Événement corporate : l’Ovuliaire 2019

Préambule (de savon) : l’entreprise qui m’emploie a retravaillé son nom. « ConcreteWorld.🌏 », avec un point, ça faisait bizarre, car on avait parfois l’impression que c’était un point de fin de phrase, alors que c’est un point genre comme ceux des urls. Du coup, elle se nomme maintenant « ConcreteWorld-🌏 », avec un tiret. Je rappelle que le caractère final se prononce « 1F30D ».

L’entreprise a également retravaillé le nom de son gros événement corporate annuel. « le Semencinaire » dont je vous avais narré le déroulement s’intitule maintenant « l’Ovuliaire », par souci d’écriture inclusive.

Les présentations-blablatages

Au programme, point de Corporate Bullshiste ni de jeu de la multi-biscotte. Juste des présentations sous forme de cours magistraux, dans un amphithéâtre avec des tablettes repose-bloc-notes, parfaites pour réaliser des petits dessins.

Initialisation des cours avec la présentation de notre MegaChef. Au fait, ce monsieur a maintenant un nom : MegaChef En-Même-Temps. C’est d’un macronisme totalement assumé.

Explication : un MegaChef a intrinsèquement tendance à pousser ses employés à travailler au taquet. Cependant, ce serait trop frontal de dire « finissez-moi ce projet en deux fois moins de temps que nécessaire », or, comme il y a toujours des tonnes de projet à faire, sa solution à lui consiste à dire « finissez-moi le projet A en un temps normal, et ‘en même temps’ finissez-moi aussi le projet B en un temps normal ». L’incitation à mettre les bouchées doubles est toujours présente, mais un peu plus subtilement. Ça lui apporte également l’avantage de ne pas avoir besoin de prioriser les projets. Ils ont tous la priorité « super-haute, à faire en même temps ».

Cela dit, ce genre d’injonction n’a que peu d’implications sur moi, puisque je ne suis pas directement sous ses ordres. Mes chefs directs ont divers défauts, comme tout le monde, mais les incitations subliminales à travailler n’importe comment n’en font pas trop partie.

Rien de spécial à dire sur la présentation d’initialisation. On passe à celle de Colléguette PositiveAttitude, la nana du marketing.

Elle demande à la cantonnade si nous serions en mesure de citer une phrase d’un livre qui nous aurait marqué. Mon cerveau en trouve deux :

Les rats sont les seuls créatures véritablement underground. (Charles Bukowski, Journal d’un vieux dégueulasse).

La sexualité est un système de hiérarchie sociale. (Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte).

Mais je n’ose me manifester pour les énoncer. Personne d’autres ne moufte, à croire que nous avons tous les mêmes lectures.

Ensuite, elle redemande à la cantonnade une citation d’un film. Des phrases de Fight Club, ainsi que le « Tu te masturbais ? » de American Beauty me viennent à l’esprit. Collègue TuLaBoucles me devance, et sors la phrase à la con de Forrest Gump : « la vie c’est comme une boîte de mon cul sur la commode ».

American Beauty, excellent film.

Colléguette PositiveAttitude nous explique alors que cette petite démonstration est la preuve que nous nous souvenons plus facilement d’images et de sons que de textes. Waouw. Impressionnant.

Sauf que c’est complètement biaisé. N’importe quel charlatan de spectacle de rue sait très bien qu’un public ne réagit jamais à une première harangue, et qu’il faut la répéter. D’où la fameuse technique du « Est-ce que ça va ? Je n’ai pas bien entendu ! EST-CE QUE ÇAAAA VAAAAAA ?? ». De plus, la recherche de souvenir est un mécanisme que le cerveau met un petit temps à déclencher. Il est donc normal que les informations ressortent plus nombreuses à la deuxième sollicitation.

Si elle nous avait demandé d’abord une citation de film, puis une citation de livre, on aurait répondu uniquement aux livres et sa démonstration nounouille se serait vautrée.

Pour finir, elle nous parle de l’infobésité, un concept intéressant même s’il n’est pas spécialement nouveau.

C’est le moment de la récréation, avec bâffrage croissant-confiture-café. Cool.

Collègue Pez s’approche de Collègue TuLaBoucles. Les deux se sont récemment fâchés à cause d’un truc à la con, qui ne mérite même pas d’être raconté ici.

− On se serre la main ou pas ?

− Ben non. Tu peux pas faire comme s’il s’était rien passé.

− OK. Alors tu la boucles.

Et c’est comme ça que Collègue TuLaBoucles s’est appelé « Collègue TuLaBoucles ».

Sur ce, il faut retourner en cours.

Étrangement, aucun power-point n’est doté d’une image ou d’une animation d’engrenages mal foutus et ostensiblement non fonctionnels. Nous avons juste droit à une sorte d’atomium-planète avec des petits machins gravitant autour. Je suis déçu.

C’est pas une gif, mais c’est déjà un atomium.

Chef Nightwish nous autorise à dire « ooooooh, c’est mignooooon » durant sa présentation, car il l’a ponctuée de photos de chats.

Chef Nightwish s’appelle ainsi car c’est un fan du groupe éponyme. Draxxx, le métalleux attitré de feu le magasine 42 détestait Nightwish. C’est assez rigolo. Il semble que ce groupe soit controversé. Bon, supposons que je veuille être un métalleux conventionnel, je devrais dire que j’aime ou que je déteste Nightwish ? Oh on s’en fout. En tout cas, « c’est mignooooon ».

Grâce aux efforts continus d’innovation et de recherche, la technologie évolue progressivement, et les supports de cours ont pu ne pas être exclusivement constitués de powères-pointt. Une petite vidéo sympa nous est dispensée, montrant des collègues répondant à des questions existentielles comme « qu’est-ce qui vous plaît à ConcreteWorld-🌏 », « que voudriez-vous changer ? », etc.

Certains collègues sont interviewés par deux. Ils se répondent l’un l’autre, sur un ton inhabituel et chargé de non-sens. Ça fait très Kaamelott.

Cette journée est tellement fofolle en terme d’innovation post-power-points que nous avons droit à un quizz ! En effet, le compte-rendu de l’Action Bisounours nous a été restitué sous ce formalisme.

Explication : l’Action Bisounours est un badge social-et-sociétal, comme une norme ISO-truc, garantissant qu’une entreprise agit de manière gentillounette avec ses parties prenantes : clients, employés, fournisseurs, etc.

Le quizz comportait des questions telles que : « l’Action Bisounours définit-elle un indice de visibilité de minorité, permettant de savoir, par exemple, si les Noirs seraient plus discriminés ou moins discriminés que les Mormons, les Jeunes ou les Gauchers ? ». La bonne réponse était « Non, bien sûr. Les humains sont tous différents et tous égaux, sauf l’empereur Néron qui était vraiment un superconnard. »

Un smartphone était nécessaire pour participer au quizz, ce que je ne possède pas. On nous avait demandé de prévenir à l’avance si nous étions dans ce cas, afin de mettre en place des smartphones de secours. J’avais prévu de m’en tamponner complet. Malheureusement, le nombre d’inscrits s’affichait publiquement et en temps réel. Collèguette Choucroute, l’une des organisatrices, attendait de pied ferme que celui-ci corresponde au nombre de gens dans l’amphi. J’ai donc demandé un smartphone à l’arrache et je me suis fait gronder. Je suis un Boulet (indice de visibilité de minorité : 42%).

Je m’inscrit sous le pseudo « ‘;drop database », histoire de tenter une injection SQL et d’amuser la galerie. La galerie a été amusée. Youpi.

C’est Mascotte À-Fleurs qui claque le meilleur score. Bravo à lui. Il s’appelle ainsi parce qu’il met parfois un splendide pantalon bizarre avec des fleurs dessus. Son titre de noblesse est ‘Mascotte’ et non pas ‘Collègue’, vous avez compris pourquoi.

Il gagne un cadeau-surprise en différé, qui lui sera offert au prochain goûter corporate. Spoiler Alert : le cadeau-surprise est un bonnet en forme de Bisounours.

Vient ensuite la correction du quizz. Colléguette Choucroute explique chaque bonne réponse en débutant toutes ses phrases par « effectivement ». Il y a du brouhaha. Elle nous rappelle régulièrement à l’ordre comme si nous étions des petits-enfants-bisounours.

La suite de la journée se déroule classiquement. En résumé :

  • Un autre quizz, sur le sujet « les gens de la Bizness Iounite ‘Protection de la Réalité' ». Cool.
  • Réalisation de deux magnifiques dessins grâce à la tablette repose-bloc-notes. Je vous les montrerai dans un prochain article, afin de séparer les catégories blogales « dessin » et « univers fascinant du travail ».
  • Repas-buffet gratuit le midi, très bon, mais sans alcool.
  • Discussion à propos de CodinGame avec Collègue Docteur-Maboul, dont l’un des amis est un fondateur du site. Je me garde cette info sous le coude, au cas où.
  • On nous demande régulièrement de partager sur les rézosocios tel article ou tel nouvelle, pour « transmettre » et pour « que l’on parle de nous ». Je n’ose pas dire suffisamment fort que ça va rajouter de l’infobésité.

Twit ! Twit ? J’ai faim !

La présentation finale

Celle-ci nous est offerte par Viril Virgile, l’entraineur de l’équipe régionale d’aquafootball chilien.

Viril Virgile, dans les vestiaires pro du stade officiel.

Explication : l’aquafootball chilien n’est pas très connu en France, excepté dans notre région. La Chevalerie du Ballon d’Airin (c’est le nom de l’équipe) est parvenue au fil des ans à se forger (ha ha ha) une renommée internationale. La plupart des gens du coin sont des supporters-évangélistes de ce sport. Vous pouvez pas chier dans la rue sans en croiser un.

ConcreteWorld-🌏 étant sponsor officiel, nous avons régulièrement des places gratuites pour aller voir des matchs, en tribune VIP, s’il vous plaît. Ça a l’air tellement important que c’est compté comme avantage social pour les employés.

Personnellement j’en ai rien à foutre de ce sport à la con, rien à foutre de la VIPerie, et rien à foutre que Viril Virgile nous gratifie de sa présence et soit venu décharger en nous sa sagesse d’entraîneur. Le seul truc dont j’ai pas rien à foutre, c’est les mails envoyés régulièrement « à tout le monde » annonçant les places disponibles pour le prochain match. Ça m’agace car ça rajoute de l’infobésité à ma boîte mail boîtale. Je ne dis rien sous peine de passer pour un gros naze qui ne s’intéresse pas « aux valeurs du sport ».

Je reconnais que cette présentation m’a appris des choses, car j’endosse parfois le rôle d’anthropologue toujours prêt à découvrir des modes de vie de catégories socio-professionnelles différentes de la mienne. Je découvre également le personnage de Viril Virgile, et là c’est une expérience bien moins captivante, du fait de son côté « gros ours mal taillé dans un bloc de parpaing lui-même mal taillé dans un bloc de parpaing plus gros ».

Liste de ses gros-oursitudes :

  • « Bon, je vois qu’il y a des femmes. Désolé, vous vous ennuierez peut-être un peu. » (Du coup, t’aurais dû venir avec une cargaison de cartes-cadeaux Zara et des boules de geisha, pour distraire ces pauvres dames. On n’est plus à un cliché près).
  • « Et aussi, je vais parfois dire des gros mots. » (Apporte-aussi des écouteurs diffusant en boucle du Vianney, du Katy Perry ou n’importe quelle autre soupe girlie, on n’est plus à deux clichés près).
  • Son support de présentation en est resté au stade du power-point. Qui plus est, avec des transitions moches en 3D. Certaines diapos sont présentes en double, voire triple exemplaire.
  • À croire qu’il aime les (répétitions)³, ou alors qu’il se prend pour le Général de Gaulle à l’appel du 18 juin, car il redit parfois trois fois de suite la même phrase.
  • Certaines diapos montrent des fiches de compte-rendu de match. Il y a des smileys content et pas-content dessiné en gros, pour bien montrer aux joueurs ce qui a été bien et pas bien. On a l’impression d’être chez les super-teubés.
  • Mini-vidéo les montrant en visite dans une usine locale de lacets de chaussure. L’un d’eux se prend un carton rouge car il s’énerve durant le quizz final. On peut voir en arrière-plan un grand écran affichant la dernière réponse du quizz, à savoir : « les chaussures ». Laissez-moi deviner la question : « que permet de lacer les objets fabriqués dans notre usine ? ».
  • Pour que les joueurs de l’équipe se sentent impliqués et se comportent correctement avec les journalistes et les gens normaux, Viril Virgile les nomme « Les Chevaliers ». « Tous les membres de l’équipe doivent avoir l’esprit de la ‘chevalerie’ ancré en eux ».
  • Photo de joueurs se serrant dans les bras durant un match, dans une franche, chevaleresque et virile camaraderie. Je dis : « Oooooh, c’est mignon ». Mais ça ne fait pas rire beaucoup de gens autour de moi. Tant pis.
  • Une saison sportive d’aquafootball chilien étant jalonnée d’événements et matchs divers, il est utile d’effectuer une analogie avec une autre histoire, en faisant correspondre leurs étapes respectives. Voilà une idée intéressante. L’année dernière, l’histoire choisie était : le tournoi des 5 nations du rugby. Euh… WTF ? C’est quoi l’intérêt de faire une analogie entre la saison sportive d’un sport et la saison sportive d’un autre sport ? En tout cas, ça va pas aider à diminuer l’impression qu’ils sont super-teubés.

Un collègue sort de la salle. Vraisemblablement parce qu’il en a marre ou qu’il veut aller aux toilettes.

Un peu plus tard, une diapo-power-point affiche le texte « homo numericus ». Viril Virgile nous raconte qu’en voyant cela, l’un de ses Chevaliers a rétorqué en riant : « Hurr hurr huuurr, je préfère être numericus que homo. Hurr hurr huuurr. ». L’assemblée rit légèrement. Viril Virgile ajoute : « Bon, il a dit ça comme ça. Mais je suis assez d’accord. Pas de pédés dans mon équipe. » L’assemblée re-rit à nouveau. J’écoutais à moitié, puisque je dessinais. Je n’ai pas su déterminer s’il disait cela sur le ton de l’humour ou pas.

Collègue Machin dit à ses voisins : « Mais pourquoi les gens rient ? C’est pas drôle. On se targue d’être Action-Bisounours-Compliant, et on rigole à des blagues comme ça ? ».

Je passe quelques minutes à réfléchir à la situation, puis je décide que Viril Virgile ne blaguait pas, que de toutes façons sa présentation commence à me gonfler, et que vu qu’une personne est déjà sortie, j’ai bien le droit de faire pareil.

J’embarque mes dessins et je me casse. Je me retrouve seul dans le hall d’entrée à finir de gribouiller. Je suis un peu inquiet quand même. J’ai peur de devoir me justifier par la suite, et de passer pour le gros boulet qui se permet de monter sur ses grands chevaux juste pour se donner un peu de personnalité.

Lorsqu’enfin la présentation se termine et que tout le monde sort, je découvre que je n’ai rien raté de notable. Ça s’est terminé avec des questions de l’assemblée, dont un bon chapelet de questions chiantes par Collègue GrandBlondAvecPasDeChaussureNoire.

Je me sens obligé d’exprimer pourquoi je suis parti. Je suis agréablement surpris car personne ne désapprouve. Certains s’en tamponnent, d’autres me disent qu’ils ont eux aussi hésité à sortir sans oser le faire, et d’autres encore ont relevé ses remarques introductives de merde à propos des femmes et des gros mots.

Potlatch d’échange

Le lieu de l’orgie dînatoire n’est pas très loin du lieu des présentations, ce qui me permet d’y aller tranquillement en vélo. De plus, je pourrais m’alcooliser sans scrupules puisque pour rentrer chez moi, je ne serais dépendant ni d’un véhicule à moteur ni d’une autre personne.

Comme l’année précédente, un potlatch d’échange est organisé. Chacun vient avec un cadeau et repart avec un autre. En revanche, pas de collègue déguisé en Père Noël. Dommage. On a des collègues noirs, j’aurais trouvé ça super classe et tellement Action-Bisounours-Compliant d’avoir un Père Noël noir.

− T’es pas vraiment fringué en père Noël.
− Et t’es pas vraiment un Bisounours.

Ma contribution à ce potlatch était Boulonix, le chien-robot qui fait caca. Vous l’aurez deviné, le but de ce cadeau était uniquement de me la péter auprès de mes collègues, qu’ils voient comment je suis trop créatif et ingénieux.

Et ça marche. Les gens défilent pour voir ma création, je performe plusieurs fois de suite la démonstration de la nourriture qu’on met dans la bouche de Boulonix et qui ressort par le trou-du-luc.

Les deux nénettes du Département boîtal « Pollinisation de l’entropie réalitoire » sont admiratives. Je suis très content. Dans mon cerveau un peu bancal, ces deux personnes sont des fantasmes platoniques, comme Colléguette Platona dont je vous ai parlé lors du Semencinaire 2018.

Ce serait un peu impersonnel de les appeler « Platona 2 » et « Platona 3 », alors, comme elles s’occupent de pollinisation et que je suis un mec super drôle, la première s’appelle Colléguette Pauline. La deuxième aurait pu s’appeler Colléguette Paulette, mais ça aurait été du second degré tellement naze que ça en serait devenu du zéro degré. Alors en fait elle s’appelle Colléguette Babiole. C’en est presque poétique.

Je les aime bien ces deux nanas. Nous avons vécu des moments d’amitié intenses, à l’époque où nos burlingues étaient dans la même zone d’open space. Surtout lorsque je sortais des blagues débiles et des jeux de mots dignes de Michel Drucker s’il avait décidé de faire des jeux de mots.

En tant que geek-cliché, j’ai aidé Colléguette Pauline à résoudre les exercices de math de son fils. D’autre part, j’ai ouï dire que Colléguette Babiole faisait un peu de graphisme ou de dessin. Et c’est cool.

Une œuvre (en pixel art CGA) de Colléguette Babiole.

Notre amitié éternelle et légendaire a perdu un peu de son intensité lorsque j’ai déménagé de burlingue-open space. Mais on se croise régulièrement à la machine à café ou aux toilettes. Rappelons que je suis une personne qui se rend énormément souvent aux toilettes.

Et donc, ces deux dames trouvent Boulonix magnifique. Flattage d’ego, flattage d’ego. Elles me font promettre de leur en fabriquer un autre du même genre, pour mettre sur leur burlingue commun. Faudra que je m’occupe de ça à l’occasion.

En revanche, Colléguette Carnea n’accroche pas trop. Lorsque je lui fais la démonstration du cacatage boulonixien, elle a un petit sourire crispé sur un air « qu’est-ce qu’il me veut ce gamin avec son jouet scatologique ? ».

Je papillonne dans divers groupes de discussion, à montrer mon chien et/ou mes dessins (ego, ego, ego). Je retombe sur Collègue Docteur-Maboul. Je découvre que lui aussi connait Bukowski, ça fait plaisir.

Durant notre conversation, le contexte fait qu’il éprouve le besoin d’énoncer une expression de type « Avec des ‘si’, on mettrait Paris en bouteille ». Celle qu’il me sort est éminemment über-classe : « Si mon grand-père avait trois couilles, ce serait un flipper ». J’adore.

Le grand-père de Collègue Docteur-Maboul

Çay parti pour le showe !

L’année dernière, le show avait été assuré pas un magicien, que tout le monde avait trouvé tout pourri, mais que j’avais personnellement bien aimé, (je suis peut-être un peu con-con en terme de magie).

Revirement complet pour cette édition, puisque nous avons droit à un spectacle de cabaret, avec danseuses peu habillées. Excellent !

En apprenant cela, plusieurs personnes se sont posé la question de la pertinence d’un spectacle de type foire-à-la-greluche pour une soirée corporate. La cheffette du département boîtal « Orgies Internes » nous a expliqué que celui-ci avait été conseillé par un organisme partenaire, en qui elle avait entière confiance. Lorsqu’elle s’est renseignée plus conséquemment, elle a découvert la nature exacte de la prestation, mais il était trop tard pour chercher autre chose. Elle a malgré tout réussi à négocier quelques conventionnalisations, notamment le fait de ne pas trop montrer de bouts de seins.

Il faut reconnaître qu’elle a réussi à bien gérer la situation, avec les moyens et les infos qu’elle avait. Mais moi, j’aurais bien voulu les voir les bouts de seins. #BalanceTonCorps .

Et qui était donc l’organisme partenaire nous ayant bayé ce conseil ? La Chevalerie du Ballon d’Airin, bien sûr ! Ah nom de dieu de putain de couille de loup, qu’est-ce qu’on se marre.

Ce spectacle de cabaret avait pour thème « les cabarets de Paris ». Wouuuu !!! Une prise de risque artistique de malade !

Qu’à cela ne tienne, ça me plait beaucoup car il y a des femmes rondes.

Les modèles du spectacle

Je suis à la même table que MégaChef En-Même-Temps, du coup j’essaye de me tenir bien. Mais il part assez vite vers le fond de la salle, pour non-danser à côté de quelques personnes qui dansent.

