Événement corporate : l’Ovuliaire 2019

Préambule (de savon) : l’entreprise qui m’emploie a retravaillé son nom. « ConcreteWorld.🌏 », avec un point, ça faisait bizarre, car on avait parfois l’impression que c’était un point de fin de phrase, alors que c’est un point genre comme ceux des urls. Du coup, elle se nomme maintenant « ConcreteWorld-🌏 », avec un tiret. Je rappelle que le caractère final se prononce « 1F30D ».

L’entreprise a également retravaillé le nom de son gros événement corporate annuel. « le Semencinaire » dont je vous avais narré le déroulement s’intitule maintenant « l’Ovuliaire », par souci d’écriture inclusive.

Les présentations-blablatages

Au programme, point de Corporate Bullshiste ni de jeu de la multi-biscotte. Juste des présentations sous forme de cours magistraux, dans un amphithéâtre avec des tablettes repose-bloc-notes, parfaites pour réaliser des petits dessins.

Initialisation des cours avec la présentation de notre MegaChef. Au fait, ce monsieur a maintenant un nom : MegaChef En-Même-Temps. C’est d’un macronisme totalement assumé.

Explication : un MegaChef a intrinsèquement tendance à pousser ses employés à travailler au taquet. Cependant, ce serait trop frontal de dire « finissez-moi ce projet en deux fois moins de temps que nécessaire », or, comme il y a toujours des tonnes de projet à faire, sa solution à lui consiste à dire « finissez-moi le projet A en un temps normal, et ‘en même temps’ finissez-moi aussi le projet B en un temps normal ». L’incitation à mettre les bouchées doubles est toujours présente, mais un peu plus subtilement. Ça lui apporte également l’avantage de ne pas avoir besoin de prioriser les projets. Ils ont tous la priorité « super-haute, à faire en même temps ».

Cela dit, ce genre d’injonction n’a que peu d’implications sur moi, puisque je ne suis pas directement sous ses ordres. Mes chefs directs ont divers défauts, comme tout le monde, mais les incitations subliminales à travailler n’importe comment n’en font pas trop partie.

Rien de spécial à dire sur la présentation d’initialisation. On passe à celle de Colléguette PositiveAttitude, la nana du marketing.

Elle demande à la cantonnade si nous serions en mesure de citer une phrase d’un livre qui nous aurait marqué. Mon cerveau en trouve deux :

Les rats sont les seuls créatures véritablement underground. (Charles Bukowski, Journal d’un vieux dégueulasse).

La sexualité est un système de hiérarchie sociale. (Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte).

Mais je n’ose me manifester pour les énoncer. Personne d’autres ne moufte, à croire que nous avons tous les mêmes lectures.

Ensuite, elle redemande à la cantonnade une citation d’un film. Des phrases de Fight Club, ainsi que le « Tu te masturbais ? » de American Beauty me viennent à l’esprit. Collègue TuLaBoucles me devance, et sors la phrase à la con de Forrest Gump : « la vie c’est comme une boîte de mon cul sur la commode ».

American Beauty, excellent film.

Colléguette PositiveAttitude nous explique alors que cette petite démonstration est la preuve que nous nous souvenons plus facilement d’images et de sons que de textes. Waouw. Impressionnant.

Sauf que c’est complètement biaisé. N’importe quel charlatan de spectacle de rue sait très bien qu’un public ne réagit jamais à une première harangue, et qu’il faut la répéter. D’où la fameuse technique du « Est-ce que ça va ? Je n’ai pas bien entendu ! EST-CE QUE ÇAAAA VAAAAAA ?? ». De plus, la recherche de souvenir est un mécanisme que le cerveau met un petit temps à déclencher. Il est donc normal que les informations ressortent plus nombreuses à la deuxième sollicitation.

Si elle nous avait demandé d’abord une citation de film, puis une citation de livre, on aurait répondu uniquement aux livres et sa démonstration nounouille se serait vautrée.

Pour finir, elle nous parle de l’infobésité, un concept intéressant même s’il n’est pas spécialement nouveau.

C’est le moment de la récréation, avec bâffrage croissant-confiture-café. Cool.

Collègue Pez s’approche de Collègue TuLaBoucles. Les deux se sont récemment fâchés à cause d’un truc à la con, qui ne mérite même pas d’être raconté ici.

− On se serre la main ou pas ?

− Ben non. Tu peux pas faire comme s’il s’était rien passé.

− OK. Alors tu la boucles.

Et c’est comme ça que Collègue TuLaBoucles s’est appelé « Collègue TuLaBoucles ».

Sur ce, il faut retourner en cours.

Étrangement, aucun power-point n’est doté d’une image ou d’une animation d’engrenages mal foutus et ostensiblement non fonctionnels. Nous avons juste droit à une sorte d’atomium-planète avec des petits machins gravitant autour. Je suis déçu.

C’est pas une gif, mais c’est déjà un atomium.

Chef Nightwish nous autorise à dire « ooooooh, c’est mignooooon » durant sa présentation, car il l’a ponctuée de photos de chats.

Chef Nightwish s’appelle ainsi car c’est un fan du groupe éponyme. Draxxx, le métalleux attitré de feu le magasine 42 détestait Nightwish. C’est assez rigolo. Il semble que ce groupe soit controversé. Bon, supposons que je veuille être un métalleux conventionnel, je devrais dire que j’aime ou que je déteste Nightwish ? Oh on s’en fout. En tout cas, « c’est mignooooon ».

Grâce aux efforts continus d’innovation et de recherche, la technologie évolue progressivement, et les supports de cours ont pu ne pas être exclusivement constitués de powères-pointt. Une petite vidéo sympa nous est dispensée, montrant des collègues répondant à des questions existentielles comme « qu’est-ce qui vous plaît à ConcreteWorld-🌏 », « que voudriez-vous changer ? », etc.

Certains collègues sont interviewés par deux. Ils se répondent l’un l’autre, sur un ton inhabituel et chargé de non-sens. Ça fait très Kaamelott.

Cette journée est tellement fofolle en terme d’innovation post-power-points que nous avons droit à un quizz ! En effet, le compte-rendu de l’Action Bisounours nous a été restitué sous ce formalisme.

Explication : l’Action Bisounours est un badge social-et-sociétal, comme une norme ISO-truc, garantissant qu’une entreprise agit de manière gentillounette avec ses parties prenantes : clients, employés, fournisseurs, etc.

Le quizz comportait des questions telles que : « l’Action Bisounours définit-elle un indice de visibilité de minorité, permettant de savoir, par exemple, si les Noirs seraient plus discriminés ou moins discriminés que les Mormons, les Jeunes ou les Gauchers ? ». La bonne réponse était « Non, bien sûr. Les humains sont tous différents et tous égaux, sauf l’empereur Néron qui était vraiment un superconnard. »

Un smartphone était nécessaire pour participer au quizz, ce que je ne possède pas. On nous avait demandé de prévenir à l’avance si nous étions dans ce cas, afin de mettre en place des smartphones de secours. J’avais prévu de m’en tamponner complet. Malheureusement, le nombre d’inscrits s’affichait publiquement et en temps réel. Collèguette Choucroute, l’une des organisatrices, attendait de pied ferme que celui-ci corresponde au nombre de gens dans l’amphi. J’ai donc demandé un smartphone à l’arrache et je me suis fait gronder. Je suis un Boulet (indice de visibilité de minorité : 42%).

Je m’inscrit sous le pseudo « ‘;drop database », histoire de tenter une injection SQL et d’amuser la galerie. La galerie a été amusée. Youpi.

C’est Mascotte À-Fleurs qui claque le meilleur score. Bravo à lui. Il s’appelle ainsi parce qu’il met parfois un splendide pantalon bizarre avec des fleurs dessus. Son titre de noblesse est ‘Mascotte’ et non pas ‘Collègue’, vous avez compris pourquoi.

Il gagne un cadeau-surprise en différé, qui lui sera offert au prochain goûter corporate. Spoiler Alert : le cadeau-surprise est un bonnet en forme de Bisounours.

Vient ensuite la correction du quizz. Colléguette Choucroute explique chaque bonne réponse en débutant toutes ses phrases par « effectivement ». Il y a du brouhaha. Elle nous rappelle régulièrement à l’ordre comme si nous étions des petits-enfants-bisounours.

La suite de la journée se déroule classiquement. En résumé :

  • Un autre quizz, sur le sujet « les gens de la Bizness Iounite ‘Protection de la Réalité' ». Cool.
  • Réalisation de deux magnifiques dessins grâce à la tablette repose-bloc-notes. Je vous les montrerai dans un prochain article, afin de séparer les catégories blogales « dessin » et « univers fascinant du travail ».
  • Repas-buffet gratuit le midi, très bon, mais sans alcool.
  • Discussion à propos de CodinGame avec Collègue Docteur-Maboul, dont l’un des amis est un fondateur du site. Je me garde cette info sous le coude, au cas où.
  • On nous demande régulièrement de partager sur les rézosocios tel article ou tel nouvelle, pour « transmettre » et pour « que l’on parle de nous ». Je n’ose pas dire suffisamment fort que ça va rajouter de l’infobésité.

Twit ! Twit ? J’ai faim !

La présentation finale

Celle-ci nous est offerte par Viril Virgile, l’entraineur de l’équipe régionale d’aquafootball chilien.

Viril Virgile, dans les vestiaires pro du stade officiel.

Explication : l’aquafootball chilien n’est pas très connu en France, excepté dans notre région. La Chevalerie du Ballon d’Airin (c’est le nom de l’équipe) est parvenue au fil des ans à se forger (ha ha ha) une renommée internationale. La plupart des gens du coin sont des supporters-évangélistes de ce sport. Vous pouvez pas chier dans la rue sans en croiser un.

ConcreteWorld-🌏 étant sponsor officiel, nous avons régulièrement des places gratuites pour aller voir des matchs, en tribune VIP, s’il vous plaît. Ça a l’air tellement important que c’est compté comme avantage social pour les employés.

Personnellement j’en ai rien à foutre de ce sport à la con, rien à foutre de la VIPerie, et rien à foutre que Viril Virgile nous gratifie de sa présence et soit venu décharger en nous sa sagesse d’entraîneur. Le seul truc dont j’ai pas rien à foutre, c’est les mails envoyés régulièrement « à tout le monde » annonçant les places disponibles pour le prochain match. Ça m’agace car ça rajoute de l’infobésité à ma boîte mail boîtale. Je ne dis rien sous peine de passer pour un gros naze qui ne s’intéresse pas « aux valeurs du sport ».

Je reconnais que cette présentation m’a appris des choses, car j’endosse parfois le rôle d’anthropologue toujours prêt à découvrir des modes de vie de catégories socio-professionnelles différentes de la mienne. Je découvre également le personnage de Viril Virgile, et là c’est une expérience bien moins captivante, du fait de son côté « gros ours mal taillé dans un bloc de parpaing lui-même mal taillé dans un bloc de parpaing plus gros ».

Liste de ses gros-oursitudes :

  • « Bon, je vois qu’il y a des femmes. Désolé, vous vous ennuierez peut-être un peu. » (Du coup, t’aurais dû venir avec une cargaison de cartes-cadeaux Zara et des boules de geisha, pour distraire ces pauvres dames. On n’est plus à un cliché près).
  • « Et aussi, je vais parfois dire des gros mots. » (Apporte-aussi des écouteurs diffusant en boucle du Vianney, du Katy Perry ou n’importe quelle autre soupe girlie, on n’est plus à deux clichés près).
  • Son support de présentation en est resté au stade du power-point. Qui plus est, avec des transitions moches en 3D. Certaines diapos sont présentes en double, voire triple exemplaire.
  • À croire qu’il aime les (répétitions)³, ou alors qu’il se prend pour le Général de Gaulle à l’appel du 18 juin, car il redit parfois trois fois de suite la même phrase.
  • Certaines diapos montrent des fiches de compte-rendu de match. Il y a des smileys content et pas-content dessiné en gros, pour bien montrer aux joueurs ce qui a été bien et pas bien. On a l’impression d’être chez les super-teubés.
  • Mini-vidéo les montrant en visite dans une usine locale de lacets de chaussure. L’un d’eux se prend un carton rouge car il s’énerve durant le quizz final. On peut voir en arrière-plan un grand écran affichant la dernière réponse du quizz, à savoir : « les chaussures ». Laissez-moi deviner la question : « que permet de lacer les objets fabriqués dans notre usine ? ».
  • Pour que les joueurs de l’équipe se sentent impliqués et se comportent correctement avec les journalistes et les gens normaux, Viril Virgile les nomme « Les Chevaliers ». « Tous les membres de l’équipe doivent avoir l’esprit de la ‘chevalerie’ ancré en eux ».
  • Photo de joueurs se serrant dans les bras durant un match, dans une franche, chevaleresque et virile camaraderie. Je dis : « Oooooh, c’est mignon ». Mais ça ne fait pas rire beaucoup de gens autour de moi. Tant pis.
  • Une saison sportive d’aquafootball chilien étant jalonnée d’événements et matchs divers, il est utile d’effectuer une analogie avec une autre histoire, en faisant correspondre leurs étapes respectives. Voilà une idée intéressante. L’année dernière, l’histoire choisie était : le tournoi des 5 nations du rugby. Euh… WTF ? C’est quoi l’intérêt de faire une analogie entre la saison sportive d’un sport et la saison sportive d’un autre sport ? En tout cas, ça va pas aider à diminuer l’impression qu’ils sont super-teubés.

