Medley d’événements corporates

Cet article sera bourré d’incohérences, encore plus que d’habitude, car il est inspiré de plusieurs événements. Ils se sont tous déroulés il y a plus de deux ans, ne soyez donc pas choqués s’il n’y est fait aucune référence à des masques ou des virus.

L’un de ces événements inaugure le démarrage du projet POILS_PUBIENS. À cette époque, nous n’étions que 4 :

  • Chef NightWish. Pouvoirs spéciaux : balancer des liens vers des docs en croyant que ça va automatiquement résoudre un de nos blocages techniques. Dire « on n’a pas réussi à faire telle chose » pour dire « tu n’as pas réussi à faire telle chose ».
  • Semi-Chef Lucene-Lapin. Pouvoirs spéciaux : travailler la nuit et dormir le jour, déclencher des « réunions coup-de-poing », coder des projets persos clients lourds en PHP (wtf ?). Son titre de noblesse a fluctué d’un article à l’autre : « Collègue », « Chef », etc. On va dire qu’il est Semi-Chef.
  • Collègue DocteurMaboul. Pouvoirs spéciaux : écrire de la documentation en LATEX, faire des présentations avec des images rigolotes hahaha.
  • Et moi, bien sûr.

Petit zoom sur Collègue DocteurMaboul, mon meilleur collègue de tous les temps et de toutes les boîtes où j’ai été :

  • Il gueule contre les chefs afin d’obtenir des avantages, pour lui-même et pour l’équipe, ce dont je suis incapable en tant que SuperFlamby.
  • Il lèche les bottes de ses collègues et encense le moindre petit morceau de travail produit, ce que j’aime en tant que SuperEgo.
  • Il glandouille et ne travaille que sur les sujets qui l’intéressent, au point de déformer l’espace glandique local, masquant ainsi les glanderies moins prononcées des collègues situés à proximité, ce qui m’intéresse en tant que SuperGlandeur.

C’était mon collègue-fusible. Je me disais : « tant qu’il est là, je peux glander un peu puisque de toutes façons je glanderai jamais autant que lui ». Spoiler alert : le fusible a pas tenu.

L’événement se déroule en Sicile, dans une villa isolée du monde extérieur. Nous y crécherons pendant 4 jours, l’objectif étant d’élaborer le « Business Model Canvas » du projet.

Phase 1 : on collecte des slips…

Petit rappel concernant POILS_PUBIENS : il s’agit d’une gamme d’application cosmologiques ayant pour sacerdoce de lutter contre les distortions spatio-temporelles de l’univers, sur tous les plans d’existence confiés par nos clients, afin d’empêcher un débordement de chaos. C’est un outil parmi d’autres dans ce passionant métier qu’est le maintien de la réalité, mais nous avons vocation à en faire un outil central qui recueillerait les détections de paradoxe génériques des autres outils.

Comme cet article est un medley, en même temps qu’on est 4, on est aussi une quinzaine de personne, mais l’événement va durer une seule journée et une seule nuit. La nuit sera longue…

Un nombre conséquent d’embauche a été récemment effectué, nous ne nous connaissons pas tous très bien. Nous avions donc pour consigne de préparer des petites présentations de nous-mêmes. Les collègues front-enders ont osé un Power Point ironico-dégueulasse rose fluo + WordArt arc-en-ciel + gif animés de dancing banana. Sa confection leur a pris une bonne demi-journée.

De mon côté, j’ai recensé des hobbys et des passions de chaque collègue, afin d’obtenir un joli graphe connexe (les collègues A et B aiment l’aquafootball, les collègues B et C aiment collectionner des images de nichons, etc.). J’ai ensuite créé un petit jeu dans lequel il faut retrouver toutes les associations hobby-personne. Je ne peux pas vous le montrer car il révélerait des choses trop intimes. Mais je l’ai recyclé en un jeu-hommage à Eye of the Beholder, décrit dans cet ancien article, et jouable par ici.

J’ai aussi demandé un petit créneau pour jouer un sketch de mon crû sur le langage python. Oui, on peut faire des blagues avec du code.

Patchwork narratif du matin

L’événement est situé à quelques lieues du Travail. Chef NightWish nous a laissé nous organiser pour le trajet, avec l’obligation d’arriver au plus tard à 12h30. Sous-entendu : « le matin vous bossez normalement, parce que les événements corporate faut pas en abuser. En partant vers 11h, vous serez large pour arriver à 12h30 ».

On part dès 9h. Chef NightWish tire la tronche. On fait semblant de rien et on s’éclipse.

On débarque tranquille dans la maison-villa AirBnB. La gérante nous fait visiter. Elle est un peu âgée, avec des seins énormes. Pour de vrai. C’est pas moi qui le fantasme.

Des collègues installent du matos musical (sono, guitare, piano électropsychédélique et autres fatras). Vous verrez bientôt pourquoi.

Concernant la boustifaille, nous avons chacun été affecté à un poste précis. Collègue Aquafootball, autoproclamé « roi du barbeuk », s’est proposé pour les saucisses du soir. Il se nomme ainsi car c’est un grand supporter de l’équipe locale d’aquafootball chilien, le sport populaire de la région.

J’ai personnellement opté pour la salade-tomate-mozzarella, du soir aussi. Je peux donc glander.

J’aurais aimé distiller dans cet article une ambiance glauque et effrayante : la villa sicilienne est hantée, on entend des bruits, des personnes disparaissent, on ne peut plus repartir car la voiture est en panne, etc. Mais la matière ne s’y prêtait pas. Les deux points les plus dérangeants de la maison sont :

  • la disposition des toilettes : juste à côté de la cuisine. Si ça ne tenait qu’à moi, on serait toujours à moins de 20 mètres d’une chiotte partout dans le monde. C’est important. Mais de là à avoir un accès direct aux chiottes depuis la cuisine, une limite a été franchie.
  • Une absence de moyen acceptable de faire du café. Nous disposons d’un récipient bizarre dans lequel il faut tout mettre en vrac (eau et café moulu), puis nous devons appuyer tout doucement sur un piston afin de séparer le café liquide du café moulu. Ça ne marche pas. Nous mâcherons du café pendant 4 jours.

On pose notre fatras informatique dans la salle principale. Entre temps, Chef NightWish est arrivé. Comme il s’y croit à fond, il annonce avec un corporatisme empreint d’ironie que cette pièce sera la « War Room ».

Collègue Aquafootball teste la tireuse à bière. Je discute du projet annexe Arcanciel avec Stagiaire SuperCSS.

Le projet annexe Arcanciel est un truc de dingue, développé en partenariat avec la Zuzu Academy (l’université gratuite de Marc Zuckerberg). Comme vous le savez, l’œil humain ne distingue pas toutes les couleurs, or certains bugs de réalité ne se voient que sur certaines longueurs d’onde chromatique bien spécifiques. Arcanciel est un framework javascript permettant de convertir les couleurs d’un type d’œil vers un autre. Vous pouvez afficher une image telle que vue par un daltonien deutéranope, ou bien vue par un chien qui veut savoir comment voient les yeux d’une mante de mer, etc. C’est énormément de code, avec des calculs ultra-optimisés.

Tout le monde est là, c’est le moment de montrer notre surprise à Chef NightWish, car c’est son anniversaire ! Nous lui offrons une interprétation de la chanson « Something Wrong » du groupe islandais Bang Gang, avec des paroles personnalisées pour lui. Il a une petite larmette pendant notre prestation.

Bang Gang : meilleur groupe du monde, meilleur nom de groupe du monde, va te faire foutre la SEO.

C’est Semi-Chef Lucene-Lapin qui s’est occupé des paroles. Il avait inévitablement déclenché une « réunion-coup-de-poing » pour en faire part au reste de l’équipe, avec réservation de salle et tout. J’étais un peu gêné. Des gens passaient dans le couloir et voyaient à travers la vitre un texte humoristique projeté sur grand écran.

Ça lui avait pris deux demi-nuits. Ce mec peut travailler des nuits entières sur des documents sérieux, puis d’autres nuits entières sur des trucs complètement aléatoires tels que des énigmes amusantes proposées par des collègues (pour une fois c’était pas moi). La journée, il m’appelle pour me narrer ce qu’il a fait de ses nuits (le sérieux ET l’aléatoire). Toutes ces heures passées au téléphone… Je les rentabilise en cassant des amandes, le téléphone sur l’oreille. J’en ai des pleines boîtes à chaussures, que je cueille chaque année sur les amandiers poussant autour de chez moi.

Et donc, cette performance chantatoire est la raison pour laquelle nous étions partis en avance. Nous devions installer le matos sans que Chef NightWish ne nous voit. Je ne suis pas sûr qu’il l’ait réalisé. Pour tous les domaines qu’il connait un minimum (entre autres, l’informatique et la musique), Chef NightWish croit systématiquement que chaque action « ne prendra pas plus de 5 minutes ». On retrouve ce caractère chez beaucoup de chefs.

De plus, il faut bien l’avouer, l’installation n’a pas pris énormément de temps. En tout cas, c’est sûr que ça ne nécessitait pas la contribution de tout le monde, puisque j’ai glandé pendant que d’autres s’y attelaient.

Pour finir cette matinée : repas classe et équilibré préparé avec amour par les collègues assignés à la bouffe du midi.

Moi pendant que les autres travaillaient.

Gloubiboulga récitatoire de l’après-midi

Séance de réflexion sur le Business Model Canvas et ses schémas annexes : Customer Journey Map, Economic Canvas, Environmental Canvas, Disruptifier Bullshit Canvas, etc. Vous connaissez le principe : on écrit un truc sur un post-it et on le colle sur un des schémas.

J’adore les pitreries corporate, mais j’ai beaucoup de mal à y garder mon sérieux. J’ai des idées de post-it que je trouve pertinentes, mais je ne peux m’empêcher de les présenter de manière débile. Par exemple, j’écris : « les lois étendues de conservation de la réalité physique, on n’y comprend rien ! ». Chef NightWish est obligé de dédébiliser le propos et de le remplacer par : « manque de connaissance théorique de l’équipe technique ». C’est pas très gentil de ma part et ça ralentit l’avancée de la réflexion, mais moi je me marre.

Le groupe de travail voisin, dans lequel officient Semi-Chef Lucene-Lapin et Collègue Aquafootball, a adopté la technique du pastis-post-it. Un post-it collé, un pastis, un post-it collé, un pastis, etc.

De manière prévisible, la War Room devient un océan de post-its aux couleurs criardes et entropiques.

Chef NightWish : « Nous ne devons pas hésiter à remettre en question ou casser des choses établies depuis des années. En gros : soyez punks ! ».

Des post-its punks.

Il nous donne comme exemple Elon Musk avec sa société SpaceX. La NASA imposait une gargantuesque liste d’exigences pour je-ne-sais-quel outil de navigation. Une seule entreprise au monde était capable de les fabriquer et les vendait à un prix stratosphérique (amusant pour un machin censé aller dans l’espace). Mumusk a pris un iPad, a (fait) effectuer une gargantuesque liste de tests pour prouver qu’il répondait aux exigences exigées, et c’est passé. Comme quoi il existe des appareils qui se vendent à un prix encore plus stratosphérique que le prix déjà bien stratosphérique d’un iPad.

Je reprécise que les événements corporates narrés ici datent de plusieurs années, Mumusk avait encore à peu près la cote auprès de la population humaine, Twitter gazouillait innocemment des propos d’une toxicité variable.

Vient alors le moment de faire nos auto-présentations. L’horrible & glorieux Power Point fait sensation. Collègue Aquafootball, alcoolisé par les bières et le pastis-post-it, commence à raconter n’importe quoi de plus en plus fort. Semi-Chef Lucene-Lapin trouve notre show très goleri, ha ha ha, mais aurait surtout souhaité une liste de nos compétences techniques : qui sait faire du python, du front-end, du big data, de la colorimétrie karmagraphique, … Ah oui, c’eut été intéressant.

Petite pause autorisée, avant de se remettre en groupe de travail pour préparer la restitution finale de nos post-its. Quelques personnes jouent au jeu des hobbys. Cool. Collègue DocteurMaboul entraine son groupe (dont moi) dans la méga-piscine de la maison. Le temps de pause file comme le vent. On revient à l’arrache, plus ou moins rhabillés et les cheveux dégoulinants. La restitution risque d’être un peu légère.

Dans une autre réalité, Chef NightWish nous présente le « Manifeste de la Bienveillance de POILS_PUBIENS ». Sur ce document est gravé en lettre de feu que nous devons être gentil, ne pas nous pourrir mutuellement et ne pas répéter ce que dit un collègue en prenant une voix de débile pour se moquer. Collègue BarryWhite met en doute la réelle utilité d’un tel texte. Chef NightWish répond que dans d’autres boîtes, il a vécu des moments où des ardeurs testostéronesques inter-collègues furent désamorcées grâce à quelqu’un qui montra du doigt le manifeste local placardé au mur.

Collègue BarryWhite continue d’émettre des doutes. Il est à la limite de se foutre de la gueule de Chef NightWish. Je lui réponds que dans le respect du Manifeste, on ne doit pas se foutre de la gueule des autres, y compris au sujet du Manifeste lui-même.

Collègue BarryWhite se nomme ainsi car il a le physique inverse de BarryWhite, tout en ayant sa voix. C’est assez troublant.

Le Manifeste.

Dans une autre réalité, un tournoi de paintball est organisé. Le gagnant remportera un coussin-peluche à l’effigie du logo de notre projet. Je suis l’un des plus mauvais, dans l’équipe la plus mauvaise. Ça me rappelle une partie de Laser Quest que j’avais disputé contre des gamins de 8 ans. J’étais arrivé avant-dernier. Évidemment, si ça avait été un tournoi de Clash of Codes, je leur aurai tous dévissé la tronche.

Malgré tout, je reste fair-play, en particulier lorsqu’une personne d’une autre équipe se vautre devant moi telle une otarie bourrée à la bière et se flingue le genou. Je m’enquiert de son état et ne lui tire pas dessus à bout portant. J’ai dû me faire violence, car cette personne est une autre fan d’aquafootball chilien, mais de type reloue. Elle arrête pas de fanfaronner chaque fois que son équipe gagne. Insupportable.

Chef NightWish n’est pas dans l’équipe la plus mauvaise, mais il est le plus mauvais. Ça finit par le gonfler d’arriver à rien. Dans les dernières minutes, il court dans tous les sens en rafalant aléatoirement et en insultant les mères de tout le monde.

Il est un peu essouflé et un peu rouge au moment de remettre le trophée à la personne gagnante (je ne sais plus qui c’est).

Saurez-vous deviner ce que représente ce trophée-coussin-peluche ?

Dans l’autre-autre réalité, notre restitution se déroule tant bien que mal et notre ardent travail est achevé. Les schémas dûment post-ités doivent maintenant nous permettre de déterminer notre Business Model. Chef NightWish énonce en quelques phrases le fonctionnement du projet et la manière dont il permettra de générer des clients et des soussous. On est tous bluffés : c’est clair, ça semble réaliste et c’est sorti naturellement. Une sorte de magie corporato-cognitive s’est opérée, notre travail de pastis-post-it-bullsh-it n’était rien d’autre qu’une préparation pour obtenir ces phrases qui nous sont maintenant évidentes.

Je pense que c’est des conneries et que Chef NightWish a tout fomenté à l’avance. Ces fameuses phrases étaient déjà prêtes bien avant le début de l’événement. Si je les ais instantanément approuvées, c’est surtout par fainéantise et par facilité. Dois-je rappeler que je préfère sauter dans une piscine, boire de la bière et réaliser des mini-jeux plutôt que de réfléchir à la proposition de valeur d’une start-up que l’on souhaiterait à haut potentiel de licornitude ?

Bachouillis racontariens du soir + lendemain

Réaffectation des tâches pour la préparation de la bouffe du soir, car Collègue Aquafootball est étrangement introuvable. Je me vois octroyé, d’autorité, le titre de « prince régent du barbeuk ». Je ne suis pas doué pour ce genre d’activité adulte et virile, je crame 73% des saucisses, ça aurait pu être pire.

Un québecois spawne de nul part, probablement un locataire comme nous. Comment a-t-il fait le trajet du Québec jusqu’à cette villa paumée en Sicile sans qu’on le voit arriver ? On ne le saura jamais. Il décline poliment notre invitation à partager notre repas, car il a déjà mangé. Mais il accepte l’invitation à boire et à discuter. Il a inévitablement un accent rigolo.

Je gratte les pourcentages de saucisse non-cramés et tente de les ingérer, car je n’aime pas gâcher la nourriture. Une voix proférant des propos aléatoires me fait relever la tête de mon assiette. Collègue Aquafootball a réapparu. Il parle avec le québecois, très fort et en anglais. Plusieurs personnes lui disent à plusieurs reprises que ce natif de la Belle Province parle et comprend le français, ce dont Collègue Aquafootball n’a cure. Un tel comportement peut-il être qualifié de « punk » ?

Il est 2 heures du matin, c’est le moment de sortir mon ordinateur et de proposer mon sketch sur le python. Dans un futur indéterminé, je vous ferais un article de blog pour vous le montrer. En attendant, voici un avant-goût : ouvrez une console python, écrivez None is not False et appuyez sur Entrée. Lolilol !

Dans tous les événements corporate dont cet article est le medley, je présente ce sketch. Chef NightWish, qui y a déjà assisté, me fait remarquer que la blague « None is not False », je finirai par ne plus pouvoir l’utiliser. Sous-entendu : « ton sketch, c’est du réchauffé ». Ouais, et alors ? T’as mieux à proposer ? Viens nous faire un sketch sur les Business Model Canvas ! (C’est même pas ironique).

Semi-Chef Lucene-Lapin tente de mettre en défaut mes connaissances, en me questionnant sur la manière dont les nombres décimaux sont gérés en python. Il me suggère de tester des opérations mathématiques donnant des résultats faux à cause des approximations. C’est censé me surprendre.

Réponse : les nombres décimaux sont gérés pareil que dans la plupart des autres langages, c’est à dire avec la norme IEEE 754 (mais toujours en précision « double », 64 bits). Sauf que je maîtrise mal ces histoires de valeur approchées et ne parviens pas à lui répondre. Je considère que Semi-Chef Lucene-Lapin a mis en défaut mes connaissances sur la norme IEEE 754, mais pas sur le python.

Je me permets de lui montrer que s’il veut des valeurs plus exactes, avec une précision configurable et théoriquement infinie, il suffit d’utiliser le module « decimal », de la librairie standard du python. Merci, au revoir.

Le sketch terminé, chacun retourne à des occupations plus ou moins valorisantes : boisson, katastro-karaoké avec le matos de musique, discussion sur la vie, …

On re-perd Collègue Aquafootball. On le re-retrouve endormi dans un fossé, serrant dans ses bras une bouteille de whisky aromatisé au sirop d’érable. Stagiaire SuperCSS le traine jusque dans la villa et le pose en vrac sur un canapé. La plupart des gens partent se coucher. Nous ne sommes plus que quatre : Semi-Chef Lucene-Lapin, Collègue DocteurMaboul, Stagiaire SuperCSS et moi.

Collègue DocteurMaboul sort un petit carré de shit et commence à rouler. Ça fait plus de quinze ans que je n’avais pas fumé. Je le remercie pour ce petit moment de nostalgie qui me remémore ma vie étudiante et post-étudiante. À l’époque où ce récit se déroule, le CBD n’était pas encore à la mode. Cela dit j’ai jamais testé ce truc.

Dans une autre réalité, ce n’est pas la dernière nuit de l’événement, et le Business Model Canvas n’est pas fini. Nous restons à rédiger des post-its supplémentaires. C’est clairement pas la même réalité que celle avec le shit.

Dans la réalité précédente, nous discutons de l’avenir du projet jusqu’à 4 heures du matin.

Les deux réalités se rejoignent lorsqu’on va tous se coucher. Sauf pour Semi-Chef Lucene-Lapin, qui utilise son pouvoir spécial et continue de rédiger des post-its tout seul.

Le lendemain, les gens se réveillent à des heures non centrées et non normées. Nous rangeons le bordel : ordinateurs, bouteilles vides, tireuses à bière, morceaux de saucisse, matériel de musique, fins de pétards, post-its, …

Après un vote à l’unanimité, nous annulons les résultats du tournoi de paintball. La personne ayant gagné accepte de bon cœur de rendre le trophée-coussin-peluche-poils-pubiens (de toutes façons je savais même plus qui c’était), afin de le remettre solennellement et officiellement à Collègue Aquafootball, pour l’ensemble de sa prestation de la veille.

Covoiturage pour rentrer, dans la voiture de Collègue BarryWhite. Nous mettons plus de temps qu’à l’aller, car nous devons faire une pause tous les 20 kilomètres pour laisser vomir Collègue Aquafootball.