Colléguette Doctoresse-Chaussure, ma voisine de table, est un peu mal à l’aise à cause de cette profusion de peau nue. Je dois avouer que je n’ai pas spécialement fait attention à elle, trop occupé à baver. Heureusement, Colléguette Platona est venue la voir.

Par contre, un type qui nous a lourdé pendant toute la soirée, c’est le chanteur de cabaret. Il apparaissait le temps d’un numéro pour nous pousser une de ses interprétations, tout en essayant de lancer l’ambiance avec des injonctions nazes : « vous pouvez taper dans vos mains si vous voulez ». Wéééééééé !

Je lui hurle dessus qu’on veut soit du Patrick Sébastien, soit les madames. Je tape des mains comme un orang-outang et passe tout le temps de ses chansons merdiques à faire tourner ma serviette. Entre-temps, je me fais une tâche de vin rouge, ce qui était hautement prévisible.

Pour son dernier numéro, ce super-tocard apparait sapé comme le capitaine de La Croisière S’Amuse. Collègue TuLaBoucles annonce : « Ah, on va avoir droit à du Michel Sardou. ‘♪ Quand je pense à la vieille anglaise ♫’. ». Je comprends pas du tout de quoi il parle, jusqu’à ce que super-tocard commence à chanter. On ne l’appellera plus jamais, celui-là.

Les interprétations musicales de super-tocard (allégorie).

Le show se termine sur une apothéose de plumes et de paillettes. Les dames descendent dans le public pour froufrouter leurs robes sur la tête des gens. C’est trop rigolo. On tape dans nos mains, mais cette fois-ci pour applaudir.

Je discutaille ici et là au fur et à mesure que les gens partent. On embarque chacun un super package-cadeau avec de la bonne bouffe et du pinard dedans. Chouette.

Finalement, je rentre tranquillement en vélo. Comme d’habitude, je me plante de chemin mais je ne fais pas demi-tour pour ne pas me taper la honte nucléaire ultime de recroiser des gens qui vont se rendre compte que je me suis planté de chemin. Je parviens malgré tout à rentrer chez moi, avec mon package de miam-miam et ma tâche de vin rouge.

C’était une super journée, riche en bouffe gratuite et en courbes généreuses. Merci ConcreteWorld-🌏 !

Événement corporate : les Temps Forts de Pochtronarr (1/2)

Hey vous, voici le récit d’un événement corporate.

Y’en a une tartine, donc je l’ai coupé en deux.

Contextualisation rapide

Je travaille à ConcreteWorld.🌏, une société qui a pour mission de conserver la réalité dans l’univers.

Nous détectons et corrigeons les événements de non-application des lois de la physique avec une réactivité et un soin exemplaire. Vous avez entendu parler des bugs dans la Matrice ? Eh bien dans les mètres-cubes-seconde de coordonnées spatio-temporelles dont nous avons la charge, il en est survenu très peu. Notre activité grandit progressivement, car la confiance de nos clients, la ténacité de nos commerciaux et l’abnégation de nos techniciens nous font remporter de plus en plus de m³.s.

Cette description provient de notre site internet. J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop pour le corporate bullshit.

Comme toute entreprise qui se respecte, nous utilisons un « outil de gestion de trucs ». Celui-ci supervise, entre autres, les latences de causalité, les pertes d’euclidianité, la localisation des relais de synchronisation d’entropie, la surveillance de la machine à café, les stocks de papiers toilette, etc.

Très souvent, le fameux outil « pour tout gérer » ne gère finalement rien, mais ce n’est pas intrinsèquement de sa faute. C’est juste qu’il faudrait finir de le configurer, le maintenir, saisir les données nécessaires, mettre à jour les processus, etc. Bref, tout ce qui a été malencontreusement pas mentionné ni prévu lors de son achat. L’outil végète donc dans un coin et est utilisé pour 0.05 trucs sur les 1000 imaginés au départ. Pour achever le tout, il est souvent indisponible et avec un temps de réponse décourageant, car le serveur sur lequel il a été installé héberge maintenant 10 autres applications qui elles, sont utilisées réellement.

À ConcreteWorld.🌏, c’est un peu différent. Si l’outil qui gère tout ne gère rien, ce n’est pas uniquement à cause de son environnement, c’est aussi et surtout la faute de l’outil lui-même, buggé jusqu’à la garde. Je ne vais pas vous faire la liste complète des aberrations de ce charnier de code, j’en aurais pour une bonne douzaine d’articles de blogs. Retenez juste ces 3 informations principales :

  • L’outil se nomme Pochtronarr.
  • Il est édité (et vendu à un prix non négligeable) par une société appelée « Ploucocratt ».
  • Il est tout pourri.

Le décor étant planté, je peux maintenant vous narrer l’événement corporate dont il est question : Ploucocratt nous a convié à un rassemblement de leurs Clients, afin de nous présenter les évolutions des produits, d’échanger entre nous, de participer à des tables rondes, de bouffer gratuit, etc. Ils ont baptisé cette journée : « Les Temps Forts de Pochtronarr », en précisant bien qu’elle serait placée « sous le signe de la convivialité ». Youpi.

L’invitation à ces Temps Forts nous est arrivée sous forme d’un mail, dont la première ligne était :

Bonjour, cher {nom_du_contact}.

Petit souci de template de mass mailing. M’étonnerait pas qu’ils aient programmés ça avec Pochtronarr.

J’étais moyen chaud pour faire le déplacement, mais Semi-Chef Pez y tenait grave taquet, alors j’ai fini par dire « banco ».

Semi-Chef Pez est le responsable de la mise en place de Pochtronarr. En fait c’est un Collègue, mais Chef Peyotl m’a donné pour ordre de suivre ses directives, ce qui l’a donc promu au grade de Semi-Chef.

Il s’appelle Pez car il a une dépendance au sucre. Il a toujours un chargeur de ces petits bonbons, et en ingère un de temps en temps dans un petit bruit de « cla-clak ».

Chef Peyotl s’appelle ainsi car il a visité tous les pays du monde pour trouver l’alcool qu’il apprécierait le plus. Ça s’est révélé être le peyotl.

 

En route !

Nous voilà donc partis en road trip, Semi-Chef Pez et moi, en direction du fief de Ploucocratt.

Comme précédemment révélé, je suis une grosse quiche au volant. Il existe des conducteurs qui maîtrisent, mais qui aiment les sensations fortes, ce qui les rend dangereux. Moi c’est plus simple, je maîtrise juste pas.

Semi-Chef Pez est une grosse quiche en guidage de conducteur, car il ne sait pas se servir d’un Tom-tom.

Nous avons donc très intelligement attribué le rôle de conducteur à moi-même, et celui de copilote à Pez. Plusieurs mois après, il m’a avoué que mon style de conduite chaotique lui avait fait « chier de l’huile » durant tout le trajet.

On devrait avoir le droit de dire sur son CV qu’on est, voituralement parlant, un handicapé saltimbanque cyclothymique.

Rien d’autre de notable à dire sur ce passage de ma vie. On arrive à l’hôtel, on s’installe, on se retrouve pour bouffer, on a une discussion conventionnelle, on se retire chacun dans notre chambre-bungalow respectif. Je trouve un scolopendre dans le lavabo, mais osef.

 

Le matin

Mini-trip en voiture, mini-chiage d’huile par Pez et nous arrivons au prestigieux lieu des Temps Forts. Nous sommes accueillis par des Ploucocratiens habillés en semi-formal, ce qui souligne la convivialitude de l’événement, tout en montrant qu’ils ont fait un petit effort pour nous, car un peu de lèche-bottage ne fait jamais de mal.

On nous donne à chacun un sac à goodies contenant du bla-bla de présentation, un formulaire de participation à un quizz stupide, un polo et un chargeur universel de trucs rechargeables. Ce serait des objets intéressants s’ils n’étaient pas estampillés « Pochtronarr ».

Nous nous voyons également offrir un petit carton à notre nom, à accrocher à notre boutonnière, afin de savoir qui est qui et de quelle boîte. Nonobstant le fait que la police de caractère utilisée est le Comic Sans MS, les prénoms ne sont pas écrits. C’est « Monsieur Machin », « Madame Truc », etc. C’est pas ce qui aide le plus à se placer « sous le signe de la convivialité ».

On prend place pour les premières démonstrations, le thème étant « les nouveautés de la nouvelle version ». Je ne vous conte pas tout en détail, ce serait lourdingue (autant que le fait que cela nous est présenté sous forme de Power Point). Voici donc un florilège des moments les plus amusants.

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Diapo de remerciement général, avec les logos de tous les gentils clients, disposés de manière à former le mot « merci ». Celui de ConcreteWorld.🌏 n’y est pas. On ne doit pas être assez prestigieux, ou alors ils nous détestent parce qu’on arrête pas de relever leurs bugs et leurs failles de sécurité.

Diapo de trombinoscope des fringants employés ploucocratiens. Le locuteur annonce : « je vais lister les gens de gauche à droite » et il les liste de haut en bas.

Nous avons :

  • Fournisseur-Mega-Chef TecNoTIC.
  • Fournisseur-Consultant Frigo.
  • Fournisseuse-Commerciale Jacquotte.
  • Fournisseur-Dir-Tech Ashereff.
  • Fournisseur-Sous-Mega-Chef Mick-Jagger.
  • Fournisseur-Support Jeunot.
  • Fournisseur-Consultant Craquelé.
  • Fournisseur-Développeur Drache-Code 1
  • Fournisseur-Développeur Drache-Code 2
  • etc.

Vous l’avez certainement déjà compris : leur titre de noblesse à tous est préfixé de « Fournisseur » car ils sont fournisseurs de ConcreteWorld.🌏. On aurait pu utiliser le préfixe « Sous-Traitant », mais c’est moins classe, et ça aurait fait des titres encore plus long.

Nous expliquerons au fur et à mesure du récit les noms de certaines de ces personnes.

Diapo animée vantant les fonctionnalités de Pochtronarr, avec des engrenages qui tournent. Ils ne sont pas synchros et se traversent. C’est très amusant et très représentatif de l’outil : à première vue tout fonctionne, mais dès qu’on fait le moindre simple test, des symptômes révèlent que tout va péter et que c’était totalement irréaliste de croire que ça allait marcher.

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Dans une présentation corporate, l’humilité assumée est le nouveau moyen de se la péter. On dit qu’on s’est planté, pour pouvoir ensuite insister sur le fait qu’on a été suffisamment observateur pour détecter le problème, suffisamment intelligent pour se remettre en question et suffisamment re-intelligent pour trouver une autre approche. Fusent alors des expressions comme : « on s’est aperçu que », « on a corrigé les erreurs de jeunesse », « on reconnaît que », etc.

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Expressions qui claquent :

« On se développe à l’international, nous avons maintenant des clients à Monaco. »

Ouais, sauf que la base de données de l’outil est encodée en Latin-1. Du coup, vous allez vous développer à l’international-anglais. Oublions les chinois, les arabes, les russes et les grecs.

« Nous éditons un ERP Métier ».

Le mot « Métier », ça impressionne toujours.

« Une solution adaptée au marché, avec les nouvelles technologies ».

En vrai c’est du C#, les pages web sont en asp.net, et le langage de script pour implémenter les process Métier c’est du … On verra ça plus tard, je vous laisse la surprise.

« On a un existant qui est lourd ».

Ça veut dire que leur base de code est pourrie, mais qu’ils n’ont pas la capacité intellectuelle et/ou financière de poser leurs gonades sur leur clavier et de tout remettre à plat. Donc ils rajoutent des couches de bordel, des patchs, des bouchons, des solutions de secours, des outils externes qui rattrapent les boulettes, etc. En tout cas, cet « existant lourd » est leur excuse par défaut à chaque bug que je leur signale.

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Un gros paquet de communication a été émis concernant la nouvelle version majeure de Pochtronarr, un paquet encore plus gros sur la refonte totale de l’aspect visuel, l’ergonomie et la convivialité. (Décidément, ce mot « convivialité », il claque, voire même il chabraque du brontosaure hydrocéphale à la scie égoïne).

Durant les différentes démonstrations, les impondérables suivants ont été relevés :

  • Un clic sur une option fait apparaître un sous-menu déroulant, mais celui-ci est masqué par certains éléments de la page. Petit souci de « z-bug ».
  • Un tableau de données s’affiche au même endroit qu’un autre texte. Il faut développer-réduire deux fois de suite ce tableau pour que ça se réorganise correctement.
  • La liste d’une combo-box est coupée par la limite du formulaire dans laquelle elle se trouve, et n’affiche que les deux premiers choix.
  • Une fenêtre d’alerte mal taillée, cachant la fin du texte du message.
  • Diverses fautes d’orthographe dans les formulaires, en particulier des terminaisons de verbe « er/é ». (Astuce futée : remplacer par un verbe du troisième groupe, le mieux étant le verbe ‘prendre’, car il permet de détecter le féminin avec ‘prise’).
  • Un mail envoyé automatiquement, comportant le mot « Mail » dans son sujet. Merci Captain Obvious.

Je dois toutefois modérer mon propos : plus tard, j’ai eu l’occasion de tester cette fameuse nouvelle version avec Chrome et Firefox, et la plupart de ces impondérables n’y sont pas apparus. C’est juste que là c’était sous IE.

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Madame Roupy, de la société Nil, glousse à chaque remarque prétendument humoristique.

Est-ce que c’est sexiste, de mentionner ce non-événement, ou pas ?

Ça ne devrait pas, puisque cet article brosse également le portrait d’individus masculins, en des termes aussi peu élogieux que ce que je viens d’écrire là. Mais le gloussage est une activité qu’on attribue péjorativement aux femmes, donc c’est sexiste de renforcer ce stéréotype. De plus, je mentionne beaucoup d’hommes, ce qui amène quelques petits passages avec des termes moins pas-élogieux que d’habitude. Or, je n’ai pas l’occasion de faire cela avec les femmes, puisqu’elles sont moins mentionnées. Là encore, c’est sexiste. Mais c’est pas de ma faute dans le sens où il y avaient beaucoup plus d’hommes que de femmes lors de ces Temps Forts.

Est-ce que je dois augmenter artificiellement la mention et la présence des femmes dans cet article, pour atténuer le sexisme et la non-parité inhérente aux métiers de l’informatique ? Est-ce que ça ne risque pas de rendre mon article bidon, encore plus irréaliste que ce qu’il n’est déjà, et entâché de bien-pensance niaise ?

Est-ce que c’est sexiste d’avoir écrit ce paragraphe de réflexion interne, qui sous-entend lourdement que si je me suis senti obligé de l’écrire, c’est justement parce que notre époque a changé et qu’on doit maintenant faire beaucoup plus attention à ne pas balancer des remarques relevant du sexisme ordinaire ?

Je ne sais pas. Passons à autre chose.

Où sont les femmes qui auraient pu faire de l’informatique ? Ah ben elles sont là.

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Ces Temps Forts sont également l’occasion pour les ploucocratiens de s’envoyer des fleurs entre eux et se faire des petites blagounettes de convivialititude.

« Le rendu des graphiques en mode image était très mauvais. Mais nos développeurs ont arrangé ça et j’ai été bluffé. »

« Je ne désespère pas qu’ils améliorent la fonctionnalité des récaps. (Hu hu hu, j’en profite pour leur passer des messages). »

« On est les seuls à faire un produit qui soit compatible Oracle, postgreSQL et SQL Server »

Oui, euh… ça s’appelle un ORM (Object-relational mapping). Django le fait, pour ne citer qu’eux. Sauf que vous, vous mettez les différences de dialecte SQL au niveau des scripts de process métiers, alors que ça devrait être à un niveau plus bas (dans le moteur de l’outil). Parce que là on doit tout se repalucher à chaque script. Dans les faits, on repaluche rien, on reste sur le SGBD choisi au départ, et on prie pour qu’on n’ait jamais besoin de le changer.

« Il reste un petit souci avec les indicateurs graphiques, mais les développeurs vont nous optimiser tout ça. Il y a eu un gros effort d’intégration. »

« Haha, quel rigolo je fais ! Dans le formulaire, je n’ai coché que des PC marqués comme étant ‘en panne’. »

« Oups, ça n’a pas marché. Mais c’est normal, le champ Description est obligatoire. Quel intelligent coquin cet outil ! Il me demande de me justifier. »

Fournisseur-Mega-Chef TecNoTIC annonce fièrement :

« on a entièrement restructuré nos méthodes de travail en interne, maintenant, on est AGILE. Les développeurs sont à fond durant leurs ‘ ‘ ‘sprints’ ‘ ‘. ».

Il avait tellement mis de guillemets autour du mot « sprint » qu’on a tous compris que pour lui, ça restait un terme très exotique. Et il avait tellement mis de guillemets autour des guillemets autour du mot « sprint », qu’on avait également compris qu’il revendiquait sa non-comprenance totale de la méthode AGILE.

TecNoTIC s’appelle ainsi car il travaille dans une entreprise de TIC, mais lui-même n’y connait rien. Vous avez peut-être déjà rencontré ce genre de chef. Ils se vantent de leur ignorance. C’est un comportement que l’on pourrait relier au concept de « l’humilité assumée qui est un nouveau moyen de se la péter. ».

Mais c’est aussi une insulte envers lui-même. L’informatique fait maintenant tellement partie de notre vie que même si vous ne travaillez pas dedans, c’est important de s’y connaître un minimum.

Et c’est aussi-aussi une manifestation de condescendance, voire de mépris, envers ses employés : « la programmation est un domaine pour les gueux travaillant au bas de l’échelle. Je suis au-dessus de ça, donc je n’ai pas besoin de m’y connaître ».

Petit édulcorage de mon propos : j’ai eu l’occasion, plus tard, de rediscuter avec cette personne, il se trouve qu’il s’y connait malgré tout un minimum. Disons qu’il sait ce qu’est un cookie et qu’il a une vague connaissance du concept de l’authentification décentralisée.

Allez les gueux ! Finissez-moi ces features et pondez-moi cette release ! *claquement de fouet

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Je profite de toutes ces démos pour remplir la feuille du quizz à la con.

Il est gavé de questions stupides et captain-obvioussesques. C’est limite un dénigrement de mon intelligence et de ma mémoire.

La dernière question :

Qu’y a-t-il dans la nouvelle version de Pochtronarr (multi-cochage possible) ?

– Une refonte totale et endoscopique de l’interface utilisateur.

– Un module d’analyse d’image vous obligeant à utiliser des photos de vous à poil pour votre image de profil.

– Un changement de paradigme intrinsèque dans le noyau du sous-moteur déterminant la couleur des graphes en camemberts.

Je rajoute une case en dessous, sans la cocher, et j’écris : « intégration du langage python, parce que les scripts métiers en Small-Talk avec l’IDE de Scratch, on a fait mieux depuis ».

Voilà comment ont programme les scripts. Ça valait le coup de l’annoncer avec un peu de suspens.

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Parfois, les ploucocratiens s’envoient de vilaines petites piques.

« Nombreux sont les consultants qui ont eu un peu de mal avec la nouvelle fonctionnalité de multi-affichage. »

« On a eu quelques mauvaises surprises sur les temps de réponses. »

(Après une remarque d’un ploucocratien random) : « Non mais c’est à moi de parler, c’est pas à toi ».

« Je suis pas commercial, je fais pas d’effet d’annonce. »

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Et bien sûr, nous avons les inévitables aléas dûs au célébrissime « effet démo ».

« Ah, mon poste n’est pas en forme. »

Le glisser-déplacer d’un fichier dans une zone d’un formulaire web qui foire.

Une belle petite erreur 500. On a les mêmes. Elles sont totalement aléatoires.

« Moui bon, il y’a un petit souci sur les abscisses. »

(Aspect visuel, convivialitationnitudité, tout ça…)

Tentative de faire un regroupement de champ avec un tableau de données de 3000 enregistrements. Boum, ça pète.

« Ça devient moins rapide au fur et à mesure qu’on rajoute des fonctionnalités. »

Euh, non. Quand le moteur interne est bien structuré et que la fonctionnalité est ajoutée correctement, ça ralentit pas tout le reste. Mais bon…

« Ouh, vous êtes un aventurier. »

C’est la réponse que j’ai obtenue après avoir demandé qu’on teste quelque chose de particulier (je ne sais même plus ce que c’était, et osef). À vrai dire, j’avais à peine énoncé une action préliminaire à ce que je voulais réellement voir testé. Rien que ça faisait déjà de moi « un aventurier ».

« Globalement, normalement, ça fonctionne. »

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Parfois, les problèmes ne viennent pas d’un vilain et inattendu effet démo, mais des fonctionnalités elles-mêmes, ou de la manière de les présenter.

« À la demande de beaucoup de nos clients, l’enquête de satisfaction a été intégrée dans les mails ».

Dit comme ça, c’est impressionnant. En vérité, c’est juste des urls ouvrant sur une page spécifique de Pochtronarr. Et comme les infos de connexion ne sont pas enregistrées dans un cookie comme dans tout site qui se respecte (me demandez pas où elles sont enregistrées, j’ai même pas cherché), eh bien il faut se relogger pour répondre à l’enquête. Passons…

Démonstration de cette fonctionnalité. L’exécuteur de la démo clique sur la note la plus mauvaise (un petit smiley pas content du tout, #on_est_trop_des_geeks) et indique en commentaire : « ça ne marche pas, gros nuls ». Voilà un story-telling couronné de conconvivivialiturpitude !