Un collègue sort de la salle. Vraisemblablement parce qu’il en a marre ou qu’il veut aller aux toilettes.

Un peu plus tard, une diapo-power-point affiche le texte « homo numericus ». Viril Virgile nous raconte qu’en voyant cela, l’un de ses Chevaliers a rétorqué en riant : « Hurr hurr huuurr, je préfère être numericus que homo. Hurr hurr huuurr. ». L’assemblée rit légèrement. Viril Virgile ajoute : « Bon, il a dit ça comme ça. Mais je suis assez d’accord. Pas de pédés dans mon équipe. » L’assemblée re-rit à nouveau. J’écoutais à moitié, puisque je dessinais. Je n’ai pas su déterminer s’il disait cela sur le ton de l’humour ou pas.

Collègue Machin dit à ses voisins : « Mais pourquoi les gens rient ? C’est pas drôle. On se targue d’être Action-Bisounours-Compliant, et on rigole à des blagues comme ça ? ».

Je passe quelques minutes à réfléchir à la situation, puis je décide que Viril Virgile ne blaguait pas, que de toutes façons sa présentation commence à me gonfler, et que vu qu’une personne est déjà sortie, j’ai bien le droit de faire pareil.

J’embarque mes dessins et je me casse. Je me retrouve seul dans le hall d’entrée à finir de gribouiller. Je suis un peu inquiet quand même. J’ai peur de devoir me justifier par la suite, et de passer pour le gros boulet qui se permet de monter sur ses grands chevaux juste pour se donner un peu de personnalité.

Lorsqu’enfin la présentation se termine et que tout le monde sort, je découvre que je n’ai rien raté de notable. Ça s’est terminé avec des questions de l’assemblée, dont un bon chapelet de questions chiantes par Collègue GrandBlondAvecPasDeChaussureNoire.

Je me sens obligé d’exprimer pourquoi je suis parti. Je suis agréablement surpris car personne ne désapprouve. Certains s’en tamponnent, d’autres me disent qu’ils ont eux aussi hésité à sortir sans oser le faire, et d’autres encore ont relevé ses remarques introductives de merde à propos des femmes et des gros mots.

Potlatch d’échange

Le lieu de l’orgie dînatoire n’est pas très loin du lieu des présentations, ce qui me permet d’y aller tranquillement en vélo. De plus, je pourrais m’alcooliser sans scrupules puisque pour rentrer chez moi, je ne serais dépendant ni d’un véhicule à moteur ni d’une autre personne.

Comme l’année précédente, un potlatch d’échange est organisé. Chacun vient avec un cadeau et repart avec un autre. En revanche, pas de collègue déguisé en Père Noël. Dommage. On a des collègues noirs, j’aurais trouvé ça super classe et tellement Action-Bisounours-Compliant d’avoir un Père Noël noir.

− T’es pas vraiment fringué en père Noël.
− Et t’es pas vraiment un Bisounours.

Ma contribution à ce potlatch était Boulonix, le chien-robot qui fait caca. Vous l’aurez deviné, le but de ce cadeau était uniquement de me la péter auprès de mes collègues, qu’ils voient comment je suis trop créatif et ingénieux.

Et ça marche. Les gens défilent pour voir ma création, je performe plusieurs fois de suite la démonstration de la nourriture qu’on met dans la bouche de Boulonix et qui ressort par le trou-du-luc.

Les deux nénettes du Département boîtal « Pollinisation de l’entropie réalitoire » sont admiratives. Je suis très content. Dans mon cerveau un peu bancal, ces deux personnes sont des fantasmes platoniques, comme Colléguette Platona dont je vous ai parlé lors du Semencinaire 2018.

Ce serait un peu impersonnel de les appeler « Platona 2 » et « Platona 3 », alors, comme elles s’occupent de pollinisation et que je suis un mec super drôle, la première s’appelle Colléguette Pauline. La deuxième aurait pu s’appeler Colléguette Paulette, mais ça aurait été du second degré tellement naze que ça en serait devenu du zéro degré. Alors en fait elle s’appelle Colléguette Babiole. C’en est presque poétique.

Je les aime bien ces deux nanas. Nous avons vécu des moments d’amitié intenses, à l’époque où nos burlingues étaient dans la même zone d’open space. Surtout lorsque je sortais des blagues débiles et des jeux de mots dignes de Michel Drucker s’il avait décidé de faire des jeux de mots.

En tant que geek-cliché, j’ai aidé Colléguette Pauline à résoudre les exercices de math de son fils. D’autre part, j’ai ouï dire que Colléguette Babiole faisait un peu de graphisme ou de dessin. Et c’est cool.

Une œuvre (en pixel art CGA) de Colléguette Babiole.

Notre amitié éternelle et légendaire a perdu un peu de son intensité lorsque j’ai déménagé de burlingue-open space. Mais on se croise régulièrement à la machine à café ou aux toilettes. Rappelons que je suis une personne qui se rend énormément souvent aux toilettes.

Et donc, ces deux dames trouvent Boulonix magnifique. Flattage d’ego, flattage d’ego. Elles me font promettre de leur en fabriquer un autre du même genre, pour mettre sur leur burlingue commun. Faudra que je m’occupe de ça à l’occasion.

En revanche, Colléguette Carnea n’accroche pas trop. Lorsque je lui fais la démonstration du cacatage boulonixien, elle a un petit sourire crispé sur un air « qu’est-ce qu’il me veut ce gamin avec son jouet scatologique ? ».

Je papillonne dans divers groupes de discussion, à montrer mon chien et/ou mes dessins (ego, ego, ego). Je retombe sur Collègue Docteur-Maboul. Je découvre que lui aussi connait Bukowski, ça fait plaisir.

Durant notre conversation, le contexte fait qu’il éprouve le besoin d’énoncer une expression de type « Avec des ‘si’, on mettrait Paris en bouteille ». Celle qu’il me sort est éminemment über-classe : « Si mon grand-père avait trois couilles, ce serait un flipper ». J’adore.

Le grand-père de Collègue Docteur-Maboul

Çay parti pour le showe !

L’année dernière, le show avait été assuré pas un magicien, que tout le monde avait trouvé tout pourri, mais que j’avais personnellement bien aimé, (je suis peut-être un peu con-con en terme de magie).

Revirement complet pour cette édition, puisque nous avons droit à un spectacle de cabaret, avec danseuses peu habillées. Excellent !

En apprenant cela, plusieurs personnes se sont posé la question de la pertinence d’un spectacle de type foire-à-la-greluche pour une soirée corporate. La cheffette du département boîtal « Orgies Internes » nous a expliqué que celui-ci avait été conseillé par un organisme partenaire, en qui elle avait entière confiance. Lorsqu’elle s’est renseignée plus conséquemment, elle a découvert la nature exacte de la prestation, mais il était trop tard pour chercher autre chose. Elle a malgré tout réussi à négocier quelques conventionnalisations, notamment le fait de ne pas trop montrer de bouts de seins.

Il faut reconnaître qu’elle a réussi à bien gérer la situation, avec les moyens et les infos qu’elle avait. Mais moi, j’aurais bien voulu les voir les bouts de seins. #BalanceTonCorps .

Et qui était donc l’organisme partenaire nous ayant bayé ce conseil ? La Chevalerie du Ballon d’Airin, bien sûr ! Ah nom de dieu de putain de couille de loup, qu’est-ce qu’on se marre.

Ce spectacle de cabaret avait pour thème « les cabarets de Paris ». Wouuuu !!! Une prise de risque artistique de malade !

Qu’à cela ne tienne, ça me plait beaucoup car il y a des femmes rondes.

Les modèles du spectacle

Je suis à la même table que MégaChef En-Même-Temps, du coup j’essaye de me tenir bien. Mais il part assez vite vers le fond de la salle, pour non-danser à côté de quelques personnes qui dansent.

Colléguette Doctoresse-Chaussure, ma voisine de table, est un peu mal à l’aise à cause de cette profusion de peau nue. Je dois avouer que je n’ai pas spécialement fait attention à elle, trop occupé à baver. Heureusement, Colléguette Platona est venue la voir.

Par contre, un type qui nous a lourdé pendant toute la soirée, c’est le chanteur de cabaret. Il apparaissait le temps d’un numéro pour nous pousser une de ses interprétations, tout en essayant de lancer l’ambiance avec des injonctions nazes : « vous pouvez taper dans vos mains si vous voulez ». Wéééééééé !

Je lui hurle dessus qu’on veut soit du Patrick Sébastien, soit les madames. Je tape des mains comme un orang-outang et passe tout le temps de ses chansons merdiques à faire tourner ma serviette. Entre-temps, je me fais une tâche de vin rouge, ce qui était hautement prévisible.

Pour son dernier numéro, ce super-tocard apparait sapé comme le capitaine de La Croisière S’Amuse. Collègue TuLaBoucles annonce : « Ah, on va avoir droit à du Michel Sardou. ‘♪ Quand je pense à la vieille anglaise ♫’. ». Je comprends pas du tout de quoi il parle, jusqu’à ce que super-tocard commence à chanter. On ne l’appellera plus jamais, celui-là.

Les interprétations musicales de super-tocard (allégorie).

Le show se termine sur une apothéose de plumes et de paillettes. Les dames descendent dans le public pour froufrouter leurs robes sur la tête des gens. C’est trop rigolo. On tape dans nos mains, mais cette fois-ci pour applaudir.

Je discutaille ici et là au fur et à mesure que les gens partent. On embarque chacun un super package-cadeau avec de la bonne bouffe et du pinard dedans. Chouette.

Finalement, je rentre tranquillement en vélo. Comme d’habitude, je me plante de chemin mais je ne fais pas demi-tour pour ne pas me taper la honte nucléaire ultime de recroiser des gens qui vont se rendre compte que je me suis planté de chemin. Je parviens malgré tout à rentrer chez moi, avec mon package de miam-miam et ma tâche de vin rouge.

C’était une super journée, riche en bouffe gratuite et en courbes généreuses. Merci ConcreteWorld-🌏 !

Poupi et Boulonix

Il y a quelques années de ça, je brillais dans les salons parisiens.

Plus exactement, on se retrouvait à plein dans une coloc de potes et on piachait comme des otaries alcooliques ayant raté la 5ème étape de leur sevrage. C’est des bons souvenirs.

L’un des potes organisait des sortes de potlatch d’échange. Tu viens avec un cadeau, tu repars avec un autre. Les créations personnels étaient encouragées, même si dans les faits, la plupart des potes achetait un truc. Sauf moi, qui suis une otarie alcoolique très très créative.

J’avais fait ça :

La personne qui l’a reçu a décidé de l’appeler Poupi. Bon, chacun ses choix.

Il était très viril, avec sa machoire géante. Mais certaines pièces ne tenaient pas très bien et ses pattes étaient toutes molles. Il était systématiquement affalé. C’était une sorte de chien glandeur.

À présent, je brille dans les salons-événements corporate de ConcreteWorld.🌏, comportant eux aussi des potlatchs d’échange. Il y aura un prochain article relatant le dernier en date, en attendant, je peux déjà vous présenter la création que j’y ai apportée.

Il s’appelle Boulonix. Cette fois-ci, c’est moi qui ai choisi le prénom.

Le corps est une plaque métal d’un lecteur de DVD. Ça a été un peu compliqué à enrouler, mais l’avantage c’est qu’elle a plein de petits trous de vis, dans laquelle j’ai pu passer des fils électriques.

Les pattes sont des boîtes de thé en métal dont j’ai tordu un côté. J’ai percé des trous dedans pour faire passer un fil et l’accrocher au corps. Mais ça ne lui permettait pas de tenir. Les pattes s’écartaient et le chien se couchait par terre. Or, je voulais vraiment faire mieux qu’avec Poupi.