Durant l’une de ces sessions « dégobillage », nous sommes arrêtés dans un chemin d’entrée de maison. Un vieux affublé d’une casquette Spiderman s’approche de nous. On lui explique pourquoi on est là, qu’on est désolé et qu’on va très vite repartir. Le vieux ne dit rien et reste à nous regarder jusqu’à ce qu’on parte. C’était pas par méchanceté ni par crainte qu’on soit des cambrioleurs gérontophiles. C’est juste qu’il était très vieux et n’avait plus la faculté de parler. Un moment étrange, hors du temps.

Collègue Aquafootball perdu dans son vomi et le vieux Spiderman bizarre (allégorie).

Épilogue

Le dérapage alcoolisé de Collègue Aquafootball restera dans les esprits et sera diffusé, répété et mentionné durant plusieurs mois. Le pauvre ne méritait pas ça, d’autant plus que c’était exceptionnel (dans tous les sens du terme). Ce n’est pas un déglingopathe habitué du binge partying. Ça avait fait pareil avec Chef Peyotl : il a eu un seul écart malheureux et les gens en reparlaient encore des années après. C’est pourquoi, j’essaye pour ma part de ne pas trop faire circuler ce genre d’embarrassantes sorties de route. Sauf que je les écris et les immortalise dans ce blog. Zut…

Collègue BarryWhite deviendra un early adopter de Squarity. C’est grâce à des gens comme lui si je continue d’avoir le courage d’avancer ce pojet personnel. Ça avance juste très lentement.

Le coussin-peluche deviendra la mascotte de la boîte, trônant sur le burlingue de Collègue Aquafootball. Nous nous amuserons régulièrement à nous le lancer mutuellement à la tronche.

Stagiaire SuperCSS, armé d’un magnum de vodka, consacrera deux week-ends au projet annexe Arcanciel. Son travail rendra caduc et inutile tout le code déjà produit par la Zuzu Academy. Ce que la plupart des gens ignorent (mais pas lui), c’est que les codes couleurs CSS peuvent contenir de nombreuses valeurs hexadécimales. Les 3 premières indiquent les quantités de rouge, de vert et de bleu, les suivantes décrivent les différentes couleurs visibles par d’autres types de cônes et de bâtonnets présents dans différents types d’organes visuels, aussi bien humains que animaux.

color: #AABBCC1122334455667788990000111111

Collègue DocteurMaboul se fera intégralement virer comme un malpropre. Licenciement pour truanderie au travail et glanderie aggravée, sans indemnité ni pot de départ. C’était mon gonfleur d’égo, mon aggro à chefs, mon meilleur collègue de tous les temps. Il ne pouvait pas durer éternellement. Je le remercie de m’avoir permis de croiser son chemin à lui, iridescent et éthéré.

Semi-Chef Lucene-Lapin, armé d’un Jéroboam de Ricard, tentera de fusionner le PHP de Drupal avec le PHP de Symfony en une ultime application client lourd, mais échouera à cause de la mauvaise gestion des encodages de caractères dans le PHP, qui effacera tous les points-virgules de son code source. Son rythme de travail-sommeil incompatible avec le reste de l’humanité agacera la hiérarchie, qui le semi-placardisera en abaissant son contrat de travail aux trois cinquièmes.

Chef Nightwish démissionnera pour aller brouter de l’herbe plus verte ailleurs. Il fera un pot de départ comme il se doit, que je rentabiliserai un max (fondue savoyarde).

Des quatre fondateurs originaux du projet POILS_PUBIENS, il n’en reste maintenant plus que 1,6 (suite au passage aux trois-cinquième de Semi-Chef Lucene-Lapin). Ce dernier se rapproche doucement de l’âge de la retraite…

Sauf que bientôt, il ne restera plus que 0,6 fondateurs. Si vous avez lu cet article jusqu’ici, vous méritez bien une petite info exclusive : je vais très prochainement changer de crémerie ! Je ne manquerai pas de vous écrire une palanquée d’articles récapitulant les divers moments intéressants et étranges de cette présente incarnation professionnelle. Cependant, je dois vous avertir qu’il y aura moins de matière que ma série d’articles revanchards et cathartiques que j’avais écris en fuyant Zarma.pro.

À bientôt !

Ça c’est pas moi, c’est Collègue DocteurMaboul

Pots de départ multiplexés

Suite à un tas d’événements qui m’échappent, la boîte ConcreteWorld-🌍 a dû recourir à une opération de lourdage massif du personnel.

Heureusement pour moi, les personnes affectées au super-projet secret « POILS_PUBIENS » n’ont pas été impactées, parce qu’au niveau comptable, gestion boîtale et autres subtilités administrativo-légales, c’est pas foutu pareil. Mais ça fait une ambiance un peu bizarre. Je crois que certaines personnes aimeraient avoir une preuve tangible de l’utilité de notre beau projet. Ça viendra.

En attendant, lecteurtrice, je t’en dois quand même une description minimale.

Description du projet POILS_PUBIENS

Comme tu le sais, l’entreprise ConcreteWorld-🌍 a la vocation (pour ne pas dire « l’abnégation ») de lutter contre les distortions spatio-temporelles de l’univers, sur les plans d’existence confiés par nos clients, afin d’empêcher un débordement de chaos. Comme toute entreprise ayant pour métier le maintien de la réalité, nous adoptons plusieurs approches :

  • blocage direct des déformations spatio-temporelles,
  • déplacement temporel afin de prévoir et bloquer les déformations spatio-temporelles,
  • déformation spatio-temporelle locale contrôlée afin de rendre impossible une déformation spatio-temporelle chaoticogène.

Le projet POILS_PUBIENS adopte une approche totalement innovantatrice. Nous réalisons une déformation spatio-temporelle globale, complémentaire et orthogonale à la déformation chaoticogène, afin, non pas de bloquer frontalement celle-ci, mais de la rendre normale. La déformation chaoticogène existe toujours, mais ce n’est plus une déformation.

C’est un peu compliqué à comprendre, alors je vais employer une analogie. Imaginons par exemple que vous ayez un pli sur votre drap. Vous pourriez tirer dessus, puis badigeonner le drap d’amidon pour le rendre entièrement rigide. Nous, nous faisons le choix de découper et reconstruire une partie du lit, ainsi que la maison autour, et la Terre, et l’univers, de façon à ce que le pli du drap ne se remarque plus. C’est aussi simple que ça.

Pour en revenir au plan de lourdage massif : celui-ci a déclenché un combo de deux pots de départ, que je vais vous narrer.

Présentation des lourdé·e·s

Colléguette Rosemonde

Il s’agit de l’ex-cheffe du département boîtal « Orgies Internes ». Elle s’appelle ainsi à cause d’un gros délire sorti de nul part durant une pause de midi.

Collègue TuLaBoucles, qui aime bien taquiner les gens, a dit que c’était une grande poétesse et qu’elle écrivait des textes d’une incommensurable époustouflance. C’est resté, elle a alors pris le nom de Rosemonde Gérard, une autre poétesse, qui ne lui arrive cependant pas à la cheville.

C’est une nana bien, plusieurs personnes dans la boîte s’accordaient à dire que c’était « la grande sœur de tout le monde ».

J’apprendrais plus tard qu’elle s’est fait lourder d’une manière quelque peu cavalière. je n’en dis pas plus pour l’instant, pour ne pas spoiler.

Rien à voir, mais son fils était présent à certains des cours de python que j’ai prodigué.

Chef Peyotl

L’ex-grand-chef du département boîtal « Corrélations Inter-spatio-temporelles des Réalités Locales ».

Pour rappel : il se nomme Chef Peyotl car il a parcouru tous les pays du monde à la recherche de l’alcool qui lui conviendrait le mieux, et qui s’est révélé être le peyotl.

Techniquement, il n’a pas été lourdé. Il est parti de lui-même, suite à « une accumulation de divergences d’opinions avec MégaChef En-Même-Temps ». J’en sais pas plus.

Un cactus peyotl n’ayant pas la même opinion que les autres.

Les autres

Ces personnes n’ont pas fait de pot de départ, ce qui peut se comprendre, car elles ont été prises au dépourvu. Certaines sont particulièrement dégoûtées.

Je vais me contenter de lister leur noms pour que leur mémoire soit à jamais gravée dans votre mémoire à vous.

  • Colléguette Carnea
  • Colléguette Louloute
  • DRHe Bourgeoise-Rappeuse
  • Collègue Rocker
  • Collègue Megabite
  • Collègue Kirikou
  • Collègue Bo (physiquement, il ressemble à l’autre dans la série SuperStore)
  • Collègue FautLireLaDocQuExistePas
  • Je crois qu’il y a une dernière personne mais désolé je l’ai oublié. (Pour le gravage dans la mémoire, c’est raté).

Comme d’habitude, à chaque fois qu’il y a des départs, volontaires ou non, un tabou temporaire le recouvre. Faut pas trop l’ébruiter, chacun l’apprend individuellement de manière détourné, tout en ayant la consigne de ne pas le transmettre.

Un départ dans une entreprise, c’est un peu comme une personne à l’article de la mort. On n’en parle pas ouvertement, des murmures se propagent progressivement sur l’état (sanitaire ou professionnel) de la personne concernée, mais tout le monde finit par le savoir. Je ne détaille pas plus cette situation, vous l’avez certainement déjà vécue, soit vous-même, soit par des collègues, soit par des proches.

Partie à peu près sobre de la soirée

Comme je suis très alternatif et que j’aime moi aussi à distordre gentiment la réalité, je vais vous narrer les deux pots de départ sous forme multiplexée, en un seul et même article de blog.

Il n’y a pas d’heure fixe, je débarque un peu à l’arrache. Multiplexement parlant, ça se passe dans un bar-tapas entrelacé avec un barbecue. À côté se trouvent des tireuses groupes-électrogènisées que personne n’arrive à démarrer. Les serveurs promettent de venir me voir pour prendre la commande, mais ils n’en font rien, alors je me bouge au comptoir.

Il y a plein de collègue·ttes que je n’ai pas croisé·e·s physiquement depuis longtemps. Leurs coiffures sont parfois un peu spéciales.

Les cheveux ont poussés pendant le confinement.

Et parfois, les cheveux ont frisotté sur la fin.

Colléguette Platona vient discuter avec moi. Même si nos sujets de conversation sont banals (le boulot, les gens, les enfants), ce moment est teinté d’une aura spirituelle mystique. Je réalise que lorsque je vous ai présenté cette dame, j’ai parlé un petit peu de son physique, ce qui était inapproprié, veuillez m’en excuser. Ce qui compte avec Colléguette Platona, c’est uniquement sa personnalité iridescente et sa façon toute particulière qu’elle a de la chatoyer pour illuminer mon ego. Je suis revegoré.

J’atteins Chef Peyotl, qui est derrière un bosquet de bouteilles, gobelets et autres cacaouètes. Je lui transmets les amitiés de Chef Lucene-Lapin qui n’a pas pu venir. La dernière fois que je vous ai parlé de Lucene-Lapin, il avait pour titre de noblesse « Collègue ». Ça a changé depuis le projet POILS_PUBIENS. Faudra que je décrive de ce gars là en détail, un jour.

Méga-Chef En-Même-Temps est là aussi. On discute de trucs couillus et virils de chefs d’entreprise : l’EPR de Flamanville, la sous-traitance off-shore, la culture japonaise, les piliers de ponts, … Je sais absolument pas quoi dire, heureusement, un autre collègue est là pour assurer la conversation. Je m’éclipse non-discrètement en prétextant que je dois remplir mon verre à la tireuse (que des gens ont réussi à faire fonctionner).

Pour éviter de me refaire piéger dans la même conversation, je squatte un groupe au hasard. J’y trouve Colléguette Pauline. On discute de choses diverses et de la situation du monde. Sa fille était présente à certains des cours de python que j’ai prodigué.

Petite partie de Mölkki durant laquelle je ratatine divers collègues, ainsi que Chef NightWish et ses enfants. On m’en repropose une autre, tellement elle a duré peu de temps, tellement je les ai tous ratatinés. Mais je décline l’invitation car je préfère boire et discuter avec des gens. Rien à voir, mais l’un des fils de Chef NightWish était présent à certains des cours de python que j’ai prodigué.

Petit échange avec Collègue Pagne, qui joue à d’anciens jeux d’aventure sur une ScummVM installée sur son smartphone. Je lui parle de Loom, un jeu Lucas Arts très beau et très onirique. Il faut que je lui envoie les fichiers. Vous pouvez télécharger la version anglaise EGA ici.

Je cause avec Mascotte À-Fleurs, de python et autres geekeries.

Au loin, Colléguette Platona discute avec d’autres gens. Des particules de sa personnalité volettent dans le Monde des Idées jusqu’à ma propre personnalité personnelle, et je m’en enivre.

Nous nous installons à une table pour manger. Dans ces situations, le placement est toujours crucial. Mais là ça va, car nous nous mélangerons, lèveront et assoiront aléatoirement. C’est cool.

Colléguette Babiole-Poétique me parle de la dernière fois où nous étions à cette même table, et où j’avais ébloui l’assemblée avec mes connaissances sur les moules à caca. Un moment anthologique. Si les moules à caca vous intéressent, en voici un article détaillé.

Les mélanges aléatoires de place me propulsent jusqu’à Colléguette Rosemonde, avec qui je peux enfin discuter un peu. Elle me révèle qu’elle va quitter la ville pour tenter l’aventure ailleurs. Dans l’ouest. Le grand ouest où tout est possible. Elle va me manquer. On se faisait de temps en temps le trajet du boulot en vélo, elle m’a montré tous les petits chemins secrets pour éviter la rocade de la mort que si t’y vas en vélo tu te fais tailler un shortasse. C’était sympa de faire cette route avec elle. Il faisait beau. Les dinosaures-marionnettes illusionnistes bleuissaient le ciel d’une jugulence idiosyncrasique.

Je cause avec Collègue Huître d’un ancien collègue, qui’il considérait comme un trou du cul. Ce n’est pas mon avis. Pour moi, cet ancien collègue était trop respectueux des humains, donc ne sortait jamais de blague sur des minorités diverses, donc n’était pas hyper drôle, mais ça n’en faisait pas un trou du cul.

Le robot DJ nous passe du Parov Stelar. J’aime bien l’electro swing. C’est de la bonne musique pour se concentrer pendant qu’on code.

Je continue de papillonner entre les groupes et les personnes, à deviser sur des sujets divers : le python, notre super-projet, la bière… Je réalise alors avec frayeur que je suis conversationolique.

Quelques minutes à peine après avoir entamé une discussion, je ne la juge pas suffisamment intéressante, et me dis que je ferais mieux de m’en éclipser pour espérer trouver une autre personne plus cultivée ou plus apte à faire gonfler mon ego. Je suis comme un alcoolique qui boit un verre et qui en veut un autre immédiatement après, comme un fumeur chronique voulant se griller une clope alors même qu’il est en train d’en fumer une. Je dois faire attention à ça.

Ensuite, je réalise autre chose : Méga-Chef En-Même-Temps est parti. On peut complètement arrêter d’avoir l’air digne, ce qui nous amène à la partie suivante de la soirée.

Partie n’importe quoi

Semi-Chef Pez vient participer à une conversation. Chef Peyotl le réprimande : « parle pas si fort, tu parles trop fort ». C’est rigolo parce que Chef Peyotl était le chef de Semi-Chef Pez, et il le taquinait régulièrement.

Je dis à Collègue Fêtard que c’est dommage car cette fois on ne pourra pas finir au Baron. Il m’annonce qu’il y a un espoir que cet établissement réouvre, on ne sait pas trop quand. Je me garde cette info.

Sans savoir pourquoi, je pense à un pote, dans un bar, qui a dit en revenant des toilettes : « Ils sont pas pratique leurs urinoirs. Ils sont super haut et la chasse d’eau nettoie pas bien les bords ». Un autre pote lui avait alors répondu : « Y’avait pas d’urinoir. Que des lavabos ».

Il ne m’a pas semblé que Colléguette Rosemonde ait eu un cadeau de départ, possiblement parce que son départ n’était pas souhaité et que son pot a été décidé à l’arrache.

En revanche, Chef Peyotl a eu plein de belles choses : Du peyotl bien entendu, un tas d’autres alcools, ainsi qu’un stage de ball-trap bazooka, son sport favori. Ça fait plaisir de voir quelqu’un avoir le minimum de personnalité nécessaire pour être capable d’être fan d’autre chose que l’aquafootball chilien, notre enculerie de sport local à la con qui fait la fierté de la ville.

Il nous gratifie d’un petit discours conventionnel : « j’ai adoré bosser avec vous, je vous aime, bonne continuation à vous, les oiseaux, les petites fleurs, etc. »

Et c’est beau. Toutes ces soirées, toutes ces molécules d’alcool, toutes ces conversations aléatoires, toutes ces années de travail, toutes ces lignes de code torturées n’ont existées que pour ce petit moment précis, cette toute petite seconde où la voix de Chef Peyotl a chevroté, et où ses yeux se sont un tout petit peu humidifiés.

La larmichette de Chef Peyotl

Mais ensuite, Semi-Chef Pez, comme à son habitude, fait son gros relou et sort un commentaire inintéressant pendant le discours. Il le fait quasiment à chaque fois.

Le re-hasard des placements me remet à côté de Colléguette Rosemonde. J’apprends que pour l’opération de lourdage massif, les chefs ont dû noter leurs ouailles, mais lesdites ouailles avaient le droit de demander leur note, ce que Rosemonde a fait. Sa cheffe, Semi-cheffe PositiveAttitude, lui a filé une note toute pourrite. C’est quelque peu cavalier.

Je suis un peu étonné de ça et préfère adopter l’attitude de la fuite : à savoir auto-persuader mon esprit que c’est sûrement pas comme ça que ça s’est passé, mais que j’ai mal compris parce que je suis bourré.

Il y a des gens qui font un feu juste à côté des groupes électrogènes et des noisetiers. Embarrassant.

Mon cerveau mate la magnifique personnalité de Colléguette Platona, tel le pervers platonique qu’il est.

Semi-Chef Pez, obéissant à l’entropie qui règne dans ses neurones, décide de s’improviser DJ et demande au maître du smartphone BlueToothé à l’enceinte de passer du død / violinbwoy. Il nous annonce, de sa voix de stentort (comme un stentor, mais qui aurait eu tort de le devenir), que c’est en souvenir du road-trip en ma compagnie, lorsque nous sommes allés aux Temps Forts de Pochtronarr. Un événement narré ici et ici. Je ne me souviens pas du tout qu’il avait passé cette musique, mais je me souviens que sur le chemin du retour on avait croisé une prostituée aux magnifiques formes généreuses.

J’avais filé des cours de python à son fils. (nan j’déconne).

Faisant fi de mon conversationolisme, je vais voir chef Peyotl et lui dit que j’ai beaucoup apprécié travailler avec lui, et que quand même ça fait quelque chose de le voir partir, parce que c’est lui qui m’avait embauché (même si je n’avais pas été le seul, évidemment). Il me répond que lui aussi il avait trouvé ça cool que je sois dans son équipe et qu’il aurait aimé que j’y reste un peu plus longtemps. Il ajoute conventionnellement qu’il est quand même content pour moi, parce qu’il sait que je m’éclate à fond sur le projet POILS_PUBIENS. Je lui réréponds conventionnellement que oui c’est tout à fait ça.

Je suis assez bourré pour ajouter, de manière taquine, que si j’avais aimé travailler avec lui, c’est aussi parce que je pouvais faire le roi du pétrole. Y’avait aucun autre développeur dans son équipe et c’est moi qui m’occupais de toute cette partie. Plein de gens me considéraient comme un super-héros.

Je m’allonge dans l’herbe et réalise que je suis super bien et super heureux. Souvent, on ne se rend pas immédiatement compte de son bonheur. C’est seulement après, lorsqu’on devient malheureux, qu’on réalise comme on était heureux avant. Alors je profite de ce moment de lucidité pour en profiter pleinement. Je regarde lentement tout autour de moi afin de bien m’imprégner des molécules volatiles de félicité et de béatitude. Je faisais pareil durant mes joyeuses études. Je m’adossais au bar de la Maison des Élèves, à l’UTBM, et j’opérais un lent regard circulaire, pour bien prendre conscience de tout ce qui était autour de moi et qui était bien.

Et voilà que ma stupide nostalgie revient. Alors que je suis dans un moment de bonheur et que je m’en rends pleinement compte, je suis nostalgique des fois précédentes où je m’étais pleinement rendu compte que j’étais dans un moment de bonheur.

Le vertige me prend et je réalise qu’il y a à peine quelques années, à ConcreteWorld-🌍, on faisait des soirées nimp’ dans les bars, et des soirées jeux de société avec un collègue qui est parti depuis, sans oublier les semencinaires/ovuliaires annuels. Tout ça s’est étiolé dans le temps et risque de ne plus trop revenir, maintenant que la cheffe du département « Orgies Internes » a été lourdée. Il y a aussi cette histoire de virus.