« Le champ ‘Remarques’, vous oubliez ».

Ce champ contenait du putain de SQL. Merci de ne pas nous prendre pour des débiles. S’il est là, à priori c’est pas pour rien et faut justement pas « l’oublier ». D’autres part, quelle décadence d’enchaînement d’événements a-t-on dû s’infliger pour se retrouver dans une situation dans laquelle un champ intitulé « Remarques » doit contenir du SQL  ?

« Wolk on line »

Il s’agit de la manière dont Fournisseur-Consultant Frigo prononce le terme « Wake on lan ». (Plus de détails ici : https :// fr.wikipedia.org/wiki/Wake-on-LAN).

De manière générale, j’ai remarqué que l’ensemble des interfaces et de la documentation de Pochtronarr montre des symptômes inquiétants de gloubiboulgatisation sémantique et de mauvaise maîtrise du langage (qu’il soit parlé ou de programmation) : fautes d’orthographes, homonymes dans les noms de concepts, code non factorisé, encodage et caractères spéciaux non compris, etc. Ce « wolk on line » en est une confirmation.

Vous vous rappelez de Collègue Eurod’, l’anti-Raymond Devos de l’ancienne crémerie où je travaillais ? Je retrouve un petit peu de lui dans Pochtronarr.

Sur ce, les fabuleuses démonstrations du matin se terminent, il est temps de se précipiter vers la boustifaillou-graillasse.

 

Repas de midi

Sauf que c’est pas tout de suite l’instant boustifaillou-graillasse. Là c’est « temps libre pour sociabiliser avec nos homologues d’autres sociétés ». Une idée fort louable, mais pour laquelle je n’ai que très peu de talent. J’envoie un SMS à une personne imaginaire pour me donner une contenance.

Semi-Chef Pez, qui est meilleur que moi à ces mondanités, parvient à choper « Monsieur Mucarpet », un techos d’apparat de chez CarGlass affublé de lunettes de la sécurité sociale. Oui oui, ils ont des techniciens informatiques chez CarGlass. Et leurs verres de lunettes sont très épais.

C’est une belle prise de la part de Pez, car nos deux instances de Pochtronarr ont un bug en commun. Une histoire de changement d’état d’un neuro-transmetteur virtuel qui est aléatoirement non pris en compte. On est à la fois rassurés de voir qu’on n’est pas les seuls à avoir une foule de problèmes avec cette merde, et inquiets de voir que ces problèmes ne semblent pas résolus, ni même pris en compte, ni même reconnus par les ploucocratiens.

On tente de le leur faire entendre. Fournisseur-Dir-Tech Ashereff répond : « chez d’autres clients ça marche », et « c’est la faute à vos scripts métiers, quand vous en codez un, il faut toujours mettre le changement d’état en dernier ». Je veux bien être d’accord, mais le bug a lieu lors de l’exécution d’un script standard fourni avec Pochtronarr. Donc soit ils respectent pas leurs propres consignes, soit ça vient pas de là. Bref, chou blanc pour tenter d’attirer leur attention sur ce bug.

Entre temps, Semi-Chef Pez alpague d’autres ploucocratiens pour les vilipender, comme quoi l’installation de notre Pochtronarr aurait été effectuée via un concours de lancers de seaux de vomi.

Les ploucocratiens alpagués admettent sans trop de résistance que le consultant qui nous a été affecté s’est révélé par la suite être un radiateur de la planète Radiateur, déguisé en humain et visitant la Terre dans le cadre d’une excursion « Tourisme authentique de galaxies panachées ». Il a été viré depuis, mais les séquelles de son passage parmi nous restent encore.

Je suis content que Ploucocratt avoue avoir copieusement merdé. Par contre le minimum aurait été de réparer. Or, la seule chose qu’ils nous proposent c’est : « on corrige vos bugs, on finit de livrer ce que vous avez demandé au départ, on tire un trait et on repart à zéro ». Mouais bof. Je trouve ça un peu léger comme réponse. Et de toutes façons, il n’ont pas spécialement corrigé leurs bugs (se référer à ce que je viens de raconter juste avant).

Dialogue entre Semi-Chef Pez et Fournisseuse-Commerciale Jacquotte :

− On aimerait aussi avoir une fonctionnalité d’arborescentisation des psycho-tropismes. Comment on peut faire ça ?
− Pour toute demande d’évolution, voyez avec votre consultant.
− Oui, et c’est qui ? Parce que ça a changé quatre fois depuis cette histoire de radiateur déguisé en humain.
− …

Jean-Rudy Radiateur, en train de se reposer.

Fini pour aujourd’hui

Comme annoncé, je coupe ce récit en deux. La suite arrivera le mois prochain. J’imagine qu’une multitude de questions cruciales hantent maintenant votre esprit :

  • Qui remportera les cadeaux du quizz idiot ?
  • Réchèr aura-t-il l’occasion de boire suffisamment d’alcool pour se désinhiber et dire ce qu’il pense vraiment de Pochtronarr ?
  • Quel est le secret du nom de Fournisseur-Consultant Frigo ?
  • Pourquoi ?

Vous le saurez au prochain numéro.

J’ai changé de crémerie (1/3)

Where to ?

Where to ?

J’ai changé de boulot. Le nouveau est beaucoup mieux. J’espère que l’avenir continuera d’être aussi bien que le présent.

Je Travaillais chez Zarma.pro, société éditrice de logiciel de karmagraphie. J’ai pas eu l’occasion de faire des articles corporates-bullshit à son sujet et je vous prie de m’en excuser. C’était une entreprise ‘familiale’ (ça ne veut rien dire mais c’est pas grave), elle produisait donc moins d’événements grandioses et alcoolisateurs que Merluchon Inc.

Pour me rattraper, voici un patchwork-vrac des choses marquantes ayant jalonnées cette incarnation professionnelle. Plein de petits moments magiques dans le désordre, un peu comme les films cucul-la-praline genre Amélie Poulain même si dans Amélie Poulain c’est pas dans le désordre, mais vous voyez ce que je veux dire.

Bugs de comportements et autres moments bizarres.

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Pot de départ de Collègue GenerationY. Il paye ses croissants/pains-aux-chocolats/pains-aux-raisins. Je demande : « quelqu’un prendra le dernier pain au raisin ? ». Il répond : « oui, je me l’étais gardé pour moi ». Là, je sais pas ce que fout mon cerveau mais il transforme espièglement les propos entendus en « vas-y, fais-toi plaisir, t’es un mec génial ». Je prends le pain au raisin en toute confiance et mords dedans. Collègue GenerationY s’exclame : « eh, mais je le voulais ! ». Je me confonds en excuses. Lui était là, dégoûté genre : « nan mais voilà quoi. Ouais bah c’est bon. Aaaaiin ». J’ai répété mes excuses. Il a refait son « pfffff… eeêêêêêaaaiiiinnn ».

De toutes façons il était bizarre ce mec. Il parvenait avec brio à bien me faire comprendre qu’il me considérait comme un gros boulet. Face à ce genre de personne, ça ne pardonne pas, mon cerveau panique et me fait me comporter comme un gros boulet encore plus que d’habitude.

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Collèguette Cuisse passe un petit coup d’éponge sur la table de la salle de pause (y’avait eu des croissants, une fois de plus). Je réalise que moi je ne la nettoie pratiquement jamais. Je me dis que c’est pas grave, je me rattraperai la prochaine fois.

À nouveau, je ne sais pas ce que mon cerveau a chié, il s’est mis à stresser en me faisant croire qu’il était possible que les gens se soient aperçus que je ne nettoyais jamais la table, qu’ils commençaient tous à médire sur moi, et que le fait que je regarde Collèguette Cuisse sans rien faire allait ajouter aux médisances.

Après de longues minutes d’un épique combat intérieur (durant lequel Cuisse quasi-termina de nettoyer la table), je décide qu’il est impératif de lutter contre tous risques de médisances, même minimes. Je prends alors une éponge, commence à frotter et demande : « t’as besoin d’un coup de main pour la table ? ». Elle m’a regardé durant un blanc absolu de plusieurs secondes. Elle ne savait pas du tout comment réagir tellement je venais de me comporter de manière buggée. J’ai remballé mon éponge et j’ai fui. Il est fort probable qu’après cela, elle ait généré une certaine quantité de médisances à mon sujet quant à ma boulettitude et mes bugs, soit tout ce que je voulais éviter.

J’ai mis plusieurs mois à me remettre complètement de cette histoire et à réussir à me comporter normalement avec elle, lui parler, etc.

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On devait tracer ce qu’on faisait chaque jour, jusqu’à une précision maximale d’un quart d’heure. Rien que de très normal, ça se fait dans plein de boîtes. Je déteste ça, mais c’est ainsi.

Un matin, j’ai trouvé un cadavre de lapin sur le parking, en décomposition relativement avancée. Je suis allé le jeter avec des gants et un sac en plastique. J’ai noté dans mon relevé journalier : « catégorie:improductif. description:enlever un lapin mort sur le parking. durée:0.25h ». C’était très drôle.

Doom-2-Daisy-Rabbit-Inferno-End-Screen-Feature

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Restons dans le thème de l’hygiène. L’une des activités préférées de Collègue Eurodance (dont j’ai déjà parlé dans d’autres articles) consistait à râler lorsqu’il découvrait des toilettes sales. Et vas-y que je proteste que c’est inadmissible, comme quoi les gens ne font pas ça chez eux alors ils n’ont pas à le faire ici, et blablabla-blabla.

Soyons clair, je suis d’accord avec lui. Mais c’est un combat perdu d’avance. Dans toutes les entreprises, il se trouve systématiquement des connards (ainsi que des connasses mais je ne peux pas le vérifier) qui pourrissent les toilettes. Ensuite, se trouve de pauvres naïfs comme lui qui se mettent à envoyer un mail à l’ensemble du personnel expliquant que CHACUN doit nettoyer son PROPRE CACA.

Ce genre de remarque me stresse, car j’ai toujours peur d’être le fautif, même si je vérifie toujours bien que je n’ai pas laissé de caca. Ça date d’un traumatisme de mon stage de fin d’étude. J’avais fait caca et j’avais nettoyé. Un peu plus tard, le chef y va à son tour. Il ressort instantanément avec un air dégoûté et déboule dans l’open space des ouvriers-stagiaires pour demander qui a fait caca le dernier. Tous les ouvriers me montrent du doigt. Je vais voir, persuadé que y’aurait rien et que c’est le chef qui fabule. Et voilà que je découvre des filaments liquides de caca particulaire ! Impossible de décrire précisément à quoi ça ressemblait. En tout cas, c’était clairement pas sorti de mon trou du cul sous cette (non-)forme. La seule explication possible que j’ai pu trouver à ce maléfice, c’est que mon caca se soit anthropomorphisé, qu’il ait remonté le tuyau à l’aide de ses bras en caca, pour finalement s’échouer, se dé-formifier et s’auto-liquéfier à la surface.

J’ai un rapport compliqué avec le concept du caca. Y’en a qu’ont un rapport compliqué avec la nourriture : ils sont anorexiques, boulimiques, etc. Moi c’est avec le caca. Évidemment tout le monde s’en fout et ce n’est pas un problème reconnu par la médecine.

L’expression ‘propre caca’ employée plus haut est vraiment très drôle, mais elle n’est pas de moi. Rendons à César ce qui appartiens à Je t’encule Thérèse. (http:// www. jetenculetherese.net/trucs-et-astuces/peut-on-ken-sa-collegue-de-bureau/)

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Restons dans le même thème. Un matin, je vais aux toilettes, et pour le coup, c’est moi qui ai râlé. Il y avait pire que des filaments particulaires auto-liquéfiés, pire que des traces pas raclées au fond, pire qu’un petit morceau flottant n’ayant pas voulu partir avec ses amis. C’était carrément la livraison entière de caca qui trônait au milieu du trou du trône. La chiasse avait pas été tirée.

Je prends même pas le temps d’entrer dans le lieu et commence à protester à voix semi-haute. Collègue NinjaScout qui passait par là me demande quelle est le problème. Je lui montre l’objet de mon courroux. Je m’attends à ce qu’il se contente de dire « rhoo, c’est scabreux, les gens sont sales », puis à ce qu’il reparte, me laissant littéralement dans l’excrément. Mais, surprise ! Il pénètre dans le petit coin, tire la chiasse et me répond : « eh bien tu vois, tu prends la petite bro-brosse et tu brosses ». Je réplique : « C’est pas le problème. J’allais le faire. Mais j’ai tenu à protester parce que c’est pas mon caca ». Et là, il prend lui-même la bro-brosse, brosse et repart comme un prince.

J’étais arrivé assez tôt le matin, la boîte était encore assez peu peuplée. Il y a donc de fortes chances pour que ce soit SON trou de balle qui soit à l’origine de cette livraison incongrue. Ça expliquerait pourquoi il a nettoyé alors que je ne lui avais pas explicitement demandé et que je ne cherchais auprès de lui rien de plus qu’une oreille attentive pour catharsiser mes névroses scatologiques.

Ça ne l’a pas plus déstabilisé que ça. Il a nettoyé sans avouer, sans s’excuser. Il a eu la force de ne pas s’effondrer en larme alors que j’avais mis ces méfaits au grand jour. Il me parlait de la bro-brosse comme si c’était un objet aussi banal qu’une souris d’ordinateur. J’ai été fasciné par son attitude. J’aurais tant voulu être comme lui, avoir sa force de caractère, être capable de laisser un bloc de crotte complet à la vue du monde entier, ne pas s’en sentir coupable, ne pas en avoir de souvenirs horribles qui remonteraient dans ma mémoire, tel des golems de caca auto-liquéfiés, s’accrochant aux synapses de mon cerveau, pour finalement se vautrer dans ma conscience avec une putréfiante auto-satisfaction. Je ne suis qu’un faible.

The Golem Entry 4

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Changeons de thème.

Les livraisons effectuées aux Clients impliquaient de fournir le CD du machin livré. (Parfaitement ! Des CD ! C’était pour le petit côté charmant et désuet). Collègue V-Brun devait les envoyer par la poste (désuettitude, quand tu nous tiens), mais a laissé traîner cette tâche pendant plusieurs mois. Cheffette Gothique s’est énervée et a étalé tous les CD sur son bureau.

Il n’a pas compris pourquoi. Ou il a fait semblant de ne pas comprendre.

Sinon, j’aime à mettre une majuscule en gras au mot ‘Client’, afin de souligner l’absurdité du monde du Travail. Cependant, je propose de ne pas faire ça tout le long de l’article, ça deviendrait vite chiant.

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Réunion avec MégaChef Storitel. Par inadvertance, il se gratte un bouton de la gueule et se fait légèrement saigner. Il tamponne discrètement l’hémorragie avec un mouchoir. On fait tous semblant de ne rien voir, comme exigé par les conventions sociales. Ça passe crème. Sauf que 10 minutes plus tard, c’est moi qui m’atomise un bouton tronchial et tamponne avec un mouchoir ! Tout le monde fait à nouveau semblant de ne rien voir, mais l’atmosphère devient extrêmement bizarrifiée. Je me met à m’imaginer que les gens vont s’imaginer que j’ais répété une action de MégaChef par pure mimétisme flagorneur, pour l’amener à penser que je l’admire tellement que je veux être exactement comme lui, jusqu’à la moindre petite cellule de pustule purulente éclatée.

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Tandis que j’envoyais des commandes à un serveur Linux via le petit outil PuTTY, je me suis dit que ce serait classe et distingué de tracer mes actions, par le truchement d’un copié-collé de la console. Je sélectionne le texte, puis fait un clic-droit dans le but d’ouvrir le menu contextuel et d’accéder à l’option ‘copier’. Et là : badaboum nucléaire ! des hecto-brouettées de commandes random s’exécutent à la vitesse de la lumière. Incompréhension, panique, peur. D’autant plus que j’étais root.

La blague avec PuTTY, c’est que dans sa configuration par défaut, la sélection d’un texte déclenche automatiquement l’action ‘copier’, et le clic droit déclenche l’action ‘coller’. Je venais de renvoyer dans la console tout ce que je venais d’exécuter (input et output compris).

Ça m’a un peu énervé. J’ai envoyé un mail au département ‘Synapseries Internes’ pour leur dire que cet outil est bien, mais dangereux. Y’avait l’expression ‘putain de copier-coller’ dans mon mail. J’avais vraiment besoin d’écrire ça.

Réponse du guru des synapseries internes : « Merci Réchèr pour ce récit des plus édifiants. Sinon tu pouvais aussi lire le manuel de PuTTY ».

Eh bien non, désolé. Avec un outil compliqué de prime abord, mais qui devient ensuite pratique et puissant (git, The Gimp, QGis, …), je suis d’accord qu’il faut ‘lire le manuel’, ou à la rigueur, lire des tutos sur internet. Mais avec un outil qui semble simple de prime abord, excusez-moi de ne pas m’imaginer que je doive obligatoirement lire le manuel afin d’être au courant des éventuels pièges qu’il comporte. J’ai pas lu le manuel de Paint ni celui de mon slip kangourou, pour autant ces deux outils ne m’ont pas arbitrairement explosé à la gueule.

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Toutes les discussions sans fin sur l’ergonomie des outils, le placement des boutons, les icônes, etc. Ainsi que toutes les discussions sans fin sur les plaquettes de présentation des produits, les phrases-choc, la couleur du fond, la taille du texte, …

C’est incroyable le nombre de gens qui tiennent absolument à faire part de leur opinion sur ces sujets, tout en précisant bien qu’ils ne sont ni graphistes ni ergonomes. Je fais partie des gens qui n’y connaissent rien, mais j’ai la décence de ne pas péter les gonades de tout le monde avec mes avis pourris. Je ferme ma gueule et exécute docilement les élucubrations graphistico-ergonomiques passant par le trou du cul de tous ces tocards incultes et pompeux.

En tant que développeur, je me plains parfois des échanges avec les clients, comme quoi ils n’y comprennent rien, demandent n’importe quoi, ne savent pas ce qu’ils veulent, etc. Mais sur ce point, je reconnais que les graphistes doivent en chier beaucoup plus. La fameuse phrase « c’est moche », les graphistes doivent avoir envie de tronçonner des artères dès qu’ils l’entendent.

Et ces plaquettes ! Bon sang, ces plaquettes ! Que de papier et d’encre gaspillés ! Que de temps de vie foulé au pieds ! Tandis qu’à côté croupissait notre site internet boîtal officiel. Il avait 10 ans de retard, il a fallu attendre 5 ans pour se décider à les rattraper. (Faites le calcul, il n’a maintenant plus que 5 ans de retard, mais c’est pas les mêmes années qu’avant).

Fuck ergonomy !!

Fuck ergonomy !!

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Collèguette Cuisse n’avait pas toujours son téléphone mobile avec elle. Lorsqu’il sonnait, moi et d’autres collègues étions dérangés par Kendji Chirac (le fils de Jacques Chirac) et ses histoires de belle Andalouse. C’était un peu la lose.

Je suis allé sur Youtube et j’ai fait jouer la même chanson. Collèguette Cuisse a débarqué croyant que son téléphone sonnait. C’était très drôle.

(Bien entendu, j’ai fait ça plus d’une année après la désastreuse histoire de la table).

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Le projet où je me suis le plus éclaté, c’était un logiciel d’automatisation de relevés karmagraphiques de populations d’acariens. Un truc génial :

  • Des scientifiques fous pour clients, qui m’ont fait miroiter leur joli petit monde tout rose que j’aimerais tant atteindre.
  • Un contexte métier complètement différent des autres projets.
  • Une liberté totale pour l’architecture et le développement du bastringue (Collègue Drache-Code, dont je parlerai plus tard, intervenait uniquement en tant que lointain conseiller CTO).
  • Un potentiel de truandage non négligeable, du fait de l’affectation de Collègue Nounours à la fonction de Planificateur. Je lui disais que telle fonctionnalité prendrait 3 jours à coder, il sourcillait pas d’un poil. Mais comme il était vraiment sympa, je ne lui ai pas grappillé tant de temps de glande que ça.

Vint la démonstration d’une version intermédiaire du logiciel. Ça ne se passait pas très bien, il y avait des plantages aléatoires à cause du middleware mantrique de merde qu’on avait coutume d’utiliser.

C’est dans cette atmosphère tendue qu’est évoqué le sujet du code source, qui faisait partie des Livrables. Les scientifiques fous n’arrivaient pas à le compiler (à cause de leur Visual Studio installé à l’arrache, of course). Collègue Nounours leur dit : « le code source, on vous le donne, il est là ». Le client répond : « mais si ça se trouve, vous nous avez envoyé des vidéos… », il n’a pas osé finir sa phrase. Nounours a alors énoncé, sur un ton exagérément mielleux : « Vous n’êtes pas obligé de nous insulter. Pour qui nous prenez-vous exactement ? ». On sentait qu’il bouillait de l’intérieur. J’étais au milieu de tout ça et j’en menais vraiment pas large.

