous aurait marqué. Mon cerveau en trouve deux :

Les rats sont les seuls créatures véritablement underground. (Charles Bukowski, Journal d’un vieux dégueulasse).

La sexualité est un système de hiérarchie sociale. (Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte).

Mais je n’ose me manifester pour les énoncer. Personne d’autres ne moufte, à croire que nous avons tous les mêmes lectures.

Ensuite, elle redemande à la cantonnade une citation d’un film. Des phrases de Fight Club, ainsi que le « Tu te masturbais ? » de American Beauty me viennent à l’esprit. Collègue TuLaBoucles me devance, et sors la phrase à la con de Forrest Gump : « la vie c’est comme une boîte de mon cul sur la commode ».

American Beauty, excellent film.

Colléguette PositiveAttitude nous explique alors que cette petite démonstration est la preuve que nous nous souvenons plus facilement d’images et de sons que de textes. Waouw. Impressionnant.

Sauf que c’est complètement biaisé. N’importe quel charlatan de spectacle de rue sait très bien qu’un public ne réagit jamais à une première harangue, et qu’il faut la répéter. D’où la fameuse technique du « Est-ce que ça va ? Je n’ai pas bien entendu ! EST-CE QUE ÇAAAA VAAAAAA ?? ». De plus, la recherche de souvenir est un mécanisme que le cerveau met un petit temps à déclencher. Il est donc normal que les informations ressortent plus nombreuses à la deuxième sollicitation.

Si elle nous avait demandé d’abord une citation de film, puis une citation de livre, on aurait répondu uniquement aux livres et sa démonstration nounouille se serait vautrée.

Pour finir, elle nous parle de l’infobésité, un concept intéressant même s’il n’est pas spécialement nouveau.

C’est le moment de la récréation, avec bâffrage croissant-confiture-café. Cool.

Collègue Pez s’approche de Collègue TuLaBoucles. Les deux se sont récemment fâchés à cause d’un truc à la con, qui ne mérite même pas d’être raconté ici.

− On se serre la main ou pas ?

− Ben non. Tu peux pas faire comme s’il s’était rien passé.

− OK. Alors tu la boucles.

Et c’est comme ça que Collègue TuLaBoucles s’est appelé « Collègue TuLaBoucles ».

Sur ce, il faut retourner en cours.

Étrangement, aucun power-point n’est doté d’une image ou d’une animation d’engrenages mal foutus et ostensiblement non fonctionnels. Nous avons juste droit à une sorte d’atomium-planète avec des petits machins gravitant autour. Je suis déçu.

C’est pas une gif, mais c’est déjà un atomium.

Chef Nightwish nous autorise à dire « ooooooh, c’est mignooooon » durant sa présentation, car il l’a ponctuée de photos de chats.

Chef Nightwish s’appelle ainsi car c’est un fan du groupe éponyme. Draxxx, le métalleux attitré de feu le magasine 42 détestait Nightwish. C’est assez rigolo. Il semble que ce groupe soit controversé. Bon, supposons que je veuille être un métalleux conventionnel, je devrais dire que j’aime ou que je déteste Nightwish ? Oh on s’en fout. En tout cas, « c’est mignooooon ».

Grâce aux efforts continus d’innovation et de recherche, la technologie évolue progressivement, et les supports de cours ont pu ne pas être exclusivement constitués de powères-pointt. Une petite vidéo sympa nous est dispensée, montrant des collègues répondant à des questions existentielles comme « qu’est-ce qui vous plaît à ConcreteWorld-🌏 », « que voudriez-vous changer ? », etc.

Certains collègues sont interviewés par deux. Ils se répondent l’un l’autre, sur un ton inhabituel et chargé de non-sens. Ça fait très Kaamelott.

Cette journée est tellement fofolle en terme d’innovation post-power-points que nous avons droit à un quizz ! En effet, le compte-rendu de l’Action Bisounours nous a été restitué sous ce formalisme.

Explication : l’Action Bisounours est un badge social-et-sociétal, comme une norme ISO-truc, garantissant qu’une entreprise agit de manière gentillounette avec ses parties prenantes : clients, employés, fournisseurs, etc.

Le quizz comportait des questions telles que : « l’Action Bisounours définit-elle un indice de visibilité de minorité, permettant de savoir, par exemple, si les Noirs seraient plus discriminés ou moins discriminés que les Mormons, les Jeunes ou les Gauchers ? ». La bonne réponse était « Non, bien sûr. Les humains sont tous différents et tous égaux, sauf l’empereur Néron qui était vraiment un superconnard. »

Un smartphone était nécessaire pour participer au quizz, ce que je ne possède pas. On nous avait demandé de prévenir à l’avance si nous étions dans ce cas, afin de mettre en place des smartphones de secours. J’avais prévu de m’en tamponner complet. Malheureusement, le nombre d’inscrits s’affichait publiquement et en temps réel. Collèguette Choucroute, l’une des organisatrices, attendait de pied ferme que celui-ci corresponde au nombre de gens dans l’amphi. J’ai donc demandé un smartphone à l’arrache et je me suis fait gronder. Je suis un Boulet (indice de visibilité de minorité : 42%).

Je m’inscrit sous le pseudo « ‘;drop database », histoire de tenter une injection SQL et d’amuser la galerie. La galerie a été amusée. Youpi.

C’est Mascotte À-Fleurs qui claque le meilleur score. Bravo à lui. Il s’appelle ainsi parce qu’il met parfois un splendide pantalon bizarre avec des fleurs dessus. Son titre de noblesse est ‘Mascotte’ et non pas ‘Collègue’, vous avez compris pourquoi.

Il gagne un cadeau-surprise en différé, qui lui sera offert au prochain goûter corporate. Spoiler Alert : le cadeau-surprise est un bonnet en forme de Bisounours.

Vient ensuite la correction du quizz. Colléguette Choucroute explique chaque bonne réponse en débutant toutes ses phrases par « effectivement ». Il y a du brouhaha. Elle nous rappelle régulièrement à l’ordre comme si nous étions des petits-enfants-bisounours.

La suite de la journée se déroule classiquement. En résumé :

  • Un autre quizz, sur le sujet « les gens de la Bizness Iounite ‘Protection de la Réalité' ». Cool.
  • Réalisation de deux magnifiques dessins grâce à la tablette repose-bloc-notes. Je vous les montrerai dans un prochain article, afin de séparer les catégories blogales « dessin » et « univers fascinant du travail ».
  • Repas-buffet gratuit le midi, très bon, mais sans alcool.
  • Discussion à propos de CodinGame avec Collègue Docteur-Maboul, dont l’un des amis est un fondateur du site. Je me garde cette info sous le coude, au cas où.
  • On nous demande régulièrement de partager sur les rézosocios tel article ou tel nouvelle, pour « transmettre » et pour « que l’on parle de nous ». Je n’ose pas dire suffisamment fort que ça va rajouter de l’infobésité.

Twit ! Twit ? J’ai faim !

La présentation finale

Celle-ci nous est offerte par Viril Virgile, l’entraineur de l’équipe régionale d’aquafootball chilien.

Viril Virgile, dans les vestiaires pro du stade officiel.

Explication : l’aquafootball chilien n’est pas très connu en France, excepté dans notre région. La Chevalerie du Ballon d’Airin (c’est le nom de l’équipe) est parvenue au fil des ans à se forger (ha ha ha) une renommée internationale. La plupart des gens du coin sont des supporters-évangélistes de ce sport. Vous pouvez pas chier dans la rue sans en croiser un.

ConcreteWorld-🌏 étant sponsor officiel, nous avons régulièrement des places gratuites pour aller voir des matchs, en tribune VIP, s’il vous plaît. Ça a l’air tellement important que c’est compté comme avantage social pour les employés.

Personnellement j’en ai rien à foutre de ce sport à la con, rien à foutre de la VIPerie, et rien à foutre que Viril Virgile nous gratifie de sa présence et soit venu décharger en nous sa sagesse d’entraîneur. Le seul truc dont j’ai pas rien à foutre, c’est les mails envoyés régulièrement « à tout le monde » annonçant les places disponibles pour le prochain match. Ça m’agace car ça rajoute de l’infobésité à ma boîte mail boîtale. Je ne dis rien sous peine de passer pour un gros naze qui ne s’intéresse pas « aux valeurs du sport ».

Je reconnais que cette présentation m’a appris des choses, car j’endosse parfois le rôle d’anthropologue toujours prêt à découvrir des modes de vie de catégories socio-professionnelles différentes de la mienne. Je découvre également le personnage de Viril Virgile, et là c’est une expérience bien moins captivante, du fait de son côté « gros ours mal taillé dans un bloc de parpaing lui-même mal taillé dans un bloc de parpaing plus gros ».