Heureusement, je peux toujours profiter des gaudrioleries que nous faisons entre membres du projet POILS_PUBIENS. Pour l’instant, je n’arrive pas à en retirer des choses à raconter. Il faut le temps que ça incube dans mon cerveau.

La carte de Chef Peyotl où on écrit un petit mot d’adieu circule plus ou moins discrètement. C’est lui qui avait pris la décision initiale d’acheter le super-outil de gestion de trucs « Pochtronarr » et qui m’avait laissé me démerdouiller avec. Je ne peux pas le laisser partir sans lui laisser une pique à ce sujet. J’écris :

Putain
Ondoyante
Carabistouille
Hail !
Terrible
Rouflaquette
Onirique
Nocturne
Amazing
Roooarrrr !
Réussite.

Et j’écris « Bisous » à la fin.

Les dernières personnes qui restent rangent les trucs du barbecue et s’au-revoirisent progressivement. On paye le bar-tapas.

On finit à trois : Collègue Fêtard, Collègue HumourBlanc et moi. On erre dans les rues à la recherche d’un dernier endroit où s’en coller une. Mais, comme déjà expliqué, il n’y a plus de Baron. Alors on squatte un bar random.

Dans un éclair épiphanique, j’explique à Collègue Fêtard que, globalement, dans l’univers mondial, ce qui est important ce ne sont pas les choses. Ce sont les liens entre les choses.

Les liens entre atomes sont plus importants que les atomes, car c’est ce qui fait les molécules. Les liens entre neurones sont plus importants que les neurones, car c’est ce qui fait l’intelligence. Les liens entre pièces de Lego sont plus importants que les pièces de Lego, car c’est ce qui fait une construction. Les liens entre les liens sont plus importants que l’éolien.

Collègue Fêtard réalise que je suis un génie. Il est tellement heureux qu’il nous paye un verre.

On boit, puis chacun rentre à pied chez soi.

Log out

C’était deux superbes pots de départ multiplexés. Merci à toutes les personnes qui ont participées.

Au revoir à Lourdée Rosemonde, Démissionné Peyotl, et aux autres lourdé·e·s.

Bonnes nouvelles-aventures à vous !

Événement corporate : le semencinaire annuel

Nous avons récemment eu la chance de consommer un événement corporate, que je vais vous narrer.

Le but était triple :

  • Le midi, bâffrer gratos.
  • L’après-midi, réfléchir ensemble et ensemencer des idées pour la boîte.
  • Le soir, re-bâffrer gratos (best rendement de bâffring gratuit ever !).

Vous l’aurez compris, cet événement était placé sous le signe de la semence.

Et c’est pas vraiment un jeu de mot car les mots ‘semence’ et ‘séminaire’ ont la même racine latine.

Le midi

Rien à voir, mais une coupure de courant était prévue dans les locaux. Ça arrive de temps en temps. J’aime bien, car c’est une excuse pour demander une demi-journée de télé-travail ou pour aller glander en salle de pause.

Par un miracle dont seul le département boîtal « Orgies Internes » a le secret, la coupure de courant n’a pas empêché de dispenser des mini-carrés de pizzas, correctement réchauffés avec tout le respect qui leur était dû. Youpi !

Je passe rapidement sur cette première partie : mangeaillerie et discutailleries de-ci de-là afin de laisser transparaître un minimum de contenance sociale. Vient ensuite le moment de se transférer au lieu événematoire principal.

L’entreprise ConcreteWorld.🌏 fait toujours le choix de placer ces lieux dans des zones un peu isolées, de sorte qu’on n’ait pas d’autres choix que d’y aller en voiture, donc de limiter notre éthylisation. Mais d’autre part, nous sommes encouragés à covoiturer. J’ai donc jeté mon dévolu sur Collèguette Platona, qui a accepté avec plaisir de nous transporter, Collègue Pagne et moi. Ainsi pourrais-je me pochtronner la gueule comme il se doit.

Collègue Pagne s’appelle ainsi car il vient parfois au travail affublé d’un vêtement éponyme, pour manifester son soutien aux Carabanais, les habitants d’une île-village du Sénégal rencontrant de nombreuses difficultés.

Collèguette Platona s’appelle ainsi car elle est l’un de mes fantasmes platoniques.

Je vous explique. Son corps ressemble à ça :

(Elle a juste pas le même costume « imitation pellicule de cheveux »).

Inutile de préciser que cette dame ne m’attire pas physiquement. Mais par ailleurs on s’entend super bien et elle rigole à mes blagues débiles. Dans mes fantasmes, j’imagine donc qu’elle est complètement amoureuse de moi et qu’elle me trouve génial, en revanche on ne fait pas crac-crac. Il ne s’agit là rien de plus que l’un de mes nombreux mécanismes émotionnels d’auto-flattage d’ego.

Rien à dire sur le trajet en voiture. Nous devisons platoniquement de choses et d’autres. Nous arrivons au lieu prévu. Il s’agit d’un classique centre à événements corporates, celui-ci ayant la particularité de proposer des terrains olympiques de pétanques. On n’y jouera pas, mais le détail a son importance.

Je pose mon cadeau dans une hotte. La consigne était de fournir un présent pas cher ou fait soi-même. Ils seraient ensuite tous redistribués randomement. Je vous révélerai plus tard ce que j’ai apporté.

Café et petits gâteaux nous sont jetés en pâture. Je croise Collèguette Punkette. Nous déblaterrons sur le prestataire missionné pour ce semencinaire, que nous croisions de temps en temps dans les couloirs. Punkette pense qu’il n’aime pas les femmes, car il ne les salue pas. Je la rassure : ce monsieur n’est pas du tout mysogine, il ne salue pas les hommes non plus. Ça en a énervé plus d’un.

Personnellement, je m’en tape. Ce qui m’a toujours fait chier avec cette convention sociale du bonjour, c’est qu’absolument rien n’est prévu si tu croises deux fois une même personne dans la même journée. Il n’y a rien à lui dire. Ça me gêne énormément. À chacun de ces moments, je cherche ardemment un moyen de me donner une contenance sociale. Ça se finit en général par un sourire stupide, un onomatopée embarrassant ou une phrase inepte. Bon, c’est pas le sujet, on s’en fout.

L’après-midi

On s’installe à des tables rondes. Contrairement à un événement corporate précédent, je n’aurais pas de faux espoirs concernant l’éventualité de piacher durant les discussions. L’alcool est absent dès le départ.

On commence par des récits corporates de notre MégaChef et des vidéos de futurologues divers.

J’ai pas encore de nom pour MégaChef, promis ça viendra dès que possible.

Ce que je retiens de ces parénèses diverses :

  • Une vingtaine d’année plus avant, deux courbes représentant je-ne-sais-plus-quoi se sont croisées. C’était le signe d’un changement de paradigme.
  • Futurologue Quelconque : « il faudra se trouver des emplois complémentaires à l’Intelligence Artificielle, sinon tout le monde sera au chômage ». Alors moi je veux bien, mais si le fameux changement de paradigme sus-mentionné apparaît, est-ce que les notions d’emploi et de travail garderont leur signification actuelle ?
  • Futurologue Quelconque : « avec le Revenu de Base, dans 50 ans on aura Technopolis et dans un siècle on aura Matrix ». Et alleeeez !! Bien sûr, puisque l’IA va changer tous les humains, ça sert à rien de mettre en place un mécanisme d’investissement générique dans les êtres humains, sous forme de Revenu de Base ! Gros tocard.
  • Une fois de plus, nous nous voyons présentés un power-point comportant une image d’engrenages. Une fois de plus-plus, elle est buggée. Après les roues qui se chevauchent en tournant et le grand classique des trois roues toutes connectées ensemble, on a eu droit aux flèches de sens de rotation qui sont toutes dans le même sens. S’il vous plaît, chers marketeux et autres power-pointeurs, ne faites pas de slides avec des noms de dieu de bordel de merde de vieille pute borgne d’engrenages. Vous ne savez pas le faire. Vous trouvez inévitablement le moyen d’y claquer une couillardise qui aboutira à un système foireux. Arrêtez de vous faire mal et de nous faire mal. Merci. Merde.

Les gérants du centre à événements corporate ont pris soin de placer sur les tables des dépliants explicatifs et auto-promotionnels, sans oublier l’accessoire principal de tout pétanquistes olympiens : le petit crayon pour noter les points.

J’avais prévu le coup et avais apporté mon propre criterium. Mais c’est bien plus promoteur et respectueux d’utiliser le matériel qu’on nous met à disposition. C’est donc avec ce petit crayon que je réalise mon traditionnel dessin de réunion de le Travail. Vous l’avez déjà vu par ici. Pour pas me faire choper, j’active ma super-compétence de « retourner la feuille lorsque quelqu’un de sérieux passe à côté », acquise durant mes années collèges.

Petite pause bouffe et piache, puis vient l’étape d’ensemençage.

La personne sus-mentionnée missionnée pour cette étape se présente. Il s’agit de Prestataire Impoli, qui exerce le métier « d’Expectorateur Semencial ». Comme je suis un rebelle, je propose qu’on le désigne par « le Corporate Bullshiste ».

Ce monsieur nous explique le concept. Il s’agit de blablater dans notre table-ronde sur un sujet spécifique, pendant qu’un maître de table-ronde prend des notes sur un tableau. Ensuite, les équipes sont tradéridéra-isées, à l’exception du maître, qui reste le gardien de son sujet. Et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les équipes aient fait leur parcours complet. Chacune d’elle a un stylo de couleur différente, ce qui permettra par la suite de différencier quelle équipe a écrit quoi sur quel sujet. Cette technique d’ensemençage est nommée : « jeu de la multi-biscotte ».

Photo publicitaire pour le rugby. ramassage de savonnette dans la douche

Cette analogie entre la création d’idées et l’éjaculation est-elle sexiste ? Ça sous-entendrait que les femmes ne peuvent rien inventer. Pour équilibrer, est-ce que je ne devrais pas ajouter une analogie entre la création d’idées et l’ovulation ?

On peut utiliser le terme générique « gonades » pour désigner à la fois des testicules et des ovaires. Est-ce que l’écriture inclusive a défini un mot pour désigner à la fois l’éjaculation et l’ovulation ? Qu’est-ce qui est le plus sale entre le jeu de la biscotte avec du sperme et le jeu de la biscotte avec des menstruations ?

(On va pas mettre d’image ici).

Mais revenons-en plutôt à notre Corporate Bullshiste, qui ajoute que le « livrable » que nous devons fournir est constitué des notes prises durant nos réflexions successives. Je suis pas sûr qu’utiliser du vocabulaire corporate (le mot « livrable ») soit la meilleure manière pour créer une atmosphère ensemançante-ovulatorielle effervescente d’idées. Mais qui suis-je pour juger ?

Je ne me souviens plus précisément des sujets de table-ronde. Il y en avait un sur la diversité. On en a profité pour sortir des blagues de merde sur les inuits et les gauchers (deux minorités représentées à ConcreteWorld.🌏). À plusieurs reprises, des personnes me regardent d’un air interrogato-condescendant en faisant la remarque qu’il nous faudrait un vrai Système d’Information. Merci, je suis au courant, et je ne suis pas en train d’agir pour, car je travaille avec joie et abnégation sur l’outil Pochtronarr.

Notre Corporate Bullshiste passe entre les tables et tente de nous galvaniser, nous encourageant à noter tout ce qu’on trouve qui ne va pas. Moi ce que je trouve qui ne va pas c’est qu’il passe entre les tables et ça nous inhibe. Tout le monde sait que les éléments observés changent de comportement en présence d’un observateur. Il n’y a pas que les livrables dans la vie, il y a aussi les observables.

Moment de tension à la table-ronde tenue par Collègue Pioupiou-Géant. Celui-ci écrit peu lisiblement. Notre Corporate Bullshiste, qui s’était incrusté, le lui signale, et ajoute que ce sera difficile pour lui de recompiler les remarques si c’est noté aussi porcassement. Pioupiou fait alors l’effort d’écrire un peu mieux, mais ça ne convient toujours pas. Notre Corporate Bullshiste insiste. Pioupiou parvient à garder son flegme habituel en ne le regardant plus, y compris dans les moments où il est obligé de lui parler (laconiquement).

Nous tradéridéra-isons comme des petites toupies dans une arène Beyblade-Burst, et cette partie de jeu de multi-biscotte se termine. Notre Corporate Bullshiste demande à ceux qui ont appris des choses de lever le doigt, certains le font. Puis il demande la même chose à ceux qui n’ont rien appris, ce que d’autres font. Pour finir, il invite les gens qui le souhaitent à énoncer des remarques diverses.

Je me manifeste. L’assemblée pousse alors un cri de satisfaction général et quelques applaudissements naissent. Je suis tout fier et tout gonflé d’ego de voir que le monde me kiffe et s’attend à ce que je clôture cette épreuve par un moment de soulagement trublionesque.

Je signale que mon équipe avait le feutre de couleur jaune et que c’est complètement con comme couleur parce qu’on voit pas ce qui est écrit. On a été obligé, à chaque tour, d’expliquer au maître de table-ronde qu’il ferait mieux d’en prendre une autre et de noter qu’elle correspond au jaune.

Ça a plu. Des personnes sont venues me voir après pour me féliciter de mon intervention. Hasthag ego. J’en profite pour montrer à certains d’entre eux mon dessin terminé, dont je suis également très fier.

Après toutes ces émotions : moment joyeux de réconfort avec apéro, champagne et petits machins à manger. Comme d’habitude dans ce genre de situation, je rentabilise au maximum. Par-dessus le marché, je passe pour un mec bien en demandant à chaque fois qu’on me re-remplisse mon verre de champagne plutôt que d’en prendre un nouveau. Le petit personnel me remercie pour l’économie de vaisselle.

Soirée

Je croise Collègue Pioupiou-Géant, qui m’annonce d’un air blasé qu’il a reçu l’ordre de réécrire au propre tout ce qu’il a noté. Pauvre Pioupiou. Une personne random lui apporte du champagne of greater heal.

Collègue Lucène-Lapin apparaît déguisé en Père Noël, avec sa hotte remplie de nos cadeaux. Il s’assoit sur un fauteuil et chacun vient en prendre un. C’est une technique super classe pour mettre des filles (et aussi des mecs) sur ses genoux.

Je récupère une boîte standard de petits chocolats. J’ai cherché un peu à savoir de qui ça venait, sans trouver. Pas grave, c’est un cadeau qui me satisfait très bien. Le seul petit problème c’est que je ne peux en extraire aucune connerie ni aucun déblaterrage qui aurait trouvé sa place dans cet article.

C’est Collègue Lionel-Astier qui récupère mon cadeau, il en explose de rire. Il s’agit d’un coupe-papier-toilette, accompagné d’un petit mot expliquant au bénéficiaire qu’il peut soit le garder pour sa maison, soit en faire don à ConcreteWorld.🌏. En effet, le papier toilette des toilettes boîtales est parfois extrêmement difficile à couper, surtout lorsque le rouleau n’est pas entamé. Ça m’a valu des moments de rage terrible à blom-blomer fébrilement ce putain de rouleau pour en trouver l’extrémité et arracher péniblement des lambeaux de feuilles destructurés.

Le coupe-papier-toilette

Collègue Lionel-Astier approuve l’idée et annonce que dès demain, ce prestigieux objet sera présent dans les Concrete-Gogues. Je suis heureux, c’est exactement ce que je voulais. C’était un coup risqué, car si le cadeau atterrissait dans les mains d’une personne d’un autre site, ou d’une femme, ou de quelqu’un qui aurait souhaité le garder, je n’aurai pas pu en profiter.

Est-ce que c’est sexiste de vouloir que ce soit un homme qui ait mon cadeau et pas une femme ? Et pour aller plus loin dans la réflexion : est-ce que c’est sexiste de vouloir séparer les toilettes des hommes et des femmes ?

Un collègue quelconque m’explique qu’il a récupéré son propre cadeau, comme ça « il est pas emmerdé et il a pas de mauvaises surprises ». C’est la lose totale. À une époque un peu déprimée de ma vie, je voulais me programmer ma petite descente aux enfers personnelle. J’y aurais certainement intégré des choses comme ça, entre deux étapes plus importantes.

Un magicien, dépêché sur place, passe entre les groupes et nous propose d’amusantes tromperies. Tout le monde est bluffé. Je m’attendais malgré tout à un peu mieux de sa part, il n’a pas fait de boules de feu.

Eeeeet voici la carte que vous aviez choisie !

Le repas se passe très bien. Bonne bouffe, alcool, discussions diverses, magicien qui continue son show.

J’ai compris l’un de ses tours (plus précisément, on me l’a expliqué). Il demande à trois personnes différentes de choisir un truc (un nombre, une couleur, un type d’accélérateur de particules). À chaque fois, il note quelque chose sans nous le montrer, chiffonne la feuille, et demande la réponse. À la fin, il montre toutes les bonnes réponses. En fait il à juste décalé l’écriture de chacune d’elle. Pour amorcer le truc, il avait ajouté une question initiale qui était sous une autre forme : choisir des boîtes d’allumettes dont il a appris les couleurs par cœur ou quelque chose comme ça. Bon, j’explique super mal, on s’en fout, on passe à autre chose. De toutes façons il a pas fait plus de boules de feu qu’avant.

À la fin du repas, les serveurs embarquent vivement nos bouteilles d’alcool. J’avais vu le coup venir et m’étais servi un plein verre juste avant. Mon voisin qui n’a plus soif me propose de terminer le sien. La soirée se suicide alors de façon spectaculaire, en une apothéose de molécule éthylée.

En effet, immédiatement après la fin du repas s’est amorcé un mouvement général de rentrage. J’ai trouvé ça un peu court. On aurait pu continuer de discuter un peu, ou danser sur « Royal Salute » de Brain Damage. Mais non. Go home direct.

Je me retrouve donc en voiture avec Collègue Pagne et surtout avec Colléguette Platona. Je suis aux anges, d’autant plus qu’elle nous avoue qu’elle va avoir besoin de nous pour la distraire, afin qu’elle ne s’endorme pas au volant. Ça ressemble à un début de scénario de film platonique (c’est l’inverse d’un film pornographique).

On discute de tout et de rien, puis on décide d’appeler des gens de la soirée avec la super voiture téléphonique de Platona. À chaque fois que ça décroche, on braille « Bonne annééééééé !!! » et juste après : « Tourne à gauche ! ». Y’a des gens qui ont vraiment cru qu’on leur donnait un conseil de direction voitural. On aurait pu en paumer de cette manière, ça aurait été très amusant. On propose également à certains de se retrouver en boîte de nuit, ce qui a parfois suscité de l’intérêt. Mais on s’est dégonflé et on a avoué que c’était une blague. #je_suis_trop_vieux_pour_ces_conneries.

Puis on rentre platoniquement dans nos maisons respectives.

Tourne à gauche !!

Épilogue

Tout d’abord, je me dois de compenser l’image d’indienne toute maigre que j’ai placée précédemment.

C’est mieux d’y mettre les formes

Le lendemain, debriefing général. J’apprends que notre Corporate Bullshiste a collé, voire dragouillé Colléguette Carnea pendant une bonne partie de la soirée. Ce gars est vraiment un tocard. Je l’imagine bien chez lui, au milieu de la nuit, alors que sa femme dort. Il se lèverait en douce pour se masturber, déguisé en Louis XIV, tout en écoutant du Wagner et en s’imaginant recouvrir le corps de Carnea de tranche de rumsteack Label Rouge, le tout « avec son petit coussin pour s’essuyer les doigts ».

Ça rejoint la notion de semencinaire.

Quelques semaines plus tard, nous recevons le livrable final, c’est à dire un rapport computant l’ensemble de nos remarques (y compris celles notées par Collègue Pioupiou-Géant).

Extrait :

Les supérieurs hiérarchiques doivent porter une attention abnégationelle à la priorisation des tâches de leur ouailles. Il faut réaliser en premier ce qui est facturable.

Oh, Chef Random, le tocard social de mon ancienne boîte, m’avait sorti exactement la même ineptie imprécise lorsque je l’avais interrogé sur l’ordonnancement de mes tâches. Je m’étais alors demandé ce que j’étais censé faire entre : terminer un projet qui sera facturé à la livraison, et claquer de la maintenance qui est facturée en continu chaque année.

Alors évidemment, le chef aurait répondu : « le projet d’abord, on s’en fout des maintenances ». Et l’année suivante, le client de la maintenance n’aurait plus voulu payer, parce qu’on n’aurarait rien fait. Et le chef serait revenu à la charge en me houspillant : « vous avez rien branlé espèce de branquignol, c’est de votre faute si on a perdu ce client ».

Cela dit, dans mon ancienne boîte, ça s’était pas passé comme ça. Chef Random avait répondu : « faites le projet, mais n’oubliez pas les maintenances, c’est important aussi ». Puis quand il a été débouté de son poste comme un malpropre, la réponse officielle de Chef «  » à mes demandes de priorisation était : «  » (il ne répondait pas), et sa réponse officieuse était « mais c’est des vrais gamins ! Ils sont-y donc pas capables de décider ça tout seul ? ».