Quelques heures plus tard, j’ai consulté les logs, trouvé le problème et adapté le code au middleware mantrique pourri, qui avait, of course, été installé à l’arrache par les scientifiques fous.

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Pause de midi. Collègue Générique nous parle d’un service de location de vaisselle. Collègue Autre-générique demande : « on la rend propre ou sale ? ». Collèguette Hîhîhî, qui n’avait pas décroché un mot depuis le début du repas, répond du tac-au-tac : « sale !! ». Ça a créé un blanc de conversation pachydermique ! J’ai tenté de débizarrifier la situation en sortant une remarque neutre et inutile, sauf que je n’ai pas été assez rapide, Chef Chouchou m’a coupé la parole et a dit « Je sais ! » sur le ton de je-fais-comme-si-j-etais-Collèguette-Hîhîhî.

C’est un peu compliqué à expliquer (comme quoi, c’était vraiment un moment bizarre). Chef Chouchou a fait la blague de faire croire que Collèguette Hîhîhî répondait comme si c’était une question d’examen ou de jeu télévisé ou autre. C’était techniquement possible de jouer à faire croire ça parce qu’elle a répondu très vite, n’avait rien dit auparavant et n’a rien dit non plus auparaprès.

Chef Chouchou a dû se considérer très spirituel, mais moi je trouve ça pas drôle et carrément impoli. Sa fausse blague jouait sur les blancs de conversation et le mutisme temporaire, deux problèmes qui m’ont toujours épouvanté. Quand il y a des conversations autour de moi et que je n’ai rien à dire, je flippe ma race car je suis toujours en train de me dire que les autres sont en train de se dire que si je n’ai rien à dire c’est parce que je ne suis qu’un gamin qui connaît rien à la vie.

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Un jour que la météo avait annoncé du beau pour le vendredi suivant, on avait décidé de se lancer tous ensemble dans le projet d’une plancha hyper conviviale. Collèguette Hîhîhî (encore elle) nous avait élaboré l’inévitable fichier Excel pour déterminer les personnes apportant, qui une entrée, qui de la viande, qui des bouteilles de piache, etc.

Disgression : « qui, sa part de bouchée à la reine » (extrait de ‘Les damnés de la Terre Associé’, Tronchet) (http:// www. bedetheque.com/serie-3592-BD-Damnes-de-la-terre-associes.html).

Or donc, ce tableau Excel était assez mal branlé. Il comportait 5 fois trop de cases qu’on était censés remplir en diagonale. Durant la pause, plusieurs collègues en discutèrent en sa présence, se moquant gentiment d’elle. Moi j’étais déjà reparti pour faire du Travail. On m’a raconté par la suite qu’elle s’était énervée et était partie en balançant « vous me faites chier avec ce tableau, zut et fuck ! ».

C’était un moment bizarre dans lequel je n’étais nullement impliqué et qui n’était pas du tout de ma faute. C’est extrêmement rare. Je regrette un peu de ne pas y avoir assisté.

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J’ai travaillé dans une équipe avec 4 autres personnes, que nous appellerons sobrement A, B, C et D. La phrase suivante est vraie pour tout couple (X, Y) appartenant à (A, B, C, D)² avec X différent de Y :

« J’ai entendu X déblatérer sur Y. »

J’ai personnellement dit du mal de certains collègues A, B, C ou D, auprès d’autres collègues A, B, C ou D, mais je n’ai pas effectué toutes les combinaisons possibles.

Soit je suis quelqu’un de socialement très doué, qui est parvenu à devenir le confident secret de toute l’équipe, soit tout le monde déblatairait intégralement sur tout le monde. La deuxième option me semble la plus probable. J’en conclus aisément que X a déblatéré sur moi auprès de Y, pour tout (X, Y) appartenant à (A, B, C, D)².

Alice dit à Bob que Carol est une grosse nulle et Dave écoute cela avec délectation.

Alice dit à Bob que Carol est une grosse nulle, Dave écoute avec délectation.

Collègue Eurod’

Je vais vous présenter l’étrange capacité de ce monsieur à tordre et mélanger la langue française de façon à la rendre imprécise.

Le parler Eurod’

Vous avez peut-être eu vent du « parler moche » (https:// web. archive.org/web/20150329122000/http: //www. dicomoche.net/intro1.htm).

Eh bien ce n’est pas ce que fait Eurod’.

Les ‘parleurs moche’ me semblent agir de manière plus ou moins consciente. Leur utilisation de mots inhabituels, voire carrément inventés, à la place de mots habituels est voulue. Le but étant de provoquer l’illusion qu’ils maîtrisent profondément la langue française, à tel point qu’ils connaissent la subtile différence de sens entre tel mot inhabituel et tel mot habituel. Ils seraient ainsi capable, hypothétiquement, de justifier leur emploi de chacun de ces mots inhabituels.

Eurod’ est beaucoup plus idiosyncratique dans son parler personnel (même si ça veut rien dire). Eurod’ agit de manière plus ou moins INCONSCIENTE. Il est intimement persuadé de l’existence des mots et expressions qu’il a lui-même inventés sans s’en apercevoir. Il ne réalise pas qu’il est le seul homme au monde à s’en servir. Comment en est-il arrivé à ce méta-état de spiritualité sémantique auto-alimentante ? Je l’ignore.

Il remplace certains mots par d’autre. C’est un fait. Mais la méthode choisie pour ces remplacements est des plus obscures. Parfois c’est juste des sonorités voisines, parfois c’est le sens qui a un très vague rapport. Ce vocabulaire unique provoque un effet d’une sincérité poétique des plus déroutantes.

Les propos d’Eurod’ sont comme les paroles des chanteurs spécialisés dans l’étrangeté assumée (Noir Désir, Thiéfaine, Luke, …), ces paroles qui donnent l’impression d’osciller en permanence entre du n’importe quoi aléatoire et un profond sens caché impossible à atteindre.

Les propos d’Eurod sont comme les adorables petites perles des enfants découvrant le langage : ‘pique-mémé’ au lieu de ‘pique-niquer’, ‘jour fermier’ au lieu de ‘jour férié’, ‘le jus du pain’, ‘des épluchures de yaourt’, …

Les perles de nos enfants ?

Les perles de nos enfants ?

Eurod’ est une sorte d’anti-Raymond Devos. Ce dernier distillait le langage d’une façon experte pour en extraire toute la poésie. Ce premier essore le langage d’une façon terriblement non maîtrisée, avec un tel aplomb que l’anti-poésie qui en découle pénètre dans les plus bas-fonds de la notion même d’en type au hésies pour devenir de l'((anti)ᵃⁿᵗ ⁱ )-poésie, ce qui finit par sublimer la poésie. Raymond Devos devient le vide.

Ce sont là les meilleures explications théoriques du parler Eurod’ que je puisse vous donner. Je vous propose maintenant de les illustrer par :

Quelques exemples

 

« Ce bloc de code est rustre-syntaxique »

Mélange de ‘sucre syntaxique’ et de la tournure grammaticale où on accole un nom avec un adjectif pour faire un autre adjectif (exemple : Turing-équivalent, W3C-compliant, …). Signification eurodienne : ce bloc de code n’est pas très explicite ni très clair, les actions qu’il réalise sont difficiles à appréhender.

 

« Redondance cyclique »

Signification eurodienne : situation dans laquelle un module A dépend d’un module B alors que le module B dépend déjà de A (c’est mal, faut pas le faire, mais c’est pas le sujet). Le terme correct est ‘dépendance circulaire’. La redondance cyclique est une notion appartenant au domaine de la cryptographie. Le peu que j’en sais me vient de Wikipédia, mais me permet au moins de vous assurer que ça n’a rien à voir avec des histoires de dépendances.

 

« Ce programme est un polycode »

Mélange de ‘unicode’ et de ‘code informatique’. Signification eurodienne : le programme est capable de gérer des fichiers texte ayant n’importe quel encodage de caractère.

De manière générale, Eurod’ aimait bien ajouter ‘mono’ et ‘poly’ un peu partout : « On a mono-standardisé les éléments de l’IHM », « c’est un poly-module », « le framework Mono est très poli », …

 

« Des expériences utilisateurs »

Vague rapport avec le terme ‘expérience utilisateur’, signifiant la façon dont un utilisateur appréhende une IHM. (Pour le coup, ce terme fait partie du parler moche). Signification eurodienne : les retours et les avis des clients à qui une démonstration d’un logiciel a été faite.

 

« C’est un be-have-your »

Prononciation commune avec le mot anglais ‘behavior’, bien que le sens n’ait rien à voir. Signification eurodienne : c’est un must-have, il faut l’implémenter obligatoirement car les clients le veulent à fond.

 

« C’est pas revenant »

Mélange de l’adjectif anglais ‘relevant’ et du ‘prix de revient’. Signification eurodienne : cela ne coûte pas trop cher.

Je me souviens d’une fois où il a sorti cette phrase au moins 10 fois en 5 minutes. Il venait d’inventer l’expression dans sa tête, il la trouvait géniale et tenait absolument à nous la marteler pour faire comme si c’était quelque chose qui existait pour de vrai depuis des millions d’années dans la langue française de la bouche.

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Autres subtilités en vrac

Eurod’ était friand des expressions effectuant une analogie entre concepts virtuels et objets réels, tel que ‘surfer sur internet’, mais en pire. Exemples :

  • « Il y aura un effet Doppler dans les mises à jour le temps de changer de serveur ».
  • « Chaque module de code est placé dans une cage de Faraday isolée des autres ».
  • « L’historisation en base de données permet de respecter la loi de conservation de l’information ».

Le but est de donner l’impression que chacune de ces analogies a été mûrement réfléchie et que s’il l’emploie, c’est qu’il en a bien pesé tous les aspects. Si nous on n’a pas tout saisi, c’est parce qu’on ne connait pas assez l’informatique, ou qu’on est pas assez intelligent.

Il y a des gens qui utilisent l’expression ‘entre guillemets’ pour marquer le fait qu’ils mettent quelque chose ‘ »‘entre guillemets' »‘. D’autres qui disent ‘point final’ pour insister sur un point final.. Eurod’ doit être la seule personne au monde à dire ‘deux points’ pour insister sur des deux points. Par exemple : « Eurod’ aime prononcer certains signes de ponctuation. Par exemple, deux points, les deux points ».

Eurod’ était également assez bon en vocabulaire d’enfumage de client :

  • « On a changé de paradigme ».
  • « L’application a été certifiée » (elle a juste été testée en interne, il n’y a aucune certification, ni pour cette appli ni pour d’autres).
  • « On est en train de traduire en anglais toute notre gamme de produits ».

Je vous passe les grands classiques déjà usités et validés par maintes autres personnes : ‘en termes de’, ‘sublissime’, ‘littéralement’, ‘volumétrie’ au lieu de ‘volume’, ‘méthodologie’ au lieu de ‘méthode’, ‘problématique’ au lieu de ‘problème’, etc.

Il codait pas trop mal, mais ses noms de variables étaient bien évidemment d’un ridicule achevé. ‘Treat’ pour dire ‘traiter’ (même en français, ce verbe est moche), ‘Perfectize’, ‘DechetOfFiltering’, … Le clou, ç’a été la variable indiquant si oui ou non un objet comportait la gestion du temps : ‘hasTimeGesture’. Ouais, ‘Gesture’ ça veut dire ‘Gestion’. Ouais.

Tu peux nous rappeler la définition de kawax, Liliane ?

Tu peux nous rappeler la définition de kawax, Liliane ?

Et quand il lisait un texte un peu long, il faisait ces petits bruits de ronronnement : « naiin-aiinhaaaiinn-haiin-haiin » (faudrait que je le refasse à la voix, là comme ça on se rend pas compte). Ça donnait l’impression qu’il avait vraiment besoin de toutes les particules de son cerveau concentrées à fond pour parvenir à lire tous ces mots si tellement plein de lettres.

À ce sujet, j’ai toutefois connu pire. Germaine-Germaine, mon ex-cheffe, lisait à voix haute en prononçant des phrases n’ayant pas exactement le même sens que ce qui était écrit, et parfois même, le sens totalement opposé. C’était assez flippant. On ne savait pas si elle avait compris la phrase du texte, mais qu’elle en disait une autre car sa prononciation à voix haute était défectueuse, ou si elle avait compris la phrase prononcée, et que c’était le module de cerveau servant à la comprenance qui était défectueux.

Oh, j’allais oublier. Une fois, Eurod’ a essayé de conjuguer le verbe ‘avoir’ au passé surcomposé. Ça lui a fait peur et il s’est arrêté en plein milieu de sa phrase pour finalement décider de le conjuguer au passé composé. Ben oui, ‘avoir’ au passé surcomposé, ça fait ‘j’ai eu eu’. Pour son système vocabulatoire, ça devait certainement créer une faille temporelle incompréhensible capable de l’engloutir tout entier. En tout cas, moi, ça m’avait trop fait goleri de le voir apeuré de la sorte.

L'anti-Ramyond Devos.

L’anti-Raymond Devos.

To be continued

J’ai encore plein de choses à dire, des chefs et des collègues à décrire, des cris à écrire. Je vous donne rendez-vous au prochain article.

Week-end corporate à Barcelone

Ça faisait longtemps que j’avais pas fait de gros résumé corporate. L’embêtant, c’est que la boîboîte où je Travaille actuellement produit peu d’événements propulsé par cette doctrine. On fait parfois des bouffes ensemble le midi, et des « journées entreprises », mais la quantité de jus corporate que je peux en extraire est actuellement insuffisante pour en faire un résumé suffisamment conséquent.

Heureusement, en raclant du fond de tiroir, j’ai retrouvé un récit amusant datant de ma « vie » d’avant Merluchon. (J’aime bien dire « vie » pour « période durant laquelle j’ai travaillé dans une entreprise donnée », là pour le coup c’est hyper corporate).

Je vous livre donc ce récit ici. Il date fortement (2007). Le contexte global était un week-end super sympa à Barcelone, « payé par la boîte ».

Journal de bord du capitaine Réchèr

Histoire d’un lent naufrage social

Vendredi

77:77 : Je rencontre Dieu, il me parle.
« Je te donne le pouvoir de nommer les choses et les gens que tu rencontres, comme je l’ai donné à Adam et Eve juste avant de les virer du paradis.
− OK. Toutes les choses se nomment « baratte ».
− Baratte ça, et je baratte ta baratte à baratte de baratte.
− Si on peut plus rigoler… Je vais juste renommer les gens, alors. Ça évitera des problèmes légaux si des collègues tombent sur mes textes.
− Barre-toi maintenant.
− Au fait, je pourrais avoir le code source du monde réel ? En tant qu’utilisateur, il me semblerait juste d’avoir un droit de regard et de modification sur le système dans lequel on m’a placé.
− Y’a pas de code source. Tout est régi par une seule équation très simple.
− Et merde.
− Oui, il y a ça aussi. »

14:39 : Monsieur Ion arrive avec sa super voiture et m’emmène au siège de la Boîte, pour pas que je rate l’avion à cause des grèves et/ou de mon cerveau. Ion, c’est mon chef. Une fois il m’a parlé de l’explosion d’un satellite provoquée par un ion qui a tapé sur une puce électronique et changé la valeur d’un bit. En dehors de ça il est assez générique.

15:26 : Shmi, l’organisatrice du voyage, me donne mon billet d’avion. J’ai décidé de l’appeler Shmi en l’honneur de Shmi Skywalker : la mère de Dark Vador donc la grand-mère de Luke bien que Dark Vador soit pas la mère de Luke. On sait pas pourquoi mais on s’en fout.

15:27 : Je récupère ma super chemise bleue clair avec marqué le nom de la Boîte dessus : « Gloubiboulga ». J’essaie de la plier pour la ranger dans mon sac (un baluchon jaune de terroriste dont je suis assez fier), mais ça fait n’importe quoi, même pas un avion ou une cocotte. Tant pis.

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15:32 : je squatte un PC dans le bureau de monsieur Ion. Je fais semblant de faire des trucs sérieux genre de la veille technologique sur internet mais en fait je m’occupe de mon naufragé dans le jeu 650km. J’aurais mieux fait de ne rien faire, parce qu’un serpent géant m’a bouffé. Ce qui est chiant dans ce jeu, c’est que quand ton arme pète en plein combat, tu te retrouves à combattre en slip. Faudrait pouvoir choisir une arme de rechange, qui remplacerait immédiatement l’arme en main en cas de pétage.

16:12 : monsieur Ion, Shmi, Mochette, et plein d’autres gens essayent de trouver une solution pour rapatrier une certaine Orgasmine, bloquée par les grèves à Vaudeville, au nord de Paris. Y’a pas de taxis, pas de RER, et son mec est parti avec les deux clés de sa voiture. Bref, elle pleure, et au passage je découvre l’existence du concept de taxi-moto, même si personne n’arrive à téléphoner à ce concept pour sauver Orgasmine.

18:12 : je m’aperçois que des gens se vouvoient dans la Boîte, même en dehors de Poulet, le PDG. En tant que prestataire-ouvrier-codeur en mission perpétuelle, je ne connais personne, je décide donc que je connais tout le monde et que je peux tous les tutoyer. Sauf Poulet, à qui je ne parlerais pas de toutes façons.

18:13 : Poulet s’appelle Poulet en l’honneur du livre noir du consulting. Un texte déprimant trouvé sur Internet (http ://intoxconsulting.free.fr/).

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19:20 : on a fait enregistrer nos bagages et on attend l’avion. J’ai toujours été étonné par le temps qu’on peut passer dans les aéroports, à attendre ceci ou cela. Partir en train c’est quand même vachement plus simple.

19:25: Je n’ai rien de spécial à faire. Je profite donc de ce moment de flottememt pour essayer d’avoir l’air conventionnellement normal. Je m’approche d’un groupe de collègues moches, et tente de sociabiliser avec eux en faisant des blagues vaseuses. Je m’en tire pas trop mal. C’est toujours plus facile de sociabiliser avec des moches, car ils ont de l’humour. Un moche qu’a pas d’humour est soit mort, soit un gothique (donc en instance de suicide).

19:30 : le hasard fait vaguement bien les choses, je suis assis presque au fond de l’avion, à côté d’un gros espagnol, lui-même à côté de madame EncoreUnPeuVerte. Poulet est à la rangée juste devant, seul. Tous les autres sont devant devant. Je n’aurais pas à me torturer l’esprit à chercher des choses intéressantes à dire pour faire genre j’ai de la conversation. J’en avais marre de sociabiliser.

19:35 : Les hôtesses de l’air font la traditionnelle chorégraphie de la macarena au milieu de l’allée. J’ai toujours adoré ce moment. On pourrait en faire un clip d’enfer. Ah, mais ça a déjà été fait (https ://www .youtube.com/watch?v=5u49QgFwVEQ).

19:40 : Je salue le courage et la gentillesse de madame EncoreUnPeuVerte, qui change de place pour aller parler avec Poulet. Les jours qui suivent révéleront que, socialement parlant, Poulet est un Africain lépreux du Tiers-monde atteint de la maladie de Kwashiorkor. Il parle pas, il regarde par terre quand il marche, il semble lutter sans jamais vraiment réussir pour dissimuler le fait qu’il se fait chier à ce séjour, et il a des tics bizarres. C’est rigolo. Est-ce le poste de PDG qui fait ça ou juste le personnage ? Je sais pas.

19:41 : Moi si j’étais Poulet, y’a longtemps que j’aurais revendu mon entreprise à des japonais et que je serais parti à la retraite dans une vieille maison en pierre dotée d’une connexion Internet. Éventuellement, j’aurais tué un ou deux employés, pour revendre leurs organes et m’acheter un aquarium géant avec 50 poissons rouges, ou mieux : des jeux vidéos.

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20:30 : Shmi nous donne le programme du week-end. C’est amusant, tous les plans imprimés sur la feufeuille viennent de Google Maps. L’informatique change notre vie et moi je veux une glace.

20:47 : On descend de l’avion. On a déjà perdu quelqu’un. Il n’est pas avec nous et personne ne se souvient l’avoir vu durant le vol. Cette personne s’appellera donc « Boulet ». Je suis super content que ce soit pas moi. Voir des gens autre que moi faire des conneries et se rendre ridicule m’a toujours rendu vraiment vraiment heureux et libre. Mon cœur se réchauffe.

20:53 : on récupère les bagages, ainsi que Boulet. On sait pas d’où il est sorti, peut être de la soute. Zut. du coup Boulet n’est pas suffisamment un Boulet pour que ça puisse me réchauffer vraiment le cœur.

20:56 : bide numéro 1. Je tente de sociabiliser avec Shmi, je dit que je suis déjà allé à Barcelone et que je connais les coins où y’a des prostituées. Ça la fait pas rire, parce qu’elle est pas moche. On m’avait dit que ce type d’information culturelle ferait de moi l’homme le plus important du voyage, eh bien non en fait.

20:58 : Je repère les gueules des mecs de haute taille, ce qui me permettra de retrouver plus facilement le groupe si je me paume.