Liste de ses gros-oursitudes :

  • « Bon, je vois qu’il y a des femmes. Désolé, vous vous ennuierez peut-être un peu. » (Du coup, t’aurais dû venir avec une cargaison de cartes-cadeaux Zara et des boules de geisha, pour distraire ces pauvres dames. On n’est plus à un cliché près).
  • « Et aussi, je vais parfois dire des gros mots. » (Apporte-aussi des écouteurs diffusant en boucle du Vianney, du Katy Perry ou n’importe quelle autre soupe girlie, on n’est plus à deux clichés près).
  • Son support de présentation en est resté au stade du power-point. Qui plus est, avec des transitions moches en 3D. Certaines diapos sont présentes en double, voire triple exemplaire.
  • À croire qu’il aime les (répétitions)³, ou alors qu’il se prend pour le Général de Gaulle à l’appel du 18 juin, car il redit parfois trois fois de suite la même phrase.
  • Certaines diapos montrent des fiches de compte-rendu de match. Il y a des smileys content et pas-content dessiné en gros, pour bien montrer aux joueurs ce qui a été bien et pas bien. On a l’impression d’être chez les super-teubés.
  • Mini-vidéo les montrant en visite dans une usine locale de lacets de chaussure. L’un d’eux se prend un carton rouge car il s’énerve durant le quizz final. On peut voir en arrière-plan un grand écran affichant la dernière réponse du quizz, à savoir : « les chaussures ». Laissez-moi deviner la question : « que permet de lacer les objets fabriqués dans notre usine ? ».
  • Pour que les joueurs de l’équipe se sentent impliqués et se comportent correctement avec les journalistes et les gens normaux, Viril Virgile les nomme « Les Chevaliers ». « Tous les membres de l’équipe doivent avoir l’esprit de la ‘chevalerie’ ancré en eux ».
  • Photo de joueurs se serrant dans les bras durant un match, dans une franche, chevaleresque et virile camaraderie. Je dis : « Oooooh, c’est mignon ». Mais ça ne fait pas rire beaucoup de gens autour de moi. Tant pis.
  • Une saison sportive d’aquafootball chilien étant jalonnée d’événements et matchs divers, il est utile d’effectuer une analogie avec une autre histoire, en faisant correspondre leurs étapes respectives. Voilà une idée intéressante. L’année dernière, l’histoire choisie était : le tournoi des 5 nations du rugby. Euh… WTF ? C’est quoi l’intérêt de faire une analogie entre la saison sportive d’un sport et la saison sportive d’un autre sport ? En tout cas, ça va pas aider à diminuer l’impression qu’ils sont super-teubés.

Un collègue sort de la salle. Vraisemblablement parce qu’il en a marre ou qu’il veut aller aux toilettes.

Un peu plus tard, une diapo-power-point affiche le texte « homo numericus ». Viril Virgile nous raconte qu’en voyant cela, l’un de ses Chevaliers a rétorqué en riant : « Hurr hurr huuurr, je préfère être numericus que homo. Hurr hurr huuurr. ». L’assemblée rit légèrement. Viril Virgile ajoute : « Bon, il a dit ça comme ça. Mais je suis assez d’accord. Pas de pédés dans mon équipe. » L’assemblée re-rit à nouveau. J’écoutais à moitié, puisque je dessinais. Je n’ai pas su déterminer s’il disait cela sur le ton de l’humour ou pas.

Collègue Machin dit à ses voisins : « Mais pourquoi les gens rient ? C’est pas drôle. On se targue d’être Action-Bisounours-Compliant, et on rigole à des blagues comme ça ? ».

Je passe quelques minutes à réfléchir à la situation, puis je décide que Viril Virgile ne blaguait pas, que de toutes façons sa présentation commence à me gonfler, et que vu qu’une personne est déjà sortie, j’ai bien le droit de faire pareil.

J’embarque mes dessins et je me casse. Je me retrouve seul dans le hall d’entrée à finir de gribouiller. Je suis un peu inquiet quand même. J’ai peur de devoir me justifier par la suite, et de passer pour le gros boulet qui se permet de monter sur ses grands chevaux juste pour se donner un peu de personnalité.

Lorsqu’enfin la présentation se termine et que tout le monde sort, je découvre que je n’ai rien raté de notable. Ça s’est terminé avec des questions de l’assemblée, dont un bon chapelet de questions chiantes par Collègue GrandBlondAvecPasDeChaussureNoire.

Je me sens obligé d’exprimer pourquoi je suis parti. Je suis agréablement surpris car personne ne désapprouve. Certains s’en tamponnent, d’autres me disent qu’ils ont eux aussi hésité à sortir sans oser le faire, et d’autres encore ont relevé ses remarques introductives de merde à propos des femmes et des gros mots.

Potlatch d’échange

Le lieu de l’orgie dînatoire n’est pas très loin du lieu des présentations, ce qui me permet d’y aller tranquillement en vélo. De plus, je pourrais m’alcooliser sans scrupules puisque pour rentrer chez moi, je ne serais dépendant ni d’un véhicule à moteur ni d’une autre personne.

Comme l’année précédente, un potlatch d’échange est organisé. Chacun vient avec un cadeau et repart avec un autre. En revanche, pas de collègue déguisé en Père Noël. Dommage. On a des collègues noirs, j’aurais trouvé ça super classe et tellement Action-Bisounours-Compliant d’avoir un Père Noël noir.

− T’es pas vraiment fringué en père Noël.
− Et t’es pas vraiment un Bisounours.

Ma contribution à ce potlatch était Boulonix, le chien-robot qui fait caca. Vous l’aurez deviné, le but de ce cadeau était uniquement de me la péter auprès de mes collègues, qu’ils voient comment je suis trop créatif et ingénieux.

Et ça marche. Les gens défilent pour voir ma création, je performe plusieurs fois de suite la démonstration de la nourriture qu’on met dans la bouche de Boulonix et qui ressort par le trou-du-luc.

Les deux nénettes du Département boîtal « Pollinisation de l’entropie réalitoire » sont admiratives. Je suis très content. Dans mon cerveau un peu bancal, ces deux personnes sont des fantasmes platoniques, comme Colléguette Platona dont je vous ai parlé lors du Semencinaire 2018.

Ce serait un peu impersonnel de les appeler « Platona 2 » et « Platona 3 », alors, comme elles s’occupent de pollinisation et que je suis un mec super drôle, la première s’appelle Colléguette Pauline. La deuxième aurait pu s’appeler Colléguette Paulette, mais ça aurait été du second degré tellement naze que ça en serait devenu du zéro degré. Alors en fait elle s’appelle Colléguette Babiole. C’en est presque poétique.

Je les aime bien ces deux nanas. Nous avons vécu des moments d’amitié intenses, à l’époque où nos burlingues étaient dans la même zone d’open space. Surtout lorsque je sortais des blagues débiles et des jeux de mots dignes de Michel Drucker s’il avait décidé de faire des jeux de mots.

En tant que geek-cliché, j’ai aidé Colléguette Pauline à résoudre les exercices de math de son fils. D’autre part, j’ai ouï dire que Colléguette Babiole faisait un peu de graphisme ou de dessin. Et c’est cool.

Une œuvre (en pixel art CGA) de Colléguette Babiole.

Notre amitié éternelle et légendaire a perdu un peu de son intensité lorsque j’ai déménagé de burlingue-open space. Mais on se croise régulièrement à la machine à café ou aux toilettes. Rappelons que je suis une personne qui se rend énormément souvent aux toilettes.

Et donc, ces deux dames trouvent Boulonix magnifique. Flattage d’ego, flattage d’ego. Elles me font promettre de leur en fabriquer un autre du même genre, pour mettre sur leur burlingue commun. Faudra que je m’occupe de ça à l’occasion.

En revanche, Colléguette Carnea n’accroche pas trop. Lorsque je lui fais la démonstration du cacatage boulonixien, elle a un petit sourire crispé sur un air « qu’est-ce qu’il me veut ce gamin avec son jouet scatologique ? ».

Je papillonne dans divers groupes de discussion, à montrer mon chien et/ou mes dessins (ego, ego, ego). Je retombe sur Collègue Docteur-Maboul. Je découvre que lui aussi connait Bukowski, ça fait plaisir.

Durant notre conversation, le contexte fait qu’il éprouve le besoin d’énoncer une expression de type « Avec des ‘si’, on mettrait Paris en bouteille ». Celle qu’il me sort est éminemment über-classe : « Si mon grand-père avait trois couilles, ce serait un flipper ». J’adore.

Le grand-père de Collègue Docteur-Maboul

Çay parti pour le showe !

L’année dernière, le show avait été assuré pas un magicien, que tout le monde avait trouvé tout pourri, mais que j’avais personnellement bien aimé, (je suis peut-être un peu con-con en terme de magie).

Revirement complet pour cette édition, puisque nous avons droit à un spectacle de cabaret, avec danseuses peu habillées. Excellent !

En apprenant cela, plusieurs personnes se sont posé la question de la pertinence d’un spectacle de type foire-à-la-greluche pour une soirée corporate. La cheffette du département boîtal « Orgies Internes » nous a expliqué que celui-ci avait été conseillé par un organisme partenaire, en qui elle avait entière confiance. Lorsqu’elle s’est renseignée plus conséquemment, elle a découvert la nature exacte de la prestation, mais il était trop tard pour chercher autre chose. Elle a malgré tout réussi à négocier quelques conventionnalisations, notamment le fait de ne pas trop montrer de bouts de seins.

Il faut reconnaître qu’elle a réussi à bien gérer la situation, avec les moyens et les infos qu’elle avait. Mais moi, j’aurais bien voulu les voir les bouts de seins. #BalanceTonCorps .

Et qui était donc l’organisme partenaire nous ayant bayé ce conseil ? La Chevalerie du Ballon d’Airin, bien sûr ! Ah nom de dieu de putain de couille de loup, qu’est-ce qu’on se marre.