J’ai déjà raconté tout ça, mais les souvenirs sont remontés et j’ai éprouvé le besoin de cracher encore un peu de ma bile. Désolé.

Un dernier extrait du livrable final :

Blasonnement parlant, l’image de ConcreteWorld.🌏 est espiègle et raffinée, percutante et disruptive.

Et sinon, il y avait une faute dans le rapport. Chouette. Je vais pouvoir faire le lèche-cul : la signaler de manière innocente, et par là-même prouver que je l’ai lu en entier et que donc je suis impliqué à donf’ de ouf’.

Raffarin pète-burne Memorial Day #6

La tradition sur ce blog est de perpétrer une célébration du lundi de Pentecôte, en tant que jour-qui-était-ferié-et-qui-l-est-toujours-mais-qu-on-se-fait-malgré-tout-enculer-d-un-jour-de-congés. Les célébrations des années précédentes sont rangées dans la catégorie idoine.

Pour ceux qui auraient été privés de leur histoire, je rappelle que cet assassinat du temps libre des Français nous a été offert par Jean-Pierre Raffarin. C’est ce mec là :

J'emberlificote le fil de mon microoooooo !!

Chui un rebel, j’emberlificote le fil de mon microoooooo !!

J’ai déjà déblatéré sur ce monsieur. Il mériterait qu’on lui déblatère dessus à l’infini, mais ce n’est pas ce que j’ai envie de faire aujourd’hui.

Rappelez-vous, l’année dernière, je vous avais présenté l’Initiative Citoyenne Européenne (ICE) pour le Revenu de Base Inconditionnel. J’en avais également parlé dans le blog de Sam & Max (http:// sametmax.com/comment-le-revenu-de-base-inconditionnel-pourrait-maximiser-le-bonheur/).

C’est maintenant l’occasion de faire un point sur le résultat de cette ICE. Comme on pouvait s’y attendre, elle n’aboutira pas, puisque seulement 285 042 signatures ont été récoltées dans toute l’Europe, sur les un million requis. Zut alors (http:// revenudebase.info/2014/01/15/fin-initiative-europeenne-mouvement/).

Lance Armstrong, après s’être vautré sur la Lune avec son vélo dopé à l’assistance électrique, nous avait gratifié de sa fameuse citation : « c’est un faux-pas pour moi, mais faut pas se formaliser pour l’humanité ». Je propose un détournement de cette phrase, pour vous annoncer : « c’est un échec pour l’ICE, mais pas pour l’idée du Revenu de Base en elle-même ».

Le fait d’avoir eu une action concrète à mener (obtenir le plus de signatures possible) a encouragé de nombreuses personnes, dont moi, à faire circuler l’idée. Celle-ci avance dans l’esprit des gens, et se répand dans le monde en sautant joyeusement de cerveau en cerveau. Sans me vanter, je peux revendiquer la paternité directe ou indirecte d’au moins 4 signatures parmi les 285 042.

La barre de progress des signatures a freezé.

La barre de progress de l’ICE a freezé.

Je suis persuadé que le Revenu de Base est un mode d’organisation sociale qui optimiserait le bonheur et la productivité des humains. J’entends par là : productivité au sens large, aussi bien concernant les choses utiles (échanges, éducation, écologie, …) que les futiles (casquettes à grosse tête). À noter que je reconnait sans aucune réticence que les casquettes à grosse tête ont également leur place dans ce monde.

Ce dont je suis moins persuadé, c’est si l’idée du Revenu de Base est suffisamment simple et limpide pour que la plupart des gens finissent par accepter que ce serait bénéfique. Le meilleur moyen de s’en assurer est d’en parler autour de soi, aux gens qu’on connait / qu’on connait pas. Ce que j’ai tenté de faire.

Je m’en vais donc vous présenter ici mes expériences personnelles de « faiseur de ciruler les idées ». Autant vous prévenir, les résultats ont variés et il est grandement possible de se débrouiller mieux que moi. Mais on fait avec ce qu’on a. Or sur ce blog, on a moi et pas grand monde d’autre.

Comment amener le sujet du Revenu de Base ?

Si vous êtes assez bon en blablatage, vous devriez être capable de le faire émerger au détour d’une conversation classique. Vous avez certainement remarqué que les gens se lamentent souvent, levant de grands yeux mouillés de basset sur la misère de l’univers, tout en ânonnant « qu’il n’y a plus de travail », « qu’il n’y a plus d’argent nul part », « que c’est la crise », et autre lieux-communs à l’emporte-pièce. C’est l’occasion pour vous de proposer une solution à ces problèmes, et d’embringuer sur le Revenu de Base.

N’étant pas un grand expert en relations sociales, je ne parviens pas à saisir toutes les occasions qui se présentent. Mais j’ai une autre technique. Celle-ci n’est pas utilisable par tout le monde, vous devez être muni d’un conjoint ou d’une conjointe (avec ou sans nichons).

 Moi c'est avec.

Moi c’est avec.

Première étape : parlez du Revenu de Base à votre conjoint(e). Décrivez-lui en détail les raisons pour lesquelles vous pensez que ça fonctionnerait. Si vous n’êtes pas assez convaincant, ce n’est pas grave du tout. L’important est qu’il/elle réalise à quelle point cette idée est importante pour vous. Surtout n’hésitez pas à être bien lourd, et à ramener régulièrement le sujet sur le tapis.

Seconde étape : allez à un machin social quelconque, accompagné de votre conjoint(e). Déroulez des conversations comme normalement. Si le machin social est agrémenté de drogues douces (alcool, marijuana, …), n’hésitez pas à en consommer, ça ne peut qu’aider. À un moment, quelqu’un va inévitablement sortir l’un des lieux-communs emporte-piecé sus-mentionné. Là, votre conjoint(e) devrait dire : « argh, il va encore nous bassiner avec le Revenu de Base, fuyez ! »

Si personne ne fuit, vous avez le champ libre et vous pouvez prendre la parole.

Comment présenter des arguments convaincants ?

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Comme très peu de gens connaissent le Revenu de Base, vous êtes de toutes façons obligé de le décrire en quelques phrases. Là, personnellement, je ne me prends pas la tête. Je ressors le même blabla à chaque fois. Ça ressemble à quelque chose de ce genre :

Le Revenu de Base consiste à donner la même somme d’argent, tous les mois, à toutes les personnes d’un pays ou d’une région. Il continue d’être perçu même lorsqu’on commence à travailler, quel que soit le salaire et le contrat de travail. La somme donnée est calculée au plus juste, mais permet de vivre « dignement », c’est à dire : pouvoir s’acheter de quoi bouffer, de quoi se loger et éventuellement quelques biens culturels de base.

Ensuite, il vous reste encore un peu de temps de parole pour adapter les arguments à votre auditoire. Là, pas de recette miracle, mais j’ai quelques exemples qui ont à peu près fonctionné.

Si vous parlez à des retraités pas trop vieux :

Le Revenu de Base n’est pas une incitation à la paresse. La plupart des gens ne se mettent pas à glander même si on leur en donne la possibilité matérielle. Par exemple, toi, ami retraité, l’État te paye, et pourtant, tu continues de t’occuper de ton jardin / de garder tes petits-enfants / de bricoler / de faire des gâteaux / de coudre des bonnets / de prendre des cours d’informatique.

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Si vous parlez à des personnes divorcées :

Le Revenu de Base est versé à une personne, et pas à un foyer. Il est mis sur un compte en banque au choix, que l’on peut changer à tout moment. Parfois, certains couples ne se sentent plus bien ensemble. Dans notre système actuel, si l’une des personnes veut partir, elle ne le peut pas toujours, à cause de la maison, du revenu assuré par le travail de l’autre, etc. Avec le Revenu de Base, on peut « s’enfuir du couple » tout en gardant un minimum vital.

Si vous parlez à de jeunes parents salariés :

Élever un enfant, c’est pas juste une aventure formidable. C’est aussi du putain de travail. Le Revenu de Base des enfants peut être directement alloué aux parents, ce qui est une forme de reconnaissance du travail d’éducation. Le montant du Revenu de Base est moins élevé pour les enfants de moins de 18 ans, mais la reconnaissance est là malgré tout.

Si vous parlez à des gens qui pensent que si on n’est pas forcés à travailler, la plupart ne vont plus rien glander et « toute l’économie sera par terre » :

L’économie est déjà plus ou moins par terre. De plus, les gens ne sont déjà pas forcés de travailler, avec le RSA, l’allocation chômage et tout un tas d’autres aides conditionnelles. Y’a juste que ce serait plus simple de donner la même chose à tout le monde plutôt que d’enquêter sur la vie de chacun afin de déterminer qui mérite les aides que l’État daigne octroyer.

Si vous parlez à un lapin :

Skouik skouik ! Cronch Cronch. Zig-zig la lapine ! Zig-zig la lapine ! Zig-zig-zig-zig-zig !

Mon auditoire est-il souvent conquis ?

Honnêtement, non.

C'est pas du gâteau. Est-ce du nichon ?

C’est pas du gâteau. Est-ce du nichon ?

Les gens me laissent présenter mon idée et m’écoutent. Mais très souvent, ils ont des contre-arguments auxquels je ne sais pas répondre. Ou si je sais y répondre, c’est trop tard, ou pas de la bonne manière. Je fini par m’embrouiller dans mes explications et mes contre-contre-argumentations, et très souvent je me fais rembarrer. Mais ce n’est pas si grave.

Est-ce que ça vous est déjà arrivé d’avoir un avis sur quelque chose, puis quelqu’un arrive, vous explique pourquoi votre avis est mauvais, et alors vous avez répondu « Mince, c’est vrai, je me suis trompé. Tu as raison » ? Ça ne vous est jamais arrivé ? C’est normal. Personne ne fait ça. Personne n’avoue immédiatement qu’il avait tort, quel que soit le sujet. Le professeur Ploum, éminent blogologue, en parle dans cet article (http:// ploum.net/le-cout-de-la-conviction/).

Et donc, la plupart de vos tentatives de faire accepter l’idée du Revenu de Base sont vouées à au moins un premier échec. Il semblerait que ce soit valable pour beaucoup d’idées : politiques, économiques ou autres. Mais c’est un détail auquel vous ne devriez pas vous attacher. Votre but n’est pas de faire accepter une idée, mais de la répandre. Vous n’avez aucun contrôle sur ce qui peut arriver ensuite.

Comme auraient dit Maxime le Forestier et Nicolas le Jardinier, si tous deux avaient réellement existé : « je suis la graine que je place dans votre cerveau, mais je ne suis qu’une graine. »

Dans quelques semaines, une autre personne viendra parler du Revenu de Base à ces mêmes personnes avec qui vous étiez. Et celles-ci se diront : « Ah oui, un type bourré et sa copine avec des nichons m’ont raconté la même chose durant un machin social quelconque ». La petite graine sera arrosée. Il faudra l’arroser encore et encore, mais ça vaudra le coup, car elle deviendra un arbre gigantesque qui fera pousser d’autres graines.

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Concrètement, que serait-il possible de faire de plus ?

En parler autour de soi, c’est toujours ça de pris. Mais j’aimerais bien faire plus. J’ai quelques idées. Certaines productives, d’autres non. Certaines réalistes, d’autres non. Les voici en vrac :

  • Continuer de faire des articles dans mon blog. C’est fun, mais pas très rentable, vu tout ce que j’ai déjà écrit. La plupart des gens qui connaissent mon blog connaissent déjà le Revenu de Base. Le sujet mériterait d’être approfondi dans beaucoup de directions, mais d’autres font cela beaucoup mieux que moi. J’en profite pour vous rereconseiller la lecture assidue de ce site (http:// revenudebase.info/).
  • Écrire des articles pour d’autres endroits de l’internet. C’est fun et rentable, car je touche des personnes qui n’en ont peut-être jamais entendu parler. Mais il me semble avoir épuisé ce filon. J’ai blablaté dans feu le magazine 42, et chez Sam & Max. Il n’y a pas d’autres sites dans lesquels j’aurais un tant soit peu de pignon sur rue, pour me permettre d’y dumper une grande diatribe.
  • Lire le livre « La théorie relative de la monnaie », essayer de le comprendre, et le vulgariser. Pas forcément très rentable, mais possiblement fun. Je me suis promis de le faire un jour où j’aurais le temps. Mais pour avoir du temps, il faudrait que le Revenu de Base soit mis en place. Mince alors.
  • Aller dans une place fréquentée, monter sur une boîte à savon et haranguer la foule. Ce serait sûrement rentable, puisque je toucherais beaucoup de gens rencontrés aléatoirement. Mais je ne sais pas exactement comment m’y prendre pour des actions de ce genre. Je n’ai pas envie de distribuer des tracts car personne ne les lit, et c’est juste du gaspillage.

Y’a-t-il ici des harangueurs de foule qui auraient des conseils à me donner ?

soapbox harangueur de foule porte-voix

 

Le dernier numéro de 42, et une histoire juste comme ça

On est en plein milieu de l’hiverté, cette saison si particulière, à exacte-égale distance entre l’hiver, l’été, l’ivresse et la liberté. Elle existe partout, sauf dans le nord de l’Amérique. Une sorte de pied de nez de notre facétieuse planète à ce pignouf de Jo Dassin et son été indien de mes fesses.

J’émerge doucement de mon sommeil, dans mon sac de couchage brûlé au troisième degré, à motif de fleurs. Je joue avec mon cerveau. Je lui fais générer des pensées cochonnes pour avoir la trique, puis je pense à d’autres choses pour la faire retomber, puis je recommence. C’est un lendemain de cuite, évidemment. Je me lève, mes camarades de franche camaraderie dorment encore.

Ici c’est une sorte de concentré de gloss à paillettes de quelques petits moments magiques qui ont chatoyé mon histoire un peu noire. Une intégrale de « petits plaisirs simples de la vie », sur t-dt.

Au plafond est accroché un papier, volé dans un supermarché quelconque, indiquant : « ne pas gerber ». Je vais aux toilettes et fais pipi jaune foncé. Mon corps me fait bien sentir que ça l’emmerde de lâcher de précieuses gouttes d’eau pour éliminer les toxines de la veille. Je me lave les mains, puis me rappelle qu’il n’y a pas de torchon. Je m’essuie sur le chat.

finished loft area dream roof room

Pictures Wet Cats

Ça dépend des fois, mais là, mon corps est tout foufou et motivé. Alors je me lance dans le nettoyage des trois tonnes de vaisselle. Pendant ce temps, mes amis de franche amitié se réveillent en émettant divers grognements. Nous sommes 5 au total, avec autant de filles que de garçons. Nos compétences et utilités sociales sont variées : jardinage, geekeries, décoration de blouse, recyclage, musique, ouvrier-codage, décentralisation, karmagraphie, recherche d’idées, …

Le travail ne manque pas, mais comme la survie n’est pas un problème, on travaille beaucoup et bien. Y’a juste que tout ce qu’on produit n’est pas toujours immédiatement utile.

On habite tous ensemble dans un appartement sous les combles. On a toute la collection des vidéos « Happy Tree Friends » en VHS, et des petits serveurs décentralisés qui dupliquent et historisent ce qu’on fait sur nos ordinateurs. (Mais on peut effacer des trucs si on veut). Une fois, le voisin a tiré à la chevrotine sur le toit, puis son fusil a éclaté et il y eut « une pluie de petits morceaux d’homme ». En hommage à sa mémoire, j’ai accroché une bite en carton à mon velux. On a chacun notre chambre, j’ai ajouté un bar dans la mienne.

Ou peut-être que je n’habite pas dans cet endroit, et que je suis seul tout en haut d’une tour de mage. Pour sortir dehors, je descend à ski. J’ai un ski gauche et un ski droit, faut pas confondre.

minecraft mage tower

Y’a une piste rouge et une piste bleue.

Non. On dirait qu’on serait 5, parce que c’est mieux comme ça. Évidemment, on fait des trucs sexuels entre nous. Pour être sûr que certains ne soient pas lésés sur ce plan, on a mis en place un système de monnaie, dont chaque unité est divisible à l’infini. Le cours de la levrette avec douche de miel a augmenté.

Parfois, des gens nous rendent visite, ou l’inverse. Et c’est toute une population éclectique qui vient échanger avec nous bons mots, alcool, octets et souvenirs :

  • Des livreurs de cocktails-apéro.
  • La « scène » des joueurs professionnels de Hammerfest (parce qu’on organise des compétitions).
  • Le Scrameustache et son ami imaginaire Gimli, à qui il lance une plaquette de chocolat pendant les matchs de rugby et de foot.
  • Le commissaire-huissier du Guiness des Records de l’insomniaquie. Il est drôle, il apporte toujours de la Guiness.
  • Le passeur de boîtes de nuit, qui vogue au dessus de la foule dans son bateau sobre, pour transporter ceux qui se sont perdus entre les tables et la piste.
  • Sans-Nom, le héro de Fight Club.
  • Une très grande blonde et une petite asiatique.
  • Morak.
  • Velvet d’Amour.
  • Un mec bizarre que personne ne connaît et qui tient absolument à dire « musaraigne ».
  • Des prostitués (hommes et femmes) payés par l’État, qui proposent des coups gratuits ou juste une conversation. Une fois, juste pour le fun, j’ai donné un cent-millième d’unité de notre sexo-monnaie à une belle poularde au gros nougats. Mais ça ne lui servira à rien, personne d’autre que nous ne l’utilise.

garbage girl porn

  • Vous, bien sûr. Et j’en profite pour vous en remercier.

Dugrain, l’un de mes amis, sort de son sac de couchage, prend un tout petit gâteau dans le frigo, et doucement, progressivement, se met à pleurer à cause du danger potentiel de perdre ce petit gâteau sans en avoir suffisamment profité. Il pleure avec des putains de chaudes larmes bien viriles, de celles d’un mec tellement viril qu’il a une confiance absolue en sa virilité, et qui a donc conscience que pleurer ne pourra en aucune façon l’entâcher.

Je le prends dans mes bras et le console. Je pleure un petit peu moi aussi, parce que ça fait du bien.

Well, that’s it viewers.

Don’t forget to turn off your set.

Was it enough for you ?

(1000 points d’ego à la première personne capable de me dire de quel jeu vidéo est tirée cette citation).

Pourquoi j’ai écrit tout ça ?

dernier magazine 42 couverture

Je n’ai pas à me justifier de ce que je mets dans ce blog, mais là, j’ai décidé que si. Je n’ai pas à me justifier du fait que parfois, je me justifie, et parfois pas.

Le magazine 42 a fermé ses lourdes portes d’airin sur plus de 3 ans de lol, images débiles, trolls et autres croublougnastreries. À cette occasion, je voulais raconter quelques souvenirs marquants et quelques sentiments qui ont été miens durant toute cette aventure (On croirait lire Valéry Zettoun dans Popstar).

Puis je me suis aperçu que les souvenirs marquants, ce sont mes contributions à 42 en elle-même, et les sentiments qui les accompagnent, je les ai déjà racontés dans mon au-revoir inclus dans le dernier numéro. (Ce, qui par ailleurs, constitue une contribution, donc un souvenir marquant, accompagné de sentiment, raconté dans l’au-revoir, paf vortex récursif).

Comme tout avait donc été dit, j’ai décidé de raconter, ici, des souvenirs autres que ceux liés à 42, en les mélangeant bien afin de conserver mon anonymat et d’optimiser mon bonheur de relecture.

Sans transition (bizarre cette expression), voici mes contributions à cet ultime, dernier et post-post-antépénultième opus.

images de transformation d'un rat-garou

Là, c’est avec transition. Ou juste zoophilie.

Page 30 : Mon top 3 des jeux vidéos 2012

Comme l’année dernière, j’ai essayé de produire des tops de 3 origines différentes. Il y a donc un jeu flash, un jeu de la Motion-Twin et un jeu d’un studio indépendant.

Sauf qu’Island Tribe 3 n’est pas si indépendant que ça, ne vaut pas grand-chose, n’est pas très original, et me fait à chaque fois éprouver un léger sentiment de honte lorsque j’y joue. De plus, ce serait bien moins lourdingue si on pouvait programmer à l’avance les actions des personnages, plutôt que de cliquer partout comme un gros débile sans avoir le temps de réfléchir.

Je me suis rattrapé avec Flightless, jeu flash nanti d’un concept original et provenant d’un studio suffisamment indépendant à mon goût : Nitrome. Essayez-le, c’est mignon, astucieux et rigolo. Je vous mets directos un lien indirectos (http:// www. nitrome.com/steam/flightless/#.UPbroKy57w4).

Un jour, peut-être, j’explorerais plus en détail ce que font ces gens de chez Nitrome, et j’en rédigerais un article.