21:42 : On arrive à l’hôtel. Surprise ! C’est pas du tout le Barcelono Santo comme annoncé. Étrangement, la description ne correspond pas à celle donnée dans un précédent mail de Shmi : pas de « 35 boutiques accessibles depuis un ascenseur », pas de « multiples appareils cardiovasculaires » et le « cybercafé » est juste un ordinateur payant doté d’une connexion à l’arrache (rappelons qu’on était en 2007). Je me venge en leur prenant plein de bonbons.

21:43 : J’apprends qu’on est deux par chambre. Je flippe ma race à l’idée qu’il va falloir trouver un copiaule, là, tout de suite, soit devoir à nouveau effectuer un exercice de sociabilisation et de contact. Heureusement il n’en est rien, la répartition est déjà faite. Plus ou moins par hasard, mais ça me va très bien. C’est vraiment bon de sentir qu’on n’a rien à contrôler, que tout est déjà pré-mâché et qu’il n’y a pas de décisions ni d’initiatives à prendre. Se laisser porter par le flot des gens et de l’organisation. C’est ce que je sais faire de mieux.

21:46 : Je fais connaissance avec mon copiaule. Je décide de l’appeler Hermann Toothrot, en l’honneur du naufragé de Monkey Island. Il a l’air d’être un mec bien. Zut, j’aurais rien de rigolo à raconter sur sa gueule, tant pis.

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??:?? : Là y’a un truc que j’ai dû oublier. Dans mes notes de voyage j’ai noté « seins », mais je sais plus à quoi ça correspond.

22:01 : La bouffe du soir se passe à l’hôtel. Y’a deux salles de boufferie, côte à côte. Mini-flippage au moment du placement. Je ne vous apprends rien en vous disant que le moment où un groupe de personne doit s’asseoir pour manger est extrêmement stressant. Qui veut aller à côté de qui ? Risque-je de me retrouver à côté de gens chiants ? Ou pire, à côté de gens qui renversent leur vin rouge ? Si je me place en premier je vais passer pour un impoli car j’invaliderai un nombre important de combinaisons de plaçage, dont certaines auraient peut-être convenues à certains ? Que faire ? Argh.

22:02 : Je parviens à aller dans pas la même salle que Poulet et monsieur Ion. J’arrive même à pas trop culpabiliser sur le fait que comme je sociabilise pas avec ces gens asociaux, je ne les aide pas, eux, à se sociabiliser globalement. On rapproche les tables de notre salle de boufferie, pour que ce soit plus sympa. Il y a un moche en face de moi et un autre à côté. En-face-à-côté se trouve un mec qui a forcément énormément d’humour, car c’est un ex-gothique qui ne s’est pas suicidé. Il a la panoplie afférente (bagues, boucles d’oreilles, bracelets).

22:03 : Le pain est tellement dur qu’on pourrait s’en servir pour tuer des gens. Mais comme on est des gentils, on ne les utilise que comme instrument de percussion, en les tapant sur nos assiettes. Les moches et moi improvisons un concert presque-gothique.

22:06 : Salades avec des oignons crus. Ex-gothique fait une blague à Échelle, son copiaule. Il lui dit de pas manger trop d’oignons sinon après ça va dauber dans leur piaule.

22:14 : Saucisse bizarre avec fayots tiédasses. Échelle fait une blague à Ex-gothique, son copiaule. Il lui dit de pas manger trop de fayots tiédasses sinon après ça va dauber dans leur piaule.

22:16 : Conversation d’un mec à propos de la façon dont certains marchés sont négociés. Il dit que des fois, faut filer un backchich aux appels-d’offreurs. Le mot « backchich » me fait rigoler. J’imagine une sorte de convention tacite : le backchich serait proportionnel au nombre de slides dans le power-point de présentation. Les entreprises proposant une somme conséquente seraient alors obligées de créer des documents super longs, voire de finir par des slides complètement stupides : blagues, photos de cul, photos de chat, etc…

22:19 : blague idiote, mettable dans une pièce de théâtre ou autre chose :
« Tu fais quoi dans la vie ?
− Je suis assistante de direction.
− Ah ça tombe bien, j’ai un problème avec ma direction assistée. Tu veux pas jeter un coup d’oeil à ma bagnole ? »

22:19.5 : Rassurez-vous, je me la suis racontée que dans ma tête.

22:20 : Gâteau avec une crême bizarre et de la pâte sablée super dure en dessous. Les serveurs ne nous ont laissé que les cuillères. La situation est critique. Il faut bourriner sur la pâte sablée pour couper un morceau, celui-ci risquant à tout moment de sauter sur les vêtements d’un voisin, le maculant de crême bizarre. Je m’en tire pas trop mal, en utilisant discrètement mes doigts dans les moments les plus incertains.

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22:21 : Moment de malaise très embarrassant. Un bout de gâteau s’échappe et je le rattrappe de justesse avec mon index. Paniqué, je jette un regard circulaire pour vérifier que personne ne m’a capté. C’est alors que je croise les yeux d’Ex-gothique. Pendant un quart de seconde qui semble durer plusieurs secondes, personne ne bouge ni ne dit rien.

22:22 : Ex-gothique sauve chevaleresquement la situation en me disant qu’il n’aime pas ce gâteau et qu’il veut bien me refiler sa part. Je l’accepte bien volontiers, heureux de voir enfin se terminer ce si terrible quart de seconde. En même temps, j’ai l’impression que ça l’arrange aussi. Conventionnellement parlant, les gothiques ne sont pas censés manger du gâteau. C’est pas du tout dark, et ils auraient trop peur de se taper la honte auprès de leurs amis gothiques.

22:11 : Le temps recule, mais c’est pour décrire un événement concomitant à celui narré ci-dessus.

22:11 donc : Dans l’autre salle de boufferie, un mini-incident diplomatique se trame. On murmure de vagues protestations quant à la qualité de la bouffetifaille.

22:23 : À notre table, une serveuse débarque et embarque une bouteille de vin qui n’était pas finie. Boulet proteste en criant « Hooo lààà!! », la serveuse répond en souriant « Holà! » et part avec la bouteille. Sacrés espagnols, ils ont une langue rigolote.

22:35 : Réunion de crise afin de tenter une sortie piachage et mangeage de vrais trucs. Monsieur Ion est fin motivé pour une pizza. On lui dit qu’on est en Espagne pas en Italie. Il dit que la pizza c’est international.

23:02 : Nous partons à une trentaine. Le chemin risque d’être long. Barcelone est traversée par une très longue rue appelée la Diagonal. Notre hôtel-surprise et les Ramblas (quartier des bars, des pakis qui vendent de la bière et running-gaguement parlant : des putes) sont chacun à une extrémité. Première séparation du groupe en deux, avec des qui prennent des taxis et des qui y vont à pied. Nous ne sommes déjà plus qu’une vingtaine.

23:40 : Notre périple est parsemé de bars. Certains suggèrent de s’y arrêter, d’autres veulent continuer. Au moment de manquer de s’arrêter dans un bar-resto, monsieur Ion et madame EncoreUnPeuVerte fomentent une révolte. Ils rassemblent un groupe de rebelles dissidents et décident de rentrer à l’hôtel tout de suite. Nous ne sommes plus que neuf.

24:12 : Tout cela commence à ressembler aux sorties à l’arrache de mon époque adolescente. Nous passons devant plein de bars, plusieurs personnes du groupe émettent timidement l’idée que nous pourrions nous y arrêter, mais une sorte de convention implicite fait que nous sommes dirigés par l’homme le plus grand et ayant la plus grande gueule (le sus-mentionné Échelle). Or, ce fieffé connard veut vraiment aller jusqu’au Ramblas. Personne ne sait pourquoi, mais personne n’ose lui poser la question vu qu’il est quand même vachement grand.

24:26 : Hermann Toothrot et son ami Moustachu se trouvent en difficulté et en plein doute existentiel. Ils commencent à marcher plus lentement et à ralentir le groupe. Échelle les remotive à grand coups de « ouais on tourne là et après on est super bientôt arrivés ».

24:54 : les Ramblas, enfin !!! Le lieu a vraiment changé depuis ma dernière visite. Les putes y sont plus sporadiques, probablement à cause de la saison. Les indigènes pakis vendent des Estrellas et non plus des San Miguel. Ils sont plus blancs qu’avant, re-probablement à cause de la saison.

24:57 : ex-Gothique téléphone à une personne du sous-groupe qui était parti en taxi, afin de tenter de les rallier. Cette personne nous indique qu’ils se sont tous posés dans un bar, au numéro 22. Nous sommes au numéro 109.

25:21 : le numéro 22 est une compagnie d’assurance, ou un magasin de tapis de souris, (je n’ai pas bien regardé la vitrine). Ex-Gothique rumine une vengeance pour le lendemain.

25:32 : Nous arrivons place Saint-Machin, d’insouciants souvenirs ressurgissent dans mon esprit. En effet, il s’agissait du point d’abreuvoirie que moi et des amis personnels avions convenu lors d’un précédent séjour pas-Boîtal. Échelle veut faire le tour de la place pour tenter de localiser l’autre sous-groupe. Hermann Toothrot, Moustachu et moi faisons une mini-scission et nous posons dans un bar au hasard.

25:33 : Échelle et ses fidèles reviennent brecouilles et se posent avec nous. Nous commandons des bières.

25:37 : Moustachu me raconte les aventures de son service militaire. Sa voix fait wouwouwouuuwouuu dans ma tête. Je l’imagine en train de tourner sur lui-même et de clignoter. Je bois ma bière.

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Là, il tourne pas et il a pas de moustache, mais faut imaginer.

25:41 : Toutes les bières sont bues, le bar ferme. Il faut y aller. Moustachu paye la tournée pour nous trois.

25:53 : on plante définitivement Échelle et ses potes, en rentrant en taxi. Hermann Toothrot paye le taxi pour nous trois.

26:17 : Arrivée à l’hôtel, retour dans la chambre. Je dis à Hermann Toothrot que je vais squatter la baignoire. J’ai pas souvent l’occasion de prendre un vrai bain car il n’y a qu’une petite douche chez moi.

26:39 : j’éjacule dans la baignoire, je nettoie et je vais me coucher.

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Samedi

08:10 : Le bruit d’Hermann Toothrot enfilant son pantalon me réveille. C’est parfait, il faut qu’on se retrouve à 8h30 pour le petit déjeuner.

08:29 : Retour à la salle de boufferie qui m’est maintenant familière. Placement sans trop de difficultés car pas encore beaucoup de gens. La bouffe du petit dej’ est copieuse et bonne. J’évite toutefois les brioches fourrées à la saucisse.

08:53 : On poireaute un peu en attendant notre guidette. Je vais chercher ma belle chemise bleue. On s’échange les quelques nouvelles d’hier. J’apprend que Mochette s’est faite piquer son sac à main et qu’elle est plus très motivée pour faire la journée avec nous. Chouette !! Encore une action boulettisante dans laquelle je ne suis pour rien. Mentalement, je danse le fox-trot tout en jonglant avec des pastèques et en chantant des chansons cruelles.

08:57 : notre guidette s’appelle Myriam. On monte dans le car pour commencer la visite des trucs. J’ai un vrai problème psychologique avec les cars. On y retrouve le même stress social de placement que pour les salles de boufferie, mais là c’est pire, car on est côte à côte et tous dans le même sens. Si ton voisin est pourri, tu peux difficilement te rabattre sur les autres personnes autour. Et si t’es assis tout seul tu passes vraiment pour l’ermite perdu du groupe. J’ai eu des tas de problèmes avec les cars, durant des séjours linguistiques débiles en Angleterre, qui n’étaient rien d’autre que des tortures dévastatrices et carapaçatisantes.

09:02 : Le car part, Boulet est pas dedans. Il a pas réussi à se lever. Y’en a qu’ont essayé (de le lever), ils ont pas réussi. Un double-boulet, ça c’est chouette. Fox-trot, pastèque, tout ça.

09:05 : Myriam commence à débiter son blabla. Elle dit que la Diagonal est la rue la plus longue de Barcelone. Merci on s’en était aperçu la veille. Elle dit aussi que l’église Machin est la plus grande église de style gothique civil (pas compris). Elle dit aussi que le pont Bidule est l’un des ponts les plus vivants (pas compris non plus). Je pense à des gros nichons.

10:32 : On entre dans une église avec pleins de gens amputés faisant la manche à l’entrée. On m’a raconté qu’en arrivant dans le pays, ils avaient leurs membres, puis des gens moyennement gentils les chopent, les tchoppent à la machette et les posent devant les églises. Le soir ils passent et ramassent l’argent. C’est tout.

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10:32 : Je décide de me laisser envahir par le Mal, de ne pas avoir pitié d’eux et de leurs amputations, de ne pas culpabiliser de ne pas avoir pitié d’eux, et de ne pas culpabiliser de ne pas culpabiliser de ne pas avoir pitié d’eux.

10:47 : Blabla de Myriam dans l’église. Elle se fait engueuler par une dame de l’église parce qu’il ne faut pas blablater dans l’église. Myriam s’en fout, ça fait 10 ans que la dame l’engueule chaque fois qu’elle vient.

10:48 : On erre un peu. Je découvre la nouvelle génération de cierges : des petits cylindres de plastiques avec une diode au milieu. Tu mets une pièce, la diode s’allume automatiquement. Je mets pas de pièce.

11:11 : Bide numéro 2 : Myriam parle d’un truc qui s’est passé en 1711. Je chantonne doucement : « 118 711 ». Ça ne fait rire personne. Peut-être parce que c’était pas tout à fait le vrai numéro.

11:12 : On se balade dans les Ramblas : moins de pakis que la veille et zéro putes. Myriam blablate que « rambla » signifie « eau intermittente », parce qu’à l’époque ça s’inondait tout seul. Maintenant l’intermittence n’est plus faite par l’eau, mais par le spectacle. On retrouve les habituels nécessiteux, grimés et déguisés en diverses choses, mendigotant une maigre obole auprès des honnêtes passants. Quand un touriste essaie d’en prendre un en photo sans avoir préalablement payé, le nécessiteux s’énerve et va se placer en dehors du champ. Je me souvenais pas qu’ils faisaient ça la dernière fois. De toutes façons j’ai pas d’appareil photo. Je donne quand même une piécette à une jolie dame en métal.

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12:24 : on s’arrête à un resto pour bâffrer de la paella magique. Non-bide numéro 3, qui aurait peut-être mieux fait d’en être un : un moche me dit que dans son armoire de DVD, il a toute une rangée de films « prout-prout » (Amélie Poulain, Quand Harry rencontre Sally, etc.). Je réponds que moi aussi j’aime le genre « prout-prout », en particulier quand c’est une asiatique ronde qui se prend la sodomie.

14:04 : Sortie du restaurant, photo de groupe. Un clochard assis à côté de nous se retrouve malencontrueusement dans le champ. J’hésite à lui demander de l’argent pour ça (rapport aux nécessiteux grimés sus-mentionnés). Au fait, en Espagne quand on est pris en photo on dit pas « ouistiti » ni « cheese », mais « patatas ». Cherchez pas, j’ai pas compris.

??:?? : Là j’ai marqué « bidacitr » sur mes feuilles de voyage. Je ne sais plus à quoi ça correspond. Tant pis.

14:15 : On doit se regrouper pour partir. Quelqu’un fait la blague spirituelle habituelle de circonstance et braille « Groupir! Groupir! ». C’est une référence à un vieux film qui a eu son petit succès dans les années 50. Les gens font tellement souvent cette blague qu’elle devrait être inscrite au patrimoine culturelle de l’humanité. Monde de merde.

14:35 : Bide numéro 4 : On croise une église avec un mariage dedans. Le marié a l’air super vieux par rapport à la mariée. Je m’approche d’un groupe quelconque et essaie de m’incruster dans la conversation en disant que « non, en fait c’est pas le marié, c’est le père, hahaha ». Ils se foutent tous de ma gueule. Je pige pas pourquoi. Apparemment, ils venaient de faire exactement la même blague y’a 5 minutes. Or, donc. Eh bien ça les fait rire.

15:00 : On va au musée de Picasso. J’ai un vrai problème psychologique avec les musées. On va pas s’étendre là-dessus, vous devriez facilement arriver à visualiser le traumatisme.

15:01 : Picasso période normale. Il peint des lits en perspective que quand tu te mets d’un côté il a l’air tout petit, et de l’autre il a l’air tout grand.

15:37 : Picasso période bleue. On est tous dans le ton avec nos belles chemises Gloubiboulguiennes. Vive les schtroumpfs. La période est bleue car c’était la couleur de peinture la moins chère, et Picasso était un sale pauvre. Depuis la pauvreté l’a quitté, et il est même devenu une voiture.

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16:01 : Picasso période rose. Je ferais bien l’amour avec ma chérie, là, tout de suite, sur une banquette du musée.

16:29 : Picasso période cubique. J’aime pas les cubes et je préfère mater les courbes des filles autour de moi. Je savais bien qu’il y avait des œuvres d’art dans les musées.

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17:51 : On sort de cet endroit. Arrive alors le moment le plus redouté de tout le séjour : le quartier libre ! Je dois montrer que je suis indépendant. Je dois trouver des choses à faire pour prouver aux autres que je suis un super-touriste doté de super-pouvoirs. Je dois être capable de dénicher des endroits inconnus regorgeant d’anecdotes socialement valorisantes à raconter. Je dois être capable d’engranger de classieuses images, sensations et rencontres. Je dois être capable de m’intéresser au patrimoine culturalo-immatérialo-intellectualo de l’humanité de l’humanité de l’humanité de l’humanité.

17:52 : Je ne me souviens pas avoir vu de cybercafé dans le coin pour faire mes parties quotidienne d’Alphabounce. Je m’incruste dans un groupe au hasard. Y’a Poulet dedans.

18:31 : Étrangement, on re-échoue sur la place saint-Machin et on se pose à un bar. On commande des bières. Je dis que j’en veux une grande, une pinte quoi. Je suis pas sûr que le serveur comprenne. Il tend son doigt vers un mec derrière nous qu’a une pinte. Poulet dit « Ah, il montre quelque chose!! » (merci Poulet). Le serveur se barre. Je stresse car je suis pas sûr qu’il ait compris que tout le monde veut un demi, sauf moi qui veut une pinte. Si ça se trouve il va revenir avec que des demis et ça va pas me plaire.

18:33 : Le serveur revient avec des pintes pour tout le monde. Je suis tout heureux.

18:36 : Poulet a bu un dixième de sa bière et va aux toilettes.

18:39 : Poulet a bu un autre dixième de sa bière et va aux toilettes.

18:51 : J’ai fini ma bière et je vais aux toilettes. Poulet me dit qu’elles sont dégueulasses. Ce n’est pas une description très détaillée. Il serait plus précis de dire que l’eau a simplement été coupée.

18:52 : Je reviens des toilettes, tout le monde se prépare à partir. Je me dit qu’il faut quand même que je paye mon alcool, mais j’apprends que Poulet (le seul qu’a pas fini son verre) a zaké sa rince dans un élan de tentative d’humanisation de la fonction de PDG.

18:55 : Séparation du groupe. Poulet et un mec vont directement au resto-rendez-vous du soir. Nous autres décidont de repasser par l’hôtel, pour des raisons plus ou moins bidons.

18:59 : Dans le métro barcelonais, les fentes à mettre les tickets sont à gauche du portillon et non à droite. Si on fait pas gaffe, on débloque pas le bon côté et on se fait carotter le passage par un autochtone averti. La seule solution consiste alors à frauder par un saut plus ou moins assumé, ce que fit l’un des membres du groupe. Si ça m’était arrivé à moi, je l’aurais fait avec plus de souplesse et une petite figure acrobatique. Puis j’aurais tapé avec rage dans le bastringue à ticket.

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19:32 : Débarquement à l’hôtel. Pas le temps de se branler, on a resto-rendez-vous à 19h30 à l’autre bout de la ville pour un spectacle de flamenco.

19:35 : On reprend le métro. Cette fois-ci c’est moi qui n’arrive pas à entrer. J’ai mis le ticket au bon endroit mais rien à faire. Une vieille se pointe pour m’aider. La porte automatique s’ouvre soudain sans crier gare. Tel un mêléteur de rugby, je me précipite dans la brèche, manquant de dézinguer la vieille qui se retire à la dernière seconde.

19:55 : Arrivée dans le petit village magique lové à l’intérieur de Barcelone, dans lequel est implanté notre resto-trouloulou. La gardienne (rousse) du village hésite à nous laisser entrer. On lui dit qu’on est de la société Gloubiboulga. Elle comprend pas le mot et le cherche dans sa liste. On lui épelle. Elle comprend toujours pas. Fort heureusement, j’ai eu la présence d’esprit de garder ma belle chemise. Je bombe le torse, montrant fièrement le mot « Gloubiboulga » écrit dessus. La gardienne nous laisse entrer.

20:05 : On s’est perdu dans le village magique et on arrive encore plus à la bourre que prévu. Les entrées (à bouffer, pas à entrer) et le spectacle ont commencés.

20:07 : Le moche en face de moi essaye de sociabiliser via des blagues rigolotes sur les danseuses : « Attention le parquet va brûler! », « Hé c’est cool, la dame nettoie par terre avec sa grande robe! ». Pas drôle.