Ce spectacle de cabaret avait pour thème « les cabarets de Paris ». Wouuuu !!! Une prise de risque artistique de malade !

Qu’à cela ne tienne, ça me plait beaucoup car il y a des femmes rondes.

Les modèles du spectacle

Je suis à la même table que MégaChef En-Même-Temps, du coup j’essaye de me tenir bien. Mais il part assez vite vers le fond de la salle, pour non-danser à côté de quelques personnes qui dansent.

Colléguette Doctoresse-Chaussure, ma voisine de table, est un peu mal à l’aise à cause de cette profusion de peau nue. Je dois avouer que je n’ai pas spécialement fait attention à elle, trop occupé à baver. Heureusement, Colléguette Platona est venue la voir.

Par contre, un type qui nous a lourdé pendant toute la soirée, c’est le chanteur de cabaret. Il apparaissait le temps d’un numéro pour nous pousser une de ses interprétations, tout en essayant de lancer l’ambiance avec des injonctions nazes : « vous pouvez taper dans vos mains si vous voulez ». Wéééééééé !

Je lui hurle dessus qu’on veut soit du Patrick Sébastien, soit les madames. Je tape des mains comme un orang-outang et passe tout le temps de ses chansons merdiques à faire tourner ma serviette. Entre-temps, je me fais une tâche de vin rouge, ce qui était hautement prévisible.

Pour son dernier numéro, ce super-tocard apparait sapé comme le capitaine de La Croisière S’Amuse. Collègue TuLaBoucles annonce : « Ah, on va avoir droit à du Michel Sardou. ‘♪ Quand je pense à la vieille anglaise ♫’. ». Je comprends pas du tout de quoi il parle, jusqu’à ce que super-tocard commence à chanter. On ne l’appellera plus jamais, celui-là.

Les interprétations musicales de super-tocard (allégorie).

Le show se termine sur une apothéose de plumes et de paillettes. Les dames descendent dans le public pour froufrouter leurs robes sur la tête des gens. C’est trop rigolo. On tape dans nos mains, mais cette fois-ci pour applaudir.

Je discutaille ici et là au fur et à mesure que les gens partent. On embarque chacun un super package-cadeau avec de la bonne bouffe et du pinard dedans. Chouette.

Finalement, je rentre tranquillement en vélo. Comme d’habitude, je me plante de chemin mais je ne fais pas demi-tour pour ne pas me taper la honte nucléaire ultime de recroiser des gens qui vont se rendre compte que je me suis planté de chemin. Je parviens malgré tout à rentrer chez moi, avec mon package de miam-miam et ma tâche de vin rouge.

C’était une super journée, riche en bouffe gratuite et en courbes généreuses. Merci ConcreteWorld-🌏 !

Vieille soirée du nouvel an chez Gloubiboulga

Les fonds de tiroir de mes anciens écrits continuent d’être raclé à en faire des copeaux, avec cet article provenant d’un résumé de soirée datant de plus de 10 ans. Pas de raison précise pour laquelle j’irais sortir ça maintenant plutôt que pas-maintenant.

Ça s’est passé dans la société Gloubiboulga, dont j’ai déjà pondu un article relatant un week-end à Barcelone.

Dans le but de rester cohérent avec mes récents récits corporate, quitte à être pas-cohérent avec le sus-mentionné récit corporate gloubiboulguien, les personnages seront précédés de leur titre de noblesse : « Collègue X », « Chef Y », etc. Alors qu’avant j’utilisais les titres neutres « Monsieur », « Madame ».

On n’est plus à ça près. Go !

Je téléphone à Chef Ion car je ne parviens pas à trouver le restaurant de rendez-vous. Celui-ci est dans la rue du Bourg L’Abbé. J’étais dans le passage du Bourg L’Abbé. J’ai jamais pu supporter ces connards qui donnent le même nom à plusieurs trucs d’une même ville.

Bourre l’abbé.

Pour rappel : à Gloubiloulga, j’officie en tant qu’ouvrier-codeur-prestataire missionné ad vitam eternam « en régie ». Par conséquent, je ne connais pratiquement pas mes collègues de boîte. Disons que le peu qu’ils connaissent de moi provient du fameux week-end sus-mentionné.

Tout le monde attend devant l’entrée du restau comme des gentils petits macarons. MégaChef Poulet est là. Un collègue quelconque que je ne connais pas m’aborde et me demande si je suis bien un gloubiboulguien. Je réponds par l’affirmative. Il s’excuse et m’explique que s’il a posé la question, c’est parce que juste avant, un autre collègue a fait une blague et lui a fait croire qu’une nana random qui passait par là faisait partie de la boîte. Ha ha ha. Ambiance complètement fofolle, dites donc.

Nous entrons et investissons la salle spécialement privatisée pour nous (j’adore ce novlanguisme).

Collègue Scofield, membre du CE et principal organisateur de la soirée, nous propose de nous asseoir.

« Asseyez-vous et buvaillons », nous suggère notre collègue.

Certes, il a le pouvoir (voire le devoir) de nous ordonner cela, dans le but de faire progresser la soirée le long de sa timeline. Mais quand même je trouve qu’il aurait pu y mettre un peu plus de tact, préparer le terrain psychologiquement, etc.

Vous l’avez deviné : gros stress général, plus personne n’ose bouger. Qui va s’asseoir où ? Comment être sûr de se retrouver à côté de personnes socialement compatibles et hiérarchiquement équivalentes ? Par quoi commencer ? La banquette ou les chaises ? La table rectangulaire ou la ronde ? En plus, il reste encore des gens dans le vestiaire, ce qui provoque un surcroît d’incertitude dans les variables du système.

Et là, est-ce que tu sais ce qu’il fait, lecteurtrice ? Nan mais est-ce que tu sais ce qu’il fait ? Il amorce le mouvement, et va se poser pil poil au milieu de la banquette ! L’air de rien, comme s’il avait fait ça toute sa vie !

L’heure n’est plus à la réflexion : mouvements désordonnés et anarchiques de tous les Gloubiboulguiens. Je me cacafouille complet et échoue sur une chaise, avec Chef Ion à ma droite et MégaChef Poulet à ma gauche. NOM TE TIEU TE PUTAIN TE PORTEL TE MERTE !!!

Gloubiboulguiens rush

Les entrées arrivent. Tartare de saumon. Après un temps supposé raisonnable, le serveur reprend lesdites entrées. Je manque de me faire piquer ma part que j’avais pas finie, mais je réagis au quart de tour et obtiens le droit de consommer ma dernière bouchée. Un jour, j’organiserai des concours de mangeage lentement.

Soirée sans thème spécifique, ou en tout cas, pas un qui aurait nécessité des danseuses de flamenco. Y’a juste le serveur qui se donne l’air d’être homosexuel jusqu’à l’œsophage, mais en vrai il fait semblant pour attirer les nanas. L’ambiance est chaude et cosy, avec des lumières tamisées et des petites bougies flammotant sur les tables. Colléguette Souricette râle parce qu’elle y voit que d’alle pour dépiauter ses gambas avec son p’tit couteau et sa p’tite fourchette.

Faut vraiment être un kamikaze social pour prendre des gambas dans un restau. Le truc impossible à bouffer. Même si par miracle tu y arrives, tu as les doigts qui puent. Et c’est pas un rince-doigts de 10 centimètres carré qui va régler le problème.

Ces gambas me semblent plus intéressantes.

J’ai deux règles personnelles dans les restau, et je suis admiratif (voir totalement effrayé) par les gens qui parviennent à passer outre.

Règle 1 : simplicité d’ingestion. Pas de machins à dépiauter, décortiquer, découper, éplucher, égoutter, râcler, déconstruire, désencoquiller, entortiller, désentortiller, casser, flamber, tremper, mâchonner indéfiniment, extraire, trier, analyser, dégraisser, rétro-ingéniériser. Quand je tombe sur ce genre de problème, je me tâche systématiquement partout. Je vis cela comme une agression provenant de l’humain ayant fait cette putain de bouffe : il a bâclé son boulot et se marre en s’imaginant comment je vais galérer. Ça fait plusieurs années que je milite pour soit mis en place un système de notation avec des petites icônes sur les menus, indiquant pour chaque plat si c’est simple ou compliqué à manger, et le type de complexité.

Règle 2 : simplicité de prononciation. Parce qu’il faut spécifier oralement ce qu’on souhaite manger, et que je ne veux pas me rendre ridicule en prononçant mal un truc. Les restaurants de bouffe étrangère doivent donc être rigoureusement pré-étudiés. Au fait, saviez-vous qu’une grande partie des noms de pizzas inscrits sur les cartes des restaurants italiens ne sont là que pour contribuer au thème et à la décoration du lieu ? Ils ne correspondent en réalité à aucune recette : Capricciosa, Quattro fromaggi, Prosciutto, Sfincione, … Oui oui, vous avez bien lu, un « S » suivi d’un « F ».

Je choisis une escalope avec du riz.