Alors, pour chaque patte, j’ai percé un trou au milieu, j’y ai fait passer un fil que j’ai ensuite accroché de l’autre côté du corps. C’est un peu bancal, il se tient dans une position bizarre, mais au moins il n’est pas vautré tel une otarie alcoolique.

La tête est une boîte en plastique de coriandre, périmée depuis 2015. J’aurais préféré un matériau plus noble, mais comme ça c’était facile de percer des trous dedans (pour les yeux, la bouche, etc.).

Les oreilles sont des cuillères à absinthes avec le manche plié. C’est amusant parce que ça sous-entend que je suis un mec qui boit de l’absinthe, à la Van Gogh peintre maudit. En vrai, c’est bidon. On trouve de l’absinthe un peu partout maintenant, car ils ont retiré le produit qui rend fou et n’ont gardé que l’alcool.

J’ai rempli l’intérieur du corps et de la tête avec du papier bulle, ça aide à donner l’impression que c’est un vrai chien avec des organes, et pas juste un squelette vide.

Il possède bien évidemment un collier à son nom. C’est une médaille de gosse que j’ai trouvé par terre, sur laquelle j’ai collé des bouts de fil. Le collier en lui-même est une lanière de badge corporate, estampillée ConcreteWorld.🌏. Ça a beaucoup fait rire les collègues quand ils ont vu ça.

Son petit manteau vert pour pas qu’il ait froid est également très stylé. C’est une chute d’un chemin de table provenant d’une orgie quelconque.

Je suis particulièrement fier du fait que je n’ai pratiquement pas mis de scotch (un matériau pas noble du tout, même pour de la récup). Tout ne tient que par les fils électriques.

Les seuls bouts de scotch utilisés sont sur l’un des trous de la boîte à coriandre (j’avais percé comme un bourrin, et ça a fait une sorte de fissure dont j’ai voulu limiter la propagation), ainsi que pour refermer le manteau. Je m’y suis autorisé, car le manteau n’est pas le chien en lui-même.

L’élément le plus hautement raffiné, c’est le flexible de douche traversant tout le corps, de la bouche jusqu’au trouduc’. On peut donc donner à manger à Boulonix. Il se nourrit de petites vis et de composants électroniques. Ensuite, on l’incline vers l’arrière et il cacate sa nourriture. Trop bien.

C’est par là que sortent les petites vis.

On notera que le flexible de douche est l’un de mes matériau de prédilection, puisque c’est également ce qui fait la queue de Poupi.

En voyant ce chef-d’œuvre, une Colléguette m’a demandé si elle pouvait en avoir un pour son bureau. Je ne vais pas pouvoir résister à une telle occasion de flatter mon ego. Il est donc fort possible que je fabrique un autre chien dans les mois à venir. Mais ce ne sera pas pour tout de suite, là j’ai envie de coder quelques trucs.

Et pour rester dans le thème, voici Ajay Rochester qui promène son chien.

 

Vieille soirée du nouvel an chez Gloubiboulga

Les fonds de tiroir de mes anciens écrits continuent d’être raclé à en faire des copeaux, avec cet article provenant d’un résumé de soirée datant de plus de 10 ans. Pas de raison précise pour laquelle j’irais sortir ça maintenant plutôt que pas-maintenant.

Ça s’est passé dans la société Gloubiboulga, dont j’ai déjà pondu un article relatant un week-end à Barcelone.

Dans le but de rester cohérent avec mes récents récits corporate, quitte à être pas-cohérent avec le sus-mentionné récit corporate gloubiboulguien, les personnages seront précédés de leur titre de noblesse : « Collègue X », « Chef Y », etc. Alors qu’avant j’utilisais les titres neutres « Monsieur », « Madame ».

On n’est plus à ça près. Go !

Je téléphone à Chef Ion car je ne parviens pas à trouver le restaurant de rendez-vous. Celui-ci est dans la rue du Bourg L’Abbé. J’étais dans le passage du Bourg L’Abbé. J’ai jamais pu supporter ces connards qui donnent le même nom à plusieurs trucs d’une même ville.

Bourre l’abbé.

Pour rappel : à Gloubiloulga, j’officie en tant qu’ouvrier-codeur-prestataire missionné ad vitam eternam « en régie ». Par conséquent, je ne connais pratiquement pas mes collègues de boîte. Disons que le peu qu’ils connaissent de moi provient du fameux week-end sus-mentionné.

Tout le monde attend devant l’entrée du restau comme des gentils petits macarons. MégaChef Poulet est là. Un collègue quelconque que je ne connais pas m’aborde et me demande si je suis bien un gloubiboulguien. Je réponds par l’affirmative. Il s’excuse et m’explique que s’il a posé la question, c’est parce que juste avant, un autre collègue a fait une blague et lui a fait croire qu’une nana random qui passait par là faisait partie de la boîte. Ha ha ha. Ambiance complètement fofolle, dites donc.

Nous entrons et investissons la salle spécialement privatisée pour nous (j’adore ce novlanguisme).

Collègue Scofield, membre du CE et principal organisateur de la soirée, nous propose de nous asseoir.

« Asseyez-vous et buvaillons », nous suggère notre collègue.

Certes, il a le pouvoir (voire le devoir) de nous ordonner cela, dans le but de faire progresser la soirée le long de sa timeline. Mais quand même je trouve qu’il aurait pu y mettre un peu plus de tact, préparer le terrain psychologiquement, etc.

Vous l’avez deviné : gros stress général, plus personne n’ose bouger. Qui va s’asseoir où ? Comment être sûr de se retrouver à côté de personnes socialement compatibles et hiérarchiquement équivalentes ? Par quoi commencer ? La banquette ou les chaises ? La table rectangulaire ou la ronde ? En plus, il reste encore des gens dans le vestiaire, ce qui provoque un surcroît d’incertitude dans les variables du système.

Et là, est-ce que tu sais ce qu’il fait, lecteurtrice ? Nan mais est-ce que tu sais ce qu’il fait ? Il amorce le mouvement, et va se poser pil poil au milieu de la banquette ! L’air de rien, comme s’il avait fait ça toute sa vie !

L’heure n’est plus à la réflexion : mouvements désordonnés et anarchiques de tous les Gloubiboulguiens. Je me cacafouille complet et échoue sur une chaise, avec Chef Ion à ma droite et MégaChef Poulet à ma gauche. NOM TE TIEU TE PUTAIN TE PORTEL TE MERTE !!!

Gloubiboulguiens rush

Les entrées arrivent. Tartare de saumon. Après un temps supposé raisonnable, le serveur reprend lesdites entrées. Je manque de me faire piquer ma part que j’avais pas finie, mais je réagis au quart de tour et obtiens le droit de consommer ma dernière bouchée. Un jour, j’organiserai des concours de mangeage lentement.

Soirée sans thème spécifique, ou en tout cas, pas un qui aurait nécessité des danseuses de flamenco. Y’a juste le serveur qui se donne l’air d’être homosexuel jusqu’à l’œsophage, mais en vrai il fait semblant pour attirer les nanas. L’ambiance est chaude et cosy, avec des lumières tamisées et des petites bougies flammotant sur les tables. Colléguette Souricette râle parce qu’elle y voit que d’alle pour dépiauter ses gambas avec son p’tit couteau et sa p’tite fourchette.

Faut vraiment être un kamikaze social pour prendre des gambas dans un restau. Le truc impossible à bouffer. Même si par miracle tu y arrives, tu as les doigts qui puent. Et c’est pas un rince-doigts de 10 centimètres carré qui va régler le problème.

Ces gambas me semblent plus intéressantes.

J’ai deux règles personnelles dans les restau, et je suis admiratif (voir totalement effrayé) par les gens qui parviennent à passer outre.

Règle 1 : simplicité d’ingestion. Pas de machins à dépiauter, décortiquer, découper, éplucher, égoutter, râcler, déconstruire, désencoquiller, entortiller, désentortiller, casser, flamber, tremper, mâchonner indéfiniment, extraire, trier, analyser, dégraisser, rétro-ingéniériser. Quand je tombe sur ce genre de problème, je me tâche systématiquement partout. Je vis cela comme une agression provenant de l’humain ayant fait cette putain de bouffe : il a bâclé son boulot et se marre en s’imaginant comment je vais galérer. Ça fait plusieurs années que je milite pour soit mis en place un système de notation avec des petites icônes sur les menus, indiquant pour chaque plat si c’est simple ou compliqué à manger, et le type de complexité.

Règle 2 : simplicité de prononciation. Parce qu’il faut spécifier oralement ce qu’on souhaite manger, et que je ne veux pas me rendre ridicule en prononçant mal un truc. Les restaurants de bouffe étrangère doivent donc être rigoureusement pré-étudiés. Au fait, saviez-vous qu’une grande partie des noms de pizzas inscrits sur les cartes des restaurants italiens ne sont là que pour contribuer au thème et à la décoration du lieu ? Ils ne correspondent en réalité à aucune recette : Capricciosa, Quattro fromaggi, Prosciutto, Sfincione, … Oui oui, vous avez bien lu, un « S » suivi d’un « F ».

Je choisis une escalope avec du riz.

Colléguette Sarkozette n’est pas parmi nous ce soir, mais j’ai quand même droit à quelques conversations de droite :

« La France c’est un pays où plus personne veut bosser. Tiens, par exemple, quand j’étais en congé maternité, j’essayais de faire les courses à des horaires inhabituels, 10h ou 3h de l’après-midi. Eh bien y’a autant de monde que les soirs et les week-ends. On se demande ce qu’ils foutent tous ces gens. »

« Quand je suis en déplacement, quelle que soit l’heure à laquelle je prends ma voiture, y’a toujours plein de monde sur les routes. Mais ils font quoi, tous ? Ou alors c’est que des commerciaux, comme moi. »

Nous étions en 2008, et la loi interdisant de fumer dans les bars et restaurants sortait à peine de son œuf. Bien que non-fumeur, j’ai eu du mal à m’y faire. Laissez-moi vous narrer cela.

Tel une moule sur une coque de bateau, je m’accroche à une discussion, afin de m’en faire une bouée de sauvetage de contenance sociale. Je regarde intensément les gens, avec mon air « ça m’intéresse trop ce que vous vous racontez, c’est pour ça que je vous écoute sans rien dire ». Ils se trouve que les gens en question sont des fumeurs. Et qu’est-ce qu’ils font ces enculés de leur race, au lieu de s’en griller une tout en continuant de parler ? Ils se carapatent dehors !

Ça aurait fait super bizarre que je les suive, car j’étais pas vraiment intégré dans leur conversation. Tel une moule errante, j’essaye alors de m’incruster ailleurs. Mais toutes leurs variables conversationnelles des discussions voisines sont déjà allouées et initialisées. Les interlocuteurs n’utilisent plus que les références : « il », « elle », « eux », « nous », etc. À ce stade, quand tu fais semblant d’écouter et de tout comprendre, c’est pas crédible.

Je me vois donc finalement affublé du statut de « SDF social ».

Quelques minutes auparavant, Chef Ion s’était amusé à cramer des piques-olives en bois dans la petite bougie tablaire. Je me suis dit que je pourrais effectuer une action du même type. Sans faire exactement pareil, bien sûr, sinon ça se voit trop que tu tentes de combler un leak de contenance sociale par un simple copier-coller d’action.

Parmi les déchets de mon assiette se trouvent des petites feufeuilles séchées de tomate-cerise (pourquoi y’avait-il ça avec mon dessert ? Mystère). C’est certainement brûlable. Je teste, effectivement, ça l’est. Mais trop, en fait. Surpris par une énorme flamme, je fais tout tomber dans la bougie. Rigolo, on se croit dans une mini-banlieue, avec une mini-poubelle illuminant la nuit. Mais maintenant ça sent le cramé, la bougie s’est éteinte, et des cendres de feuilles séchées et de feu ma contenance sociale s’éparpillent un peu partout.

À l’aide d’un dernier bout de pique-olive, Chef Ion transmet la flamme d’une autre bougie vers la mienne, la rallume, et m’achève ainsi d’un grand coup de condescendance.

Putain de loi anti-tabac de merde.

Collègue Poulet-Fils fait des aller-retours aux toilettes, car en plat principal, il a pris un début de gastro.

Voici ma blague de la soirée, qui a fait un bide alors que franchement j’en attendais un peu plus :

« Une gastro c’est un peu comme un buffer overflow. »

Mangeage du dessert. Puis les gens commencent à partir. On se retrouve à une demi-dizaine dans la salle de dancing du sous-sol, sans personne qui y dancing. Chef VisagePâle se prend une bière. Je m’apprête à faire de même, mais réalise qu’elle est à 9 euros. Voilà un dancing accompagné d’un fort sodomising.