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20:08 : Nan ce qui est drôle, c’est que le flamenco, c’est assez osé, voire sexuel. On peut donc appeler ça du « flamencul », donc du « flamenküche », donc toute la culture du monde a été inventée par les alsaciens. Vous voyez, ça c’est un jeu de mot qu’est drôle.

20:42 : En plus des danseuses, il y a deux danseurs avec les tétons qui pointent. L’un d’eux se prépare à exécuter une top-figure. Le regard fougueux-viril, il mouille le bout de ses deux doigts et se les passe dans les cheveux. MmmmhhhaaaahhaaaâââÂÂÂSSShhhllllllssrrrpppllssspp.

20:42 : Les mouvements du danseur sont désordonnés exactement de la même manière que moi bourré qui entend de la musique qui me plaît. C’est facile le flamenco : il faut bouger les bras, les jambes et la tête en changeant fréquemment de plan de bougeage.

20:45 : Je dis à mon moche en face que c’est des danses pour gens bourrés ou sous acide. C’était même pas une tentative de sociabilisation par la blague, je le pensais vraiment. Il se contente de rigoler. Bon, semi-bide.

20:46 : À noter que les chanteuses de flamenco ont la voix niquée.

21:42 : on rentre en taxi et Je-sais-plus-qui paye le taxi.

22:22 : On termine dans les sièges de la réception de l’hôtel, car pas trop envie de traîner dehors. Mec_generique et moi allons prendre une bière au bar. Il me la paye.

22:45 : Je vais aux toilettes.

22:46 : Je suis enfermé dans les toilettes. Un bout de la poignée m’est restée dans les mains, l’autre tourne à vide. L’angoisse envahit mon esprit. La honte de l’enfermement dans les toilettes. Un thème très populaire dans notre société contemporaine. Je me souviens d’un pote en classe d’anglais qui l’avait évoqué. La prof avait alors dit que les blagues pipi-caca-popo ne l’intéressaient pas. Mais j’aime pas les profs. Et j’estime qu’il faut parler de ce thème, car ça peut arriver à tout le monde et devenir très grave, très destructeur psychologiquement. Je m’imagine tambouriner à la porte toute la soirée. Qui n’a jamais été enfermé dans des toilettes ? Chez des amis, à l’école, ou chez sa grand-mère ?

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22:48 : Bon, en fait il suffisait de tourner un petit machin, puis de tourner le bout de la poignée en faisant abstraction de l’autre-autre bout de poignée qui m’était resté dans les mains.

23:20 : Tout le monde commence à aller se coucher. C’est parfait. Je reste un peu, sous prétexte que j’ai ma bière à finir et que je dois squatter le fameux cybercafé de l’hôtel pour envoyer un mail à ma chérie.

23:25 : Ça y est, je peux enfin faire la limace baveuse devant un ordinateur ! L’internet coûte trouzemille brouzoufs la minute (because année 2007), mais ça vaut le coup. J’en profite pour pas écrire à ma chérie et faire mes trois parties quotidiennes de casse-briques.

23:30 : J’ai mis 5 minutes à terminer ma première partie. Le temps de connexion coûte plus cher que des parties supplémentaires. J’arrête donc là et décide que je m’en achèterai une fois revenu en France, ce sera bien plus rentable.

23:32 : J’écris quand même à ma chérie. Quitte à payer pour faire la limace baveuse, autant que ça serve à quelque chose de constructif. Et puis c’est un investissement pour ouvrir droit à du sexe gratuit.

23:45 : Retour à la piaule. Je dis à Hermann Toothrot que je vais faire comme hier et profiter de la baignoire. Je suis quand même un peu crevé par cette folle journée, à marcher et boire partout.

24:02 : Je commence à me pougneter dans la baignoire.

24:69 : Mince, je me suis endormi. Bon, ben ce sera pas pour ce soir la pougnette. Trop fatigué. Je sors de la baignoire et vais me coucher.

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Dimanche

09:26 : Re-mince. Hermann Toothrot a enfilé son pantalon trop silencieusement et ne m’a pas réveillé. Il est trop tard pour une pougnette pré-petit déjeuner. Tant pis, je m’habille à l’arrache et descends bâffrer.

09:34 : Le breuvage rouge décantant dans une cruchasses n’est pas de la grenadine, mais du jus de tomates. Comment peut-on boire un truc pareil, à plus forte raison au petit déjeuner, à plus forte-forte raison sans s’être pré-pougneté ?

09:45 : On ne part pas tout de suite, car il faut remballer ses bagages et les ramener à la réception de l’hôtel qui les réceptionnera. L’ascenseur m’envole vers ma piaule. Chouette, j’aurais au moins droit à la pougnette post-petit déjeuner.

09:52 : zblorg!

10:00 : On retrouve notre guidette. C’est pas là même qu’hier. Celle-là a la voix niquée d’une chanteuse de flamenküche, ce qui ne l’empêche pas d’avoir un micro avec une boîte vocale portative. Ça me fait penser à Ned, dans South Park, « qui est amplifié depuis son cancer de la gorge ». Même que dans un épisode il perd sa boîte et il est obligé de parler en rotant. Over-lol.

10:02 : On devrait attendre le bus mais il est en retard, alors la guidette dit que c’est pas grave, on peut commencer à y aller à pied. J’ai des doutes (sur le cimetière des éléphants) mais j’ai pas envie de réfléchir plus que ça.

10:05 : Nous partons, bien évidemment sans attendre que tout le monde soit là. Au bout de 300 mètres, des scissions commencent déjà à poindre, entre ceux qui veulent continuer et ceux qui préféreraient attendre les autres. La situation se règle très vite par un coup de téléphone d’une personne oubliée à l’hôtel, nous signalant que des bagages ont « disparus ». Certains commencent à flipper, mais aucun ébranlement général ne semble se déclencher. Nous restons simplement plantés là. Sarkozette panique et fait demi-tour direct. Je suis tout heureux, car une fois de plus un événement boulet occure, dont je ne suis pas responsable. Silencieusement, mon esprit éclate d’un rire sadique et sardonique. De toutes façons y’a peu de risques que mon sac ait été piqué, vu que c’est un baluchon jaune moche de terroriste. Et au pire, j’avais que des fringues moches dedans et du chatterton pour les cas où je rencontre un hamster consentant en boîte de nuit. Y’a même pas ma boîte de poulpe fétiche, que j’utilise habituellement pour décapsuler les bières.

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10:05 : Sarkozette s’appelle ainsi car à la dernière réunion-bilan-banquet-beuverie annuelle, elle m’a dit qu’elle voterait pour ce personnage. Elle est super sympa et a tenté à plusieurs reprises de me sociabiliser. Par contre elle est vraiment maigre, c’est pas beau à voir.

10:07 : Les oubliés de l’hôtel rejoignent notre groupe. Le vol de bagages n’était qu’une blague de leur part. Zut, pas d’événement boulet. Tant pis.

10:15 : On part donc à pied. On rencontre un dragon en métal fait par Gaudi. Il a des testicules à pointes sur sa queue (le dragon, pas Gaudi). En parlant de ça, la guidette a une espèce d’écharpe à laquelle sont accrochés des pompons. C’est bizarre. Un moche dit que c’est le déguisement de Couillu le Caribou. Et là, des gens rigolent ! Lui, il ne provoque pas de bide. C’est trop injuste.

10:21 : On rencontre une statue représentant Gaudi, en métal aussi. Je dis « Mouais, les mecs en métal y’en avaient plein les Ramblas, et eux ils bougeaient ». Bide numéro 5. Je le redis une deuxième fois pour être bien sûr que ça fait rire personne et qu’ils font tous semblant de pas avoir entendu. Double-bide.

10:30 : On retrouve le bus. Shmi essaie de vérifier que cette fois on oublie personne. Elle commence vaguement à faire l’appel, mais c’est le bronx. Sarkozette demande gentiment si « Réchèr » est là et je réponds oui. Ça me fait plaisir qu’elle ait pensé à moi, parce que si j’étais pas là, peu de gens s’en apercevraient. Enfin bon, elle reste quand même vachement maigre.

10:32 : La personne du jour manquante dans le bus n’est pas Boulet. Il s’agit d’un certain Lunette. Il s’est rogné la gueule la veille et n’a pas réussi à se lever. Je suis heureux. J’ai bien fait de passer toutes ces années à travailler ma résistance à l’alcool.

11:42 : On visite le parc Gouèle. Moustachu me dit que la salamandre peut faire repousser un membre coupé. Lui aussi en fait, mais seulement sa moustache. La guidette nous dit que Gaudi architectait que des courbes, car il aime les courbes de sa femme, et que « les lignes droites n’existent pas dans la nature ». Alors je mate les gonzesses.

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10:53 : On visite un truc qui doit être le musée de Gaudi ou quelque chose comme ça. La guidette nous explique la façon amusante dont Gaudi architectait en s’inspirant de la nature. C’est toutefois quelque peu du foutage de gueule officiel. Gaudi a repris la spirale des escargots pour ses escaliers en colimaçon. Ouais. Et donc les escaliers en colimaçon n’existaient pas avant Gaudi ? À ce compte là, c’est moi qu’ai inventé la masturbation, mais par bonté d’âme, je l’ai mise sous Licence Art Libre afin que le monde ait le droit de s’auto-faire plaisir sans avoir à me verser de « royalties ». (J’ai toujours trouvé ce mot débile, et je sais même pas comment il est censé se prononcer).

11:26 : On visite la Sagrada Familia, intérieur compris. C’est chouette et rigolo. Le Jésus à l’entrée est à poil, ce qui à l’époque avait dérangé des cathos bien pensants. Jésus s’en fout, il n’est même pas catholique.

12:34 : On repart. Je jette un dernier regard à l’église, une statue assise sur un pont reliant deux tours me regarde en rigolant.

13:04 : Retour à l’hôtel. Toutes nos valises ont disparues mais ça fait peur à personne. Retour dans les salles de boufferie, avec le même pain musical tueur du premier jour. Je réussis à gérer mon placement comme un Dieu, et me retrouve non seulement loin de Poulet, mais en plus proche de Lunette, qui entre temps s’est réveillé. Il n’est plus capable de boire du vin alors je bois sa part.

13:25 : Sur le programme de Shmi était marqué : « gâteau d’anniversaire de Gloubiboulga », parce que ce week-end existe aussi pour célébrer les 20 ans de notre belle entreprise. Le gâteau arrive prédécoupé dans nos assiettes. Pas de soufflage de bougie ni autre cérémonie corporate. C’est pas fun. Alors on débarque tous dans la salle de boufferie où est posé Poulet et on chante « Joyeux anniversaire, Joyeux anniversaire Gloubiboulgaaaaaa !! » le plus faux possible.

13:27 : Poulet est content de notre performance. On hurle « UN DISCOURS !!! ». Il compose un truc vite fait, énonçant collégialement que Gloubiboulga c’est le bien, que merci à nous tous, que la Boîte a été créée par quatre personnes qui sont toutes toujours là et que ça c’est un signe de coolitude.

13:28 : On hurle donc aux trois autres géniteurs de prononcer un discours aussi. Monsieur VisagePâle fait sa taffiole et dit que ça ne s’improvise pas comme ça, puis il replonge la tête dans son gatal. Bordel, ce mec m’avait foutu la trouille à mon entretien d’embauche, parce que j’essayais de lui décrire des bizarreries du .Net et que j’arrivais pas à être clair. En fait c’est pas moi qu’était infoutu d’expliquer, c’est juste lui qui comprend jamais rien.

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13:32 : On retourne dans notre salle de boufferie. Un mec a fait des photos et il a involontairement pris le haut du crâne de Mochette. Il rigole en disant qu’il fera un peu de retouche pour corriger la calvitie. (Mochette c’est une fille). (Ou pas).

13:35 : On ouvre les bouteilles de champagne. Pleins de gens n’en veulent pas car en fait ce n’est qu’une sorte de simili-champagne. Finalement, tout le monde décide de sortir prendre l’air. Je fais des allers-retours entre les salles de boufferie et la salle de prenage d’air de dehors, pour piacher les verres qui restent. Des gens me trouvent bizarre. Heureusement Sarkozette boit avec moi et c’est chouette. Échelle me demande où je bosse. Je réponds que je suis en assistance technique (c’est le terme savant Gloubiboulguien pour dire « en régie »). J’ajoute que je travaille avec un client-collègue qui parfois met du calva dans mon café du matin. Je repars chercher des verres. Y’en a plus mais il en reste dans les bouteilles. Je re-remplis mon verre.

14:20 : Départ définitif en car. On repourrit VisagePâle en lui redemandant un discours.

14:25 : Shmi tente de lancer un babord-tribord. Elle me demande discrètement si je serais prêt à participer. Je lui dit que oui, mais que je suis bourré donc incontrôlable. Ça ne lui fait pas peur et elle déclenche les hostilités. Je me plante entre les mots « babord » et « tribord ». Poulet me corrige. La partie chanteuse-de-paillardes de mon cerveau ressent de la honte nucléaire ultime.

14:26 : Fin des hostilités pour cause de manque de motivation général. Le nombre de participant s’est élevé à 2,5 de mon côté et 11,7 de l’autre. C’est quand même mon côté qui a gagné. Ce sont tous des lopettes.

15:35 : On est à l’aréoport. Moment classique de vide durant l’enregistrement des bagages. J’ai l’idée géniale d’une publicité pour une société de transport haute qualité garantissant une intégrité totale de la marchandise.

15:36 : (Jingle. Intermède publicitaire).

15:37 : Un mec joue aux dés (par exemple au gros poulet). Il fait un double 6, hurle de joie, place les dés sous une cloche de verre et envoie le tout à la compagnie de transport haute qualité. Un autre mec réceptionne le paquet et l’ouvre. Le double 6 n’a pas bougé et le mec doit boire 6 fois.

15:38 : Je me permet de préciser que dans ma variante du gros poulet, celui qui fait un double fait boire, au lieu de boire lui-même. Les variantes sont multiples (http ://www .buveurs.com/le-gros-poulet).

15:39 : (Re-jingle. Fin de l’intermède publicitaire).

16:02 : J’erre dans les magasins duty free, en quête de trucs cools à acheter. Il n’y a malheureusement que des objets superficiels pour capitalistes violacés et gluants. Pas de mini-pute arménienne de voyage. Tant pis.

16:04 : Je trouve un magasin Ferrari. Ils vendent des fringues, des figurines, des portes-clés et des mako-moulage de la bite à Schumakère, le tout inévitablement en rouge pétant. Je vais voir la vendeuse en rigolant et lui dit que je savais pas que ce genre de magasin pouvait exister. Ça n’a pas l’air de lui plaire. Je me barre dans un bar perdu au milieu des dutyfriteries. J’y prends une bière en matant la jolie fille assise à côté de moi nichons. C’est la première et la seule bière que je payerais de tout le séjour. Un peu plus loin se déroule un match de je-sais-pas-quoi dans une télé, avec des gens devant qui applaudissent. Pas compris.

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16:24 : Re-moment de vide pendant l’attente du prochain avion qui doit arriver sur le quai. Les gloubiboulguiens arrivent petit à petit, avec leurs achats tout frais de marchandises capitalistes violacées et gluantes. Je fais signe au chauffeur de l’avion pour qu’il s’arrête. On monte tous dedans.

16:30 : Un moche assis à côté de moi dit qu’on devrait demander un RTT pour lundi tellement ce week-end a été fatiguant et chargé en émotions. Ce moche est une fiotte.

16:30 – 18:30 : Trou spatio-temporel de 2 heures dans mon résumé, certainement dû à des erreurs d’arrondis accumulées. En fait c’est à 18:30 qu’on a pris l’avion, et pas à 16:30. C’est pas grave.

18:35 : Avion. Chorégraphie des hôtesses. Le mec assis à côté de moi fait des super-sudokus dans lequel il faut additionner les chiffres en plus de les répartir comme il faut. Il est fier de m’expliquer le fonctionnement et insiste sur le fait que c’est un truc de ouf malade. Je voudrais avoir un ordinateur là tout de suite, pour m’amuser à coder des choses qui me plaisent.

20:02 : Atterrissage, récupération des bagages, au-revoirisation d’un tas de gens. Je me dirige vers l’Orlyval, content, finalement, que tout cela soit fini.

20:04 : Et merde, deux autres Gloubiboulguiens prennent aussi l’Orlyval. Je suis obligé de maintenir une cohérence sociale minimale pendant encore plusieurs minutes.

20:28 : Ah y est, on est arrivé. On prend tous des chemins différents. Mon RER fait tût-tûûût-je-vais-bientôt-partir, ce qui me donne le droit de planter là mes deux collègues sans autre forme de cérémonie, et de partir en courant. Je monte dedans in extremis et n’ai plus qu’à m’affaler sur un siège, les yeux vitreux et les lèvres dégoulinantes de bave. J’en profite pour penser en toute impunité à des levrettes.

21:37 : Je joue au casse-briques chez moi, et je téléphone à ma chérie.

Aujourd’hui, 2015-08-06 01:05 : Ça m’a foutu le cafard de reprendre ce texte pour en faire un article de blog. Il me renvoie à une époque insouciante où mon boulot était beaucoup moins stressant et chronophage. J’essaye de ne pas trop m’accrocher à ce passé, car, comme vous le dirait n’importe quelle coach de vie, ça empêche d’avancer. Mais là j’ai bien été forcé d’y replonger, et des lambeaux de ce foutu passé restent accrochés à mon esprit. « Des cordes encore t’enlacent ».

Michel-Bouquet-prodigieusement-royal_article_main

Mais remettons-nous de nos émotions. Les prochains articles seront autres.

Ça vous concerne (suite)

Re-coucou.

Comme je racontais dans mon précédent article, j’ai eu une super idée.

« Ça vous

concerne »

(suite)

Faisons éclater l’abscès du suspens, et dévoilons ses purulentes sécrétions.

Je vais vous le faire sous forme de corporate advertising bullshit :

(Collez ici une image tirée des sketches de Message À Caractère Informatif)

Dans le monde de le travail de la n’entreprise, des quantités importantes de courriels sont échangées en temps réel. Comment jongler avec toutes ces informations ? Comment s’assurer de retrouver de manière rapide et juste l’essentiel qu’il vous faut ? Cela vous deviendra très facile, avec l’alerte de concernabilité. Ce nouveau plug-in, enfichable dans votre solution de messagerie existante, ajoute un indicateur supplémentaire à votre tableau de bord initial. celui-ci renseigne le niveau de concernabilité du courriel sélectionné.

3 seuils sont identifiés :

  • le courriel vous concerne de manière directe.
  • le courriel vous concerne de manière indirecte, ou ne vous concerne pas.
  • le courriel ne vous concerne pas du tout.

Notez l’utilisation du mot « courriel » dans mon propos. Ça fait nouvelle technologie, et en même temps respectueux des valeurs françaises. Youpi ! Votez à droite !

Cela est biau. Et concrètement ?

Pour un mail reçu, si votre adresse est dans le champ « destinataire », vous verrez ceci :

ca vous concerne rouge

Si votre adresse n’est pas dans les destinataires, mais seulement en copie, le gros texte rouge sera remplacé par ceci :

ca vous concerne orange

Vous remarquerez que pour cet exemple, j’ai choisi Outlook comme « solution de messagerie ». Ce n’est pas anodin. Dans l’informatique corporate, le ringard, c’est la mode, donc on utilise Outlook. Cette mode est valable aussi, et surtout, pour les entreprises dont l’informatique est le cœur de métier.

Et la 3ème possibilité alors ? Comment faire pour avoir un rond vert associé d’un message « Ça ne vous concerne pas » ? Oh, eh bien, euh… Ça n’arrive jamais, car il s’agit de tous les mails que vous ne recevez pas. Si vous ne les recevez pas, c’est bien qu’ils ne vous concerne pas, non ? Déductez un peu par vous-même, que diable !

Décortiquage détaillé

On retrouve, dans cette magnifique fonctionnalité, les trois critères corporates cités dans mon précédent article.

L’abondance de communication par la répétition

Dans notre monde mondial de maintenant, il est indéniable que le fait d’être en destinataire ou en copie d’un mail n’a pas le même sens. Mon idée met ce sens en évidence.

Les outils existants (transmission de mails, historique, envoi à plusieurs utilisateurs, …) répètent la matière de travail dans son entièreté. Moi, je me contente d’en répéter une caractéristique, et de l’exprimer d’une autre manière. Ce n’est pas aussi rigolo ni aussi débile, mais l’important, c’est que ce soit de la répétition.

Les outils informatiques crétins

computer monkey
On est en plein dedans. Pas la peine de creuser loin pour s’apercevoir que mon idée est totalement inutile. Un point important : le superbe indicateur doit occuper une partie conséquente de la fenêtre. Il n’y a jamais assez de bordel superfétatoire sur votre écran. D’ailleurs vous y ajoutez même des post-its.

On aurait pu imaginer quelque choses de presque intéressant : dans la liste de vos mails reçus, on ajouterait une colonne pas trop large, reprenant l’indicateur de concernabilité. Ça prendrait peu de place, renseignerait chaque mail et on verrait tout d’un seul coup d’œil.

C’est donc à ne surtout surtout pas faire ! Le risque que quelqu’un, quelque part, y trouve une quelconque utilité est bien trop dangereux.