Colléguette Sarkozette n’est pas parmi nous ce soir, mais j’ai quand même droit à quelques conversations de droite :

« La France c’est un pays où plus personne veut bosser. Tiens, par exemple, quand j’étais en congé maternité, j’essayais de faire les courses à des horaires inhabituels, 10h ou 3h de l’après-midi. Eh bien y’a autant de monde que les soirs et les week-ends. On se demande ce qu’ils foutent tous ces gens. »

« Quand je suis en déplacement, quelle que soit l’heure à laquelle je prends ma voiture, y’a toujours plein de monde sur les routes. Mais ils font quoi, tous ? Ou alors c’est que des commerciaux, comme moi. »

Nous étions en 2008, et la loi interdisant de fumer dans les bars et restaurants sortait à peine de son œuf. Bien que non-fumeur, j’ai eu du mal à m’y faire. Laissez-moi vous narrer cela.

Tel une moule sur une coque de bateau, je m’accroche à une discussion, afin de m’en faire une bouée de sauvetage de contenance sociale. Je regarde intensément les gens, avec mon air « ça m’intéresse trop ce que vous vous racontez, c’est pour ça que je vous écoute sans rien dire ». Ils se trouve que les gens en question sont des fumeurs. Et qu’est-ce qu’ils font ces enculés de leur race, au lieu de s’en griller une tout en continuant de parler ? Ils se carapatent dehors !

Ça aurait fait super bizarre que je les suive, car j’étais pas vraiment intégré dans leur conversation. Tel une moule errante, j’essaye alors de m’incruster ailleurs. Mais toutes leurs variables conversationnelles des discussions voisines sont déjà allouées et initialisées. Les interlocuteurs n’utilisent plus que les références : « il », « elle », « eux », « nous », etc. À ce stade, quand tu fais semblant d’écouter et de tout comprendre, c’est pas crédible.

Je me vois donc finalement affublé du statut de « SDF social ».

Quelques minutes auparavant, Chef Ion s’était amusé à cramer des piques-olives en bois dans la petite bougie tablaire. Je me suis dit que je pourrais effectuer une action du même type. Sans faire exactement pareil, bien sûr, sinon ça se voit trop que tu tentes de combler un leak de contenance sociale par un simple copier-coller d’action.

Parmi les déchets de mon assiette se trouvent des petites feufeuilles séchées de tomate-cerise (pourquoi y’avait-il ça avec mon dessert ? Mystère). C’est certainement brûlable. Je teste, effectivement, ça l’est. Mais trop, en fait. Surpris par une énorme flamme, je fais tout tomber dans la bougie. Rigolo, on se croit dans une mini-banlieue, avec une mini-poubelle illuminant la nuit. Mais maintenant ça sent le cramé, la bougie s’est éteinte, et des cendres de feuilles séchées et de feu ma contenance sociale s’éparpillent un peu partout.

À l’aide d’un dernier bout de pique-olive, Chef Ion transmet la flamme d’une autre bougie vers la mienne, la rallume, et m’achève ainsi d’un grand coup de condescendance.

Putain de loi anti-tabac de merde.

Collègue Poulet-Fils fait des aller-retours aux toilettes, car en plat principal, il a pris un début de gastro.

Voici ma blague de la soirée, qui a fait un bide alors que franchement j’en attendais un peu plus :

« Une gastro c’est un peu comme un buffer overflow. »

Mangeage du dessert. Puis les gens commencent à partir. On se retrouve à une demi-dizaine dans la salle de dancing du sous-sol, sans personne qui y dancing. Chef VisagePâle se prend une bière. Je m’apprête à faire de même, mais réalise qu’elle est à 9 euros. Voilà un dancing accompagné d’un fort sodomising.

On se regarde dans le blanc des vieux, sans se parler puisque la musique hurle du Mylène Farmer. Colléguette EncoreUnPeuVerte_2, fan de cette étrange chanteuse, va dancinguer toute seule.

On sort. Après quelques phrases de convenance, je dit au revoir et pars, dans une direction au hasard, car je ne voulais pas prendre le risque de montrer qu’il m’était nécessaire de réfléchir pour déterminer le chemin me permettant de rentrer chez moi.

Une rue plus tard, je m’aperçois que ce n’est pas la bonne direction. Je ne fais, bien entendu, pas demi-tour, pour ne pas me taper la honte nucléaire ultime en repassant devant les autres. Du coup je me tape une station de métro en plus. Pas grave.

C’était globalement une chouette soirée gloubiboulguienne.

À l’époque, j’avais envoyé ce résumé à des potes. Je me permet de retranscrire la réaction de l’un d’entre eux :

« C’est clair que tu as des raisons de quitter ta boite ! Une soirée d’entreprise où tu payes tes coups, ca existe ?? merte ! »

Le prochain article de blog sera à propos d’un mini-projet de code (ou pas). En espérant que vous apprécierez. Mais sinon osef.

Événement corporate : le semencinaire annuel

Nous avons récemment eu la chance de consommer un événement corporate, que je vais vous narrer.

Le but était triple :

  • Le midi, bâffrer gratos.
  • L’après-midi, réfléchir ensemble et ensemencer des idées pour la boîte.
  • Le soir, re-bâffrer gratos (best rendement de bâffring gratuit ever !).

Vous l’aurez compris, cet événement était placé sous le signe de la semence.

Et c’est pas vraiment un jeu de mot car les mots ‘semence’ et ‘séminaire’ ont la même racine latine.

Le midi

Rien à voir, mais une coupure de courant était prévue dans les locaux. Ça arrive de temps en temps. J’aime bien, car c’est une excuse pour demander une demi-journée de télé-travail ou pour aller glander en salle de pause.

Par un miracle dont seul le département boîtal « Orgies Internes » a le secret, la coupure de courant n’a pas empêché de dispenser des mini-carrés de pizzas, correctement réchauffés avec tout le respect qui leur était dû. Youpi !

Je passe rapidement sur cette première partie : mangeaillerie et discutailleries de-ci de-là afin de laisser transparaître un minimum de contenance sociale. Vient ensuite le moment de se transférer au lieu événematoire principal.

L’entreprise ConcreteWorld.🌏 fait toujours le choix de placer ces lieux dans des zones un peu isolées, de sorte qu’on n’ait pas d’autres choix que d’y aller en voiture, donc de limiter notre éthylisation. Mais d’autre part, nous sommes encouragés à covoiturer. J’ai donc jeté mon dévolu sur Collèguette Platona, qui a accepté avec plaisir de nous transporter, Collègue Pagne et moi. Ainsi pourrais-je me pochtronner la gueule comme il se doit.

Collègue Pagne s’appelle ainsi car il vient parfois au travail affublé d’un vêtement éponyme, pour manifester son soutien aux Carabanais, les habitants d’une île-village du Sénégal rencontrant de nombreuses difficultés.

Collèguette Platona s’appelle ainsi car elle est l’un de mes fantasmes platoniques.

Je vous explique. Son corps ressemble à ça :

(Elle a juste pas le même costume « imitation pellicule de cheveux »).

Inutile de préciser que cette dame ne m’attire pas physiquement. Mais par ailleurs on s’entend super bien et elle rigole à mes blagues débiles. Dans mes fantasmes, j’imagine donc qu’elle est complètement amoureuse de moi et qu’elle me trouve génial, en revanche on ne fait pas crac-crac. Il ne s’agit là rien de plus que l’un de mes nombreux mécanismes émotionnels d’auto-flattage d’ego.

Rien à dire sur le trajet en voiture. Nous devisons platoniquement de choses et d’autres. Nous arrivons au lieu prévu. Il s’agit d’un classique centre à événements corporates, celui-ci ayant la particularité de proposer des terrains olympiques de pétanques. On n’y jouera pas, mais le détail a son importance.

Je pose mon cadeau dans une hotte. La consigne était de fournir un présent pas cher ou fait soi-même. Ils seraient ensuite tous redistribués randomement. Je vous révélerai plus tard ce que j’ai apporté.

Café et petits gâteaux nous sont jetés en pâture. Je croise Collèguette Punkette. Nous déblaterrons sur le prestataire missionné pour ce semencinaire, que nous croisions de temps en temps dans les couloirs. Punkette pense qu’il n’aime pas les femmes, car il ne les salue pas. Je la rassure : ce monsieur n’est pas du tout mysogine, il ne salue pas les hommes non plus. Ça en a énervé plus d’un.

Personnellement, je m’en tape. Ce qui m’a toujours fait chier avec cette convention sociale du bonjour, c’est qu’absolument rien n’est prévu si tu croises deux fois une même personne dans la même journée. Il n’y a rien à lui dire. Ça me gêne énormément. À chacun de ces moments, je cherche ardemment un moyen de me donner une contenance sociale. Ça se finit en général par un sourire stupide, un onomatopée embarrassant ou une phrase inepte. Bon, c’est pas le sujet, on s’en fout.

L’après-midi

On s’installe à des tables rondes. Contrairement à un événement corporate précédent, je n’aurais pas de faux espoirs concernant l’éventualité de piacher durant les discussions. L’alcool est absent dès le départ.

On commence par des récits corporates de notre MégaChef et des vidéos de futurologues divers.

J’ai pas encore de nom pour MégaChef, promis ça viendra dès que possible.