Pour finir, j’ai choisi Galaxy 55, déjà mentionné ici et là. À ce sujet, je me permet de hurler à la face du monde moderne : « je veux un Minecraft-like avec des petits robots qui feraient tous le boulot à notre place, et qu’on programmerait soi-même, à l’aide d’un langage dédié ! » Même si c’est qu’en 2D. Je serais prêt à payer pour ça. (En bitcoins).

Edit d’hier soir à l’arrache à 2h du matin : les robots, c’est pas encore gagné. la Motion-Twin va arrêter Galaxy 55 pour un temps fini non déterminé.

doom fingernail

Quand on retrouve un peu partout des références à un truc, ce truc devient de la culture.

Page 66 : mes adieux personnels au lectorat de 42

Dans la vie d’une personne célèbre du show-bizz et de la taylay, il y a toujours un moment où elle révèle tout de son si trépidant parcours. Elle en sort un livre, un sketch ou un spectacle, et ça lui rapporte mass pognon. C’est ce que je fais dans cette article de 42 : je raconte mes secrets les plus intimes, et je n’ai plus rien à cacher, et c’est beau. Nan je déconne. Même si je n’avais vraiment rien à cacher, je ferais semblant d’en avoir à, juste pour me rendre intéressant.

En revanche, ce que je ne vous cache pas, c’est que cet arrêt de 42 me fait me sentir un peu plus « libre ». La contrainte d’une production régulière ayant disparue, je vais pouvoir me lancer dans des projets de plus grande envergure. Aboutiront-ils ou pas ? Je l’ignore. Seul le futur le sait (et encore, c’est uniquement parce qu’il a regardé dans une boule de cristal pour voir son propre futur, le futur).

Vous trouverez quelques détails supplémentaires concernant mes raisons d’arrêter 42, et les ouvertures dont auxquelles ça décombe, dans un post du forum (http:// www. nioutaik.fr/daultimatewebzine/viewtopic.php?pid=170485#p170485).

Page 73 : roman-photo Anonymous

La classe, comme d’habitude. J’avais envie de me foutre de la gueule des Anonymous, car peu de gens le font. Ceux qui les soutiennent les encensent. Ceux qui les détestent les insultent copieusement, mais ne se foutent pas de leur gueule. Comme si c’était un sujet trop sérieux pour être moqué.

Je me permet de vous rappeler que si on en a envie, tous ce qui est sérieux peut ne plus l’être. Il ne faut pas abuser de ce pouvoir de non-sérieusisation, mais il faut savoir qu’on peut l’appliquer à absolument tout.

« On peut rire de tout, mais on ne peut pas rire tout le temps, sinon ça devient lourdingue ».

L’autre chose que je voulais messagifier dans ce roman-photo, c’est que les échanges entre humains passent aussi par le visage, les expressions, les sourires, les faisages de tronche, etc. Et les conventions sociales, quelles qu’elles soyent, préconisant de se cacher le visage handicapent ces échanges. Il peut y avoir de bonnes raisons de cacher son visage, mais il ne faut pas oublier qu’après, c’est plus difficile de communiquer. C’est tout.

En route pour de nouvelles aventures ?

Je m’en vais vous faire découvrir un extrait de ma liste de trucs à faire. Au passage, comme l’a souligné le professeur Ploum (éminent librologue), les listes de choses à faire ne sont pas des listes, mais des arborescences.

MMmmmhhh… Non. Attendez, ce ne sont pas des arborescences. Ce sont des espèces de graphes de dépendance, avec des petites boîboîtes connectées entre elles un peu n’importe comment, mais pas complètement n’importe comment parce qu’on n’a pas le droit de faire de boucle. Enfin c’est ce que j’ai cru comprendre de son article (http:// ploum.net/post/changing-the-world-one-task-at-a-time).

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Décompostition arborescente de la tâche « faire la vaisselle »

Voici une partie de ce que j’ai prévu pour les mois/années à venir :

  • Remettre de l’ordre dans le souk que constitue ce blog. Dans la mesure du possible, j’aimerais bien avoir un seul article dans la partie « Trucs Uber Importants » située à droite. Celui-ci aurait pour sujet principal : MOI, et recenserait toutes mes « grosses créations » faites depuis le début de ma vie de glandeur de l’internet. Ça veut dire qu’il va peut-être s’écouler un certain temps avant qu’un nouvel article apparaisse à nouveau sur ce blog. Mais restez dans le coin quand même.
  • Continuer de remettre de l’ordre dans le souk que constitue ce blog, en complétant certains commentaires de listage de source d’images, et en remettant comme il faut les liens à pub, que super-Wordpress m’a un peu fichu en l’air. À ce sujet, se référer à la fin du précédent article, où je m’exprime avec colère, car la colère de quelqu’un qui utilise un service gratuit est toujours totalement justifiée et devrait être écoutée, voyez-vous.
  • Continuer de participer au blog pythonien tenu par Sam&Max (http:// sametmax.com/).
  • Condenser des conneries sur moins de 140 caractères et les raconter dans mon twittère-poil-au-derrière.
  • Créer un wiki regroupant les subtilités et les détails des BD d’Andreas, mon auteur préféré.
  • D’autres grands projets cachés.
  • Et surtout : me reposer, glander, ne rien faire, jouer à des jeux vidéos en toute inculpabilité, me la couler douce, farnientiser dans la farine, etc.
  • Je sais pas, et ça me fait bien plaisir de pas savoir !

Comme dirait un héros d’un livre de Houellebecq : « Il était manifestement arrivé à une fin de cycle ».

black BBW dans une voiture

Monte dans ma voiture, et en-routons-nous vers de nouvelles aventures, disais-je donc.

Pas au revoir, et pas-merci pour le pas-poisson.

Champagne et herbe à chat pour tout le monde !

herb cat

Pour ceux qui auraient manqué les derniers épisodes, et ceux hallucinogénés plus que de raison par les vapeurs d’herbe à chat, sachez que j’ai récemment changé de boulot. Ça se passe macroscopiquement bien. Je détaillerais le nouveau boulot une autre fois.

Le but de cette article est de régler les dernières couillardises que j’ai eu avec l’imbrication d’anciennes boîtes pour qui je bossais auparavant. Car il y en a eu, des couillardises.

J’ai besoin de les cracher ici. Même si macroscopiquement ça ne vous intéresse pas. Je veux en finir définitivement avec ces clowns de chiasse, qui ont exploité mon cerveau en esclavage pendant plusieurs années.

Les soirées-embauche, c’est de la bonne comm’

Au début de cette amusante histoire, je bossais en tant qu’ouvrier-codeur prestataire pour Merluchon Corp, dans un lieu géographique qui me convenait assez bien (appelons-le « Hyodelahoutîï »), avec une ambiance de travail plutôt correcte. Lorsque soudain, j’appris que mon contrat allait se terminer. Je n’avais plus qu’à rentrer dans ma boîte-mère (Brouillis Consulting). Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, parce que bon, on est humain quand même. Non, ça c’est fait d’un vendredi au vendredi suivant.

La façon dont ça m’a été annoncée a été très drôle. Je téléphone à Germaine-Germaine, ma cheffe, afin de lui demander, comme d’habitude, son accord pour les prochains jours de congés que je compte prendre. Elle m’informe alors d’une voix gênée : « En fait, on ne te reprends pas. Mais c’est pas de ma faute, moi j’ai toujours fait attention à ce que tu ais du travail. Je peux pas me passer de toi. Oh oui oh oui. » OK, merci, au revoir.

You are fired

J’étais bien dégoûté. Mais ça ne m’a pas empêché de faire un pot de départ où j’ai fini complètement saoul, à faire des démonstrations de ventre-crawlé sur table. Ensuite HamsterPiercing m’a appelé pour me parler de ma situation (il était évidemment complètement à l’arrache, c’était le tout dernier après-midi de mon contrat). Je ne me souviens absolument pas de ce que je lui ai raconté tellement j’étais gewürtz. Mais à priori j’avais un air normal vu depuis le téléphone. Ensuite, Baguedelamor m’a ramené en bagnole. Je suis pas forcément fier de tout ça, mais c’est mon histoire, elle est là, avec moi.

bouteilles bottles

Professionnellement, ça sentait donc le moisi. Je me suis dit que c’était le bon moment pour tenter de se faire embaucher par Merluchon Corp, et ainsi supprimer un intermédiaire de sous-traitance. Or, pile-poilement, Merlu s’était prévue une soirée-recrutement, avec l’objectif ferme et sérieux de recevoir plusieurs centaines de personnes! Je m’y inscrivais dare-dare, officiellement s’il vous plait, via le site échafaudé exprès pour. Je revampais mon CV en fonction du dernier millésime en date, et partais à ce corpo-événement le cœur plein d’espoir et la bite gorgée de confiance dans le futur.

La soirée se passait dans les locaux de Deus Unlimited, gracieusement prêté à Merluchon pour l’occasion. Les chouettes produits fabriqués par Deus y étaient achalandés en exposition. Pour les entretiens, nous étions primesautièrement assis dans des tondeuses à gazon haut-de-gamme à 2 places.

Je suis en terrain connu, puisque je retrouve Jupette, Popov et d’autres gens. Mon entretien doit se dérouler sous l’égide de Monsieur RoueDeVelo, qui me connaît déjà un peu. Je déblatère mon blabla pré-mâché de circonstance. Selon lui, mon enrôlement ne devrait pas poser de soucis, ils me connaissent et savent comment je bosse. À la fin, je pose la question habituelle : « yo, pour la suite, on fait comment? »

− On te contacte sous 10 jours, me répond-il doctement. Comme tu le vois, nous sommes dans une démarche active. Ouais on a vraiment besoin de pleins de petits cerveaux bien turgescents.

Ah, détail important : la nana qui nous plaçait sur les tondeuses avait des gros nichons.

big tits yeah !

Ensuite, il y a eu cocktail-bouffe-empiffratoire, pour faire causer entre eux les recruteurs et les candidats « dans une ambiance conviviale ». Les recruteurs étaient tous en petits groupes fermés, à discuter et se palucher entre eux. Les candidats étaient de toutes façons déjà partis. Personnellement, j’ai appliqué mes techniques habituelles de crevard, et me suis fait mon repas gratoche, avec alcool. Puis je suis parti, raisonnablement sobre.

10 jours et plus après, personne ne m’avait encore rappelé. J’ai recontacté RoueDeVelo et Popov. Ils m’ont dit qu’ils avaient tout transmis au « département RH ». Et ça a été tout. Ensuite, rien. Qu’on ne veuille pas de moi, pour une raison ou pour pas de raison, je veux bien l’accepter. Mais qu’on ne me réponde rien alors qu’on a dit qu’on me répondrait, et que je me suis fait chier à venir à leur soirée à la con, c’est de l’impolitesse avérée. Bref : Merluchon = pauvres crétins sans savoir-vivre.

La rumeur court que cette soirée-recrutement stupide n’était qu’une manoeuvre de « comm' » pour faire croire au monde et aux actionnaires que Merlu embauche taquet tellement elle se porte bien.

Bosser comme un dingue, ça ne sert à rien

Après un petit passage d’inter-contrat de glande, on m’a retrouvé une autre mission, toujours chez Merluchon. J’ai pu négocier ma relocalisation dans le joyeux village de Hyodelahoutîî. J’étais content. De retour en héros auprès de mes anciens collègues du village, mon travail consistait à faire le contremaître-codeur auprès de deux serfs indiens. J’en ai parlé dans cet article.

L’informatique indienne, c’est comme ça.

Comme je voulais pérenniser cette situation, j’ai bossé comme un dingue, à faire des heures sup’ pour de vrai, sans glander. C’était chiant, mais je voyais que mon travail était apprécié. Au passage, j’élaborais un algorithme super-optimisé de fusion de segment à une dimension. Cela fera l’objet d’un article ultérieur.

Edit 2013-10-05 : l’article est fait. Je l’ai donné comme contribution au blog de Sam&Max (http ://sametmax.com/union-dun-ensemble-dintervalles/).

Et là, mes superconnards de chef n’ont rien trouvé de mieux que de m’arracher à ce projet d’indiens, et de me balarguer vers autre chose de totalement différent, pour le compte de la société FrakassMass, située en plein péquenopôle de la banlieue de Zogzogunterkirche, à 2h30 de trajet de chez moi. Je vous ai déjà parlé des transports de la région ? Oui je crois.

J’avais donc fait des heures sup’ pour rien, puisque mon pérennisage de situation venait d’échouer lamentablement, alors que y’avait moyen de pas. Fort heureusement, je m’étais trouvé un plan de secours.

Dans un moment de désespérance totale, et sur les conseils de ma supermeilleure amie, j’étais allé traîner mes guêtres sur le site de l’A.N.P.E. Il est moche, mal foutu, inutilisable, et le cookie d’identification expire au bout de 5 minutes. Après quelques défrichages dans leur broussailleuse base de données, j’y dénichais une offre d’emploi d’artisan-codeur, dans une société de logiciels de karmagraphie.

les cookies pourris du site de l'ANPE

Cookie pourri du site de l’ANPE.

Hop paf, contact, CV, entretien, sobriété, tout ça. Et voilà-t-y pas que je posais joyeusement ma démission chez les autres crétins, et m’apprêtais à partir en courant et en laissant tout s’écrouler derrière moi.

Mais, mes chefs super intelligents m’ont dit que j’allais quand même amorcer la mission chez FrakassMass, pendant mon préavis de démission. Assez prévisiblement, je leur ai balancé : « vous savez que ça m’intéresse pas, votre truc, et que je serais, de toutes façons, pas motivé ? ». Ce à quoi ils ont rétorqué : « Bleu ! Bleu ! La lumière bleue du fond de l’âme ! », et je n’ai pas eu gain de cause. Détail amusant : cette mission était proposée, une fois de plus, par l’entremise de Merluchon. Donc : Brouillis Consulting = Merluchon = Gros Boulets qui envoient des démissionnaires sur des nouveaux projets à remporter.

Démission = mission. Tiens, c’est rigolo ça.

the mission film

Une mission pour les gastronomes en culotte courte !

Glander, ça ne porte pas à conséquence

Je suis donc allé pointer chez FrakassMass, pendant 2 mois, avec 5 heures de trajet par jour, à faire le clown d’ouvrier-concepteur, pour un projet auquel je n’ai rien compris.

L’environnement bucoliquo-technique était assez particulier. Déjà il y avait un patio-jungle dans le bâtiment. Ensuite, on ne m’a pas laissé coder une seule ligne. Car « faut faire la conception avant de coder, sinon c’est n’importe quoi ». Je ne suis pas d’accord avec ce précepte, qui date d’au moins 10 ans.

Lorsqu’on débarque dans un nouveau contexte, bidouiller du code est le moyen le plus simple et le plus sûr (car égal à la réalité) de comprendre le bordel dans lequel on baigne. Le code produit durant cette période n’est pas forcément réutilisable, mais il permet justement d’élaborer une conception sur des bases réelles. Mon ami SuperGeek m’a dit que ça s’appelait des « architectural drill ». Fort bien.

Merluchon était tenu, par contrat, d’apporter un bonhomme et un ordinateur. Ils ont mis 10 jours pour déplacer mon ancienne machine de Hyodelahoutîï vers le péquenopôle. Pendant ce temps, j’ai dû apporter mon geekordinateur personnel.

Bref : conception sans code (donc aucun moyen concret, pour un chef, de valider mon travail), préavis de départ, ordi personnel, patio-jungle. Vous vous doutez bien que dans une telle situation, j’ai glandé comme un gros porc bien gras.

Moi en train de glander.

Cependant, on a tenté de me museler, puisque je n’avais aucun accès à internet. Argh ! Comment faire ? Ais-je été obligé de TRAVAILLER, par dépit et par manque d’occupation autre ? Que nenni ! Mon cerveau est suffisamment foisonnant pour que je sois capable de m’auto-alimenter en glandouille.

Voici donc mon « rapport d’activité » de ces 2 mois :

  • Jouer à se lancer une balle en mousse avec mes collègues geek sous-traitants.
  • Dormir dans les toilettes. Au moins 20 minutes par jour, j’en avais vraiment besoin.
  • Écrire des articles pour 42.
  • Écrire les résumés de mariage de mes amis personnels.
  • Avancer un petit peu dans la programmation de Kawax, mon prochain jeu.
  • Faire de la conception (eh oui !) pour Gmarble, mon prochain-prochain jeu.
  • Jouer au Solitaire, à Spider et à Freecell. Imaginer une modélisation générique de tous ces jeux de cartes.
  • Coder en python une résolution alzheimerienne des tours de Hanoï. Je vous la présenterais ici ulté-ultérieurement.

Mais je n’ai pas joué au golf, contrairement à d’autres.

Cest fini !

J’avais refait mon pot de départ à Hyodelahoutîï (en finissant sobre, eh oui, on ne peut pas gagner à tout les coups). J’ai ensuite fait un mini-pot avec muscat et croissant chez FrakassMass. Je n’ai pas fait de pot chez Merluchon, car les gens que je voulais revoir, en particulier Germaine-Germaine et Prof, étaient en vacances. Je n’ai pas fait de pot chez Brouillis Consulting, car je n’y connaissais que 2 personnes, bien que c’était ma vraie boîte.

J’ai rendu mon babadge de Merluchon, mon babadge de la machine à café de Merluchon, et mon babadge provisoire de Deus Unlimited, qui était de toutes façons périmé depuis 1 an, « autant qu’une barquette de foie de veau oubliée entre deux T-shirts ».

Au passage, j’ai croisé Jupette, à qui j’ai demandé pourquoi j’avais pas eu de réponse à ma candidature de leur soirée-recrutement-mes-couilles. Elle m’a récité : « On embauche pas les sous-traitants. Car si on pique les ouvriers des boîtes de sous-traitance, elles voudront plus jamais travailler avec nous ». C’est faux, d’autres ont été embauchés. Et de toutes façons, c’est pas ce que je voulais savoir. Je voulais juste savoir pourquoi je n’avais pas du tout eu de réponse. Qu’elle soit positive ou négative est un autre problème.

Et ensuite, je suis parti comme un prince.

Je leur ai laissé en pièce jointe mon algorithme commenté des tours de Hanoï. Je crois qu’ils n’ont pas compris pourquoi j’ai fait ça. C’était une façon un peu alambiquée de leur dire : « Je suis un artisan-codeur hors normes. Vous n’avez même pas profité à fond de mon cerveau pendant tout ce temps. Maintenant que vous ne voulez plus de moi, voyez le potentiel que vous perdez ». C’est très prétentieux évidemment. Mais, hey ! C’est moi !

Nan, en fait c’est pas fini !

On m’a craché des petites crassounnettes jusqu’au bout, histoire de bien me faire me sentir coupable, du fait que j’étais un vilain garnement de démissionner comme ça.

Je n’ai pu récupérer mon chèque de solde de tout compte qu’après avoir quitté la boîte. Car « il était pas prêt, et vous comprenez, ça prend du temps de calculer tout ça ». J’ai donc dû me retaper un trajet de 80 kilomètres aller-retour, juste pour récupérer mon putain de pognon !

Where is my fucking money ?

Quelques jours plus tard, je recevais un courrier de Brouillis Consulting, me demandant de remplir et renvoyer par la poste une paperasserie quelconque. Super ! Vous pouviez pas vous occuper de ça quand je suis repassé chez vous pour récupérer mon putain de pognon ? Bien joué, connards !

Je les ai appelés et leur ai dis : « c’est quoi la prochaine étape ? Vous allez me demander de voter en appelant un numéro de téléphone surtaxé ? ». La conne au bout du fil a rigolé, parce qu’elle avait rien d’autre à faire de sa putain de journée de merde de conne inutile.

le telephone rouge s'amuse 3467180gkpzf_2084

Moi en train d’appeler un numéro surtaxé.

J’avais presque vu juste, avec mon histoire de téléphone, puisqu’ils m’ont recontacté, pour me demander combien de jours j’avais travaillé pour eux dans le mois d’août. Il y avait un désaccord d’une demi-journée entre Merlu et Brouillis. Ça m’a beaucoup fait rire.

Bref : Merluchon = Brouillis Consulting = gros bouffons qui savent pas compter. Ce qui m’amène à me poser des questions sur le calcul exact de mon solde de tout compte. Sauf que moi non plus je sais pas le compter, ce foutu bidule.

Et maintenant place à l’amour !

Love Beach Sunset by danicafaye 721652

Je suis content d’avoir vomi tout cela. Je suppose que ça en fait un article beaucoup trop long pour être lu. Ce n’est pas grave, je l’ai surtout écrit pour moi-même.