Les assertions violentes

« Ça vous concerne »… Vous vous sentez pas un peu intimidé quand vous lisez cette phrase ? C’est d’autant plus drôle que c’est une machine qui le dit. Admirez la très grande force du mot « ça », puisant ses racines dans le fait que la machine n’a aucune idée de ce dont elle parle. L’impact agressif aurait été bien plus faible avec une formule telle que « ce mail vous concerne ».

Le « Ça ne vous concerne peut-être pas » est également très amusant. Le but premier d’une assertion, c’est de balancer une phrase en pleine gueule, qu’il est interdit de contester. Ici, le mot « peut-être » annule complètement la certitude, tout en laissant la violence. Le propos devient totalement ridicule : « Je suis sûr à 100% de l’incertitude de ce que je vous dit ». Hahaha.

Ce qui existe déjà

disgression
Quand j’étais jeune, je lisais des revues super cools genre Astrapi, Okapi, Sciences et Vie Junior … On pouvait parfois y lire des articles expliquant comment le futur serait trop génial, avec des descriptions de tout un tas d’objets über-bien qui nous faciliteraient la vie. (Les voitures volantes avaient une place de choix dans cet über-bonheur). À la fin, on y trouvait souvent une petite rubrique intitulée « ce qui existe déjà », présentant des embryons d’objet aïe-tech.

flying car
/disgression

Je vous propose la même chose ici : Un bref aperçu de la débilité existante et amusante, rencontrée ici ou là. Le futur, c’est déjà maintenant !! (Slogan piqué au salon de l’auto, sauf qu’eux ils le disent avec sérieux. Lolilol !)

Un sourire à l’Excel-ence

Mon chef de couloir maintient un gros fichier Excel listant les projets en cours, et leur état d’avancement (ça commence bien). La case « A1 » contient un smiley content ou pas content. Il dépend d’une formule qui dépend d’autres formules, qui etc. On m’a parfois demandé de consulter ou de modifier ce fichier. Je n’ai jamais compris ce que signifiait ce foutu smiley. Je devrais peut-être poser la question. C’est peut-être à moi de faire le premier pas. Mais là j’ai pas envie.

Maintenant je sais que je ne peux pas savoir ce que je dois savoir

Le jour de son embauche, un pote à moi, ouvrier-codeur aussi, s’est connecté à son n’ordinateur de le travail. Il a vu, parmi le fatras d’icône du bureau, un lien pointant vers une page web de l’informatique interne. Celui-ci s’intitulait « ce que vous devez savoir ». Mon pote s’est dit : « cool, ça doit être une sorte de document d’accueil pour les nouveaux arrivants, avec des consignes et tout. Allez, je suis curieux et motivé. Je l’ouvre ! » Il est tombé sur une bonne vieille erreur 404. Assertion violente. inutilité.

J’annonce un site d’annonces

Quelqu’un de Brouillis Consulting (ma boîte), a décidé de lancer un service interne de petites annonces. Bien joué. Je me permet de préciser que même avant qu’internet n’existât, il y avait déjà des sites web spécialisés dans ce domaine. (Ah c’est n’importe quoi ce que je dis, tant pis, on le garde). Si encore, c’était des petites annonces pour organiser du covoiturage, ça pourrait servir. Au sein (nichons!) d’une entreprise, on a en effet de grandes chances de trouver des gens qui se déplacent dans les mêmes endroits. Mais là non, c’est que pour des achats et des ventes.

La personne qui s’occupe de ce génial service a tout bien fait comme il faut. Il y a un modèle de mail, avec marqué Achat/Vente (il faut supprimer la mention inutile), différentes catégories d’objet, et un champ description, avec plein de « xxxxxxx xxxxxx » pour bien montrer que c’est là qu’on doit écrire (n’oubliez pas d’enlever les X, hi hi hi hu hu). La personne a même rédigé un petit document Word pour expliquer comment poster une annonce. Le tout est centralisé, bien evidemment, dans un fichier Excel. On est combien dans cette boîte déjà ? Oh, une cinquantaine. Ah ben top-choucroute alors.

Et merde, c’est pas juste ! Pourquoi est-ce qu’on ne m’attribue jamais ce genre de tâche ? Moi aussi je veux pouvoir servir à rien dans mon entreprise ! Moi aussi je veux faire des trucs débiles ! Au lieu de ça, je me coltine du travail d’ouvrier-codeur sérieux ! C’est peut-être de ma faute. Je suis plus intelligent que tout le monde. Alors forcément, on profite de mon cerveau. Si j’avais été moins con, je me serais arrangé pour devenir con, et on m’aurait confié des trucs à la con dans lesquels j’aurais pu glander. Ah que le monde est cruel.

L’allégorie de la fin

Les entreprises ont tendance a oublier leur cœur de métier, le truc qu’elles savent vraiment faire et qui leur permet de gagner de l’argent. Elles s’auto-submergent d’un fouillis fourmillant de petites fonctionnalités inutiles. Les entreprises deviennent alors des structures énormes écrasant leurs propres employés. Pour l’allégorie, consultez l’image ci-dessous.

Desiree Devine Platinum Puzzy facesitting

(une journée comme une autre).zip

Ça faisait longtemps que j’avais pas raconté des conneries corporate.

MyLife.com: J’ai récemment changé de lieu de travail. Je suis toujours chez Brouillis Consulting, filiale de Berniques S.A., en prestation chez Merluchon Corp, sous-traitant de Deus Unlimited. L’ambiance me plaît mieux, mais la fréquence d’évènements boîtaux risque de diminuer fortement. En attendant, voici les trucs top-lol, bizarres et marquants de mon ancien lieu de travail.

Avertissement: Cet article est un récit concentré. Il obéit donc au principe régissant les séries téloche traitant de la vie normale: en 40 minutes, il arrive aux personnages tout ce qu’il vous arrive à vous en une année. L’intérêt de cette astuce étant de bien vous faire prendre conscience que votre vie est médiocre et insipide.

friends pochette

tchou-tchou, vroum-vroum

Ce matin le train a décidé de tomber en panne. Pourquoi pas. Comme déjà dit dans un précédent article, les transports de la région vomissements. La SNCF organise des grèves régulières locales, pour diverses raisons alchimiques. J’ai toujours ressenti cela comme une agression personnelle. Si c’était une grosse grève nationale, tout le monde serait dans la merde, et ça créerait un sentiment de solidarité entre les « usagers ». Là, c’est que pour moi. Petites piques cruelles qui me sont spécifiquement adressées et dont le reste du monde se fout. (La plupart des merluchoniens prennent la voiture, car ils aiment bien montrer qu’ils sont des grandes personnes.)

Un jour un type s’est pris la tête avec un contrôleur. Je voulais participer mais j’ai jamais pu en placer une. Un contrôleur copain a radiné sa petite gueule de taupe lèche-bite. Il n’avait rien suivi de la conversation, mais s’est tout de même permis de piailler: « oh mais si vous êtes pas content, vous prenez la voiture! » Super. Merci pour la participation.

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Je pense que le contrôleur-copain n’avait pas le droit de dire ça. La SNCF dit: « À nous de vous faire préférer le train », ce qui est l’exact contraire. Quand un employé a un discours opposé à son entreprise, il ne doit pas être en contact avec des clients. Ce n’est pas obligé de le virer, mais la moindre des choses serait de le cacher dans un bureau, ou dans une cave, avec des pénis de singes crus pour seule nourriture.

Il s’est passé des tas d’autres choses toutes pourries avec ces super-contrôleurs, ces super-guichetiers, et ces super-traîne-savates-siffleurs. Je ne veux pas les raconter ici, sinon je vais pleurer. Je pense juste que ce sont des jean-foutres et qu’ils n’ont aucun sens de l’équité. Vous êtes mes problèmes et la source de mes problèmes.

Avant j’avais rien contre les grèves SNCF (il faut dire « mouvement social »). C’est parce que j’étais pas vomissements. Vous connaissez l’expression micro-trottoirienne: « les usagers sont pris en otage »?

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Eh bien moi, ça ne me dérangerait plus de la prononcer. Je ne veux plus les défendre. C’est fini. Peut-être que c’est notre méchant gouvernement qui est le problème et la source de tous ces problèmes. (Hop, petite phrase de gauche pour faire monter le nombre de visiteurs du blog). Mais de toutes façons j’ai pas envie d’y réfléchir.

Après le train, je dois prendre le bus. J’en vois un qui s’apprête à partir. Je cours pour le choper. La conducteuse me fait bien sentir que ça lui arrache la gueule de me rouvrir les portes et tout ça. Puis, je m’aperçois que c’est le bus à contresens.

Que je vous explique: y’a pas un arrêt de bus d’un côté de la rue,et l’autre de l’autre côté. Nan c’est une gare routière et les bus se garent tous dans le même gros pâté. C’est important l’humour, quand on fait de l’aménagement urbain.

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Je dis à la conducteuse que je me suis planté de sens. Elle dit qu’elle veut pas me faire ressortir parce que déjà elle est en retard et exceptionnellement elle m’a fait monter, alors ça va déjà bien comme ça et que j’aurais qu’à descendre au prochain arrêt, ah non mais hein, c’est-y donc pas possible toute cette gabegie, etc. Deux bus de la même ligne nous croisent pendant ce mini-trajet à l’envers. VDM.

En vrai je m’en fous d’arriver super-en-retard, parce que je trouve mon boulot complètement absurde. Mais ça m’énerve quand même. Surtout que toutes ces petites histoires très drôles surviennent aussi au retour et ça j’aime beaucoup moins. Mon temps libre est très précieux, car je n’ai pas le même destin que l’amorphe reste de l’humanité. Je fais des œuvres d’art moi et j’écris des articles.

Achievement unlocked! parvenir à réussir à arriver au boulot

Je fais le dernier bout de chemin avec SuperGeek, croisé là par hasard. Nous avons une conversation classique, mais agréable. En cette période d’hiver, il aime à regarder la neige qui tombe: « Cet espèce d’économiseur d’écran permanent ». Par ailleurs, il se pique parfois de dessiner des smileys géants sur les capots de voiture.

image-transport-insolite

Je pénètre enfin dans les locaux de Merluchon. Ça m’aura donc pris 1h30 pour parcourir une vingtaine de kilomètres. Belle performance. Mais la SNCF a déjà réussi à me faire faire pire.

Je croise un mélange de collègues et de mi-collègues. Je sais jamais comment je dois doser le bonjouring dans ces situations. Le pire c’est quand tu croises des trois-quart collègues en pleine journée, alors que tu les as pas vus avant, ou quand tu croises un collègue une deuxième fois. C’est un de ces bordel ces codes sociaux. Oh, et sinon, les filles ne font plus la bise à cause de la grippe A. Je m’en suis accommodé sans problème. Tant que cette petite maladie friponne ne m’interdit pas de mater des fesses et des nichons, tout va bien.

chelsea charms

Je jette mon duffel-coat quelque part. Aujourd’hui, j’ai mis ma chemise bleu foncée d’ouvrier-codeur. C’est mon vêtement ironique. Sur ce, j’allume mon n’ordinateur chéri adoré que j’aime.

Germaine-Germaine, la cheffe de pièce, entre dans la pièce. Elle me dit bonjour et me pose discrètement la question: « t’as picolé? » Effectivement, pour une raison qui ne me revient plus en mémoire, hier, j’étais super saoul. Cette dame m’impressionne, elle parvient systématiquement à détecter mes soirées cuite. Non attendez, peut être qu’elle se repère juste par rapport à mon haleine de hamster mort.

Aujourd’hui, c’est mardi, donc c’est croissant. J’en prends un, remercie celui qui les a amenés et vais chercher un café. Après une petite offrande à la déesse-machine, un liquide noir coule de son vagin. J’ai appuyé sur le bouton « pas_de_gobelaid_de_plastik », et j’ai bien pensé à glisser dans son entrejambe ma tasse à moi faite en dur. Si je fais ça, c’est uniquement pour me donner bonne conscience. Allez surtout pas croire que je veuille économiser l’humanité. J’ai tellement envie qu’on se débarrasse de cette grosse bourde et qu’on passe à l’espèce suivante.

Aujourd’hui, c’est lundi. Je sais que dans 10 minutes, je serai pris d’une épique envie de chier. J’ignore ce que fout mon corps, mais à chaque fois, je cague que dalle de tout le week-end et dès le lundi: wouorf ! J’aime à croire que ce phénomène peut être attribué à l’origine psychologique suivante:

Chier est, de toutes façons, un gaspillage de temps. Mais il vaut mieux gâcher du temps de travail que du temps de week-end. Mon boyau à merde s’occupe de lui-même de cette optimisation.

Un téléphone sonne dans le couloir. Les premières notes ressemblent à une chanson de Renaud: « En cloque ». À moins que ce soit « Je suis une bande de jeunes à moi tout seul ». Je hais les sonneries de portables musicales. Le mien fait tubulululup et ça suffit amplement. C’est un téléphone, pas une cantatrice.

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Ah, ça y est. Mon sphincter envoie les premiers signaux d’overflow. Et c’est pas le café que je viens de lui injecter qui va l’aider à bufferizer. Chai pas vous, mais moi le café, ça me dilate le foc. Rassurez-vous, je n’utilise pas cette particularité physique à des fins pernicieuses. Sur ce, je me dirige vers les toilettes.

Les locaux de Merluchon Corp comportent 4 étages, chacun divisé en trois couloirs. Il y a une seule chiotte à caca par couloir. Ça en fait beaucoup, sauf qu’elles sont complètement éparpillées!!! Je vais dans les plus proches. Elle est occupée. Je vais dans celle d’à côté (au passage je dis coucou à la gentille dame de l’accueil). Occupée. Je vais dans celle d’à côté à côté. Occupée. Je monte d’un étage. Ça fait trois fois que la nana de l’accueil me voit passer, je suis sûr qu’elle se fout de ma gueule ou qu’elle me trouve bizarre. J’en suis plus à ça près. Occupée. Occupée. Occupée. Au troisième étage, je trouve enfin une chiotte libre. VDM.

Je chie tout ce que je peux,

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mais je sais bien que dans une heure, il faudra que j’y retourne. Pour une raison inconnue, je n’arrive jamais à tout éjecter en une fois. Peut être qu’il faut du temps à ma merde pour parcourir tout le boyau à.

Je lis la feufeuille décrivant les conseils développement-durable-tendance à appliquer pour économiser l’humanité. Il y en a une sur chaque porte de chaque toilette. Elles sont imprimées en couleur.

Je retourne à mon n’ordinateur que j’aime et démarre le logiciel de mail (dont je tairai la marque, pour pas foutre la honte à Merlu). Mon nom de compte est « Raychèr », avec une faute.

Mon patronyme existe sous trois orthographes différentes. La française : « Réchèr ». L’alsacienne : « Räscherr ». Et la française du 17ème siècle : « Raychayr ». Les gens se plantent tout le temps, et parfois, ils vont même jusqu’à tout mélanger (cf mon compte Outlook) (woups).

Je n’ai pas cherché à corriger ni à signaler l’erreur. À un certain moment de ma vie, j’en ai eu marre de devoir tout le temps préciser comment ça s’écrit. Maintenant, on peut faire ce qu’on veut avec mon nom. Et quand on me demande de l’épeler, je réponds n’importe quoi. Mon but ultime est de négationner son orthographe exacte. Et tant pis si ça fout le bronx pour ceux qui me recherchent dans Google. Ouais y’en a. J’suis connu.

Je me mets à bosser. Faut que j’écrive une dissertation sur la façon dont je compte patcher le logiciel « CUISSEAU ».

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Ce logiciel doit pouvoir lire un fichier de configuration supplémentaire, passé en 11ème paramètre, afin que le traitement qu’il effectue puisse prendre en compte des valeurs supplémentaires de densité moléculaire. Je ne suis pas sûr de l’utilité finale de CUISSEAU. Je crois qu’il permet de télé-upgrader par internet des firmware de puce pilotant des plaques à induction de cuisinières de restaurants. Je m’en fous un peu, en fait.

Radio-moquette: des bruits de couloir me renseignent que l’over-chef de chef de chef de Merluchon va venir ici même, là, aujourd’hui. Pour y faire quoi? Sais pas. De toutes façons je serai certainement cloîtré dans un placard avec interdiction de l’entrapercevoir et comme ça m’intéresse pas, ça tombe bien. En tout cas, ça explique pourquoi Jupette a mis une super-jupette.

La personne de Deus Unlimited ayant commandé le nouveau CUISSEAU s’appelle Monsieur Grillet. A chaque fois que je vois ce nom, je pense au sketch de Chevalier-Laspalès:

Vous voulez quoi? Des to-asts? Des tyost! Des towowoss! DES TOYOSTS! TOSS-WOSS-YOWOSSS! DES TOWOWOYOSSTS! TOOWAABOOOUUNNGGAAAYYOOWWAASSSTTS!!! …………………. Ouais, des tartines grillées quoi.

las pales sketch seul dans la nuit

Comme prévu par mon intérieur, je dois retourner aux toilettes. On va dire que la fois d’avant, j’ai eu beaucoup de chance et je suis allé aux plus proches. Re-coup de bol, elles sont toujours guillerètement libres.

Surprise! La crotte flottante que j’avais eu beaucoup de mal à faire partir la dernière fois est revenue! Elle a certainement remonté le tuyau avec ses petits bras en caca.

Ça me rappelle mon stage de fin d’études. Le chef était ressorti prestement des toilettes avec une mine de dégoût, en demandant à la cantonade qui était le précédent. Tous les autres stagiaires m’avaient montré du doigt. Certes, les chiottes étaient un peu sales, mais j’avais le souvenir très exact d’avoir tout bien nettoyé. Je n’ai jamais compris ce qu’il s’était vraiment passé ce jour-là. Le souvenir me reste gravé comme une cicatrice. Je me sens mal.

Je me masturbe dans les toilettes. (Je ferais peut être un article détaillé sur les différentes variantes de gestes sensationnatoires. avec classification et scores.)

fap fap masturbation demotivational

Je ressors, en vérifiant bien qu’il n’y ait pas de « petit trapéziste de sperme » accroché à ma braguette.

Je finalise ma dissertation et vais voir Germaine-Germaine pour le lui signaler. Elle me répond « bravoooooo!!! » sur un ton de foutage de gueule. Je suis quelque peu interloqué. C’est ma cheffe, donc je suis plus ou moins obligé de lui dire où j’en suis. Je ne viens pas lui annoncer mes exploits pour lui montrer que je suis un surdoué, que j’expecte du triomphe, des honneurs et des petits anges tout nus jouant de la trompette dans ma tête. Mais bon, si elle a besoin de me lancer des quolibets pour se sentir bien, qu’elle s’en donne à cœur joie. Je peux comprendre: je suis payé plus qu’elle alors que j’ai moins d’ancienneté et moins de grade.

Excusez-moi, je suis un peu mauvaise langue. Elle ne me le fait plus le coup du « bravoooo!! » Assez rapidement, elle a compris que j’étais réellement surdoué et qu’elle avait indispensablement besoin de mes lumières pour réussir les projets dont elle est cheffe. Maintenant, elle évite de me titiller la bisque (l’organe psychologique de réception de la moquerie).

C’est l’heure de manger.

/* pause de midi, cas 1 */ pid = fork(); if (pid == 0) {

Le technopôle dans lequel Merluchon s’est implanté a connu un développement trop rapide et tout l’espace vital a été conquis par des entreprises œuvrant dans le secteur NOIR. Le lieu de restauration le plus décent de la zone est une cafétéria, qui profite de sa situation de monopole pour être dégueuchère (et elle a bien raison, après tout).

pain degueu

C’est pourquoi, pour désigner un aménagement territorial de ce type, on préférera parler de « péquenopôle ».

Sur le chemin, je discute avec Underground. Il me raconte que les travailleurs de l’agence Atome-de-Baryum sont des gros asociaux, alors que nous on l’est pas du tout. Ça me fait beaucoup rire.

On entre dans la cafet’. Plateau, verre, couteau, fourchette. J’attrape un mini-morceau de fromage, puis je pose mon bardaf sur le rail.

Des habitués d’une autre entreprise se sustentent à une table. Je les aime bien ceux-là, car ils ont des têtes de geek. Y’a un maigrichon à lunettes mal rasé, un grand à lunettes mal rasé avec une queue de cheval, une nana vraiment SUPER moche avec un corps en fil de fer. Le meilleur, c’est leur chef, un gros à lunettes avec des cheveux longs, arborant systématiquement un T-shirt rien chouette, du genre: « Un clavier azerty en vaut deux », « What you see is what you get », etc.

MS Albuquerque Group 1978

J’aimerais bien travailler avec eux. Mais moi je suis avec des gens normaux, c’est super chiant.

Juste derrière moi, Greumzy se met d’un coup à me gueuler dessus. Apparemment, j’ai failli lui foncer dedans et faire tout renverser son plateau. J’ai pas du tout réalisé à quel moment un tel accident aurait pu se passer. Je lui demande, mais c’est Pompière qui répond à sa place, en disant que « ha ha ha, en plus si tu t’en es pas rendu compte, alors oui c’est pire. » Ok. Merci.