Ce que je retiens de ces parénèses diverses :

  • Une vingtaine d’année plus avant, deux courbes représentant je-ne-sais-plus-quoi se sont croisées. C’était le signe d’un changement de paradigme.
  • Futurologue Quelconque : « il faudra se trouver des emplois complémentaires à l’Intelligence Artificielle, sinon tout le monde sera au chômage ». Alors moi je veux bien, mais si le fameux changement de paradigme sus-mentionné apparaît, est-ce que les notions d’emploi et de travail garderont leur signification actuelle ?
  • Futurologue Quelconque : « avec le Revenu de Base, dans 50 ans on aura Technopolis et dans un siècle on aura Matrix ». Et alleeeez !! Bien sûr, puisque l’IA va changer tous les humains, ça sert à rien de mettre en place un mécanisme d’investissement générique dans les êtres humains, sous forme de Revenu de Base ! Gros tocard.
  • Une fois de plus, nous nous voyons présentés un power-point comportant une image d’engrenages. Une fois de plus-plus, elle est buggée. Après les roues qui se chevauchent en tournant et le grand classique des trois roues toutes connectées ensemble, on a eu droit aux flèches de sens de rotation qui sont toutes dans le même sens. S’il vous plaît, chers marketeux et autres power-pointeurs, ne faites pas de slides avec des noms de dieu de bordel de merde de vieille pute borgne d’engrenages. Vous ne savez pas le faire. Vous trouvez inévitablement le moyen d’y claquer une couillardise qui aboutira à un système foireux. Arrêtez de vous faire mal et de nous faire mal. Merci. Merde.

Les gérants du centre à événements corporate ont pris soin de placer sur les tables des dépliants explicatifs et auto-promotionnels, sans oublier l’accessoire principal de tout pétanquistes olympiens : le petit crayon pour noter les points.

J’avais prévu le coup et avais apporté mon propre criterium. Mais c’est bien plus promoteur et respectueux d’utiliser le matériel qu’on nous met à disposition. C’est donc avec ce petit crayon que je réalise mon traditionnel dessin de réunion de le Travail. Vous l’avez déjà vu par ici. Pour pas me faire choper, j’active ma super-compétence de « retourner la feuille lorsque quelqu’un de sérieux passe à côté », acquise durant mes années collèges.

Petite pause bouffe et piache, puis vient l’étape d’ensemençage.

La personne sus-mentionnée missionnée pour cette étape se présente. Il s’agit de Prestataire Impoli, qui exerce le métier « d’Expectorateur Semencial ». Comme je suis un rebelle, je propose qu’on le désigne par « le Corporate Bullshiste ».

Ce monsieur nous explique le concept. Il s’agit de blablater dans notre table-ronde sur un sujet spécifique, pendant qu’un maître de table-ronde prend des notes sur un tableau. Ensuite, les équipes sont tradéridéra-isées, à l’exception du maître, qui reste le gardien de son sujet. Et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les équipes aient fait leur parcours complet. Chacune d’elle a un stylo de couleur différente, ce qui permettra par la suite de différencier quelle équipe a écrit quoi sur quel sujet. Cette technique d’ensemençage est nommée : « jeu de la multi-biscotte ».

Photo publicitaire pour le rugby. ramassage de savonnette dans la douche

Cette analogie entre la création d’idées et l’éjaculation est-elle sexiste ? Ça sous-entendrait que les femmes ne peuvent rien inventer. Pour équilibrer, est-ce que je ne devrais pas ajouter une analogie entre la création d’idées et l’ovulation ?

On peut utiliser le terme générique « gonades » pour désigner à la fois des testicules et des ovaires. Est-ce que l’écriture inclusive a défini un mot pour désigner à la fois l’éjaculation et l’ovulation ? Qu’est-ce qui est le plus sale entre le jeu de la biscotte avec du sperme et le jeu de la biscotte avec des menstruations ?

(On va pas mettre d’image ici).

Mais revenons-en plutôt à notre Corporate Bullshiste, qui ajoute que le « livrable » que nous devons fournir est constitué des notes prises durant nos réflexions successives. Je suis pas sûr qu’utiliser du vocabulaire corporate (le mot « livrable ») soit la meilleure manière pour créer une atmosphère ensemançante-ovulatorielle effervescente d’idées. Mais qui suis-je pour juger ?

Je ne me souviens plus précisément des sujets de table-ronde. Il y en avait un sur la diversité. On en a profité pour sortir des blagues de merde sur les inuits et les gauchers (deux minorités représentées à ConcreteWorld.🌏). À plusieurs reprises, des personnes me regardent d’un air interrogato-condescendant en faisant la remarque qu’il nous faudrait un vrai Système d’Information. Merci, je suis au courant, et je ne suis pas en train d’agir pour, car je travaille avec joie et abnégation sur l’outil Pochtronarr.

Notre Corporate Bullshiste passe entre les tables et tente de nous galvaniser, nous encourageant à noter tout ce qu’on trouve qui ne va pas. Moi ce que je trouve qui ne va pas c’est qu’il passe entre les tables et ça nous inhibe. Tout le monde sait que les éléments observés changent de comportement en présence d’un observateur. Il n’y a pas que les livrables dans la vie, il y a aussi les observables.

Moment de tension à la table-ronde tenue par Collègue Pioupiou-Géant. Celui-ci écrit peu lisiblement. Notre Corporate Bullshiste, qui s’était incrusté, le lui signale, et ajoute que ce sera difficile pour lui de recompiler les remarques si c’est noté aussi porcassement. Pioupiou fait alors l’effort d’écrire un peu mieux, mais ça ne convient toujours pas. Notre Corporate Bullshiste insiste. Pioupiou parvient à garder son flegme habituel en ne le regardant plus, y compris dans les moments où il est obligé de lui parler (laconiquement).

Nous tradéridéra-isons comme des petites toupies dans une arène Beyblade-Burst, et cette partie de jeu de multi-biscotte se termine. Notre Corporate Bullshiste demande à ceux qui ont appris des choses de lever le doigt, certains le font. Puis il demande la même chose à ceux qui n’ont rien appris, ce que d’autres font. Pour finir, il invite les gens qui le souhaitent à énoncer des remarques diverses.

Je me manifeste. L’assemblée pousse alors un cri de satisfaction général et quelques applaudissements naissent. Je suis tout fier et tout gonflé d’ego de voir que le monde me kiffe et s’attend à ce que je clôture cette épreuve par un moment de soulagement trublionesque.

Je signale que mon équipe avait le feutre de couleur jaune et que c’est complètement con comme couleur parce qu’on voit pas ce qui est écrit. On a été obligé, à chaque tour, d’expliquer au maître de table-ronde qu’il ferait mieux d’en prendre une autre et de noter qu’elle correspond au jaune.

Ça a plu. Des personnes sont venues me voir après pour me féliciter de mon intervention. Hasthag ego. J’en profite pour montrer à certains d’entre eux mon dessin terminé, dont je suis également très fier.

Après toutes ces émotions : moment joyeux de réconfort avec apéro, champagne et petits machins à manger. Comme d’habitude dans ce genre de situation, je rentabilise au maximum. Par-dessus le marché, je passe pour un mec bien en demandant à chaque fois qu’on me re-remplisse mon verre de champagne plutôt que d’en prendre un nouveau. Le petit personnel me remercie pour l’économie de vaisselle.

Soirée

Je croise Collègue Pioupiou-Géant, qui m’annonce d’un air blasé qu’il a reçu l’ordre de réécrire au propre tout ce qu’il a noté. Pauvre Pioupiou. Une personne random lui apporte du champagne of greater heal.

Collègue Lucène-Lapin apparaît déguisé en Père Noël, avec sa hotte remplie de nos cadeaux. Il s’assoit sur un fauteuil et chacun vient en prendre un. C’est une technique super classe pour mettre des filles (et aussi des mecs) sur ses genoux.

Je récupère une boîte standard de petits chocolats. J’ai cherché un peu à savoir de qui ça venait, sans trouver. Pas grave, c’est un cadeau qui me satisfait très bien. Le seul petit problème c’est que je ne peux en extraire aucune connerie ni aucun déblaterrage qui aurait trouvé sa place dans cet article.

C’est Collègue Lionel-Astier qui récupère mon cadeau, il en explose de rire. Il s’agit d’un coupe-papier-toilette, accompagné d’un petit mot expliquant au bénéficiaire qu’il peut soit le garder pour sa maison, soit en faire don à ConcreteWorld.🌏. En effet, le papier toilette des toilettes boîtales est parfois extrêmement difficile à couper, surtout lorsque le rouleau n’est pas entamé. Ça m’a valu des moments de rage terrible à blom-blomer fébrilement ce putain de rouleau pour en trouver l’extrémité et arracher péniblement des lambeaux de feuilles destructurés.

Le coupe-papier-toilette

Collègue Lionel-Astier approuve l’idée et annonce que dès demain, ce prestigieux objet sera présent dans les Concrete-Gogues. Je suis heureux, c’est exactement ce que je voulais. C’était un coup risqué, car si le cadeau atterrissait dans les mains d’une personne d’un autre site, ou d’une femme, ou de quelqu’un qui aurait souhaité le garder, je n’aurai pas pu en profiter.

Est-ce que c’est sexiste de vouloir que ce soit un homme qui ait mon cadeau et pas une femme ? Et pour aller plus loin dans la réflexion : est-ce que c’est sexiste de vouloir séparer les toilettes des hommes et des femmes ?

Un collègue quelconque m’explique qu’il a récupéré son propre cadeau, comme ça « il est pas emmerdé et il a pas de mauvaises surprises ». C’est la lose totale. À une époque un peu déprimée de ma vie, je voulais me programmer ma petite descente aux enfers personnelle. J’y aurais certainement intégré des choses comme ça, entre deux étapes plus importantes.