Maintenant que ma haine s’est entièrement écoulée par le trou de ma bite, je peux vous lister les moments heureux que je retiendrais de ces années, en particulier lorsque j’étais entouré de mes collègues du village de Hyodelahoutîï :

  • Jouer au palet breton entre midi et deux.
  • Alimenter des discussions philosophiques concernant les gobelets de la machine à café (kawaaaaaax !).
  • Se retrouver dans un resto à 8 heure du mat’, à manger de la choucroute pour soutenir l’équipe locale de beach volley (bitch volet ?).
  • Jouer au jeu des anagrammes/substitutions de lettres sur le tableau Velleda. Je suis putain de fier de mon SALOPE -> OPALES.
  • Discuter Allocation Universelle avec un fervent défenseur de la 6ème république chauve (le défenseur, pas la république).
  • Augmenter mon score et mes badges sur Kongregate, avec force jeux vidéos à la con.
  • Se foutre de la gueule de Baguedelamor parce qu’il met des POINTS-VIRGULES dans ces phrases. Plus personne ne fait ça !
  • Finir les fonds de bouteille avec mon ami TchôTchô.
  • Montrer mon jeu vidéo, tout en discutant au téléphone avec Germaine-Germaine, et que même qu’elle s’est doutée de rien.
  • Râler contre Duboulet, qui code en python comme on encule une poule avec un couteau en cassant des oeufs. int(« 0x1234 », 16). Bien, mon crétin. for val in [ for i in range(a, b) ]. Bien, crétin².
  • Truander les chiffrages et les « rapports d’activités », pour essayer de grapiller des minutes autorisées de glandage. J’estime n’en avoir pas volées tant que ça. J’ai été trop gentil.
  • Faire un schéma de science-physique pour expliquer comment je me suis fait une cicatrice à la lèvre en jouant (bourré) sur une bascule d’une aire de jeu pour enfants.
  • Créer des niveaux de Drod avec quelques petits scripts bien sympas. J’ai un projet en attente à ce sujet, mais je doute qu’il voye le jour un jour.
  • Écrire, relire, corriger et commenter des articles de blogs.
  • Chanter « Hisse et ho » avec le rythme trop vite.
  • Écouter un DJ massacrer des chansons de Johnny. En même temps, Johnny mérite rien de mieux que ça.
  • Voir un type jongler avec n’importe quoi, puis réussir un Rubik’s Cube.
  • Bouffer gratuit pendant une semaine pour finir les restes du repas de Noël.

Do a barrell roll !

Au revoir à tous !

Y’a de tout dans le package d’au-revoirisation qui va suivre. Aussi bien des gens que je n’ai jamais pu blairer, que des personnes que j’ai vraiment appréciées, que des que j’espère revoir à l’occasion, que des qui ne m’intéressent pas plus que ça. C’est en vrac, vous ferez le tri.

Mes collègues. En rouge/noir les méchants. En blanc les gentils.

Donc, au revoir à Wiki-Disney, Vêtements, Cheveux, Karo, SuperGeek musical, SuperGeek vietnamien, Pompière, Underground, Rose, la nana aux énormes seins de l’hippodrome de Munchäusen, Fumigène dardant ses aussi-énormes seins vers l’avant, AntiFumeur, Long-Pif, ChouGras, Blablabla, Grand-Echalas, Gonzesse et ses superbes hanches, Pied-Agile, Rayures (c’est le frère de l’autre, j’avais pas capté au début), le mec avec le portrait de Zorro, Skrüü De Flüü, Candido, Jupette, Braillou, Prof, Popov, Germaine-Germaine, Madame Chouette, Quelqu’un, Jean-Luc et Demi et son groupe de mauvais musiciens, Scramasaxe, HamsterPiercing et ses chemises grises à l’extérieur roses à l’intérieur, Grand-Gris, Fantôme, Nichons la DRHette, Un roux, un mec avec une calvitie, un autre, Sabretooth, la nana qui fait de l’EPB (on sait pas ce que c’est et osef), Castoropoil, les 4 andouilles en T-shirt qui se sont pas assumés jusqu’au bout, mister Mystère, un vieux rocker, Greumzy, DuMoisi, Duboulet, Lord Grillet, l’hôtesse d’accueil à qui « on ne va tout de même pas apprendre son métier », Lord Grandzboube, Lord Moustache, Lord To-Be-Determined, une nana cinquantenaire en jupe noire et pull tricotée main, Lord Unknown, Vashkiri et Bahraputt (mes indiens chéris), TchôTchô, Baguedelamort (mon chauffeur officiel quand je suis bourré à un pot de départ), Supersyndicaliste, Minisyndicaliste, VroumLaMoto, Gros, le type tout au fond de l’open space que j’ai jamais su son nom et qu’était toujours tout seul, Loup-Garou (il avait 2 tons de voix) et Frigo-la-cascade.

Je voudrais juste  faire un petit retour sur AntiFumeur. C’était le DRH qui m’avait fait passer les entretiens d’embauche initiaux. Il m’avait dit que j’allais faire du J2EE, et que ça pourrait être pas mal que je m’auto-forme un chouïa à ce fatras spécifique. Eh bien je n’ai jamais fait de J2EE tout le temps que j’ai été chez eux. Donc Brouillis Consulting = Merluchon = Implacables incapables, même si je l’ai déjà dit.

emploi consultant J2EE

J2EE’vrais pit-être arrêter de dire di counneries.

Maintenant, tout va mieux. Je travaille sur des projets de karmagraphie, et j’ai déjà un événement über-corporate de planifié pour mi-décembre, que je vous narrerais (ou pas) avec joie et concupiscence.

Rubrique à Brac 4

La gloire!! LA GLOIRE!!!

Salut à toi, masse d’humains inconnus et médiocres. J’ai le plaisir de t’annoncer que je te suis superior. Je viens d’unlocker un epic achievement.

rocky balboa gg

Vous connaissez le magazine 42 ? (http:// 42lemag.fr/) C’est LA référence culturelle monolithique de tout être vivant ou mort-vivant qui se respecte.

magasine 42 numero 7

Eh bien je suis publié dedans!! Il y a quelques mois, je leur avais envoyé quelques poèmes de mon cru. Les jolys gens de la rédaction, avec leur oeil critique finement ciselé, ont immédiatement détecté la fibre filandreuse qui y ressortait en filigrane, et ont gravé mes écrits sur leurs rotatives. Venez-y voir pour le croire (http:// 42lemag.fr/archive_n7.php).

C’est téléchargeable et  consultable sous tous les formats que vous voulez, et je vous laisse me trouver dedans.

À titre d’avant-goût exemplatoire, voici l’un des petits haïkus dont je leur ai fait don. Celui-ci traduit en quelques phrases toute la subtilité et la psychologie de la theory du dickwad.

Un type normal,

anonymat, Audience…

Petapourrissage !!!

Il y en a plein d’autres. Des qui riment, des qui riment pas, des rimes riches, des chansons…

Hahaha, maintenant je suis célèbre! À moi l’argent, les femmes, l’alcool, les soirées orgie, les vêtements en peaux de ragondins et les gens qui crient YEEEEAAAHH quand ils me croisent!!! Stupre pour tout le monde!!!

argent fete femmes dawn perignon

argent fete femmes taylor steven

Si j’arrive à me secouer le derche, je tenterai de réitérer l’exploit, pour le prochain numéro. À priori, ce ne sera pas sous forme de poème. Je verrai bien. Et rien ne m’assure que les jolys gens de la rédaction daigneront sacrer de nouveau le produit de mon cerveau. Nous verrons bien.

Pendant que j’y suis, rien que pour vous, monde entier, je vous dévoile les différents grands projets sur lesquels je travaille en ce moment:

  • Un nouvel épisode de Pru-Pra-Prok, en flash.
  • Un espèce de programme en Java pour jouer plus facilement à Xiang-Xiang (un jeu web rigolo)
  • Un niveau pour le jeu DROD (dont j’ai déjà parlé ici). Je le ferai le plus bizarre possible
  • Un jeu de type « Match-3 », en python, qui sera super-vachement-configurable à fond. (Mais super moche).
  • Plein d’articles de blogs.

Bien évidemment, il n’y a pas de délai pour toutes ces fabuleuses oeuvres artistiques. Sachez quand même que tout cela reste assez vapor-projesque. Par exemple, pour le nouveau Pru-Pra-Prok, je bosse dessus depuis un an, et j’ai fait une scène et demi. Si vous voulez que j’aille plus vite, donnez-moi votre argent.

Tout ça pour dire que ça fait quand même bien du bien à l’égo tout ça.

Soirée boîtale maximaliste

L’évènement a eu lieu fin 2008. Mais je n’ai pas pu faire le résumé avant, parce que j’ai passé du temps à dormir.

Le lieu d’orgie est dans un trou encore plus paumé que d’habitude. Ça se passe à Tuningheim, en frontière de la Rhénanie du sud-sud-ouest. C’est Monsieur Vêtement qui m’emmène dans sa tuture, accompagné de son minicollègue portatif: Wiki-Disney, l’homme qui peut faire l’historique de chaque attraction de chaque disneyland de l’Amériquie. Ah, la culture est partout.

[Oh Bambi, comme c’est triste, tu viens de te faire spoiler ton complexe d’Oedipe par un evil hunter lvl 99. À la mémoire de ton innocence perdue, nous construirons une aire de jeu en coussin-plastique à ton effigie.]

bambi_kaput

Décembre. La nuit est tombée sur le temps qui se couvre. Perdu au milieu d’une forêt sombre, éclitiquement accroché aux abords d’un lac marécageux et embrouillé, un bar-boîte-restaurant-motel de série B lance dans le vide ses appels lumineux périodiques. Monsieur Vêtement parque son auto sur un parking boueux. L’endroit est désert. On s’extirpe de la portière et le froid humide transperce nos habits. Je prends mes rollers, ils constituent mon plan de dernier recours lorsqu’il me faudra rentrer chez moi. Vêtement ne compte pas s’éterniser longtemps à cette soirée, pour cause de forte dépendance aux jeux vidéos.

Nous carillonnons à la grille, et l’écho se perd dans le lointain. Trop tôt encore. Alors nous décidons de faire le tour de ce lac fangeux. La terre grasse se colle à nos chaussures. Pas un souffle de vent. Pas un animal. Les arbres nous scrutent avec un amusement sadique non feint. Le petit air que je sifflote en claquant des dents ne parvient pas à détendre l’atmosphère.

foret_hantee

Le temps s’écoule. Nous demi-tourons et revenons au bar-boîte. La porte est maintenant ouverte, des gens sont là. L’intérieur ne fait pas vraiment motel de série B, mais plutôt entrepôt désaffecté pour meeting gothiques. Des bâches en plastique transparent remplacent quelques murs, un chauffe-clochards est installé pas loin.

chauffe_clochard

clochard

Pour cette soirée, foin de chevaux ni de paris à la con. Il s’agit simplement de présenter les joly résultats de 2008 de Merluchon Corp. Et, contrairement aux apéros de taffioles de chez Berniques S.A., on aura bientôt droit à des kilolitres d’alcool bon marché. Pas tout de suite, car là c’est le moment de malaise social. On cherche à faire la conversation à n’importe qui n’importe comment, pourvu qu’on donne pas l’air de se faire chier tout seul dans son coin. C’est pas toujours pratique que les gros nichons et les jeux vidéos ne fassent pas partie des sujets classiques de l’homme du monde moderne. Chacun essaye deux trois petites choses:

– Un type dit: « Ouais, je fais du sekh. C’est pour ça que je suis pas mouillé ». Alors la blague, elle est déjà pas drôle quand on connaît le contexte, mais là en plus il va falloir l’expliquer. Le « sekh », c’est une partie des logiciels qu’on fabrique. C’est le truc qui commande la vitesse de rotation des pales de la tondeuse en fonction de la solidité de l’herbe. Le nom vient d’une divinité égyptienne à la con, (le Dieu des coordonnées polaires, ou un truc comme ça). Pas de blague avec le mot sexe. Pourtant, « sekh ». Enfin bref.

– Je dis: « Il nous faudrait de l’alcool » en croyant être entouré d’ami. Et en fait y’avait qu’un seul mec à côté de moi, que je connais pas. Il s’est empressé d’absolument pas réagir du tout.

– Bablabla débarque et dit: « alors la garçonnasse, ça va? » Ce qui est l’une des choses les plus bizarres que j’ai entendues de ma vie. (Avec l’indétrônable « Si ça te gratte, faut pas te gratter »).

Sur ce, la réunion-ventilage commence. Braillou se met sur une estrade, on fait un gigantesque cercle carré devant le rétro-projecteur, qui d’ailleurs n’est pas spécifiquement rétro, mais osef, c’est pas le premier truc de l’univers que je pige pas. Et Madame Chouette (la chef de bonshommes) se met toute seule au milieu pour piloter le défilement des z’images, d’une souris de maître(sse).

Comme il faut être rigolo, le power-point de présentation comporte des p’tits dessins, des tondeuses à gazon, et même quelques gifs animés. Pour ceux qui ne connaîtraient l’humanité que depuis peu de temps, il faut savoir que le media « power-point » est l’un des vecteurs les plus importants de la culture de notre espèce. l’UNESCO doit d’ailleurs les regrouper dans une bibliothèque numérique de 800 m de hauteur, implantée au pôle Nord. Mais je m’égare, je m’égare.

Tout continue de bien aller à Merluchon Corp. (Rappelez-vous, nous n’étions que fin 2008, c’était la lointaine et heureuse époque où « la crise » n’était pas encore à la mode). À part ça, tout le chiffre d’affaire se fait sur Deus Unlimited. Braillou fait péter la blagounette habituelle au moment de la page des nouveaux embauchés: « Tout ceux dont les noms apparaissent ont normalement préparé un numéro de claquettes ou de jonglage, et doivent monter sur l’estrade. » (personne ne rigole). « J’espère qu’on n’a oublié personne. Honnêtement c’est possible. » (Personne ne rigole non plus, dommage, parce que c’était pas drôle).

Le blabla continue, j’entends mon téléphone sonner. Panique totale. Je le sors fébrilement de ma poche pour l’éteindre, tout en bredouillant quelques excuses. Ce n’est pas moi qui sonne, mais un connard proche de moi, ayant le même téléphone. Sauf que comme j’ai bougé dans tous les sens, les gens vont croire que c’est de MA faute! Et par-dessus le market, j’ai même pas pu repérer le connard-ninja. Je me calme et répète discrètement à la cantonade que c’est pas de ma faute. Merde! Y’a pas de raison que je porte le chapeau! Ça m’énerve ces conneries. Y’a qu’à moi qu’il arrive des trucs aussi débiles.

Le discours court se finit. Un groupe de musique vient remplacer notre cher chef de comté. Ils essaient d’être comique-troupier en commençant par un enregistrement de fausse annonce de gare SNCF panachée de « ceci n’est pas un exercice » et saupoudrée de bruits de tondeuse à gazon. Un moment total de non-humour. Mais quand on assume, on peut faire n’importe quoi.

Le vin commence à couler à gros bouillons. Mais comme le corps met toujours un petit laps de temps avant de mettre en application l’alcool qu’on lui met dedans, la gêne sociale n’est pas totalement terminée. Heureusement, il y a de la lumière noire:

Moi: Oh, regarde la serviette, elle est toute lumineuse! Il doit y avoir de la radioactivité.
Quelqu’un: Ho ho ho. C’est une marque qui vient de Tchernobyl.

On remarquera la réponse totalement master-of-the-obvious du Quelqu’un. Ça sert à rien de blaguer sur le fait que ça vient de Tchernobyl si j’ai déjà parlé de radioactivité! Mais bon, quand on est pas assez saoul, ben on est pas assez saoul. Que voulez-vous?

La musique démarre, puis se termine, à je sais plus trop quels moments. Je croise SuperGeek, qui me dit que le groupe était assez mauvais. Comme c’est un geek musical, je sais pas trop si il le pense vraiment, ou si il dit ça juste pour la contenance sociale.

Je commence à avoir plein de trucs rigolos dans ma tête. Je me réfugie aux toilettes pour les noter. Entrepôt de gothique oblige, l’ambiance est sombre due aux lumières cassées, et il faut rappuyer sur le bouton-minuterie toutes les 30 secondes. C’est pas un lieu pour avoir la chiasse. Pendant que je consigne mes conneries sur des bouts de papier (feuille-grand-format-petits-carreaux comme on disait à l’école), je réalise que je suis atteint du syndrome du photographe compulsif, mais en version « mode texte ».

Edutainment:
Le syndrome du photographe compulsif existe depuis Monsieur Daguerréotype, mais s’est véritablement répandu avec l’apparition des appareils-photos-caméscope numériques. Il s’agit d’une gêne psychologique vous obligeant à vouloir capturer le plus d’images possible d’un évènement donné, ce qui a pour résultat de vous maintenir en dehors de cet évènement. Il existe, dans chaque famille, au moins une personne atteinte de ce désagrément.

On relèvera également une version « lourde » du syndrome, dans lequel le sujet force son entourage à adopter des poses stupides et des sourires niais durant le rituel de prise d’image, allant jusqu’à s’énerver contre eux s’ils n’obtempèrent pas. (Ce qui supprime totalement les éventuels lambeaux de naturellité qui auraient pu subsister dans les sourires, hu hu hu, paradoxe).

Bon, eh ben moi, j’ai le même syndrome. Sauf que si je m’externalise d’un évènement, ce n’est pas pour prendre des photos, mais pour écrire des absurdités en vue d’articles.

Et là, ça fait déjà un bon paquet d’absurdités.

Je reviens dans les gens. Y’a SuperGeek qui patrouille dans le coin. Mais je peux plus aller discuter avec lui, car je l’ai déjà utilisé. De toutes façons le vide social s’est définitivement estompé, vu que des pelletées de victuailles ont été épandues sur les tables. Je me coule dans la foule, glisse entre quelques épaules, m’arrime à un coin de nappe et commence à bâfrer. Je ne sais pas trop ce que j’ingurgite parce qu’il fait super sombre avec leur ambiance à la con, mais c’est pas vraiment un problème.

Karo la top-model mexicaine vient à passer. Je lui dis bonjour et elle me répond pas. Aujourd’hui, elle est sobrement habillée d’un machin noir, pas de carreaux à l’horizon. (Tiens, qu’est-ce que ça pourrait bien donner un carreau à l’horizon: un rectangle? une droite? hmmm… Faudra que j’étudie la question).

perspective_carreau

Monsieur Vêtement n’est toujours pas parti. Fort bien. Il peut encore me ramener. Les pellicules sur ses vêtements font un mouchetage fluorescent. Enfin je dis ça, mais je viens de regarder mon clavier, c’est un vrai bac à sable. Balam bam tchiiii.

Des gens se prennent en photos, puis regardent les photos, puis rigolent. Finalement, le syndrome du photographe compulsif, c’est parfois générateur de moments de bonheur. Un peu comme dans les pubs de Parfait-Mondie: « provocateur de talents », « initiateur de rêve », etc.

Wikidisney fait une tête bizarre à moitié pas dans le cadre. On se moque de lui. Je sais plus trop pourquoi, mais le sport national du moment, c’est de dire que ce mec est pervers. Personnellement je désapprouve ce genre de quolibets. Si y’a un pervers ici, c’est MOI.

Soudain, voilà que débarque Germaine-Germaine. C’était pas prévu au départ, parce qu’elle pouvait pas faire garder son fils jumeau ou un truc comme ça. Quelques gens sont heureux de sa présence, la plupart des autres s’en foutent parce qu’on est quand même une foule de 200 non-gothiques en train de violer des saladiers de nouilles et des magnums de rouge rouge.

Petite précision: Germaine-Germaine, c’est la Germaine de l’un de mes articles précédents. J’ai décidé de lui mettre un prénom composé, c’est plus rigolo. Elle est cheffe de pièce, et comme on habitebosse dans la même pièce, elle est par là même consécutivement ma cheffe.

Je sais pas comment ça vient, mais je finis par causer de gonzesses avec elle. Je lui dit que Madame Chouette a plus de classe que Jupette. Soudain mon cerveau s’emballe et me fait annoncer, plus ou moins discrètement, que j’aime les nanas bien roulées. Heureusement, tout le monde s’en fout et on part sur autre chose.

Je sais pas trop pourquoi, j’ai pas envie de dire à mes collègues que j’aime bien les femmes rondes. Par contre, ça me dérange pas de le hurler à mes potes, ainsi qu’à la face de l’univers entier. Peut-être que j’assume pas totalement. Si, je crois que si. Mais j’évite de mélanger ma vie privée avec le boulot. Ils ne savent même pas que mon vrai nom c’est Réchèr.

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Pour en revenir à Jupette, ça fait un moment que je l’ai pas croisée en train de rigoler et de lancer des trucs sur les gens. Ah ça manque un peu au panache de la soirée quand même.

Je croise Braillou qui discute avec un mec, et j’attrape une phrase corporate rigolote: « Ouais, si ça peut te permettre de gagner du périmètre tant mieux. » Oui, avec Braillou, c’est tutoyage. On est cool nous.