Je ne saurai jamais la vérité sur ce quasi-drame.

En attendant, je suis socialement méga dans la panade. Greumzy est un voisin de pièce. En 6 mois, j’ai parlé 1,5 fois avec lui (si on exclut les bonjour-bonsoir). Un respect silencieux, teinté d’une forte timidité, s’était installé entre nous. Eh bien voilà, la glace est maintenant brisée. Me reste plus qu’à jeter toute ma bouffe par terre, m’enfuir en pleurant, et me prostrer au pied d’un arbre sombre, avec de l’alcool.

La prochaine fois, il prendra un truc comme ça:

plateau magique

J’essaie de faire comme si tout allait bien, et m’avance vers les gâtes-sauce distributeur de graillasse. Le menu est affiché, mais je préfère regarder directement ce qu’il y a dans les bacs.

Je choisis toujours des trucs très simples à manger. Pas de cuisse de poulet à dépiauter, pas de paëlla avec des crevettes à décortiquer, pas de bouts de viande avec du gras à séparer, pas de rôti à moitié cuit super galère à découper, pas de brochettes à démonter. Rien. Interdit toutes ces choses horribles.

J’ai jamais vraiment su manger correctement. Ça a toujours désespéré mes parents. Il paraît aussi que je tiens ma fourchette de manière bizarre. Mais je les emmerde. Le désavantage de pas pouvoir manger des trucs compliqués en société est bien faible par rapport à l’avantage que je les emmerde. J’ai choisi de manger comme ça. C’est l’une des rares choses que j’ai pu choisir, il y a longtemps, et le fait que ce soit un choix absurde n’a aucune importance. Et puis, j’aime vraiment pas le gras. Le pire, c’est les mélange bouts-de-viande + gras noyés dans de la sauce. Impossible de détecter quoi que ce soit. J’essaye de faire le tri, mais à chaque bouchée, j’ai la hantise de tomber sur une de ces saletés de petites sangsues élastiques régurgitogènes.

Concentré sur cette recherche de simplicité et de beauté absolue, j’en viens à demander du porc au gâte-sauce, alors que c’est du veau. Bon, ça c’est pas grave du tout. De toutes façons j’ai jamais su faire la différence entre toutes ces viandes. Qu’est-ce qu’on s’en fout, sérieux.

Je me dirige vers une table. Le placement est super important. Dans la situation actuelle, je dois bien évidemment m’éloigner le plus possible de Greumzy et Pompière. Par chance, il y a une place de libre à la table de Monsieur Vêtement, WikiDisney et leurs amis. Je les aime bien eux, y’a toujours moyen de raconter des grosses conneries qui vont les faire se facepalmer.

facepalm

Ça ne manque pas. Quelques minutes après le « bon appétit » et le début des hostilités, Monsieur Vêtement va chercher une cruchasse d’eau à la fontaine. Il la prend super-froide et rajoute des glaçons. Je lui dit que c’est tellement une chochotte qu’il est même pas foutu de boire son eau sec! Ben oui, il la coupe avec des glaçons! Ha ha ha! Facepalm.

Ça sent le cramé dans toute la cafèt’. On sait pas ce qu’ils ont foutu, mais ils ont dû bien se marrer. Skrüü De Flüü essaie d’oublier le goût de ses nouilles avec une heavy rasquade de tabasco. Candido entretient son régime en ganachant ses haricots d’une pelletée de mayonnaise. J’espionne les gens dans la file d’attente pour repérer la nana avec des nichons d’enfer que je croise de temps en temps. Malheureusement, elle est pas là aujourd’hui.

(image nichon)

Après une dernière remarque à la con (« une cravate, même moche, ça te va toujours bien quand t’es à poil en dessous »), on lève le camp. Je retourne dans ma pièce et retrouve mon copain le n’ordinateur .

/* pause de midi, cas 2 */ } else {

Aujourd’hui, la cafèt’ est fermée pour congés annuels. Dans ma tête, je trouve ça plus drôle de dire que c’est à cause de travaux de réparation, suite à un incendie dans un frigo. (Avec des glaçons).

Les gens se sont éparpillés dans les alentours du péquenopôle pour chasser à manger. Je n’ai jamais trop réussi à savoir où ils allaient, tous. Mais ça m’arrange. Je me retrouve tranquille tout seul, et sors pour aller traîner au hasard des bas-côtés. Le péquenopôle n’est pas doté de trottoir, il y a juste de l’herbe en vrac sur le bord des routes. Mes pas (et quelques panneaux indicateurs) me mènent tout naturellement vers un MacDo.

Comme dit dans un précédent article, je suis pas whizzement fan du MacDo, mais il faut bien leur reconnaître une chose: leur taux de pénétration des coins paumés est des plus impressionnant: Gro[en]land, désert de Gobelie, univers parallèle où les femmes ont trois seins et donc, le péquenopôle de la banlieue de Zogzogunterkirche (Je viens de décider que c’est là que se déroule toute l’histoire).

Rien à dire sur le MacDo en lui-même et les gens que y’a dedans. Tout est très prévisible.

macdo 648064567 small scream

Je remarque quelques personnes arborant fièrement autour de leur cou leur petit badge d’allégeance à Deus Unlimited. Je sais que c’est du fake. Les vrais gens de Deus ne se déplacent jamais jusqu’à leurs vassaux perdus au fond de la cambrousse. Nan, ils restent cantonnés dans leur forteresse, à Lekkemi’amorsh, et nous convoquent quand bon leur semble. Les gens présents ici ne sont que des hobereaux comme moi, dotés d’un simple badge provisoire d’autorisation d’entrée.

Ma religion personnelle m’oblige à prendre une bière lorsque je mange au MacDo. Mais ils ont cassé leur tireuse ces cons-là. Heureusement, l’un des préceptes de ma religion m’autorise à casser n’importe quel précepte de ma religion. (La connerie à pas faire, c’est de casser le précepte autorisant à casser les préceptes. Ha ha ha).

Bref. Je prends des poutatoze et un sandwich à n’importe-quoi et je me barre. Je mange sur le chemin du retour. Je suis un peu déprimé et triste, sans trop savoir pourquoi. Mais j’aime bien me sentir déprimé et triste. Voilà. Je retourne dans ma pièce et retrouve mon copain le n’ordinateur.

} /* fin pause de midi */

C’est l’après-pause de midi. Je m’octroie, sans aucune honte, mon petit moment de détente casse-brique Alphabounce. Héhé, j’ai récemment chopé l’accélérateur syntrogénique, du coup je joue un peu plus longtemps. Ensuite je me fais un ou deux niveaux de DROD. Avant je jouais à DinoRPG, mais ça me niquait tout mon quota de connexion internet. Et de toutes façons, DROD, c’est 1000 fois mieux.

DROD Cover

Dans la pièce à côté, la tendance est au Counter-Strike. J’entend un type râler parce qu’il perd, tel un gros adolescent débile. Ah merde! Donc on a le droit de faire le gamin nerveux même en société! Putain, ils m’ont vraiment dit n’importe quoi mes parents.

Un téléphone sonne. Personne ne décroche. La sonnerie est redirigée vers l’accueil, mais les jolies hôtesses sont pas là, car c’est l’été et leurs horaires sont un peu plus permissifs (et c’est tant mieux pour elles). La sonnerie devient alors récupérable par n’importe qui, depuis n’importe quel téléphone. Pour bien faire comprendre ce fait absolument génial, une alarme de joueur d’orgue sourd résonne dans tout le couloir. Je déteste ça. Et on y a droit 2-3 fois par jour.

Des fois je laisse couler. Des fois je rouspète. Mais là, je décide de prendre la situation en main et de régler moi-même le problème. Je décroche mon téléphone et tape 88.

– Société Merluchon, bonjour.
– Bonjour, j’aimerais parler à monsieur Machin.
– Il est pas là. Rappelez plus tard.
– Est-ce que vous pourriez lui transmettre un message?
– Non. Je ne sais pas qui c’est.
– Mais vous servez à quelque chose dans cette boîte, vous?
– Oh lui hé! Ce matin j’ai écrit une dissertation et je me suis masturbé qu’une seule fois. Et vous apprendrez, manant, que moi j’ai l’accélérateur syntrogénique. Alors, camembert, ok?
– Tuuuut… Tuuuuut… Tuuuut…

Ça aura été l’un des moments les plus inutiles de ma vie. On m’y reprendra à vouloir régler moi-même des problèmes.

Germaine-Germaine revient de son mangeage. Elle bidouille un peu avec son n’ordinateur. Soudain, je reçois un mail de sa part. Une invitation à son anniversaire!! Je blêmis et tremble des poils pubiens. Un moment social non corporate avec des collègues de travail! Qui plus est, avec sa cheffe!

Je n’ai pas besoin d’inventer d’excuse, car le même week-end, un ami à moi non-virtuel organise une petite fiesta-craquasse pour son départ imminent en Australie du sud. Ouf.

Sérieusement, cet anniversaire, ça aurait été n’importe quoi. Je sais très bien que j’aurais été incapable de me tenir. J’aurais débarqué armé de trois packs de kro, j’aurais lancé un concours de shpockage avec ses objets personnels,

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ensuite, j’aurais avoué à ses copines que j’aime les gros seins et avec un peu de malchance, j’aurais fini par me battre avec son meilleur ami, suite à une mésentente sur un chronométrage de cul-sec.

Sur ce, ma dissertation n’est pas tout à fait finie, car je dois maintenant faire le chiffrage. C’est le moment le plus critique. Plusieurs forces entrent en jeu:

  • Mon envie de dire que ça va me prendre 2-3 jours de plus que ce que j’estime, afin de me donner une marge de glandage.
  • Mes mauvaises capacités d’évaluation, qui font qu’une tâche me prend toujours quelques jours de plus.
  • Germaine-Germaine, qui regarde mes chiffrages, refuse d’admettre que ça me prendra autant de temps, et diminue le nombre de jours.
  • Deus Unlimited, qui sont les valideurs finaux des chiffrages, et discutent parfois, mais rarement. De toutes façons ils sont pétés de tunes, alors ça ne les dérange pas de nous jeter quelques miettes de plus en pâture. (Fait dont on ne profite pas vraiment, because diminution des chiffrages par la personne citée plus haut).

C’est donc le moment le plus critique, mais la décision se prend à l’arrache, en trente secondes. Je vous montre:

Germaine-Germaine: « ce truc là, ça va pas te prendre 5 jours. Je t’en mets 4. »

Moi: « Bon ben va pour 4. »

Et voilà. C’était super. Après je bosserai dessus, je sais que j’aurais pas mon temps de glandage et avec mes estimations pourries, on risque même de faire du vilain TNF (Temps Non Facturé). Et ça, c’est outrageusement caca-pas-bien.

J’ai bien conscience que, par rapport à d’autres métiers, d’autres entreprises et d’autres salaires, ma situation est plus que correcte. Je pisse du code (c’est ce qui me plaît et ce que je sais faire), on me fout relativement la paix, on ne passe pas derrière mon écran pour m’espionner, l’ordinateur chéri que j’ai est pas trop pourri, les horaires sont plutôt libres et on m’a jamais trop engueulé les quelques fois où j’ai fait du méchant TNF.

Nan le vrai problème, c’est moi et ma désapprobation globale du concept du travail. J’aime bien pisser du code et du texte, mais que pour moi (articles débiles, jeux vidéos, autres conneries…). À part ça, j’aime pas bosser. C’est aussi simple que ça. En vertu de ce principe, j’essaie de maximiser mon temps de glandage pour faire des choses qui me tiennent à cœur.

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Tout mon comportement professionnel est orienté dans ce sens. Je suis toujours en train de calculer dans ma tête combien de temps une tâche va réellement me prendre et combien de glandage cela me permettrait d’obtenir. Car, bien entendu, s’il y a des jours de rab’ par rapport au chiffrage, je me les prends pour moi. Je vais pas les donner en surproduction à l’entreprise. Oui c’est très vilain, mais j’estime que c’est juste. Si je suis suffisamment doué et travailleur pour accomplir quelque chose en moins de temps que prévu, alors le bonus est pour moi.

Je développerai ce sujet de manière plus détaillée dans un autre article. Oui je sais, je dis ça tout le temps. Le temps.

En plus, il y a pleins de petits moments où je bosse pour de vrai, sans que ce soit réellement comptabilisé: répondre à un utilisateur qui n’a aucune idée de ce que fait l’outil qu’il utilise, aider Germaine-Germaine qui s’est vautrée dans une expression régulière, assister à des réunions à la con…

Un autre téléphone portable sonne quelque part. Cette fois-ci, la sonnerie ressemble au début d’une chanson d’Echo Lali: « Les voyages de Léo ». Vous pouvez l’écouter / la télécharger librement (http ://www .jamendo.com/fr/list/a2403/la-valise-aux-mille-voyages).

Sur ce, le chiffrage étant fait, je peux me mettre à bosser sur ce fameux CUISSEAU. Mais surprise, on m’annonce dans l’oreillette qu’il y’a un autre truc à faire en urgence. Je dois relire le document de spécification de l’outil CASTOR. J’en sais pas plus et on s’en fout. Par contre, faut se dépêcher et ne pas y passer plus d’une demi-journée. (ben oui, sinon je pourrais le comptabiliser dans mon rapport d’activités. Ha ha ha).

(image de castor en train de baiser dans une baignoire de coke)

Je chope la spec sur le serveur et commence à me la farcir. Gros problème: hier, j’ai vu un film de James Bond avec un allemand méchant et caricatural. Tout ce que je lis dans ma tête prend maintenant l’accent allemand. « Les tonnées tu fichier Musseau_XX.txt effektuent la korrezpondanz entre l’intex du lapel et l’itentifiant te la karteu ». Difficile de se konzentrer.

james bond 40601 mechant

Je me lève pour poser une question à Germaine-Germaine. C’est toujours un moment que je redoute. Pas qu’elle soit méchante, en général, nos échanges restent corrects. Mais à chaque fois, j’ai peur de faire un lapsus tout pourri et de l’appeler « Maman ». C’est déjà arrivé dans ma tête. J’ai peur que ça sorte par inadvertance.

Comme on est jeudi, je reçois un rappel automatique pour la réunion ‘QX’. Prof, le chef de couloir, nous a mis à tous ces alertes hebdomadaires, suite à quelques remarques de la part de la certification qualité, qui trouvait qu’on ne faisait pas ces réunions assez fréquemment. J’appuie sur le bouton « faire disparaître » et continue de bosser sur mon CASTOR.

Mini-fork:

Pour une fois, la réunion QX a réellement lieu. On se retrouve tous dans une salle, Prof galère avec le vidéo-projecteur (tiens c’est marrant, comme les vrais profs à l’école), chacun dit où il en est, Prof note des trucs en bleus/rouge/noir dans son super document Word de suivi des projets, et moi je fais des petits dessins sur mon cahier grand-format-petits-carreaux.

quibe-1 gnomz

Ce dessin n’est pas de moi.

 

J’aurais aimé vous les montrer, mais entre temps, j’ai paumé le cahier (tiens c’est marrant, comme quand j’étais à l’école). Pas grave. Je les referai comme si c’était pendant une QX, et vous aurez ça dans un autre article.

Retour à l’instance originelle de notre univers.

Ça fait déjà quelques jours que Germaine-Germaine se galère avec son PC. Elle le trouve super lent. Je suis pas sûr de comprendre comment c’est possible car on produit notre code directement sur les serveurs de Deus Unlimited. En local, on ne fait que des rédactions de document à la con (genre les dissertes) et des visionnements de powerpoint rigolos. Des fois, la connexion vers la forteresse de Lekkemi’amorsh est super défibrillée et c’est clair que c’est lent, voire immobile. Mais un nouveau PC n’arrangera rien. Bon on s’en fout, le passage rigolo, c’est là, tout de suite:

Germaine-Germaine téléphone au Bureau Populaire de Gestion des Équipements Automatiques et explique sa situation à un chef de boîtier: comme quoi que elle peut pas décemment bosser avec la rougnasse dont on l’a affublée, que ça la stresse et tout et tout. Le monsieur fait un télé-examen de son PC et admet sans problème le caractère « rougnasse » de l’objet, mais il ajoute qu’il ne peut pas lui en donner un nouveau, because restrictions de budget imposées par le chef du Bureau Populaire.

skeleton-computer

Là, Germaine-Germaine s’énerve et dit au monsieur qu’il se moque d’elle, que c’est n’importe quoi, que lui de toutes façon il a que ça à faire et qu’ils devraient tous être à sa disposition dans ce fichu Bureau. Prof arrive, tente de calmer la situation et demande à Germaine-Germaine de parler plus constructivement avec eux, même si ils peuvent rien faire. Elle part se détendre en allant prier à l’autel de la déesse-machine-à-café.

J’aime bien ces moments-là. Mais globalement, ça me fait quand même un peu chier d’être ici et de bosser. Un spectacle que j’aimerais bien que l’on m’offrît, c’est un collègue quelconque qui pèterait les plombs, débarquerait avec un fusil et menacerait tout le monde. Là je m’imagine en héros. On me verrait planqué derrière un mur couvert d’impact de balle, un téléphone à la main, demandant à la madame de l’accueil de bloquer toutes les issues et de me laisser seul avec ce forcené. Puis je le choperais par surprise, le bloquerais avec une prise de jiu-jitsu, et commencerais à discuter avec lui. Là, il me pleurerait sa détresse, et je le comprendrais du plus profond de mon âme. Finalement, c’est moi qui prendrais le fusil et on partirait ensemble à la conquête de tout le couloir. Ce serait beau.

2 mecs flingue

Mais y’a rien de tout ça en vrai. Le truc le plus ravageur qu’il s’est passé ici, c’était un exercice d’alarme incendie. Et Braillou qui braille dans son brailloir.

« Nous créons vraiment les drames qui remplissent nos existences. »

(A l’estomac, Chuck Palahniuck)

J’arrête pas de péter sur mon siège car j’ai la chiasse. J’essaye de rester le plus discret possible, mais parfois je rate et le prout s’entend. Je dis « excusez-moi ». Personne ne répond rien. Je suis vraiment une catastrophe. Quand je suis pas là, ils doivent certainement se foutre de ma gueule à ce sujet. Je devrais avoir honte. Tuez-moi.

Germaine-Germaine est revenue et semble calmée. Peine perdue, car son téléphone sonne immédiatement. Elle regarde le numéro appelant, déblatère d’un air colérique: “t’as que ça à faire toi?”, puis décroche.

Il s’agit de DuMoisi, son autre subordonné de pièce (qu’est pas dans la même pièce qu’elle, mais ça c’est à cause d’une crise des bureaux). La pauvre, elle a toujours eu un peu de mal avec DuMoisi. Elle m’a avoué, lors d’un dialogue-thérapie, qu’il arrêtait pas de poser des questions idiotes sur des détails de pinaillage.

Moi j’aime bien quand les gens viennent me voir privativement pour dire du mal d’autres collègues. Ha haha. Je suis le Diable. Je me repaît du mal des autres. Donnez-moi votre haine. Donnez-moi votre haine que je la nourrisse. C’est moi, super faux-cul. Vous allez tous m’aimer, car je valide vos délires personnels de médisance.

Liste d’expressions rigolotes du monde corporate:

  • « ASAP ». je pensais pas qu’on pouvait le dire en vrai, avec la bouche.
  • « La philosophie de quelque chose », pour dire : « le but de quelque chose »
  • « Tu bascules sur CUISSEAU ». oooiiiiiinnnnkkk – cla-cla-cla-cla PONK!
  • « Gagner du périmètre ». lequel? (Largeur + Longueur)*2, ou 2*Pi*Rayon?
  • « Baisse/montée de charge ». Tiens rajoute un condensateur, ça consommera moins.
  • « Monter en compétence ». Je suis pâtissier-tanneur lvl 41. Et toi, tu joues à quoi ?
  • « Après rebouclage en interne ». Ça, en Monde-Réelie, ça veut dire: « j’ai demandé à mon collègue qui s’y connait mieux que moi sur le sujet ».
  • « Baisser la voilure »: non c’est pas un truc d’homosexuel. Pourtant, tout ce qui est voile… (et vapeur).

J’ai fini la relecture de ce CASTOR. Je « bascule sur autre chose ». Je dois décaler tous les numéros de tests dans un script. Je sais plus trop d’où ça sort qu’il faille que je fasse ça. Et pis j’ai plus envie de détailler mes histoires à la noix. Il est vraiment super long cette article. On va s’arrêter là.

Je reprends mon duffel-coat et sors de la pièce. Affichées sur les murs du couloir, les espèces de photos motivationnelles super moches représentant des puces électroniques et des lave-vaisselle me font des clins d’œil goguenards. Bon camarade, je leur réponds d’un hochement d’esprit, très « second degré ».

electronique ampli casque 005 pcb composants

J’aurais pas pu glander une seule seconde aujourd’hui, à cause des farces de la SNCF, des chiffrages amputés et des petits travaux surprises qu’on me demande de faire à l’arrache. Ça m’énerve. Mais c’est pas le moment de s’énerver. Là je dois stresser à me demander combien de temps de retard ça va me prendre pour faire le trajet de retour.

bye 0