Un magicien, dépêché sur place, passe entre les groupes et nous propose d’amusantes tromperies. Tout le monde est bluffé. Je m’attendais malgré tout à un peu mieux de sa part, il n’a pas fait de boules de feu.

Eeeeet voici la carte que vous aviez choisie !

Le repas se passe très bien. Bonne bouffe, alcool, discussions diverses, magicien qui continue son show.

J’ai compris l’un de ses tours (plus précisément, on me l’a expliqué). Il demande à trois personnes différentes de choisir un truc (un nombre, une couleur, un type d’accélérateur de particules). À chaque fois, il note quelque chose sans nous le montrer, chiffonne la feuille, et demande la réponse. À la fin, il montre toutes les bonnes réponses. En fait il à juste décalé l’écriture de chacune d’elle. Pour amorcer le truc, il avait ajouté une question initiale qui était sous une autre forme : choisir des boîtes d’allumettes dont il a appris les couleurs par cœur ou quelque chose comme ça. Bon, j’explique super mal, on s’en fout, on passe à autre chose. De toutes façons il a pas fait plus de boules de feu qu’avant.

À la fin du repas, les serveurs embarquent vivement nos bouteilles d’alcool. J’avais vu le coup venir et m’étais servi un plein verre juste avant. Mon voisin qui n’a plus soif me propose de terminer le sien. La soirée se suicide alors de façon spectaculaire, en une apothéose de molécule éthylée.

En effet, immédiatement après la fin du repas s’est amorcé un mouvement général de rentrage. J’ai trouvé ça un peu court. On aurait pu continuer de discuter un peu, ou danser sur « Royal Salute » de Brain Damage. Mais non. Go home direct.

Je me retrouve donc en voiture avec Collègue Pagne et surtout avec Colléguette Platona. Je suis aux anges, d’autant plus qu’elle nous avoue qu’elle va avoir besoin de nous pour la distraire, afin qu’elle ne s’endorme pas au volant. Ça ressemble à un début de scénario de film platonique (c’est l’inverse d’un film pornographique).

On discute de tout et de rien, puis on décide d’appeler des gens de la soirée avec la super voiture téléphonique de Platona. À chaque fois que ça décroche, on braille « Bonne annééééééé !!! » et juste après : « Tourne à gauche ! ». Y’a des gens qui ont vraiment cru qu’on leur donnait un conseil de direction voitural. On aurait pu en paumer de cette manière, ça aurait été très amusant. On propose également à certains de se retrouver en boîte de nuit, ce qui a parfois suscité de l’intérêt. Mais on s’est dégonflé et on a avoué que c’était une blague. #je_suis_trop_vieux_pour_ces_conneries.

Puis on rentre platoniquement dans nos maisons respectives.

Tourne à gauche !!

Épilogue

Tout d’abord, je me dois de compenser l’image d’indienne toute maigre que j’ai placée précédemment.

C’est mieux d’y mettre les formes

Le lendemain, debriefing général. J’apprends que notre Corporate Bullshiste a collé, voire dragouillé Colléguette Carnea pendant une bonne partie de la soirée. Ce gars est vraiment un tocard. Je l’imagine bien chez lui, au milieu de la nuit, alors que sa femme dort. Il se lèverait en douce pour se masturber, déguisé en Louis XIV, tout en écoutant du Wagner et en s’imaginant recouvrir le corps de Carnea de tranche de rumsteack Label Rouge, le tout « avec son petit coussin pour s’essuyer les doigts ».

Ça rejoint la notion de semencinaire.

Quelques semaines plus tard, nous recevons le livrable final, c’est à dire un rapport computant l’ensemble de nos remarques (y compris celles notées par Collègue Pioupiou-Géant).

Extrait :

Les supérieurs hiérarchiques doivent porter une attention abnégationelle à la priorisation des tâches de leur ouailles. Il faut réaliser en premier ce qui est facturable.

Oh, Chef Random, le tocard social de mon ancienne boîte, m’avait sorti exactement la même ineptie imprécise lorsque je l’avais interrogé sur l’ordonnancement de mes tâches. Je m’étais alors demandé ce que j’étais censé faire entre : terminer un projet qui sera facturé à la livraison, et claquer de la maintenance qui est facturée en continu chaque année.

Alors évidemment, le chef aurait répondu : « le projet d’abord, on s’en fout des maintenances ». Et l’année suivante, le client de la maintenance n’aurait plus voulu payer, parce qu’on n’aurarait rien fait. Et le chef serait revenu à la charge en me houspillant : « vous avez rien branlé espèce de branquignol, c’est de votre faute si on a perdu ce client ».

Cela dit, dans mon ancienne boîte, ça s’était pas passé comme ça. Chef Random avait répondu : « faites le projet, mais n’oubliez pas les maintenances, c’est important aussi ». Puis quand il a été débouté de son poste comme un malpropre, la réponse officielle de Chef «  » à mes demandes de priorisation était : «  » (il ne répondait pas), et sa réponse officieuse était « mais c’est des vrais gamins ! Ils sont-y donc pas capables de décider ça tout seul ? ».

J’ai déjà raconté tout ça, mais les souvenirs sont remontés et j’ai éprouvé le besoin de cracher encore un peu de ma bile. Désolé.

Un dernier extrait du livrable final :

Blasonnement parlant, l’image de ConcreteWorld.🌏 est espiègle et raffinée, percutante et disruptive.

Et sinon, il y avait une faute dans le rapport. Chouette. Je vais pouvoir faire le lèche-cul : la signaler de manière innocente, et par là-même prouver que je l’ai lu en entier et que donc je suis impliqué à donf’ de ouf’.

Événement corporate : les Temps Forts de Pochtronarr (2/2)

Re-coucou. Voici la suite de ce récit. Nous en étions resté au moment du repas de midi, juste avant que ne sonne le signal d’autorisation de se goinfrer gratos comme des gougnaffiers.

Le signal d’autorisation de se goinfrer gratos comme des gougnaffiers sonne.

Nous nous répartissons de manière aléatoire. Mes amis de tablée sont :

  • Monsieur Mucarpet de Carglass, dont nous avons déjà parlé,
  • Monsieur Gratiche de la Compagnie des Indes,
  • Monsieur Filaud de la Compagnie des Indes aussi,
  • Madame Oseffe de Global Oseffe,
  • Fournisseur-Sous-Mega-Chef Mick-Jagger,
  • Fournisseur-Développeur Drache-Code 2.

Madame Roupy est allé s’asseoir ailleurs, ce qui n’est pas plus mal, je l’entendrai pas glousser.

Monsieur Gratiche monopolise toute la conversation, vraisemblablement parce qu’il lui manque la moitié des dents. Il lui est donc plus facile de parler que de manger. Ça me va très bien, je n’avais rien à dire.

Florilège de ses propos corporatiste et post-colonialistement condescendant :

« Les Soudanais sont de très bon techniciens de centre d’appel. En revanche, ils ne prennent aucune initiative. »

« Nos amis africains … »

« Les gens en intérim, c’est pas facile à gérer. On tombe toujours sur un syndicaliste qui va râler et demander des notes de frais rapport à l’utilisation de son téléphone personnel dans le cadre du télétravail. »

« J’occupe mes loisirs à construire un précisomètre dans mon garage avec des Raspberry Pi. Et j’élève également un bébé-gorille qui parle, sur qui je tente des expériences de programmation neuro-linguistique ».

Les autres convives (#sous_le_signe_de_la_convivialité) ainsi que moi-même nous contentons de participer en gloussant (mais virilement) et en sortant des petites phrases d’acquiescement. Seules deux personnes se comportent différement :

  • Monsieur Mucarpet, qui ne décrochera ni mot ni gloussement de tout le repas. Sa seule utilité aura été de passer le sucre au moment du café.
  • Mick-Jagger, qui nous verse à piacher dans le but de mettre la tablée un peu moins mal à l’aise que ce qu’elle n’est au départ. Dans un moment d’égarement/mâchouillement de Monsieur Gratiche, il parvient même à placer une petite phrase sur un sujet de son choix, par une pirouette associative qui m’a échappée.

Mick-Jagger :

« Pour avoir fréquenté un tout petit peu le monde des stars, je peux vous dire qu’ils se dopent tous à la nandrolone. Je me souviens d’un type défoncé au crack, juste après il est mort. »

Merci, mais c’était pas la peine de préciser que t’as fréquenté le monde des stars. T’es quand même Mick-Jagger.

Ensuite on mange le dessert et je le trouve dégueulasse. Mais c’est gratuit et comestible, donc je bouffe sans chichis.

Hey, Mick, on get pas de no-satisfaction ?

Tables rondes

*)

Nous devons nous répartir en petits groupes et deviser sur l’un des sujets proposés afin de présenter en fin de journée le résultat de nos réflexions. Pour éviter le partage-en-gonade, des responsables de groupe seront nommés, qui auront pour charge de recadrer la discussion dans l’éventualité où celle-ci chercherait à s’enfuir on ne sait où.

Semi-chef Pez choisit le sujet « retour d’expérience client ». Il veut profiter de cette occasion pour rappeler aux ploucocratiens les bugs qu’on se coltine depuis le début, et leur mettre le nez dans leur propre merdassasse.