On se regarde dans le blanc des vieux, sans se parler puisque la musique hurle du Mylène Farmer. Colléguette EncoreUnPeuVerte_2, fan de cette étrange chanteuse, va dancinguer toute seule.

On sort. Après quelques phrases de convenance, je dit au revoir et pars, dans une direction au hasard, car je ne voulais pas prendre le risque de montrer qu’il m’était nécessaire de réfléchir pour déterminer le chemin me permettant de rentrer chez moi.

Une rue plus tard, je m’aperçois que ce n’est pas la bonne direction. Je ne fais, bien entendu, pas demi-tour, pour ne pas me taper la honte nucléaire ultime en repassant devant les autres. Du coup je me tape une station de métro en plus. Pas grave.

C’était globalement une chouette soirée gloubiboulguienne.

À l’époque, j’avais envoyé ce résumé à des potes. Je me permet de retranscrire la réaction de l’un d’entre eux :

« C’est clair que tu as des raisons de quitter ta boite ! Une soirée d’entreprise où tu payes tes coups, ca existe ?? merte ! »

Le prochain article de blog sera à propos d’un mini-projet de code (ou pas). En espérant que vous apprécierez. Mais sinon osef.

Événement corporate : le semencinaire annuel

Nous avons récemment eu la chance de consommer un événement corporate, que je vais vous narrer.

Le but était triple :

  • Le midi, bâffrer gratos.
  • L’après-midi, réfléchir ensemble et ensemencer des idées pour la boîte.
  • Le soir, re-bâffrer gratos (best rendement de bâffring gratuit ever !).

Vous l’aurez compris, cet événement était placé sous le signe de la semence.

Et c’est pas vraiment un jeu de mot car les mots ‘semence’ et ‘séminaire’ ont la même racine latine.

Le midi

Rien à voir, mais une coupure de courant était prévue dans les locaux. Ça arrive de temps en temps. J’aime bien, car c’est une excuse pour demander une demi-journée de télé-travail ou pour aller glander en salle de pause.

Par un miracle dont seul le département boîtal « Orgies Internes » a le secret, la coupure de courant n’a pas empêché de dispenser des mini-carrés de pizzas, correctement réchauffés avec tout le respect qui leur était dû. Youpi !

Je passe rapidement sur cette première partie : mangeaillerie et discutailleries de-ci de-là afin de laisser transparaître un minimum de contenance sociale. Vient ensuite le moment de se transférer au lieu événematoire principal.

L’entreprise ConcreteWorld.🌏 fait toujours le choix de placer ces lieux dans des zones un peu isolées, de sorte qu’on n’ait pas d’autres choix que d’y aller en voiture, donc de limiter notre éthylisation. Mais d’autre part, nous sommes encouragés à covoiturer. J’ai donc jeté mon dévolu sur Collèguette Platona, qui a accepté avec plaisir de nous transporter, Collègue Pagne et moi. Ainsi pourrais-je me pochtronner la gueule comme il se doit.

Collègue Pagne s’appelle ainsi car il vient parfois au travail affublé d’un vêtement éponyme, pour manifester son soutien aux Carabanais, les habitants d’une île-village du Sénégal rencontrant de nombreuses difficultés.

Collèguette Platona s’appelle ainsi car elle est l’un de mes fantasmes platoniques.

Je vous explique. Son corps ressemble à ça :

(Elle a juste pas le même costume « imitation pellicule de cheveux »).

Inutile de préciser que cette dame ne m’attire pas physiquement. Mais par ailleurs on s’entend super bien et elle rigole à mes blagues débiles. Dans mes fantasmes, j’imagine donc qu’elle est complètement amoureuse de moi et qu’elle me trouve génial, en revanche on ne fait pas crac-crac. Il ne s’agit là rien de plus que l’un de mes nombreux mécanismes émotionnels d’auto-flattage d’ego.

Rien à dire sur le trajet en voiture. Nous devisons platoniquement de choses et d’autres. Nous arrivons au lieu prévu. Il s’agit d’un classique centre à événements corporates, celui-ci ayant la particularité de proposer des terrains olympiques de pétanques. On n’y jouera pas, mais le détail a son importance.

Je pose mon cadeau dans une hotte. La consigne était de fournir un présent pas cher ou fait soi-même. Ils seraient ensuite tous redistribués randomement. Je vous révélerai plus tard ce que j’ai apporté.

Café et petits gâteaux nous sont jetés en pâture. Je croise Collèguette Punkette. Nous déblaterrons sur le prestataire missionné pour ce semencinaire, que nous croisions de temps en temps dans les couloirs. Punkette pense qu’il n’aime pas les femmes, car il ne les salue pas. Je la rassure : ce monsieur n’est pas du tout mysogine, il ne salue pas les hommes non plus. Ça en a énervé plus d’un.

Personnellement, je m’en tape. Ce qui m’a toujours fait chier avec cette convention sociale du bonjour, c’est qu’absolument rien n’est prévu si tu croises deux fois une même personne dans la même journée. Il n’y a rien à lui dire. Ça me gêne énormément. À chacun de ces moments, je cherche ardemment un moyen de me donner une contenance sociale. Ça se finit en général par un sourire stupide, un onomatopée embarrassant ou une phrase inepte. Bon, c’est pas le sujet, on s’en fout.

L’après-midi

On s’installe à des tables rondes. Contrairement à un événement corporate précédent, je n’aurais pas de faux espoirs concernant l’éventualité de piacher durant les discussions. L’alcool est absent dès le départ.

On commence par des récits corporates de notre MégaChef et des vidéos de futurologues divers.

J’ai pas encore de nom pour MégaChef, promis ça viendra dès que possible.

Ce que je retiens de ces parénèses diverses :

  • Une vingtaine d’année plus avant, deux courbes représentant je-ne-sais-plus-quoi se sont croisées. C’était le signe d’un changement de paradigme.
  • Futurologue Quelconque : « il faudra se trouver des emplois complémentaires à l’Intelligence Artificielle, sinon tout le monde sera au chômage ». Alors moi je veux bien, mais si le fameux changement de paradigme sus-mentionné apparaît, est-ce que les notions d’emploi et de travail garderont leur signification actuelle ?
  • Futurologue Quelconque : « avec le Revenu de Base, dans 50 ans on aura Technopolis et dans un siècle on aura Matrix ». Et alleeeez !! Bien sûr, puisque l’IA va changer tous les humains, ça sert à rien de mettre en place un mécanisme d’investissement générique dans les êtres humains, sous forme de Revenu de Base ! Gros tocard.
  • Une fois de plus, nous nous voyons présentés un power-point comportant une image d’engrenages. Une fois de plus-plus, elle est buggée. Après les roues qui se chevauchent en tournant et le grand classique des trois roues toutes connectées ensemble, on a eu droit aux flèches de sens de rotation qui sont toutes dans le même sens. S’il vous plaît, chers marketeux et autres power-pointeurs, ne faites pas de slides avec des noms de dieu de bordel de merde de vieille pute borgne d’engrenages. Vous ne savez pas le faire. Vous trouvez inévitablement le moyen d’y claquer une couillardise qui aboutira à un système foireux. Arrêtez de vous faire mal et de nous faire mal. Merci. Merde.

Les gérants du centre à événements corporate ont pris soin de placer sur les tables des dépliants explicatifs et auto-promotionnels, sans oublier l’accessoire principal de tout pétanquistes olympiens : le petit crayon pour noter les points.

J’avais prévu le coup et avais apporté mon propre criterium. Mais c’est bien plus promoteur et respectueux d’utiliser le matériel qu’on nous met à disposition. C’est donc avec ce petit crayon que je réalise mon traditionnel dessin de réunion de le Travail. Vous l’avez déjà vu par ici. Pour pas me faire choper, j’active ma super-compétence de « retourner la feuille lorsque quelqu’un de sérieux passe à côté », acquise durant mes années collèges.

Petite pause bouffe et piache, puis vient l’étape d’ensemençage.

La personne sus-mentionnée missionnée pour cette étape se présente. Il s’agit de Prestataire Impoli, qui exerce le métier « d’Expectorateur Semencial ». Comme je suis un rebelle, je propose qu’on le désigne par « le Corporate Bullshiste ».

Ce monsieur nous explique le concept. Il s’agit de blablater dans notre table-ronde sur un sujet spécifique, pendant qu’un maître de table-ronde prend des notes sur un tableau. Ensuite, les équipes sont tradéridéra-isées, à l’exception du maître, qui reste le gardien de son sujet. Et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les équipes aient fait leur parcours complet. Chacune d’elle a un stylo de couleur différente, ce qui permettra par la suite de différencier quelle équipe a écrit quoi sur quel sujet. Cette technique d’ensemençage est nommée : « jeu de la multi-biscotte ».

Photo publicitaire pour le rugby. ramassage de savonnette dans la douche

Cette analogie entre la création d’idées et l’éjaculation est-elle sexiste ? Ça sous-entendrait que les femmes ne peuvent rien inventer. Pour équilibrer, est-ce que je ne devrais pas ajouter une analogie entre la création d’idées et l’ovulation ?

On peut utiliser le terme générique « gonades » pour désigner à la fois des testicules et des ovaires. Est-ce que l’écriture inclusive a défini un mot pour désigner à la fois l’éjaculation et l’ovulation ? Qu’est-ce qui est le plus sale entre le jeu de la biscotte avec du sperme et le jeu de la biscotte avec des menstruations ?

(On va pas mettre d’image ici).

Mais revenons-en plutôt à notre Corporate Bullshiste, qui ajoute que le « livrable » que nous devons fournir est constitué des notes prises durant nos réflexions successives. Je suis pas sûr qu’utiliser du vocabulaire corporate (le mot « livrable ») soit la meilleure manière pour créer une atmosphère ensemançante-ovulatorielle effervescente d’idées. Mais qui suis-je pour juger ?

Je ne me souviens plus précisément des sujets de table-ronde. Il y en avait un sur la diversité. On en a profité pour sortir des blagues de merde sur les inuits et les gauchers (deux minorités représentées à ConcreteWorld.🌏). À plusieurs reprises, des personnes me regardent d’un air interrogato-condescendant en faisant la remarque qu’il nous faudrait un vrai Système d’Information. Merci, je suis au courant, et je ne suis pas en train d’agir pour, car je travaille avec joie et abnégation sur l’outil Pochtronarr.

Notre Corporate Bullshiste passe entre les tables et tente de nous galvaniser, nous encourageant à noter tout ce qu’on trouve qui ne va pas. Moi ce que je trouve qui ne va pas c’est qu’il passe entre les tables et ça nous inhibe. Tout le monde sait que les éléments observés changent de comportement en présence d’un observateur. Il n’y a pas que les livrables dans la vie, il y a aussi les observables.

Moment de tension à la table-ronde tenue par Collègue Pioupiou-Géant. Celui-ci écrit peu lisiblement. Notre Corporate Bullshiste, qui s’était incrusté, le lui signale, et ajoute que ce sera difficile pour lui de recompiler les remarques si c’est noté aussi porcassement. Pioupiou fait alors l’effort d’écrire un peu mieux, mais ça ne convient toujours pas. Notre Corporate Bullshiste insiste. Pioupiou parvient à garder son flegme habituel en ne le regardant plus, y compris dans les moments où il est obligé de lui parler (laconiquement).

Nous tradéridéra-isons comme des petites toupies dans une arène Beyblade-Burst, et cette partie de jeu de multi-biscotte se termine. Notre Corporate Bullshiste demande à ceux qui ont appris des choses de lever le doigt, certains le font. Puis il demande la même chose à ceux qui n’ont rien appris, ce que d’autres font. Pour finir, il invite les gens qui le souhaitent à énoncer des remarques diverses.

Je me manifeste. L’assemblée pousse alors un cri de satisfaction général et quelques applaudissements naissent. Je suis tout fier et tout gonflé d’ego de voir que le monde me kiffe et s’attend à ce que je clôture cette épreuve par un moment de soulagement trublionesque.

Je signale que mon équipe avait le feutre de couleur jaune et que c’est complètement con comme couleur parce qu’on voit pas ce qui est écrit. On a été obligé, à chaque tour, d’expliquer au maître de table-ronde qu’il ferait mieux d’en prendre une autre et de noter qu’elle correspond au jaune.

Ça a plu. Des personnes sont venues me voir après pour me féliciter de mon intervention. Hasthag ego. J’en profite pour montrer à certains d’entre eux mon dessin terminé, dont je suis également très fier.

Après toutes ces émotions : moment joyeux de réconfort avec apéro, champagne et petits machins à manger. Comme d’habitude dans ce genre de situation, je rentabilise au maximum. Par-dessus le marché, je passe pour un mec bien en demandant à chaque fois qu’on me re-remplisse mon verre de champagne plutôt que d’en prendre un nouveau. Le petit personnel me remercie pour l’économie de vaisselle.