Il se passe plein de trucs à bouffer. Le groupe de musique vient rejoindre le public, je commence à délirer avec eux. J’apprends que ce sont des vrais employés de Merluchon Corp. Je les félicite pour leur assumage total de leur moment de non-humour total au début du concert.

digression:

Une fois, un prof de théâtre m’a parlé des « acteurs studios »: avant une représentation, ils chient en public devant le public. Et après ça, plus rien de fâcheux ne peut leur arriver. « Héros » n’est pas tout à fait le mot exact, mais c’est le premier qui vient à l’esprit.

digression²:

Ça me fait penser à Choke, un roman de Chuck Palahniuk. Un gamin tombe sur des images d’un vieux bedonnant se faisant mettre des marrons dans l’anus par un singe. Le gamin est fasciné, il se dit que, une fois qu’on a fait un tel acte, la honte n’existe plus. On peut assumer tous les travers possibles, on est invincible. D’où le mot « héros ». Il faut que je relise du Chuck Palahniuk.

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Le joyeux groupe de musique de Merluchon est doté d’un Jean-Luc. Donc évidemment, j’anagrammise le terme. C’est très drôle. Le chef de musique s’appelle Medi et je suis suffisamment saoul pour mettre au moins 30 secondes à m’apercevoir que c’est un anagramme de « Demi ». Y’a un type qui filme. Je leur annonce que c’est aussi l’anagramme de « Idem ». Puis mon cerveau trouve « Dime », mais celui-là je le garde pour moi car la conversation est partie sur un autre sujet. Je sais pas trop lequel c’est, tant pis, j’en discute quand-même.

J’en ai marre d’être ridicule, alors je me barre. Je retombe sur Germaine-Germaine. C’est un peu une catastrophe sociale: je dis une connerie de contenance, je termine par « et voilà », et elle répète « et voilà ». C’est complètement absurde. Et ce qui m’énerve le plus c’est que personne se fout de sa gueule. J’ai connu nombre de petits cons, lors de séjours linguistiques en Angleterre, qui auraient explosé en un rire sardonique pour bien moins que ça.

La catastrophe nucléaire sociale totalement révoltante, c’est quand cette andouille de Germaine-Germaine s’amuse à verser son verre de coca dans le verre de vin blanc de Scramasaxe. Et ça la fait rire.

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Elle m’aurait fait ça à moi, j’aurais dû faire un travail psychologique titanesque pour pas lui retourner une paire de claque DEREK! Et ça m’aurait fait perdre beaucoup de personnalité et de points de santé mentale. C’est pas parce que l’alcool est gratuit qu’il faut le gâcher.

Et pis si elle est amoureuse de Scramasaxe, elle devrait peut-être changer de technique d’approche. Merde, draguer c’est pas compliqué quand on est une gonzesse: suffit de foutre un décolleté, d’avoir l’air bourrée, et c’est dans la poche.

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Devant tant de pathétisme, je préfère, une fois de plus, m’enfuir en titubant. J’échoue sur Pied-Agile. (Il y a quelques mois, il s’était foutu une lame de faux dans les arpions pour gagner des congés maladie.)

foot scythe

A part ça, il a le grade de chef de porte, et la fonction de bouc-émissaire-diplomate. Il effectue les liaisons protocolaires entre Deus Unlimited et Merluchon Corp, et se fait donc détester par les deux bords. C’est grâce à lui si la relation donneur d’ordre <-> sous-traitant fonctionne aussi bien. Au lieu que les gens se foutent sur la gueule d’une boîte à l’autre, ils foutent tous sur sa gueule à lui. Je ne manque pas de participer à cette curée à mon petit niveau, dès que j’en ai l’occasion.

Comme il travaille à fond sa détestitude, il fait automatiquement le beau, et me narre l’historique des soirées de Merluchon Corp. (Parce qu’il a bien évidemment tout vu, tout entendu et tout fait) (y compris des trucs avec des lames de faux). Il me dit que c’était mieux avant, que les gens étaient bien plus torchés, qu’à l’époque on savait s’amuser. Ah bah oui hein.

À côté de ça, Blablabla danse sur la piste, et en profite pour bousculer le verre d’un mec. Je me précipite vers le lieu du crime pour rendre justice et énoncer de manière solennelle et prévisible que c’est mal de gâcher l’alcool comme ça. J’essaye de provoquer une bagarre générale, mais apparemment, tout le monde s’en branle qu’un tel gaspillage puisse être perpétré en toute impunité. Y’a plus de respect. C’était mieux avant.

Je reprends de la bouffe puis je la bouffe. Comme toujours dans ce genre d’évènement, on a son assiette dans une main, son verre dans une autre main, et sa fourchette-couteau dans une autre autre main. Vêtement me regarde faire et se fout de ma gueule. Franchement je vois pas comment il peut se permettre ça, vu le grade social de loser benêt qu’il se traîne depuis la maternelle. Ou alors c’est moi qui suis plus bas que lui dans l’échelle du monde. En attendant, il est toujours pas rentré chez lui, c’est bon à savoir.

Une nana s’approche de moi pendant que je suis encore en train de noter des conneries sur des bouts de papelard. Puis elle s’éloigne.

J’en ai marre et j’ai envie de rentrer. Je cherche Vêtement, il s’est barré avec sa voiture et son Wikidisney. Alors comme prévu dans mon plan de dernier secours, je prends mes rollers et je me barre, sans rien dire à personne. Évidemment, au bout de 500 mètres, je me paume, il fait froid, la petite bourgade de Tuningheim dort tous feux éteints. Je suis obligé de téléphoner à ma chérie pour qu’elle me fasse le GPS avec mappy (de toutes façons elle avait rien d’autre à faire à part dormir). Le trajet dure environ 2h30. Moi au départ j’aurais dit moins.

** debriefing du lendemain **

Je m’écroule sur mon siège de bureau. Les gens autour n’arrêtent pas de parler de la soirée d’hier, comme si ça avait été un évènement mondial unique au monde (et c’est vrai, on n’aura jamais exactement la même soirée durant le reste de nos vies. Ouahou).

Germaine-Germaine me dit que j’étais saoul. Bon ça OK. Et elle ajoute qu’à un moment je lui ai fais peur, parce que je me suis énervé contre ses potes: Wikidisney, Scramasaxe et d’autres. Le moment me revient en mémoire. J’ai oublié le sujet de la discussion, mais je me souviens très bien que je ne m’énervais pas. J’avais simplement joué à monter sur mes grands chevaux de façon théâtrale, pour une raison délibérément idiote. C’est d’ailleurs cette idiotie exagérée qui aurait dû la mettre sur la voie de l’ironie.

J’en avais été fier de cette « performance », même si je m’en souviens qu’à moitié. J’avais réussi à construire une scène très enlevée. Mais que voulez-vous, quand les gens pigent rien au théâtre, ils pigent rien au théâtre.

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Quelques ragots fusent: un mec a dragué une nana et pour ce faire, il a préalablement enlevé sa bagouze de mariage/fiançailles/casage. C’est Germaine-Germaine qui a remarqué ça. Le fait qu’elle l’ait vu fait d’elle, au choix: une fine limière à qui aucun détail n’échappe, une nana qu’a pas quitté des yeux le mec en question, parce qu’elle l’aurait voulu pour elle, ou bien une pauvre fille qui se fait tellement chier dans la vie qu’elle scrute l’humanité entière.

En attendant, heureusement qu’elle est là pour faire péter des ragots aussi funs.

Un autre ragot, plus facile à repérer celui-là: une nana un peu bourrée a dansé partout, avec plein de mecs. Et évidemment y’a maintenant des photos d’elle qui circulent entre collègues. Et ça, moi ça m’énerve.

yiii haaaa VivaLaValerie Viva La Valerie

Si on peut même plus faire n’importe quoi à une soirée boîtale sans se faire espionner ou prendre en photos, où va le monde corporate, foutrerie de caca boudin! Y’a un minimum de respect à avoir envers les « générateurs de ragots », sinon après ils se calment et tout devient morne. morne. morne.

Je suis sûrement mal placé pour dire ça, avec mon blog débile qui raconte n’importe quoi sur des gens qui existent réellement. Seulement voilà, par pudeur et par gentlemanisme, je ne donnerai aucun détail concernant le « mec à la bague » et la « nana bourrée ». Pas de surnom, pas de grade, pas de fonction, pas de description de leur personnalité. Ce sont peut-être des gens dont j’ai déjà parlé, ou pas, dans cet article, ou dans un autre. Vous ne le saurez jamais. Et maintenant, en route vers de nouvelles aventures.

Apéro boîtal minimaliste

Ma vraie boîte, Berniques S.A., a organisé un petit apéritif pour tous les ouvriers-prestataires qui bossent chez Merluchon Corp.

Évidemment, ils ont décidé de faire ça dans un trou paumé, mais Grand-Gris (que je ne connais que par mail) m’a arrangé le coup en m’aiguillonnant vers Gonzesse, qui y va en bagnole et peut m’emmener.

Son bureau est au 3ème étage, j’y monte. Il y a une salle avec un bar. Au début, je pige pas trop pourquoi, lorsque je me rappelle que notre domaine d’activité: le secteur NOIR, signifie Néo-nouveaux Ordinateurs Informatiques Robo-bar. Par contre, on n’en a pas à notre étage à nous et ça c’est trop injuste.

Je capte Gonzesse. Y’a un coefficient d’environ 1,25 entre la largeur de ses hanches et sa taille. C’est franchement bien.

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Vu qu’on se connaît pas du tout, on sociabilise un minimum. Elle est scribe-potiche pour un chef de multi-étage. Ça explique qu’elle ait une pièce pour elle toute seule. Elle-même doit certainement avoir le grade de chef de bureau.

Juste avant de partir, je fais le chevalier paladin lvl 69 en aidant un de ses collègues boulet, qui s’était coincé dans une fonctionnalité de Word moisie. Les gens ont toujours pas compris que Word, c’est juste pour faire des affichettes cradasses avec du texte arc-en-ciel.

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Petit voyage en bagnole et on arrive dans une espèce de restaurant-bar. Les gens spawnent petit à petit. Y’a plein de têtes que j’ai déjà croisées à Merluchon. Je savais pas qu’on était employés dans la même boîte. C’est trop bien de se connaître entre collègues.

Je m’approche de la serveuse et demande ce que y’a. Elle répond un truc complètement absurde, du genre: « Coca, ou perrier, ou cocktail de jus de fruits ». Je suppose que l’alcool, on aura le droit d’en boire après le discours du chef-chef. Je m’oriente vers les trucs à bouffer.

Évidemment y’a une bonne dizaine de crevards qui font les crampons fixes devant la table à boustifaille, et je suis obligé de parler avec eux. Deux gars m’alpaguent, un avec une calvitie, l’autre, roux. Les gens savent vraiment plus quoi faire avec leurs cheveux pour se rendre intéressants. Sainte Hahn, patronne des coiffeuses, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.

J’essaie de me maintenir un niveau de cohérence sociale un peu mieux que juste médiocre. Ce n’est pas évident, j’ai un bon kilo de morve bloquée dans le tuyau entre le pif et la bouche. La solution la plus simple serait de ramasser cette saloperie d’un grand coup de reniflement + raclement de gorge, et de tout cracher par terre en une bonne grosse huître géante. Sauf qu’on ne peut pas faire ça. Alors je passe mon temps à faire des mini-honkr. Putain de corps humain, putain de conventions sociales.

Un quiproquo gratuit, que j’ai réussi à rattraper sans même m’en rendre compte:

un mec: « De toutes façons, si on bosse, c’est principalement pour prendre de la caillasse. C’est ce qu’on se disait ce matin avec mon collègue roux, alors qu’on était en train de pisser. »

Là, je comprends, « prendre la caillasse » dans le sens « se faire engueuler, traîner dans la boue, et lapider par Deus Unlimited, les donneurs d’ordres ».

[Lapidation: It rocks!]

Du coup, je réponds une banale phrase de condoléances: « Eh oui, ce sont des choses qui arrivent. C’est notre lot à tous. Ah! quel monde pourri. »

Le mec: « Ben ouais, faut être réaliste, c’est l’argent qui compte le plus. On va pas non plus bosser que pour l’honneur et la satisfaction d’accomplissement personnel. »

Donc, le mot caillasse, c’était dans le sens « argent », et non pas « lapidation ». La leçon à retenir de tout ça, c’est qu’il vaut mieux balancer des phrases le plus neutres et le plus banales possibles. Ça permet de se tirer de situation bizarre de manière complètement naturelle. Je suis trop fier de moi. Et à part ça, j’adore l’expression « donneur d’ordres ».

Quelques mini-cuisses de poulet plus tard, le chef-chef arrive. Je le reconnais parce qu’il est petit, a une raie sur le côté grisonnante, et qu’il dit bonjour à tout le monde en se présentant avec un prénom composé à la con plein de sonorités dentales. Mais à part ça, c’est la première fois que je le vois, et personne, y compris lui-même, n’est venu me dire que c’est le chef-chef. Je décide de l’appeler Fantôme. De toutes façons toute sa boîte est fantôme. Elle existe uniquement parce que la loi interdit les transferts trop directs d’ouvriers-prestataires d’une boîte à l’autre, à clause de causes de non-concurrence.

Et à part ça, je hais les sonorités dentales, c’est vraiment une affreuse spécificité de la langue française.

Mais l’arrivée de Fantôme a du bon, il va nous faire un petit discours, et après on aura enfin le droit de piacher de l’alcool. Il ferait beau voir que je couvrasse un évènement boîtal en échange de jus d’orange et de mini-cuisses de poulet! Pour l’instant, il discutaille avec Grand-Gris et HamsterPiercing. Je trompe mon impatience en continuant de piller la bouffe (le stock baisse dangereusement) et en essayant de gardé collé à moi mes lambeaux de cohérence sociale.

Moments bizarre:

un mec: « Ils font de l’off-shore, mais ils livrent tout: le logiciel, le support, la maintenance, etc… »
moi: « Ouais, et les indiens aussi! Ils sont livrés avec! »

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Tout le monde a gentiment fait semblant d’avoir rien entendu. J’ai fait un magnifique bide.

une nana: « nous, on fait de l’EPB »
Calvitie, à Roux: « Aaaahh ouaaaiiis. Tu vois, ils font de l’EPB. Hmmm hmmmmmmm……. »

Attends, c’est facile de sortir des phrases pourries comme ça pour se donner une contenance! Moi aussi je pourrais le faire si j’avais un pote roux à portée de main.

Au passage, la fille avait une coiffure de mec. Quand je vous disais que les gens font n’importe quoi.

J’apprends que AntiFumeur, mon ex-responsable, s’est barré de la boîte, et que c’est maintenant Grand-Gris le nouveau contremaître des ouvriers-prestataires. En vrai, j’aurais dû l’apprendre plus tôt puisque j’avais reçu un mail à ce sujet. Mais je l’avais lu en diagonale en buvant mon café et en pensant à des jeux vidéos. Forcément, ça aide pas à la mémorisation.

Ça me fait beaucoup rire. Lors de mon entretien d’embauche, AntiFumeur m’avait vanté les qualités de Berniques S.A. et de Merluchon Corp., à grands renforts de ventilation et de belles phrases violoneuses. Et maintenant, il s’est barré comme un voleur. Quelle pauv’ merde.

un mec: « Enfin tu vois quoi, on fait ce qu’on connaît. »
moi: « Oui ça vaut mieux. Si on fait ce qu’on connaît pas, ça donne n’importe quoi. »
le mec: « Mais non au contraire. Il faut faire ce qu’on connaît pas, comme ça on apprend, on évolue petit à petit, on gagne de l’expérience. »

Et d’une, je pige pas pourquoi il me cause de leveling alors que ça n’a rien à voir avec le sujet actuel, et de deux, il serait gentil de pas relever mes propos pour s’amuser à les contredire, parce que moi, si je fais des phrases, c’est pas  pour échanger des informations, c’est juste pour essayer de cacher le fait que je suis là que pour la bouffe et l’alcool. Merci. Ducon.

À propos d’alcool. Je sens bien que vous ne pouvez plus supporter le suspense que j’ai progressivement installé tout le long de mon article. Alors je m’en vais le tuer tout de suite:

Il n’y a jamais eu de discours de Fantôme, de réapprovisionnement de bouffe, et surtout d’alcool!!!

J’ai attendu-attendu, il n’est jamais venu. Zaï, Zaï, Zaï, Zaï. Tulu lulu tu. Zaï, Zaï, Zaï, Zaï.

Ça m’a rappelé mes boums de colonies de vacances (pas les boums du collège, on m’y invitait pas). Y’avait des pépitos, du Banga, de la dance, et des gens plantés là. Par contre, j’avais pas eu droit au CD de la schtroumpf party, il est arrivé trop tard sur le marché pour que j’aie pu en profiter.

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et hop, ça, c’est subtilement amené:

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Voilà. Il a eu donc fait beau voir que j’eus couvrassé un évènement boîtal sans alcool. Tout fout le camp.

À la fin, un mec m’a ramené près de chez moi.

Raffinement et Passion

Si vous avez manqué le début: https://recher.wordpress.com/2008/11/09/jannonce/

Muni d’une goûter mou aux amandes et d’une Leffe simple, je m’enfonce dans le gouffre du métro. Je recontrôle une dernière fois mes poches. Je me suis armé de deux stylos et trois feuilles de papier, afin de maximiser mes chances de noter mes impressions, même dans l’état le plus d’ébriété possible. La pluie tombe sur la nuit qui tombe aussi, à moins que ce soit le contraire.

L’hippodrome de Munchäusen est loin de la ville, je dois finir à pied. Sur les hauteurs, un balcon beauf hurle ses décorations de Noël gnognotantes. Du bleu et du rouge. Ça me fait penser à une animation que j’avais codée en Turbo Pascal il y a longtemps. Deux plasmas qui se superposaient, et se réactualisaient alternativement. Tout ça en 256 couleurs, c’était quelque chose. Faudra que je vous le ressorte à l’occasion. La pluie redouble de violence, puis re-redouble de violence. Fichu météo exponentielle. Je m’enfonce mon bonnet sur la gueule et hâte le pas.

Pour info je commence assez souvent mes résumés avec une atmosphère sombre-glauque-polar. Malheureusement je tiens pas le style, et ça se termine toujours dans une ambiance rose-légère-alcool-psychédélique-barbapapa.
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Là. C’est à ce moment là où ça plante.

Je retrouve Cheveux, ma collègue dont je suis censé être « l’accompagnateur ». Des types à l’entrée nous donnent deux petites feufeuilles pour faire joujou à parier sur les courses de chevals (et m’emmerdez pas).

Sauf qu’on ne parie pas sur des chevals ni des jockeys, mais sur les agences de Merluchon (c’est le nom scientifique pour dire « comté ». Rappelez-vous, mon chef de comté c’est Braillou). Il y a la mienne: atome-de-Calcium, et j’en profite pour découvrir les noms des autres, que je ne connaissais bien évidemment pas: atome-d-Aluminium, atome-de-Baryum, et atome-de-Doigtium. La course de cheval se nomme, à triste titre « Prix agence tous risques ».

Pour la deuxième course, fi des comtés: on peut parier sur « OCB », « 118 712 », « TMA team » ou « Bingalor » (chassez le naturiste, il revient au bingalor). Elle s’intitule « prix Blair witch project ». Pas compris pourquoi. Vraiment. Y’a des fois je fais semblant de rien piger, pour accentuer mon côté: « je suis un artiste tellement pur, qui voyage tellement dans mon propre univers, que le monde des humains m’est totalement étranger ». Mais là je suis sincère, j’ai vraiment pas saisi l’astuce.

L’avantage, c’est que je gagne un stylo supplémentaire, fourni gracieusement par eux. Je laisse mon duffel-coat au vestiaire, et monte des escaliers. Là, une nana avec des nichons énormes me dirige vers le bouffet, tandis qu’une autre avec des nichons normaux me met un verre de ponche dans la main. Je suis dans la place. Même que wesh wesh yo.

Je discutaille avec Underground, qui pour l’instant n’a aucune raison de s’appeler comme ça mais vous verrez plus tard. Un serveur vient pas-discrètement poser une carte de visite publicitaire de sa piache-boufferie. Le slogan est: « Raffinement et Passion ». self.setTitle(carte_de_visite.slogan)

Raffinement

et Passion

C’est toujours très classe les couples de mots séparés par la conjonction de coordination « et ». Ça me fait penser qu’à une époque, je voulais orner mon blog de la devise: « Poésie et Violence ». Mais c’était un peu trop pompeux et j’ai préféré le « Si j’étais pas là y’a rien qui marcherait » que vous connaissez. Et pis je suis pas si violent que ça en fait.

La vue sur l’hippodrome nous offre des affiches publicitaires: « Le défi du galop ». Je vois pas en quoi c’est un défi. Plus intéressante est la vue opposée: un écran plasma affichant des plasmas, bien plus améliorés que ceux que je faisais à l’époque. J’ai paumé les nichons précédents. Mais c’est pas grave, y’a des toasts foie gras.