De manière aléatoire, je me greffe sur « propositions de nouveautés pour les briques constituantes des interfaces de doléances nobiliaires ». C’est un peu flou, mais on n’est plus à ça près.

Mes autres co-table-rondes sont constitués de :

  • Fournisseur-Consultant Frigo.
  • Monsieur Prossot, du Ministère de l’Administration. C’est lui qui est proclamé Gardien du Cadre de la Discussion.
  • Les autres on s’en fout.

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Au fait, pourquoi l’autre s’appelle Frigo ?

Il a eu l’occasion d’intervenir sur notre instance de Pochtronarr pour une montée de version. Pour ce faire, il avait pris le contrôle de mon PC par TeamViewer. Dans ce genre de situation, je reste en continu devant l’écran à surveiller ce qu’il se passe, car on a vite fait de se laisser voler des informations gênantes (aussi bien personnelles que professionnelles).

La prise de contrôle a duré la journée complète. Durant la pause de midi, alors que je geekouillais sobrement, je fis un copié-collé anodin. Quelle ne fut pas ma surprise d’obtenir le mot « frigo » ! Le gars était en train d’écrire un texte et ses copié-collés se transmettaient par TeamViewer.

Je me suis amusé à refaire des collés réguliers, ce qui m’a permis de reconstituer partiellement ce qu’il écrivait. Je vous en fait part tellement c’est amusant :

« Il y a une pléthore de choses indéfinies et grand-anciennes dans le frigo commun. Cela devient traumatisant. Merci d’arrêter votre harcèlement olfactif et de débarrasser les victuailles qui vous ont appartenues à l’époque de leur gloire passée. Ce vendredi je fais une rafle. Respect et robustesse. »

La leçon du jour, c’est qu’avec TeamViewer, y’a pas que le contrôlé qui laisse échapper des informations.

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Un préjugé naît dans mon esprit, à l’encontre de Monsieur Prossot. Il me semble complètement avoir la tête du gars qui se la pète et se croit un super-devinateur de ce que souhaitent « ses utilisateurs », alors qu’en fait c’est un pigeon géant.

On s’installe donc à la table-ronde (la même que celle du repas), la discussion commence. Frigo ouvre le feu en demandant quelle genre de briques doléanciales on voudrait voir avoir. Monsieur Prossot ouvre sa gueule et nous blablate les cas spécifiques occurrant à son Ministère. Il a conscience que la discussion s’égare et invite les autres à participer. Quelques personnes émettent de vagues suggestions (pas moi). Frigo autorise Monsieur Prossot à continuer de raconter ses trucs brumeux n’intéressant personne. La suite de la table-ronde sera constituée d’un dialogue entre eux deux.

Expressions rigolotes relevées :

  • « effet tunnel »,
  • « le panier moyen » (répété plusieurs fois, mais la signification n’en a pas été moins brumeuse),
  • « vaste sujet » (comprendre : « j’ai pas envie de parler de ça, alors je lèche un peu ton cul en te laissant croire que tu sais repérer les choses intéressantes dans ce dont on est censé discuter),
  • « c’est un projet à part entière » (pareil),
  • « le n+1, oui c’est bien ça, le n+1 ».

La discussion s’était échappée au loin, vers de grandes étendues de champs lexicaux et sémantiques. Je la voyais courir nue sous un soleil rieur et se rouler dans les foins tel un couple d’homosexuels libérés. À côté, mon esprit personnel vagabondait comme d’habitude dans diverses pensées vidéoludiques et programmatoire.

Fournisseur-Sous-Mega-Chef Mick-Jagger, qui passait de table-ronde en table-ronde pour voir si tout se déroulait bien, débarque, se rend compte de la gabegie, et commence à tancer le Gardien de la Discussion. Monsieur Prossot répond que c’est Frigo qui l’a autorisé à gabegiter et même à rejeter la faute sur lui. Mick-Jagger reporte son tançage sur Frigo. Celui-ci répond : « oui mais moi je m’en moque ».

Dans ce cas, pourquoi t’es là, connard ? Pourquoi on fait une table-ronde ? Pourquoi je suis là à écouter les conneries d’un pigeon ? Et surtout, surtout, POURQUOI A-T-ON ENLEVÉ LES BOUTEILLES DE VIN QUI ÉTAIENT LÀ PAS PLUS TARD QUE Y’A 5 MINUTES SUR CETTE PUTAIN DE TABLE-RONDE AU SUJET DE DONT À LAQUELLE ON NOUS SERINE DEPUIS LE DÉBUT ?

Bweuuuuheuu-heuuu-heuuuu. Je pleure mentalement. La table-ronde se termine. On passe à l’activité suivante.

Pas de vin tant que vous avez pas traité l’ordre du jour ni équeuté les haricots !

 

Témoignages de divers clients

Tous les Clients disent tous qu’ils sont globalement super contents de ce super outil. J’appelle ça le principe du marabout. Attention, instant vocabulaire.

Principe du marabout : vous avez un problème (amour, argent, travail, taille de zizi, grosseur de seins, …). Vous allez voir un marabout. Il dit que pour 50 euros, il peut tout régler. Vous le payez. Ça ne règle rien. Vous retournez le voir. Il vous dit que votre problème est compliqué. Un second rituel plus puissant est nécessaire, nécessitant 100 euros. Vous vous sentez obligé de repayer, sinon ça voudrait dire que vous avez initialement dépensé 50 euros pour rien. Et ainsi de suite. Vous claquez tout votre pognon et surtout, vous ne racontez cette histoire à personne, car vous auriez honte de passer pour un imbécile qui s’est stupidement fait arnaquer.

Les Clients de Ploucocratt s’étant fait marabouter, aucun d’eux n’ira dire que cette entreprise fait de la merde.

Mais laissons de côté ces considérations déprimantes et listons les choses rigolotes qui se sont dites.

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Fournisseur-Sous-Mega-Chef Mick-Jagger :

« Le browser qui nous a posé le plus de problème, c’est IE ».

Première nouvelle. Du coup, fallait pas mieux faire vos démos de la matinée avec un autre navigateur ?

Au passage, Mick-Jagger n’articule pas. Il a pas le temps. C’est un Sous-Méga-Chef, chaque seconde de sa vie vaut plusieurs milliards. Tous les mots de plus de 3 syllabes sont donc coupés au milieu.

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Les effets démos ne manquent inévitablement pas à l’appel.

« On avait préparé un PC sur lequel tout s’affichait. Un quart d’heure avant, on s’est aperçu qu’il ne pouvait pas se connecter au vidéo-projecteur. L’écran n’affichait rien ».

Tiens, ça me rappelle une expérience douloureuse vécue à Zarma.pro.

Et il y a eu aussi cette page web (à priori assez simple et sans plug-in) qui a marché sur un PC, mais pas sur un autre. Pourtant les deux étaient connectés de la même manière.

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Diverses demandes plus ou moins fantaisistes apparaissent :

Un Client : « Avez-vous prévu de faire une version de Pochtronarr en portugais ? »

Fournisseur-Consultant Frigo : « Vu ce qu’ils nous ont fait à la dernière coupe du monde, on n’est pas parti pour. »

Le public : « Hu hu hu. Que de lol. »

Un Client : « y’aurait moyen d’avoir des champs textes avec une mise en forme et dans lesquels on pourrait faire des recherches ? »

Fournisseur-Consultant Frigo : « On va essayer, mais c’est compliqué à faire. »

Moi : « Vous pourriez mettre du mark-down. C’est un texte brut recherchable, avec quelques caractères spéciaux pour la mise en forme. »

*Frigo semble intéressé, et note sur le tableau blanc « Mark DOWN ». (sic pour la casse).

Un Client : « ce serait bien qu’on puisse directement prendre une photo avec la tablette ».

Ha ha ha ! Les ploucocratiens savent déjà pas faire des pages web qui s’adaptent à la taille de la fenêtre du navigateur. Et tu leur demandes de faire du HTML5 qui va piloter la caméra de la tablette ? T’est un fou, toi.

Fournisseur-Consultant Frigo : « Les tablettes, c’est pas pratique car y’a pas de clavier. »

Ben oui. Une tablette, c’est pas un outil de travail. Tout le monde s’en est rendu compte.

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On retrouve quelques phrases de bourgeois condescendants

« L’informatique, pour le personnel routier, c’est un peu du chinoix ».

Je vous rassure, c’est aussi le cas pour certains informaticiens. Cette phrase bourgeoise est d’autant plus amusante que l’encodage de Pochtronarr ne gère pas les caractères chinoix. Mais je crois l’avoir déjà dit.

« Cette fonctionnalité est plutôt destinée à des cols blancs ».

La bonne vieille lutte des classes des années 60 ! Arlette Laguiller, tu peux venir s’il te plaît ?

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Témoignage de Monsieur Flapin, de AdopteUnPêcheur.com. Il nous explique que dans sa société, il y a des super-intendants et des super-super-intendants. Les intendants tout simple, ils sont où ?

Son collègue prend l’écran en photo, sur lequel est projeté le power point de présentation de sa propre boîte. J’ai pas compris.

L’un des raccourcis à l’écran était intitulé « VIRGINIE ». Bizarre.

Virginie ? Coucou !

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Ces conférences-témoignages sont une occasion de plus de se passer de la pommade.

« On n’est pas des gourous en terme d’organisation. Mais là, le consultant ITIL de notre Client avait pondu quelque chose de beaucoup trop fumeux et trop décalé par rapport à la réalité ».