Soirée

Je croise Collègue Pioupiou-Géant, qui m’annonce d’un air blasé qu’il a reçu l’ordre de réécrire au propre tout ce qu’il a noté. Pauvre Pioupiou. Une personne random lui apporte du champagne of greater heal.

Collègue Lucène-Lapin apparaît déguisé en Père Noël, avec sa hotte remplie de nos cadeaux. Il s’assoit sur un fauteuil et chacun vient en prendre un. C’est une technique super classe pour mettre des filles (et aussi des mecs) sur ses genoux.

Je récupère une boîte standard de petits chocolats. J’ai cherché un peu à savoir de qui ça venait, sans trouver. Pas grave, c’est un cadeau qui me satisfait très bien. Le seul petit problème c’est que je ne peux en extraire aucune connerie ni aucun déblaterrage qui aurait trouvé sa place dans cet article.

C’est Collègue Lionel-Astier qui récupère mon cadeau, il en explose de rire. Il s’agit d’un coupe-papier-toilette, accompagné d’un petit mot expliquant au bénéficiaire qu’il peut soit le garder pour sa maison, soit en faire don à ConcreteWorld.🌏. En effet, le papier toilette des toilettes boîtales est parfois extrêmement difficile à couper, surtout lorsque le rouleau n’est pas entamé. Ça m’a valu des moments de rage terrible à blom-blomer fébrilement ce putain de rouleau pour en trouver l’extrémité et arracher péniblement des lambeaux de feuilles destructurés.

Le coupe-papier-toilette

Collègue Lionel-Astier approuve l’idée et annonce que dès demain, ce prestigieux objet sera présent dans les Concrete-Gogues. Je suis heureux, c’est exactement ce que je voulais. C’était un coup risqué, car si le cadeau atterrissait dans les mains d’une personne d’un autre site, ou d’une femme, ou de quelqu’un qui aurait souhaité le garder, je n’aurai pas pu en profiter.

Est-ce que c’est sexiste de vouloir que ce soit un homme qui ait mon cadeau et pas une femme ? Et pour aller plus loin dans la réflexion : est-ce que c’est sexiste de vouloir séparer les toilettes des hommes et des femmes ?

Un collègue quelconque m’explique qu’il a récupéré son propre cadeau, comme ça « il est pas emmerdé et il a pas de mauvaises surprises ». C’est la lose totale. À une époque un peu déprimée de ma vie, je voulais me programmer ma petite descente aux enfers personnelle. J’y aurais certainement intégré des choses comme ça, entre deux étapes plus importantes.

Un magicien, dépêché sur place, passe entre les groupes et nous propose d’amusantes tromperies. Tout le monde est bluffé. Je m’attendais malgré tout à un peu mieux de sa part, il n’a pas fait de boules de feu.

Eeeeet voici la carte que vous aviez choisie !

Le repas se passe très bien. Bonne bouffe, alcool, discussions diverses, magicien qui continue son show.

J’ai compris l’un de ses tours (plus précisément, on me l’a expliqué). Il demande à trois personnes différentes de choisir un truc (un nombre, une couleur, un type d’accélérateur de particules). À chaque fois, il note quelque chose sans nous le montrer, chiffonne la feuille, et demande la réponse. À la fin, il montre toutes les bonnes réponses. En fait il à juste décalé l’écriture de chacune d’elle. Pour amorcer le truc, il avait ajouté une question initiale qui était sous une autre forme : choisir des boîtes d’allumettes dont il a appris les couleurs par cœur ou quelque chose comme ça. Bon, j’explique super mal, on s’en fout, on passe à autre chose. De toutes façons il a pas fait plus de boules de feu qu’avant.

À la fin du repas, les serveurs embarquent vivement nos bouteilles d’alcool. J’avais vu le coup venir et m’étais servi un plein verre juste avant. Mon voisin qui n’a plus soif me propose de terminer le sien. La soirée se suicide alors de façon spectaculaire, en une apothéose de molécule éthylée.

En effet, immédiatement après la fin du repas s’est amorcé un mouvement général de rentrage. J’ai trouvé ça un peu court. On aurait pu continuer de discuter un peu, ou danser sur « Royal Salute » de Brain Damage. Mais non. Go home direct.

Je me retrouve donc en voiture avec Collègue Pagne et surtout avec Colléguette Platona. Je suis aux anges, d’autant plus qu’elle nous avoue qu’elle va avoir besoin de nous pour la distraire, afin qu’elle ne s’endorme pas au volant. Ça ressemble à un début de scénario de film platonique (c’est l’inverse d’un film pornographique).

On discute de tout et de rien, puis on décide d’appeler des gens de la soirée avec la super voiture téléphonique de Platona. À chaque fois que ça décroche, on braille « Bonne annééééééé !!! » et juste après : « Tourne à gauche ! ». Y’a des gens qui ont vraiment cru qu’on leur donnait un conseil de direction voitural. On aurait pu en paumer de cette manière, ça aurait été très amusant. On propose également à certains de se retrouver en boîte de nuit, ce qui a parfois suscité de l’intérêt. Mais on s’est dégonflé et on a avoué que c’était une blague. #je_suis_trop_vieux_pour_ces_conneries.

Puis on rentre platoniquement dans nos maisons respectives.

Tourne à gauche !!

Épilogue

Tout d’abord, je me dois de compenser l’image d’indienne toute maigre que j’ai placée précédemment.

C’est mieux d’y mettre les formes

Le lendemain, debriefing général. J’apprends que notre Corporate Bullshiste a collé, voire dragouillé Colléguette Carnea pendant une bonne partie de la soirée. Ce gars est vraiment un tocard. Je l’imagine bien chez lui, au milieu de la nuit, alors que sa femme dort. Il se lèverait en douce pour se masturber, déguisé en Louis XIV, tout en écoutant du Wagner et en s’imaginant recouvrir le corps de Carnea de tranche de rumsteack Label Rouge, le tout « avec son petit coussin pour s’essuyer les doigts ».

Ça rejoint la notion de semencinaire.

Quelques semaines plus tard, nous recevons le livrable final, c’est à dire un rapport computant l’ensemble de nos remarques (y compris celles notées par Collègue Pioupiou-Géant).

Extrait :

Les supérieurs hiérarchiques doivent porter une attention abnégationelle à la priorisation des tâches de leur ouailles. Il faut réaliser en premier ce qui est facturable.

Oh, Chef Random, le tocard social de mon ancienne boîte, m’avait sorti exactement la même ineptie imprécise lorsque je l’avais interrogé sur l’ordonnancement de mes tâches. Je m’étais alors demandé ce que j’étais censé faire entre : terminer un projet qui sera facturé à la livraison, et claquer de la maintenance qui est facturée en continu chaque année.

Alors évidemment, le chef aurait répondu : « le projet d’abord, on s’en fout des maintenances ». Et l’année suivante, le client de la maintenance n’aurait plus voulu payer, parce qu’on n’aurarait rien fait. Et le chef serait revenu à la charge en me houspillant : « vous avez rien branlé espèce de branquignol, c’est de votre faute si on a perdu ce client ».

Cela dit, dans mon ancienne boîte, ça s’était pas passé comme ça. Chef Random avait répondu : « faites le projet, mais n’oubliez pas les maintenances, c’est important aussi ». Puis quand il a été débouté de son poste comme un malpropre, la réponse officielle de Chef «  » à mes demandes de priorisation était : «  » (il ne répondait pas), et sa réponse officieuse était « mais c’est des vrais gamins ! Ils sont-y donc pas capables de décider ça tout seul ? ».

J’ai déjà raconté tout ça, mais les souvenirs sont remontés et j’ai éprouvé le besoin de cracher encore un peu de ma bile. Désolé.

Un dernier extrait du livrable final :

Blasonnement parlant, l’image de ConcreteWorld.🌏 est espiègle et raffinée, percutante et disruptive.

Et sinon, il y avait une faute dans le rapport. Chouette. Je vais pouvoir faire le lèche-cul : la signaler de manière innocente, et par là-même prouver que je l’ai lu en entier et que donc je suis impliqué à donf’ de ouf’.

Pru-Pra-Prok sur github

Wouwi-zouwi m’sieurs-dames et tous les autres.

J’ai mis mon dessin animé sur github. Vous vous en souvenez peut-être, c’était ce truc là :

C’est par ici : https://github.com/darkrecher/pru-pra-prok

Rien de nouveau par rapport à la version initiale (qui date de plus de 10 ans). Mais j’ai tout de même pris le temps de le recompiler avec gcc sous MingW32, et de documenter le tout de la manière la plus détaillée possible, afin d’offrir à d’autres personnes la possibilité de modifier, mâchonner, recompiler, créer ses propres dessins animés, etc.

J’ai toujours été agacé par les gens qui libèrent leur code source sans y ajouter la documentation nécessaire à son exploitation. « Huuurrrrr duuuurrrrr. Tu fais makefile et ça marche ». J’essaye donc de ne pas faire comme eux.

Après, ça vaut ce que ça vaut. On trouvera facilement des logiciels d’animations infiniment meilleur que ce truc (rien que Scratch, par exemple).

La githubisation de ce projet fait partie de mon grand plan « vidage de fonds de tiroir de tous mes vieux bouts de code ». C’est bientôt terminé, il ne me reste plus qu’un pack de mini-projets. Ensuite je pourrais passer à autre chose. Soyez assurés que vous serez les premiers informés de la suite des événements.

Pour finir cet article, je propose de glisser du domaine des dessins animés vers celui du cinéma, avec cette image du film Dikkenek.

(Tiens, ça me fait penser au catalogue des 3 Belges dans les copains des Tilleuls … Aucun lien, désolé).

Événement corporate : les Temps Forts de Pochtronarr (1/2)

Hey vous, voici le récit d’un événement corporate.

Y’en a une tartine, donc je l’ai coupé en deux.

Contextualisation rapide

Je travaille à ConcreteWorld.🌏, une société qui a pour mission de conserver la réalité dans l’univers.

Nous détectons et corrigeons les événements de non-application des lois de la physique avec une réactivité et un soin exemplaire. Vous avez entendu parler des bugs dans la Matrice ? Eh bien dans les mètres-cubes-seconde de coordonnées spatio-temporelles dont nous avons la charge, il en est survenu très peu. Notre activité grandit progressivement, car la confiance de nos clients, la ténacité de nos commerciaux et l’abnégation de nos techniciens nous font remporter de plus en plus de m³.s.

Cette description provient de notre site internet. J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop pour le corporate bullshit.

Comme toute entreprise qui se respecte, nous utilisons un « outil de gestion de trucs ». Celui-ci supervise, entre autres, les latences de causalité, les pertes d’euclidianité, la localisation des relais de synchronisation d’entropie, la surveillance de la machine à café, les stocks de papiers toilette, etc.

Très souvent, le fameux outil « pour tout gérer » ne gère finalement rien, mais ce n’est pas intrinsèquement de sa faute. C’est juste qu’il faudrait finir de le configurer, le maintenir, saisir les données nécessaires, mettre à jour les processus, etc. Bref, tout ce qui a été malencontreusement pas mentionné ni prévu lors de son achat. L’outil végète donc dans un coin et est utilisé pour 0.05 trucs sur les 1000 imaginés au départ. Pour achever le tout, il est souvent indisponible et avec un temps de réponse décourageant, car le serveur sur lequel il a été installé héberge maintenant 10 autres applications qui elles, sont utilisées réellement.

À ConcreteWorld.🌏, c’est un peu différent. Si l’outil qui gère tout ne gère rien, ce n’est pas uniquement à cause de son environnement, c’est aussi et surtout la faute de l’outil lui-même, buggé jusqu’à la garde. Je ne vais pas vous faire la liste complète des aberrations de ce charnier de code, j’en aurais pour une bonne douzaine d’articles de blogs. Retenez juste ces 3 informations principales :

  • L’outil se nomme Pochtronarr.
  • Il est édité (et vendu à un prix non négligeable) par une société appelée « Ploucocratt ».
  • Il est tout pourri.

Le décor étant planté, je peux maintenant vous narrer l’événement corporate dont il est question : Ploucocratt nous a convié à un rassemblement de leurs Clients, afin de nous présenter les évolutions des produits, d’échanger entre nous, de participer à des tables rondes, de bouffer gratuit, etc. Ils ont baptisé cette journée : « Les Temps Forts de Pochtronarr », en précisant bien qu’elle serait placée « sous le signe de la convivialité ». Youpi.

L’invitation à ces Temps Forts nous est arrivée sous forme d’un mail, dont la première ligne était :

Bonjour, cher {nom_du_contact}.