Le moment où je me dis que « Raffinement et Passion » font pas dans la taffiotade, c’est quand les serveurs se déplacent dans la foule pour venir nous apporter la bouffaille! Ah joie! Ce feature est toujours appréciable, même pour un homme doté de nombreuses années d’expérience en pillage de soirée dînatoire (médaille d’or de la main-tentacule, troisième dan de crampon fixe, champion régional du doublé « soutenage de verre & assiette + mangeage de petits fours sans rien renverser »).

Un serveur à lunettes erre tout perdu, les mains encombrées d’un plat sur lequel reste le dernier toast oeuf-de-caille de la politesse. N’écoutant que ma bonhomie naturelle, je le débarrasse.

L’autre moment où je me dis que je suis bien bonhomme, c’est quand je vois tout le monde poser son verre vide n’importe où. C’est pas très gentil pour les vaisseliers. Moi quand mon verre est vide, je le pleins, et comme ça j’en salis qu’un seul. Vive moi.

Je croise Karo, habillée d’un short à carreaux avec un collant en-dessous. J’adore la mode.

<disgression: Scott Adams, l’auteur de Dilbert, dit: « rien ne définit plus l’humain que sa capacité à effectuer des actions complètement absurdes pour obtenir des résultats totalement improbables. C’est ce principe qui anime les rendez-vous galants, la religion et la loterie ». Et c’est vrai. Mais j’aimerais bien connaître le principe humain qui anime la mode. C’est peut être plus ou moins le même.>

Nos regards se croisent durant une milli-seconde suffisamment longue pour que s’installe une gêne, qu’il serait préférable de combler immédiatement avec une quelconque action de contenance. Karo est plutôt réactive en ce qui concerne les interactions sociales, et elle me dit « Bonjour ». Mais elle se ravise ensuite et me dit « Euh non. Salut! Oula, je fait même plus attention à qui je parle!  » Et je trouve ça plutôt flatteur en fait.

Pour tout vous expliquer, Karo lie très peu de contacts avec les gens. Soit elle est super prétentieuse et méprise tout le monde du haut de sa grande beauté, parce que c’est quand même une top-model mexicaine. Soit elle est super timide et n’ose pas approcher les gens, parce que quand on est une top-model mexicaine vaut mieux pas trop se faire remarquer dans une entreprise garnie de gras geeks zombis aux yeux injectés de sang, qui rôdent dans les couloirs en maugréant « giiiiiirrrrllllzzzzzz!!!!!! ».

Ah tiens à propos de top-model mexicaine :
big tijuana hookers
(Même si c’est pas le même style de top-modelisme)

Bref. Là elle m’a dit « Salut » au lieu de « Bonjour », donc elle considère qu’on a une relation sociale de niveau « pote » et ça fait plutôt plaisir.

L’autre moment socialement bizarre c’est quand un mec dont je connais pas le nom me croise et me dit « Salut ça va? », en ajoutant mon vrai nom dans la phrase. Ouaou, je suis donc si tant une vedette que ça? Oh comme c’est bon. Plongez mon ego dans une piscine de miel. Oh oui.

Au détour d’un autre ponche, je discute avec Underground et Rose. Un serveur à haut drop-rate de toasts foie gras spawne à proximité. On se le tanke à trois. C’est là que survient un bon vieux bide comme j’aime bien, d’autant plus rigolo que cette fois c’est pas moi. Conversation entre Underground et Rose :

– Ah moi j’aime pas du tout ça le foie gras. Pfou là là. Comment que j’aime pas ça, c’est hallucinant.
– Yess, je viens de looter quelques items au serveur. Qui n’en veut?
– Ah ça m’intéresse, file m’en un, steu plaît.
– Mais tu viens de dire que t’aimais pas le foie gras.
– Nan mais c’était ironique
– Ah d’accord. Donc là en fait je viens de complètement faire planter le moment « ha!ha!ha! » de la conversation.
– Voilà, oui.
– Désolée.

On remarquera le total avouage du super-bide à la fin du dialogue, ce qui permet à Rose de s’en tirer à fort bon compte, par une action du type « On se sent tellement bien entre nous qu’on a même plus besoin de cacher nos petits foirages, ça ne nous gêne plus. ho ho ho. Comment qu’on a trop bien brisé la glace. »

J’aime la glace.

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Vu qu’on parle de gastronomie richiste , on glisse inévitablement vers le sujet de rigueur: le caviar. Mais on est pas assez riche pour en discuter assez longtemps, alors ça dévie vers les oeufs de lompe. Soudain, dans le Monde Des Idées, une rigolote petite illumination vient poker mon esprit. J’énonce alors solennellement: « manger des oeufs de lompe, c’est un peu comme claquer du papier bulle avec sa langue ». Je suis plutôt fier de cette phrase.

Les plats à petits fours sont presque vides, on va très rapidement switcher vers le style de bouffe suivant. Je me dépêche de finir ce qu’il reste.

Une voix s’élève dans les haut-parleurs, c’est notre animateur trop délire gaule à donf’. Il nous présente le déroulement de la soirée: ceux qui parieront sur la bonne agence-comté gagneront « un petit lot surprise ». Ça c’est chouette. Il ajoute que pendant les courses, nous ne devons pas parler, afin de respecter la solennité du moment. Quand les chevals passeront devant nous, on aura le droit de crier et de hurler, mais seulement quand il nous l’autorisera. Ensuite, il nous annonce qu’il va nous annoncer les résultats du graaaaaannnnnd tirage au sort magique, qui permettra à 4 immmeeennnnses chanceux d’entre nous de monter avec le jockey pour « driver » une chariotte. la plupart des inscrits retient son souffle. Vu la merde qui tombe du ciel, ils n’ont pas envie de se retrouver à caracoler dehors dans la boue. Moi j’m’en fous, je me suis pas inscrit à ce truc. D’ailleurs j’en avais surement pas le droit, vu que je suis que accompagnateur. L’animateur énonce des noms que je ne connais pas. Il y a plein de Philippe.

Il faut donner les petits papiers des paris de cette première course. Je suis un mec bien et je vote pour Atome-de-Calcium, puis je vais redemander un verre de ponche.

L’animateur trop délire nous fait le pedigree des chevaux. Y’en a un qui s’est blessé deux fois, une qu’a jamais rien gagné, un qu’a été disqualifiée 3 fois en 4 courses parce qu’il est parti en galop alors que c’est interdit, et le quatrième était positif au dernier contrôle de dopage. Bref, on sent qu’ils nous on refilé des vieilles carnes.

Barry Trotter et le cheval mort

L’animateur ajoute que pendant les courses, nous ne devons pas parler, afin de respecter la solennité du moment. Quand les chevals passeront devant nous, on aura le droit de crier et de hurler, mais seulement quand il nous l’autorisera.

J’avais vu quelques obstacles rigolos sur le circuit, j’aurais trouvé ça cool de voir des sauts. Mais non. Un cheval qui traîne une charriotte ça peut difficilement sauter. Et il semblerait que ça ne fasse pas non plus de galop. L’animateur nous explique à plusieurs reprises que la course de trot n’est pas une démarche naturelle, et c’est ça toute la beauté de l’épreuve: réussir à « driver » le cheval pour pas qu’il parte en cacahouète.

On va donc assister à des courses de chevaux frustrés. Ça promet d’être un « Instant féérique et époustouflant ». On nous amène des paniers de charcuterie à découper soi-même. Je suis pas fan, mais c’est gratuit. Jupette attrape une saucisse géante et commence à faire la conne avec. Sacré Jupette.

L’animateur trop délire revient à la charge. « Comment ça va tout le moooooonde????? » Bien évidemment personne ne répond. Je risque un petit « allez Jean-Pierre!! » histoire de me foutre de sa gueule. On me dit qu’il s’appelle Jean-Paul. Je pique des croutons de pain.

Après son magistral fail dans sa tentative de mettage d’ambiance, ledit Jean-Paul nous offre ses pronostics sur la course, et en profite pour chambrer ceux qui ont parié sur les mauvais chevals. Sympa. Son pronostic de merde il le garde. Ou alors il nous dit tout ça avant qu’on fasse les paris. Il ajoute que pendant les courses, nous ne devons pas parler, afin de respecter la solennité du moment. Quand les chevals passeront devant nous, on aura le droit de crier et de hurler, mais seulement quand il nous l’autorisera.

La bouffasse a switché pour des mini-coupelles de trucs divers, et des shooters de légumes en gelée. Long-pif m’explique ironiquement que c’est de la bouffe pour chien. Ha ha ha. Il dit ça parce qu’il s’est fait mordre la gueule par un clebs y’a 2 semaines, et qu’il a gagné deux jours d’arrêt de travail. Je hais les chiens. J’ai mes traumatismes, je fais avec. Mais vraiment, je hais les chiens.

Ah, au fait, dans le monde fabuleux de la jockeyerie, « driver » se prononce « driver », et non pas « draïver ». Parce qu’on a la classe nous monsieur. Oui. On n’est pas comme ces rustres de la Formule 1. (Je hais la Formule 1). Et quand on veut dire « un jockey avec une casquette à carreaux » on dit « un jockey avec une casquette écartelée ». Ça doit faire mal. Je pense à Ravaillac.

Comme Long-pif et sa copine personnelle sont campés devant un spot de bouffe, je suis obligé de continuer la conversation. Il m’apprend que certains Merluchoniens sont toujours à bosser, en ce moment même, car ils doivent livrer un truc aujourd’hui. Ça me dégoûte. Mais ça pourrait être pire, ça pourrait être moi.

La course commence. Je vois que d’alle car y’a plein de gens devant les fenêtres, qui font le non-silence. Un peu plus loin, des gens font la queue à un stand de distribution de foie gras découpé à la main par un vrai ouvrier, honnête, travailleur et sans casier judiciaire. J’y vais. On peut ajouter du sel ou de la confiture. C’est ça la magie du foie gras.

L’animateur trop délire fait des trop délire blagues, du genre: « ah, il a crevé ses deux roues ». (Là, pour l’équilibre du paragraphe, je devrais écrire une deuxième de ses blagues. Mais j’en ai plus. Je crois que mon cerveau a enterré ce passage de ma vie). Le moment vraiment rigolo ça a été quand l’un des chevals est parti en sens inverse. Surement qu’il en avait marre et qu’il voulait, lui aussi, se taper du foie-gras-confiture-saucisse-ponche. Tout le monde continue de parler normalement quand l’animateur nous dit de hurler et d’applaudir.

L’ouvrier au foie gras se retourne pour regarder la course. Je me dis que je pourrais lui voler son morceau de barbaque et me barrer en courant. Ça ferait un truc vraiment génial à raconter dans mon blog. Mon double maléfique me hurle « Vas-y, fais-le! Tu es obligé! Tu DOIS faire quelque chose d’exceptionnel ce soir! Sinon tu n’auras rien à raconter dans ton blog, et tu ne gagneras jamais de lecteurs. Fais-le! MAINTENANT! »

J’arrive à le faire taire avec un verre de ponche et demi.

Après je suis dans une espèce de conversation, enfin je crois. Un mec demande: « Il est pas là, Braillou? » et un autre mec répond: « Bien sûr que non! C’est une soirée pour prolétaire. » Et c’est vrai. Ça aurait fait bizarre de le voir ici, c’est pas compatible avec sa caste.

Je repère un deuxième stand de foie gras, avec personne derrière. Je m’en découpe une tranchette quand une vieille nana-ouvrière se pointe et me dit que non, c’est elle qui découpe. Moi j’ai pas le droit. Ce petit instant d’impolitesse sociale me fait beaucoup rire. La nana a essayé de me faire culpabiliser alors que c’est de SA faute. Si elle veut pas qu’on pioche dans son putain de bout de gras, elle a qu’à camper à côté et le garder sérieusement, au lieu d’aller draguer le jeune serveur éphèbe d’à côté, (qui se trouve être un noir en-dessous de sa peau blanche, le petit fripon).

Les heureux tirés au sort sont revenus (après une bonne douche) et l’animateur trop délire demande ses impressions à l’un des Phillipes.Celui-ci explique qu’il aimerait être un petit poisson qui vole dans les airs, avec des sandwichs au ricard, que les êtres mignons et malicieux du Monde Des Idées vont bientôt proclamer une déclaration d’impédance (Z), que les fleurs qui gambadent dans les meta-fleurs sont vraiment très jolies, et lorsque le feu sacré de nos souvenirs fera revivre les poupées de chiffons qui nous servent de personnages de jeux vidéos, alors enfin, nous pourrons rire, danser au milieu des rues, et faire orgasmer de joie nos guitares héroes. Puis le Phillipe s’évanouit dans une gerbe de lumière et de sourire, en nous souhaitant adieu, et en chantant que nous n’avons absolument rien à craindre car nous ne sommes qu’un mini-soubresaut de bizarrisme dans le non-déroulement temporel du cosmos. Ding!

Dans un dernier baroud, mon double maléfique intégré me souffle de prendre le micro des mains du mec et de hurler « À POIL!! ». Y’a plus de ponche, alors je commute vers le vin rouge. Les serveurs jettent les petits fours desserts en pâture à la foule en liesse. C’est la curée.

La deuxième course, je vous la raconte pas. C’est plus ou moins tout pareil, sauf que je m’en souviens moins bien parce que je commençais à être mi-saoul. Pour la feufeuille de pari, j’ai inscrit « votre histoire, ainsi qu’une tache de gras » (en entourant au stylo une tache de gras qui se trouvait là), et j’ai signé « Réchèr ».

Sans rentrer dans les détails, voici les autres moments rigolos:

– L’animateur trop délire demande successivement qui a parié pour qui. Y’a 2,5 personnes qui lèvent le doigt à chaque fois. L’ambiance est de folie.

– L’animateur trop délire dit « chhhhhhhtttt!!! S’il vous plaît! ». Ça, c’est drôle! Ça, ça fait une ambiance de folie! Ouais! J’adore.

– Jupette attrape une crotte géante séchée décorative et la lance sur un mec. Mais personne ne lui répond. Je me cache discrètement derrière un gros poteau et je la snipe avec une autre crotte. Elle se la prend de plein fouet dans l’épaule, et ne repère même pas que c’est moi. Je suis trop fort. Glouglou.

– Je gueule quand même « à poil » lors d’une demande d’applaudissement de l’animateur. J’ai pas pu m’en empêcher. En tout cas ça a libéré un peu de place autour de moi. Des gens ont eu peur.

Pour finir, c’est la distribution des « petits lots surprises » à ceux qui ont bien parié. J’ai pas gagné, mais j’aimerais bien savoir ce que c’est. Eh bien en fait il y a eu re-tirage au sort parmi les bons parieurs, et 4 d’entre eux ont gagné une coupe en plastique de supermarché. (Vous vous souvenez les coupes que vous gagniez à l’école primaire, lors de vos compétitions de judo/basket/foot/GRS/balle au prisonnier? Eh ben moi j’en ai jamais eu).

day of the tentacle mummy

Je me pose des questions sur la rentabilité de cette soirée corporate. Sur 400 personnes, 12 ont pu avoir quelque chose d’un peu spécial, par tirage au sort plus ou moins aléatoire. Les autres ont eu le cocktail habituel: bouffe-alcool-soirée dansante (on va y venir). Personnellement je m’en contente tout à fait. Surtout que j’ai pas à la ramener vu que je suis que « accompagnateur ». Ah, et tous ces tirages au sort se sont fait sous l’oeil de l’huissier Maître Tripatoul. Heureusement, sinon on aurait tous essayé de soudoyer le tireur au sort.

J’erre au milieu de tout le monde, mon verre à la main. J’ai l’idée d’une chanson rigolote, reprise de Renan Luce: « Au corporate circus ». Faudrait que je réfléchisse à des paroles sympas.

Alors que je suis debout les yeux dans le vague à dodeliner de la tête, Pompière se pointe et cherche son ticket de vestiaire sur la table d’à côté. Quand elle le récupère sous un gros tas de fringues, je fais la blague nulle de rigueur: « Ah si j’avais su j’aurais pu partir avec un super manteau ». Là elle est un peu coincée: pour pas faire de scandale social, elle est obligée de faire semblant de trouver ça drôle. Alors au moment de partir, elle se retourne vers moi en souriant. Ha ha. OK. C’est validé.

Et là, je sais pas ce qu’il lui prend, elle continue son chemin vers la sortie et se retourne UNE DEUXIEME FOIS! Scsdkxvnwghhggaaaa??? Nan mais ça va bien oui? Elle est amoureuse de moi ou quoi? J’hésite à porter plainte pour harcèlement. Et finalement, je préfère me réfugier aux toilettes, les yeux grelottant de frayeur.

ChouGras me suit dans les toilettes. Je commence à avoir vraiment peur. Je m’en tire pas trop mal en énonçant 2-3 banalités de contenance sociale. (Je trouve intelligemment un sujet au sujet des toilettes).

Je me remets de mes émotions dans les te-chio, quand soudain quelqu’un toquetoque à la porte. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous d’un seul coup à vouloir de mon corps? C’est l’alcool qui leur fait ça, ou les hormones de cheval? Je veux pas me faire déchirer en lambeaux par une bande lubrique de salariés-vampires. Bordel! Sortez-moi de là! Au secours!

Je reste prostré dans les toilettes au moins 5 minutes, le temps de finir mon verre. Je sors discrètement. Tout à l’air calme. Un peu trop. La salle de bouffe se vide progressivement. Le flot des gens s’écoule vers la soirée dansante. Bon, la musique agressive et les flash lumineux à répétition vont certainement calmer leurs ardeurs violenteuses. Je prends un dernier verre et je suis la foule. Blablabla se remet les cheveux en place en se regardant dans un reflet de fenêtre. (Son vrai nom c’est Blablablabla-Blablablabla-Blablablabla-Blablablabla mais elle préfère qu’on utilise son diminutif).

Et pendant que j’y suis, l’autre s’appelle ChouGras parce qu’il ressemble à Chouchou, un pote à moi. La différence, c’est que ChouGras est tellement gras du cou qu’on distingue même pas la limite. C’est fun.

2848755373_9d6eb2e99d choux gras

Là ça commence à devenir flou. Tout ce dont je me rends compte c’est qu’on est passé aux alcools forts, mais faut les payer. Alors je paye. Ça danse de partout. Il y a plein de vieilles habillées comme des jeunes, ce que j’apprécie bien (En tant que jeune habillé comme un vieux). Grand-Echalas tape dans ses mains toutes les 0,5 secondes, et je suis suffisamment saoul pour pas me rendre compte qu’il est pas en rythme. Son ridicule achevé me donne le droit d’être ridicule moi aussi. Je me pose au milieu de la piste avec mon verre et je commence doucement à m’endormir debout. J’aime bien ce sentiment d’abandon. Il est même pas minuit et je suis déjà en train de tomber.

Il se passe plein de temps, et la salle se vide petit à petit. Il va falloir rentrer, accompagné de la pluie. Je compte bien en profiter jusqu’au bout, alors je danse des slows avec la gérante-nichons. Son opulente poitrine me caresse le torse. Youpi.

2964478877_fab992e367 nichons géants

Underground qui est toujours là me propose d’aller dans une autre soirée, à Schleswigheim. Je lui dis que je suis mort. Il me dit que ça va être génial et qu’il peut m’emmener en voiture et que de toutes façons je peux pas rentrer chez moi comme ça. Je me dis: soyons fou.

Il m’emmène en voiture, je m’endors pendant le trajet.

On arrive à un endroit que je connais pas, d’un style underground et en métal, comme de bien entendu. On paye 10 euros chacun et on entre. La musique fait boum-boum, je m’endors debout sur place. Puis il me dit qu’on ferait mieux de repartir.

Il me ramène, je m’endors pendant le trajet. Finalement, il me drope pas trop loin de chez moi. Je le remercie et je rentre. Une bien bonne soirée dans l’ensemble. Le lendemain je rate mon train.

Debriefing

Lundi suivant, je retrouve Cheveux et Blablabla, en train de discuter. Cheveux me dit que j’étais bourré et que j’ai passé une bonne partie de la soirée à tourner autour d’un poteau. C’est pas vrai du tout. C’est quand je m’étais planqué derrière pour sniper Jupette. Je me suis pas mis à virevolter autour comme une drag-queen. Font chier les gens à dire n’importe quoi.

Blablabla ajoute que la musique était vraiment pourrie. Elle a essayé de négocier avec le DidJi, mais il a rien voulu entendre (C’est un comble, ha ha). Le clou négatif de la soirée a été, selon elle, Annie Cordy avec Tata Yoyo. Ça, pour le coup, je m’en souvenais pas. Dommage. J’imagine que le DidJi devait tous nous prendre pour des vieux. Et ça c’est bon ça. J’aimerais bien être vieux en fait.

Et apparemment, les mecs qui étaient restés bosser pour livrer leur truc ont pu débarquer à la soirée vers 23h30. Congrats!