« Oui, ça on sait faire, mais en standard ».

Euh… Pardon ? Si c’est en standard ça veut dire que c’est dans le produit de base, donc disponible pour tous les Clients. Pourquoi il y a un « mais » dans la phrase ?

Mick-Jagger : « Notre Client utilisait un outil équivalent à Pochtronarr, mais le coût de maintenance annuel était de XXXX euros. »

Le public (avec un air scandalisé) : « Ooooooohhhhh ».

Fournisseur-Consultant Frigo : « Pour ce besoin spécifique, on a fortement modifié et tordu notre outil ».

Fournisseur-Mega-Chef TecNoTIC : « Oui, on est très fort pour ça. »

Pour le coup, je ne crois pas que cette phrase soit un compliment ou de l’auto-satisfaction. C’est même un dénigrement de l’équipe technique : « le moteur interne de notre outil est tellement mal foutu qu’on est obligé de le tordre fortement pour lui faire faire ce que l’on veut ».

Cette remarque est d’autant plus gênante que ni TecNoTIC, ni les développeurs de Pochtronarr ne se sont rendus compte que ça pouvait être pris comme un dénigrement. Keep It Simple, Stupid !

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On finit ce chapitre sur un passage possiblement sexiste (parce qu’il y a écrit « ma bonne dame » à la fin).

Frigo : « Vous avez également la possibilité de créer automatiquement une doléance lorsqu’un utilisateur envoie un mail pré-formaté. »
Madame Roupy : « Oulala, on ne veut surtout pas cela. Sinon les doléances pleuvraient. »

D’accord. Mais du coup, tu sers à quoi ? Parce que si ton métier consiste à répondre aux doléances des gens, mais que tu préfères leur limiter les moyens d’en créer, il y a un petit problème, non ? Il est possible que tes collègues finissent par te voir comme la glandue assise à un bureau exécutant un travail mystérieux et hypothétique dont on ne distingue aucun résultat concret.

Et là tu vas me répondre que si on facilite le doléançage, des dizaines de clampins vont générer des doléances random totalement à côté de la plaque. Il faudra que tu leur expliques en long et en large ton périmètre d’action, à quel type de doléances tu es censée répondre, et de quelle manière elles doivent être formulée pour qu’elles soient réalisables. Je suis d’accord avec toi que c’est très chiant.

Malheureusement, ça fait partie de ton métier. Si tu as pour tâche de rendre un service à un groupe de gens, tu dois également leur apprendre la manière dont ils doivent procéder pour te demander correctement ce service. Tu dois former les clampins pour qu’ils ne fassent plus les clampins, au moins avec toi. Et si tu tombes sur des super-clampins qui comprennent vraiment rien où qui le font exprès, tu as alors le droit de répondre de manière plus violente : fermeture de leur compte, signalement aux chefs, chiage sur leur bureau, etc.

On est d’accord que sur un service ouvert au public, on ne peut pas trop faire comme ça, car le monde est beaucoup trop rempli de clampins, sur qui ont a une influence trop limitée. Mais quand le service que tu rends est à disposition uniquement de tes clients, ou en interne, à toi de te démerder, ma bonne dame.

« Nous souhaiterions avoir un bouton de couleur verte, permettant d’insérer un power point sous forme de vidéo. Ce sera prêt quand ? »

Compte-rendu de la table ronde

Chaque Gardien de Discussion vient déclamer son gentil bla-bla, de manière propre et obséquieuse bien comme il faut. Je ne parviens pas à repérer de remarques qui auraient pu émaner de Semi-Chef Pez dans le bla-bla du groupe « retour d’expérience client ». Peut-être qu’il a dit des choses trop dérangeantes et pas assez propre.

Vient le compte-rendu de mon groupe. Monsieur Prossot et Fournisseur-Consultant Frigo n’ont pas grand chose à dire. Comme prévu, Prossot charge Frigo un max, et Frigo montre de manière totalement assumée que ça ne lui fait ni chaud ni froid. (Vous avez saisi la blague ? « Frigo », « ni chaud ni froid ». Non ? C’est pas grave).

Ils s’en sortent scandaleusement avec des phrases à l’emporte-pièce :

Les gens du Métier, de toutes façons, ils changent tout le temps d’avis.

Oui, c’est pour ça qu’on a inventé l’AGILE, espèce de gros nul.

Il faut bien définir le besoin avant.

Contradiction spotted avec la remarque d’avant.

On peut pas plaquer un logiciel tout fait sur une entreprise avec un historique et une culture.

Je maintiens que pour une conclusion de cette qualité, on aurait pu laisser les bouteilles de vin sur la table-ronde.

Distribution des prix du quizz

Les cadeaux sont assez sympas : un système de positionnement karmagraphique (ça m’a rappelé mon ancienne boîte, comment je l’avais quitté et comment je me sens mieux maintenant) et un iPhone garanti sans huile de palme. Le tout annoncé par TecNoTIC d’un espiègle : « vous allez voir, c’est de la technologie ».

Il n’a pas mis de guillemets autour du mot « technologie », mais c’était pas loin.

Tous nos petits papiers-réponses sont dans une grand coupelle. Je ne suis même pas sûr qu’ils aient fait un pré-filtrage pour ne garder que les bonnes. Mick-Jagger prend deux papiers au hasard et annonce les noms. Si j’étais mesquin, je dirais que rien ne prouve que c’est ceux écrits sur les papiers.

La gagnante du karmaPos est Madame Raupy. Elle glousse sous les applaudissements de la salle.

Le gagnant de l’iPhone est Monsieur Gratiche. Il nous gratichie d’un sourire incomplet sous les re-applaudissements de la salle.

Dernier petit moment social empiffratoire, avec du café et des cookies. On discute un peu, je signale à l’un des Fournisseur-Développeur Drache-Code qu’il y a des fautes de frappe dans les noms des fonctions de leur API. Il me répond que surtout je n’hésite pas à le leur signaler. J’y crois pas une seconde. On dit au revoir à tout le monde et on se casse.

Avant de partir, Fournisseuse-Commerciale Jacquotte nous demande de rendre nos petits cartons avec écrit « Monsieur Réchèr » et « Monsieur Pez », ce que nous effectuons sans résistance. Pas cons les Ploucocratiens, ils les gardent pour nous les redonner l’année prochaine, ça leur fait des économies.

Spoiler alert : on reviendra pas l’année prochaine. Mais peut-être l’année d’après.

Rendez-moi les cartes, j’en ai besoin pour m’habiller.

Trajet de retour et conclusion

Le trajet se passe mieux qu’à l’aller, puisqu’on échange les rôles pilote-copilote. Semi-Chef Pez aura quand même eu le temps de chier un peu d’huile, et de faire clic-clac avec son chargeur de Pez. À un moment, il me dit : « Désolé, je te donne des consignes, j’ai l’impression de faire un cours de conduite ». Fallait vraiment pas qu’il se sente désolé pour ça.

Le moment le plus bizarre, ça a été quand il a pété dans la bagnole. Sans blague, lecteur ! Il a pété ! Ça m’a déprimé au plus haut point.

Ce n’est pas l’incommodité de l’odeur ni l’impolitesse de l’acte qui m’a déprimé. C’est par rapport à ma relation personnelle avec les prouts. Je suis quelqu’un qui pète énormément, avec des pets qui sentent souvent très mauvais. Ne me demandez pas pourquoi, j’en sais rien.

Par conséquent, dans les moments sociaux un peu coincés, surtout quand ils sont à huis clos, je fais attention de ne pas péter. Et je me sens toujours terriblement coupable lorsque j’en laisse échapper un. Je tente régulièrement de prononcer des vœux de non-flatulence, que je ne parviens jamais à tenir. Vous vous rappelez mon road-trip avec Chef Random, dans mon ancienne crémerie ? 3 heures de voiture sans péter. J’en ai gazeusement souffert, mais je m’en suis sorti la tête haute et l’anus innocent.

Et lui, il pète et semble n’en éprouver aucun remords. Ça m’a déprimé car j’aurais vraiment aimé avoir sa force de caractère.

Ah et sinon on a croisé une pute sur le trajet, avec des formes magnifiques. J’ai pas pu m’empêcher de la regarder plusieurs fois pendant de longues secondes. J’ai sûrement dû passer pour un adolescent attardé qu’a jamais vu de nichons en vrai dans sa vie, mais j’assume sans problème.

(insérer ici l’image d’une pute).

Ensuite on est rentré dans nos chez-nous respectifs.

C’était un événement corporate très chouette, que j’ai beaucoup apprécié car c’est mon premier en tant que Client. Je n’avais pas le stress de devoir passer pour un mec bien, d’essayer de vanter nos produits, d’essuyer les provocations en duel de clients mécontents, etc.

Si on veut chipoter, on dira que je n’y étais pas que en tant que Client, mais également en tant que « Client qui s’est méchamment fait arnaquer en achetant un logiciel tout pourri ». C’est un détail.

Maintenant, que j’y pense, tous les autres Clients avaient des têtes de pigeons qui n’y connaissent rien à l’informatique. Ce n’est peut-être qu’un préjugé. De plus, si c’est des pigeons, j’en fais partie.

C’est pas grave. Je me suis bien amusé !

Moi, incommodé par le prout de Semi-Chef Pez.