Petit souci de template de mass mailing. M’étonnerait pas qu’ils aient programmés ça avec Pochtronarr.

J’étais moyen chaud pour faire le déplacement, mais Semi-Chef Pez y tenait grave taquet, alors j’ai fini par dire « banco ».

Semi-Chef Pez est le responsable de la mise en place de Pochtronarr. En fait c’est un Collègue, mais Chef Peyotl m’a donné pour ordre de suivre ses directives, ce qui l’a donc promu au grade de Semi-Chef.

Il s’appelle Pez car il a une dépendance au sucre. Il a toujours un chargeur de ces petits bonbons, et en ingère un de temps en temps dans un petit bruit de « cla-clak ».

Chef Peyotl s’appelle ainsi car il a visité tous les pays du monde pour trouver l’alcool qu’il apprécierait le plus. Ça s’est révélé être le peyotl.

 

En route !

Nous voilà donc partis en road trip, Semi-Chef Pez et moi, en direction du fief de Ploucocratt.

Comme précédemment révélé, je suis une grosse quiche au volant. Il existe des conducteurs qui maîtrisent, mais qui aiment les sensations fortes, ce qui les rend dangereux. Moi c’est plus simple, je maîtrise juste pas.

Semi-Chef Pez est une grosse quiche en guidage de conducteur, car il ne sait pas se servir d’un Tom-tom.

Nous avons donc très intelligement attribué le rôle de conducteur à moi-même, et celui de copilote à Pez. Plusieurs mois après, il m’a avoué que mon style de conduite chaotique lui avait fait « chier de l’huile » durant tout le trajet.

On devrait avoir le droit de dire sur son CV qu’on est, voituralement parlant, un handicapé saltimbanque cyclothymique.

Rien d’autre de notable à dire sur ce passage de ma vie. On arrive à l’hôtel, on s’installe, on se retrouve pour bouffer, on a une discussion conventionnelle, on se retire chacun dans notre chambre-bungalow respectif. Je trouve un scolopendre dans le lavabo, mais osef.

 

Le matin

Mini-trip en voiture, mini-chiage d’huile par Pez et nous arrivons au prestigieux lieu des Temps Forts. Nous sommes accueillis par des Ploucocratiens habillés en semi-formal, ce qui souligne la convivialitude de l’événement, tout en montrant qu’ils ont fait un petit effort pour nous, car un peu de lèche-bottage ne fait jamais de mal.

On nous donne à chacun un sac à goodies contenant du bla-bla de présentation, un formulaire de participation à un quizz stupide, un polo et un chargeur universel de trucs rechargeables. Ce serait des objets intéressants s’ils n’étaient pas estampillés « Pochtronarr ».

Nous nous voyons également offrir un petit carton à notre nom, à accrocher à notre boutonnière, afin de savoir qui est qui et de quelle boîte. Nonobstant le fait que la police de caractère utilisée est le Comic Sans MS, les prénoms ne sont pas écrits. C’est « Monsieur Machin », « Madame Truc », etc. C’est pas ce qui aide le plus à se placer « sous le signe de la convivialité ».

On prend place pour les premières démonstrations, le thème étant « les nouveautés de la nouvelle version ». Je ne vous conte pas tout en détail, ce serait lourdingue (autant que le fait que cela nous est présenté sous forme de Power Point). Voici donc un florilège des moments les plus amusants.

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Diapo de remerciement général, avec les logos de tous les gentils clients, disposés de manière à former le mot « merci ». Celui de ConcreteWorld.🌏 n’y est pas. On ne doit pas être assez prestigieux, ou alors ils nous détestent parce qu’on arrête pas de relever leurs bugs et leurs failles de sécurité.

Diapo de trombinoscope des fringants employés ploucocratiens. Le locuteur annonce : « je vais lister les gens de gauche à droite » et il les liste de haut en bas.

Nous avons :

  • Fournisseur-Mega-Chef TecNoTIC.
  • Fournisseur-Consultant Frigo.
  • Fournisseuse-Commerciale Jacquotte.
  • Fournisseur-Dir-Tech Ashereff.
  • Fournisseur-Sous-Mega-Chef Mick-Jagger.
  • Fournisseur-Support Jeunot.
  • Fournisseur-Consultant Craquelé.
  • Fournisseur-Développeur Drache-Code 1
  • Fournisseur-Développeur Drache-Code 2
  • etc.

Vous l’avez certainement déjà compris : leur titre de noblesse à tous est préfixé de « Fournisseur » car ils sont fournisseurs de ConcreteWorld.🌏. On aurait pu utiliser le préfixe « Sous-Traitant », mais c’est moins classe, et ça aurait fait des titres encore plus long.

Nous expliquerons au fur et à mesure du récit les noms de certaines de ces personnes.

Diapo animée vantant les fonctionnalités de Pochtronarr, avec des engrenages qui tournent. Ils ne sont pas synchros et se traversent. C’est très amusant et très représentatif de l’outil : à première vue tout fonctionne, mais dès qu’on fait le moindre simple test, des symptômes révèlent que tout va péter et que c’était totalement irréaliste de croire que ça allait marcher.

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Dans une présentation corporate, l’humilité assumée est le nouveau moyen de se la péter. On dit qu’on s’est planté, pour pouvoir ensuite insister sur le fait qu’on a été suffisamment observateur pour détecter le problème, suffisamment intelligent pour se remettre en question et suffisamment re-intelligent pour trouver une autre approche. Fusent alors des expressions comme : « on s’est aperçu que », « on a corrigé les erreurs de jeunesse », « on reconnaît que », etc.

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Expressions qui claquent :

« On se développe à l’international, nous avons maintenant des clients à Monaco. »

Ouais, sauf que la base de données de l’outil est encodée en Latin-1. Du coup, vous allez vous développer à l’international-anglais. Oublions les chinois, les arabes, les russes et les grecs.

« Nous éditons un ERP Métier ».

Le mot « Métier », ça impressionne toujours.

« Une solution adaptée au marché, avec les nouvelles technologies ».

En vrai c’est du C#, les pages web sont en asp.net, et le langage de script pour implémenter les process Métier c’est du … On verra ça plus tard, je vous laisse la surprise.

« On a un existant qui est lourd ».

Ça veut dire que leur base de code est pourrie, mais qu’ils n’ont pas la capacité intellectuelle et/ou financière de poser leurs gonades sur leur clavier et de tout remettre à plat. Donc ils rajoutent des couches de bordel, des patchs, des bouchons, des solutions de secours, des outils externes qui rattrapent les boulettes, etc. En tout cas, cet « existant lourd » est leur excuse par défaut à chaque bug que je leur signale.

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Un gros paquet de communication a été émis concernant la nouvelle version majeure de Pochtronarr, un paquet encore plus gros sur la refonte totale de l’aspect visuel, l’ergonomie et la convivialité. (Décidément, ce mot « convivialité », il claque, voire même il chabraque du brontosaure hydrocéphale à la scie égoïne).

Durant les différentes démonstrations, les impondérables suivants ont été relevés :

  • Un clic sur une option fait apparaître un sous-menu déroulant, mais celui-ci est masqué par certains éléments de la page. Petit souci de « z-bug ».
  • Un tableau de données s’affiche au même endroit qu’un autre texte. Il faut développer-réduire deux fois de suite ce tableau pour que ça se réorganise correctement.
  • La liste d’une combo-box est coupée par la limite du formulaire dans laquelle elle se trouve, et n’affiche que les deux premiers choix.
  • Une fenêtre d’alerte mal taillée, cachant la fin du texte du message.
  • Diverses fautes d’orthographe dans les formulaires, en particulier des terminaisons de verbe « er/é ». (Astuce futée : remplacer par un verbe du troisième groupe, le mieux étant le verbe ‘prendre’, car il permet de détecter le féminin avec ‘prise’).
  • Un mail envoyé automatiquement, comportant le mot « Mail » dans son sujet. Merci Captain Obvious.

Je dois toutefois modérer mon propos : plus tard, j’ai eu l’occasion de tester cette fameuse nouvelle version avec Chrome et Firefox, et la plupart de ces impondérables n’y sont pas apparus. C’est juste que là c’était sous IE.

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Madame Roupy, de la société Nil, glousse à chaque remarque prétendument humoristique.

Est-ce que c’est sexiste, de mentionner ce non-événement, ou pas ?

Ça ne devrait pas, puisque cet article brosse également le portrait d’individus masculins, en des termes aussi peu élogieux que ce que je viens d’écrire là. Mais le gloussage est une activité qu’on attribue péjorativement aux femmes, donc c’est sexiste de renforcer ce stéréotype. De plus, je mentionne beaucoup d’hommes, ce qui amène quelques petits passages avec des termes moins pas-élogieux que d’habitude. Or, je n’ai pas l’occasion de faire cela avec les femmes, puisqu’elles sont moins mentionnées. Là encore, c’est sexiste. Mais c’est pas de ma faute dans le sens où il y avaient beaucoup plus d’hommes que de femmes lors de ces Temps Forts.

Est-ce que je dois augmenter artificiellement la mention et la présence des femmes dans cet article, pour atténuer le sexisme et la non-parité inhérente aux métiers de l’informatique ? Est-ce que ça ne risque pas de rendre mon article bidon, encore plus irréaliste que ce qu’il n’est déjà, et entâché de bien-pensance niaise ?

Est-ce que c’est sexiste d’avoir écrit ce paragraphe de réflexion interne, qui sous-entend lourdement que si je me suis senti obligé de l’écrire, c’est justement parce que notre époque a changé et qu’on doit maintenant faire beaucoup plus attention à ne pas balancer des remarques relevant du sexisme ordinaire ?

Je ne sais pas. Passons à autre chose.

Où sont les femmes qui auraient pu faire de l’informatique ? Ah ben elles sont là.

*)

Ces Temps Forts sont également l’occasion pour les ploucocratiens de s’envoyer des fleurs entre eux et se faire des petites blagounettes de convivialititude.

« Le rendu des graphiques en mode image était très mauvais. Mais nos développeurs ont arrangé ça et j’ai été bluffé. »

« Je ne désespère pas qu’ils améliorent la fonctionnalité des récaps. (Hu hu hu, j’en profite pour leur passer des messages). »

« On est les seuls à faire un produit qui soit compatible Oracle, postgreSQL et SQL Server »

Oui, euh… ça s’appelle un ORM (Object-relational mapping). Django le fait, pour ne citer qu’eux. Sauf que vous, vous mettez les différences de dialecte SQL au niveau des scripts de process métiers, alors que ça devrait être à un niveau plus bas (dans le moteur de l’outil). Parce que là on doit tout se repalucher à chaque script. Dans les faits, on repaluche rien, on reste sur le SGBD choisi au départ, et on prie pour qu’on n’ait jamais besoin de le changer.

« Il reste un petit souci avec les indicateurs graphiques, mais les développeurs vont nous optimiser tout ça. Il y a eu un gros effort d’intégration. »

« Haha, quel rigolo je fais ! Dans le formulaire, je n’ai coché que des PC marqués comme étant ‘en panne’. »

« Oups, ça n’a pas marché. Mais c’est normal, le champ Description est obligatoire. Quel intelligent coquin cet outil ! Il me demande de me justifier. »

Fournisseur-Mega-Chef TecNoTIC annonce fièrement :

« on a entièrement restructuré nos méthodes de travail en interne, maintenant, on est AGILE. Les développeurs sont à fond durant leurs ‘ ‘ ‘sprints’ ‘ ‘. ».

Il avait tellement mis de guillemets autour du mot « sprint » qu’on a tous compris que pour lui, ça restait un terme très exotique. Et il avait tellement mis de guillemets autour des guillemets autour du mot « sprint », qu’on avait également compris qu’il revendiquait sa non-comprenance totale de la méthode AGILE.

TecNoTIC s’appelle ainsi car il travaille dans une entreprise de TIC, mais lui-même n’y connait rien. Vous avez peut-être déjà rencontré ce genre de chef. Ils se vantent de leur ignorance. C’est un comportement que l’on pourrait relier au concept de « l’humilité assumée qui est un nouveau moyen de se la péter. ».

Mais c’est aussi une insulte envers lui-même. L’informatique fait maintenant tellement partie de notre vie que même si vous ne travaillez pas dedans, c’est important de s’y connaître un minimum.

Et c’est aussi-aussi une manifestation de condescendance, voire de mépris, envers ses employés : « la programmation est un domaine pour les gueux travaillant au bas de l’échelle. Je suis au-dessus de ça, donc je n’ai pas besoin de m’y connaître ».

Petit édulcorage de mon propos : j’ai eu l’occasion, plus tard, de rediscuter avec cette personne, il se trouve qu’il s’y connait malgré tout un minimum. Disons qu’il sait ce qu’est un cookie et qu’il a une vague connaissance du concept de l’authentification décentralisée.

Allez les gueux ! Finissez-moi ces features et pondez-moi cette release ! *claquement de fouet

*)

Je profite de toutes ces démos pour remplir la feuille du quizz à la con.

Il est gavé de questions stupides et captain-obvioussesques. C’est limite un dénigrement de mon intelligence et de ma mémoire.

La dernière question :

Qu’y a-t-il dans la nouvelle version de Pochtronarr (multi-cochage possible) ?

– Une refonte totale et endoscopique de l’interface utilisateur.

– Un module d’analyse d’image vous obligeant à utiliser des photos de vous à poil pour votre image de profil.

– Un changement de paradigme intrinsèque dans le noyau du sous-moteur déterminant la couleur des graphes en camemberts.

Je rajoute une case en dessous, sans la cocher, et j’écris : « intégration du langage python, parce que les scripts métiers en Small-Talk avec l’IDE de Scratch, on a fait mieux depuis ».

Voilà comment ont programme les scripts. Ça valait le coup de l’annoncer avec un peu de suspens.

*)

Parfois, les ploucocratiens s’envoient de vilaines petites piques.

« Nombreux sont les consultants qui ont eu un peu de mal avec la nouvelle fonctionnalité de multi-affichage. »

« On a eu quelques mauvaises surprises sur les temps de réponses. »

(Après une remarque d’un ploucocratien random) : « Non mais c’est à moi de parler, c’est pas à toi ».

« Je suis pas commercial, je fais pas d’effet d’annonce. »

*)

Et bien sûr, nous avons les inévitables aléas dûs au célébrissime « effet démo ».

« Ah, mon poste n’est pas en forme. »

Le glisser-déplacer d’un fichier dans une zone d’un formulaire web qui foire.

Une belle petite erreur 500. On a les mêmes. Elles sont totalement aléatoires.

« Moui bon, il y’a un petit souci sur les abscisses. »

(Aspect visuel, convivialitationnitudité, tout ça…)

Tentative de faire un regroupement de champ avec un tableau de données de 3000 enregistrements. Boum, ça pète.

« Ça devient moins rapide au fur et à mesure qu’on rajoute des fonctionnalités. »

Euh, non. Quand le moteur interne est bien structuré et que la fonctionnalité est ajoutée correctement, ça ralentit pas tout le reste. Mais bon…

« Ouh, vous êtes un aventurier. »

C’est la réponse que j’ai obtenue après avoir demandé qu’on teste quelque chose de particulier (je ne sais même plus ce que c’était, et osef). À vrai dire, j’avais à peine énoncé une action préliminaire à ce que je voulais réellement voir testé. Rien que ça faisait déjà de moi « un aventurier ».

« Globalement, normalement, ça fonctionne. »

*)

Parfois, les problèmes ne viennent pas d’un vilain et inattendu effet démo, mais des fonctionnalités elles-mêmes, ou de la manière de les présenter.

« À la demande de beaucoup de nos clients, l’enquête de satisfaction a été intégrée dans les mails ».

Dit comme ça, c’est impressionnant. En vérité, c’est juste des urls ouvrant sur une page spécifique de Pochtronarr. Et comme les infos de connexion ne sont pas enregistrées dans un cookie comme dans tout site qui se respecte (me demandez pas où elles sont enregistrées, j’ai même pas cherché), eh bien il faut se relogger pour répondre à l’enquête. Passons…

Démonstration de cette fonctionnalité. L’exécuteur de la démo clique sur la note la plus mauvaise (un petit smiley pas content du tout, #on_est_trop_des_geeks) et indique en commentaire : « ça ne marche pas, gros nuls ». Voilà un story-telling couronné de conconvivivialiturpitude !

« Le champ ‘Remarques’, vous oubliez ».

Ce champ contenait du putain de SQL. Merci de ne pas nous prendre pour des débiles. S’il est là, à priori c’est pas pour rien et faut justement pas « l’oublier ». D’autres part, quelle décadence d’enchaînement d’événements a-t-on dû s’infliger pour se retrouver dans une situation dans laquelle un champ intitulé « Remarques » doit contenir du SQL  ?

« Wolk on line »

Il s’agit de la manière dont Fournisseur-Consultant Frigo prononce le terme « Wake on lan ». (Plus de détails ici : https :// fr.wikipedia.org/wiki/Wake-on-LAN).

De manière générale, j’ai remarqué que l’ensemble des interfaces et de la documentation de Pochtronarr montre des symptômes inquiétants de gloubiboulgatisation sémantique et de mauvaise maîtrise du langage (qu’il soit parlé ou de programmation) : fautes d’orthographes, homonymes dans les noms de concepts, code non factorisé, encodage et caractères spéciaux non compris, etc. Ce « wolk on line » en est une confirmation.

Vous vous rappelez de Collègue Eurod’, l’anti-Raymond Devos de l’ancienne crémerie où je travaillais ? Je retrouve un petit peu de lui dans Pochtronarr.

Sur ce, les fabuleuses démonstrations du matin se terminent, il est temps de se précipiter vers la boustifaillou-graillasse.

 

Repas de midi

Sauf que c’est pas tout de suite l’instant boustifaillou-graillasse. Là c’est « temps libre pour sociabiliser avec nos homologues d’autres sociétés ». Une idée fort louable, mais pour laquelle je n’ai que très peu de talent. J’envoie un SMS à une personne imaginaire pour me donner une contenance.

Semi-Chef Pez, qui est meilleur que moi à ces mondanités, parvient à choper « Monsieur Mucarpet », un techos d’apparat de chez CarGlass affublé de lunettes de la sécurité sociale. Oui oui, ils ont des techniciens informatiques chez CarGlass. Et leurs verres de lunettes sont très épais.

C’est une belle prise de la part de Pez, car nos deux instances de Pochtronarr ont un bug en commun. Une histoire de changement d’état d’un neuro-transmetteur virtuel qui est aléatoirement non pris en compte. On est à la fois rassurés de voir qu’on n’est pas les seuls à avoir une foule de problèmes avec cette merde, et inquiets de voir que ces problèmes ne semblent pas résolus, ni même pris en compte, ni même reconnus par les ploucocratiens.

On tente de le leur faire entendre. Fournisseur-Dir-Tech Ashereff répond : « chez d’autres clients ça marche », et « c’est la faute à vos scripts métiers, quand vous en codez un, il faut toujours mettre le changement d’état en dernier ». Je veux bien être d’accord, mais le bug a lieu lors de l’exécution d’un script standard fourni avec Pochtronarr. Donc soit ils respectent pas leurs propres consignes, soit ça vient pas de là. Bref, chou blanc pour tenter d’attirer leur attention sur ce bug.

Entre temps, Semi-Chef Pez alpague d’autres ploucocratiens pour les vilipender, comme quoi l’installation de notre Pochtronarr aurait été effectuée via un concours de lancers de seaux de vomi.

Les ploucocratiens alpagués admettent sans trop de résistance que le consultant qui nous a été affecté s’est révélé par la suite être un radiateur de la planète Radiateur, déguisé en humain et visitant la Terre dans le cadre d’une excursion « Tourisme authentique de galaxies panachées ». Il a été viré depuis, mais les séquelles de son passage parmi nous restent encore.

Je suis content que Ploucocratt avoue avoir copieusement merdé. Par contre le minimum aurait été de réparer. Or, la seule chose qu’ils nous proposent c’est : « on corrige vos bugs, on finit de livrer ce que vous avez demandé au départ, on tire un trait et on repart à zéro ». Mouais bof. Je trouve ça un peu léger comme réponse. Et de toutes façons, il n’ont pas spécialement corrigé leurs bugs (se référer à ce que je viens de raconter juste avant).

Dialogue entre Semi-Chef Pez et Fournisseuse-Commerciale Jacquotte :

− On aimerait aussi avoir une fonctionnalité d’arborescentisation des psycho-tropismes. Comment on peut faire ça ?
− Pour toute demande d’évolution, voyez avec votre consultant.
− Oui, et c’est qui ? Parce que ça a changé quatre fois depuis cette histoire de radiateur déguisé en humain.
− …

Jean-Rudy Radiateur, en train de se reposer.

Fini pour aujourd’hui

Comme annoncé, je coupe ce récit en deux. La suite arrivera le mois prochain. J’imagine qu’une multitude de questions cruciales hantent maintenant votre esprit :

  • Qui remportera les cadeaux du quizz idiot ?
  • Réchèr aura-t-il l’occasion de boire suffisamment d’alcool pour se désinhiber et dire ce qu’il pense vraiment de Pochtronarr ?
  • Quel est le secret du nom de Fournisseur-Consultant Frigo ?
  • Pourquoi ?

Vous le saurez au prochain numéro.

Des invitations pour Teacher Story

J’ai toujours eu du mal avec les profs.

Si je voulais en parler, il me faudrait des dizaines d’articles de blog. Peut-être qu’un jour, je le ferais. En attendant, pour résumer en une image, je trouve que les profs sont comme ça :

teacher wearing an animal mask

Mmmppffrrmmhh. Wouf ! Wouf ?? WTF ??

C’est à dire : quelque chose de complètement What-The-Fuck.

J’étais pas trop mauvais à l’école, je comprenais à peu près les cours. Mais je ne comprenais pas les profs : leurs réactions, leur comportement, leurs imprévisibles sautes d’humeur, leur humanité bizarre qu’ils laissaient quelquefois entr’apercevoir, ou au contraire, leur absence d’humanité à des moments où je me disais qu’il leur en fallait.

Je réagissais en leur renvoyant des messages le plus incompréhensible possible. J’étais bon élève, mais je dérangeais la classe avec mes pitreries. J’étais « intelligent et con à la fois ». Je ne regrette vraiment pas d’avoir agi de cette manière.

Ceci étant, le but de cet article n’est pas de vous raconter ma vie, mais de vous offrir mes invitations à Teacher Story, le nouveau jeu de la Motion Twin !

Doisneau Cavanna 7301-doigts-pleins-encre-1

Je veu 1 invitassion pr jouééé !

Ces invitations sont au nombre hallucinatoirement élevé de 5 ! (cinq) (5±0). Pour en choper une, il vous suffit de cliquer sur ce lien : http://teacher-story.com/t/rz8

Attendez, partez pas tout de suite.

J’ai pour habitude d’incorporer un intermédiaire publicitaire à tous les liens de ce blog, afin de gagner quelques bitcoins. Je n’en ai pas mis sur ce dernier, car je suis quelqu’un de gentil. Voulez-vous être gentil avec moi en retour ? Ça ne vous coûtera rien de plus qu’un peu de temps de cerveau.

Pour ce faire, cliquez sur ce lien : http://cur.lv/yns. Vous passerez par une pub de l’intermédiaire sus-mentionné, et atterrirez ensuite dans un autre endroit fabuleux de mon blog, où j’explique des trucs.

Vous pouvez aussi cliquer sur les images. Après un passage publicitaire du même acabit, vous vous échouerez sur le site où j’ai éhontément piqué ladite image. Essayez avec celle-ci.

chuck norris roundhouse kick school

Ou celle-là.

Mz Buttaworth teacher

(Lien NSFW. Captain Obvious, certes, mais pensons à nos enfants. Qui d’ailleurs ne savent pas forcément ce que « NSFW » veut dire… Bon laissez tomber).

Voilà. Concernant Teacher Story en lui-même, je l’ai essayé, il est plutôt rigolo. Je ne sais pas si je continuerais d’y jouer. En ce moment, je me suis un peu remis à Odyssey (de la Motion Twin aussi), que j’ai toujours bien apprécié : les mécanismes, l’ambiance, etc.

Ah, et lisez mon article précédent aussi, afin que vous réalisiez pourquoi c’est important de signer l’Initiative Citoyenne Européenne pour le Revenu de Base Inconditionnel.

Bonne lecture, bons cliquages, bon jeu et bonne gentillesse pétatrice de temps de cerveau !

introduction à la karmagraphie

Un peu d’histoire

Première Conjecture de Goblavanala Rashpurlamharad :
Toutes les informations possèdent une valeur de karma.

bollywood

Goblavanala Rashpurlamharad, inventeuse de la karmagraphie.
Là, elle est à une conférence-beuverie d’éminents chercheurs.

Le mot « information » est ici à prendre au sens large, en tant qu’objet ou groupe d’objet du Monde Des Idées. Cela inclut : l’esprit d’un être vivant, les œuvres d’art, les souvenirs, les mots, les concepts, etc. Pour faire savant et pro, on utilise l’appellation « objet informationnel ».

La Deuxième Conjecture, on s’en fout un peu. Je vous la met ici juste pour la culture générale :
Pour qu’une information puisse avoir une influence dans un univers, elle doit exister, en au moins un exemplaire, dans l’univers lui-même, sur un support en accord avec sa physique.

Forte de ces découvertes, Goblavanala décida de ne pas progresser dans ses recherches, car elle venait de décrocher un petit rôle dans une production cinématographique. Elle eut son petit succès dans les années 50, et coule maintenant des jours paisibles en tant que rentière culturelle.

Quelques années plus tard, les ordinateurs et la théorie de l’information arrivèrent avec leur gros sabots, et annoncèrent en grande pompe que le karma, au même titre que tout le reste, pouvait s’exprimer sous la forme d’une suite d’octets. C’était super, sauf que ça nous avançait pas plus que ça.

grande pompe

La grande pompe utilisée pour l’annonce.
En fait c’est un modèle 3D fait sous Blender, sauvegardé dans le monde réel.

Évidemment, y’en a qui se sont amusés à dire que puisque le karma est une information, et que toutes les informations possèdent une valeur de karma, alors chaque valeur de karma possède une valeur de karma. Ha ha ha. Douglas Hofstadter trouve qu’il trouve que cela est cool.

Cependant, le problème principal subsistait : comment, techniquement, mesurer une valeur de karma ? Et surtout : à quoi ça pourrait servir ?

Après les conjectures, un peu de sérieux

Arriva alors celui qui allait devenir le père de la karmagraphie (on avait déjà la mère, voilà le père, mais ils n’ont jamais fait de cochonneries ensemble, la karmagraphie étant une immaculée conception).

Il s’agit de Tavaldlav Odkazapriba, ouvrier-bibliographe, qui travaillait la nuit tous les soirs dans sa chambre, entouré de petites sculptures amicales fabriquées avec du porridge.

russe Georgi Vitsin

C’est lui. Là il est à une conférence-beuverie organisée par lui-même, à laquelle il était le seul invité.

Principe de Tavaldlav, confirmé par plusieurs expériences :

Le karma d’un objet informationnel quelconque est un simple point, situé dans un espace imaginaire d’une infinité de dimensions.

Certains karmatologues pensent que cet espace est Le Monde Des Idées en lui-même, mais ça reste une hypothèse.

Grâce à ce principe, la karmagraphie put se développer, et mérita entièrement sa qualification de Science.

Méthodes de mesure

Il est actuellement impossible de déterminer les coordonnées absolues d’un point de karma, mais on peut calculer des distances.

Eurod’, mon collègue de travail (diplômé de karmatologie de l’université de Prout) m’a expliqué la méthode. Je vais essayer de vous la résumer ici.

Lorsqu’on mesure les ondes cérébrales d’une personne, on peut en déduire une projection de son point de karma, sur un espace à dimension finie. C’est bien, mais comme c’est jamais projeté sur les mêmes dimensions d’une mesure à l’autre, ça ne sert pas à grand-chose.

Heureusement, il y a une astuce : en mesurant la résonance des ondes cérébrales émises par 2 personnes, et à l’aide de quelques bidouilles calculatoires ésotériques, on obtient la distance karmique entre ces personnes.

Je sens une question poindre dans votre petit cortex tout électrifié. Si le nombre de dimensions est infini, la distance entre 2 points a de grande chance d’être infinie, elle aussi. Du coup, qu’est-ce qu’on peut bien en faire ?

Votre cortex a tout à fait raison. Les karmatologues s’en sortent avec une seconde astuce, d’ordre mathématique. En effet, il existe des infinis plus grands que d’autres. Pour les comparer, il suffit de les représenter sous forme d’une division par zéro. Une distance karmique de 5000/0 est plus grande qu’une de 0.0001/0.

Karma Komba 320

Vue d’artiste du Monde des Idées : une éponge verte infinidimensionnelle, représentée par une infinité d’éponge verte bidimensionnelles.

Pour mesurer la distance karmique entre une personne et un objet informationnel « inerte » (chanson, texte, feuille d’impôt, …) il faut procéder autrement, puisqu’un objet inerte ne génère pas d’ondes cérébrales.

Lorsqu’une personne consulte un objet informationnel, ses ondes se modifient légèrement. D’éminents savants ont mesuré cette écart, et ont tenté d’en déduire un point de karma, mais ça n’a pas fonctionné.

Ça paraît évident maintenant, mais sur le coup, ils étaient perplexes. En fait, cette mesure d’écart ne permet que d’obtenir une projection du point de karma de l’objet informationnel inerte.

Il faut deux personnes. On commence par mesurer leur distance karmique. Ensuite, l’une des deux consulte l’objet informationnel, mais pas l’autre. La résonance d’ondes cérébrales change un peu, donc la distance karmique aussi.

B comme BoxSons Bad Idea The Killers

Les premiers karmamètres. Oui c’était un peu encombrant.

Le changement de distance entre les deux personnes, avant et après consultation, donne une approximation de la distance karmique entre la personne ayant consulté l’objet informationnel, et l’objet lui-même.

Vous l’aurez deviné, tout cela reste très approximatif, car le point de karma d’une personne est toujours plus ou moins en mouvement : selon son humeur, qu’elle ait fait caca le matin, la météo, etc. Pour le moment, on n’a pas de meilleur technique.

Cas des distances finies

Dans certaines situations bien spécifiques, une distance karmique peut être finie. C’est à dire qu’il y a un nombre infini de coordonnées égales entre elles, et seulement quelques unes de différentes. On passe d’un point à l’autre grâce à un simple mouvement de translation.

Ce phénomène n’a pu être observé que dans deux cas :

  • Entre une œuvre d’art et son créateur. Et encore, au bout de quelques années, le point du créateur a bougé, et la distance peut devenir infinie. Ça s’appelle l’effet « Quoi ? C’est moi qu’avais fait ce truc là ? Je m’en souviens même plus. »
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Les distances karmiques entre cette photo, et les deux femmes qui sont dessus, sont finies. Mais la distance entre les deux femmes est infinie. Bizarre n’est-ce pas ?

  • Entre deux nouveaux-nés d’une même espèce. Là encore, ça s’éloigne très vite et devient infini au bout de quelques minutes de vie. Certains chercheurs pensent que la distance est également finie entre deux nouveaux-nés de n’importe quelle espèce, mais cette proximité ne durerait que quelques microsecondes. S’ils parviennent à le prouver, les répercussions seraient très importantes. Cela impliquerait qu’il existe un point de repère absolu pour le karma. Une sorte d’origine.
singes dans une brouette

Poilu, Dormeur, Tripote-Mascagne, Picassiette, Jean-René-Robert-Tolkien, R2D2, Igor et Grichka : les singes ayant permis de découvrir le 2ème cas de distance finie.

Tout cela est bien joli. Mais quelles applications concrètes y’a-t-il à cette discipline scientifique de haut vol ?

Plein ! En fait, la plupart des appareils que vous manipulez font appel à la karmagraphie, sans que vous vous en rendiez compte. Je donnerais divers exemples dans un prochain article. Là, faut que j’aille boire du champagne, afin de me donner l’illusion que ma vie est super.

Et entre temps, je vous ferais mon article récapitulatif de 42. Une fois de plus, je suis en retard là-dessus.

Unrelated pic, mais c’est pour respecter mes quotas blogaliens de femmes rondes.

Ça vous concerne (suite)

Re-coucou.

Comme je racontais dans mon précédent article, j’ai eu une super idée.

« Ça vous

concerne »

(suite)

Faisons éclater l’abscès du suspens, et dévoilons ses purulentes sécrétions.

Je vais vous le faire sous forme de corporate advertising bullshit :

(Collez ici une image tirée des sketches de Message À Caractère Informatif)

Dans le monde de le travail de la n’entreprise, des quantités importantes de courriels sont échangées en temps réel. Comment jongler avec toutes ces informations ? Comment s’assurer de retrouver de manière rapide et juste l’essentiel qu’il vous faut ? Cela vous deviendra très facile, avec l’alerte de concernabilité. Ce nouveau plug-in, enfichable dans votre solution de messagerie existante, ajoute un indicateur supplémentaire à votre tableau de bord initial. celui-ci renseigne le niveau de concernabilité du courriel sélectionné.

3 seuils sont identifiés :

  • le courriel vous concerne de manière directe.
  • le courriel vous concerne de manière indirecte, ou ne vous concerne pas.
  • le courriel ne vous concerne pas du tout.

Notez l’utilisation du mot « courriel » dans mon propos. Ça fait nouvelle technologie, et en même temps respectueux des valeurs françaises. Youpi ! Votez à droite !

Cela est biau. Et concrètement ?

Pour un mail reçu, si votre adresse est dans le champ « destinataire », vous verrez ceci :

ca vous concerne rouge

Si votre adresse n’est pas dans les destinataires, mais seulement en copie, le gros texte rouge sera remplacé par ceci :

ca vous concerne orange

Vous remarquerez que pour cet exemple, j’ai choisi Outlook comme « solution de messagerie ». Ce n’est pas anodin. Dans l’informatique corporate, le ringard, c’est la mode, donc on utilise Outlook. Cette mode est valable aussi, et surtout, pour les entreprises dont l’informatique est le cœur de métier.

Et la 3ème possibilité alors ? Comment faire pour avoir un rond vert associé d’un message « Ça ne vous concerne pas » ? Oh, eh bien, euh… Ça n’arrive jamais, car il s’agit de tous les mails que vous ne recevez pas. Si vous ne les recevez pas, c’est bien qu’ils ne vous concerne pas, non ? Déductez un peu par vous-même, que diable !

Décortiquage détaillé

On retrouve, dans cette magnifique fonctionnalité, les trois critères corporates cités dans mon précédent article.

L’abondance de communication par la répétition

Dans notre monde mondial de maintenant, il est indéniable que le fait d’être en destinataire ou en copie d’un mail n’a pas le même sens. Mon idée met ce sens en évidence.

Les outils existants (transmission de mails, historique, envoi à plusieurs utilisateurs, …) répètent la matière de travail dans son entièreté. Moi, je me contente d’en répéter une caractéristique, et de l’exprimer d’une autre manière. Ce n’est pas aussi rigolo ni aussi débile, mais l’important, c’est que ce soit de la répétition.

Les outils informatiques crétins

computer monkey
On est en plein dedans. Pas la peine de creuser loin pour s’apercevoir que mon idée est totalement inutile. Un point important : le superbe indicateur doit occuper une partie conséquente de la fenêtre. Il n’y a jamais assez de bordel superfétatoire sur votre écran. D’ailleurs vous y ajoutez même des post-its.

On aurait pu imaginer quelque choses de presque intéressant : dans la liste de vos mails reçus, on ajouterait une colonne pas trop large, reprenant l’indicateur de concernabilité. Ça prendrait peu de place, renseignerait chaque mail et on verrait tout d’un seul coup d’œil.

C’est donc à ne surtout surtout pas faire ! Le risque que quelqu’un, quelque part, y trouve une quelconque utilité est bien trop dangereux.

Les assertions violentes

« Ça vous concerne »… Vous vous sentez pas un peu intimidé quand vous lisez cette phrase ? C’est d’autant plus drôle que c’est une machine qui le dit. Admirez la très grande force du mot « ça », puisant ses racines dans le fait que la machine n’a aucune idée de ce dont elle parle. L’impact agressif aurait été bien plus faible avec une formule telle que « ce mail vous concerne ».

Le « Ça ne vous concerne peut-être pas » est également très amusant. Le but premier d’une assertion, c’est de balancer une phrase en pleine gueule, qu’il est interdit de contester. Ici, le mot « peut-être » annule complètement la certitude, tout en laissant la violence. Le propos devient totalement ridicule : « Je suis sûr à 100% de l’incertitude de ce que je vous dit ». Hahaha.

Ce qui existe déjà

disgression
Quand j’étais jeune, je lisais des revues super cools genre Astrapi, Okapi, Sciences et Vie Junior … On pouvait parfois y lire des articles expliquant comment le futur serait trop génial, avec des descriptions de tout un tas d’objets über-bien qui nous faciliteraient la vie. (Les voitures volantes avaient une place de choix dans cet über-bonheur). À la fin, on y trouvait souvent une petite rubrique intitulée « ce qui existe déjà », présentant des embryons d’objet aïe-tech.

flying car
/disgression

Je vous propose la même chose ici : Un bref aperçu de la débilité existante et amusante, rencontrée ici ou là. Le futur, c’est déjà maintenant !! (Slogan piqué au salon de l’auto, sauf qu’eux ils le disent avec sérieux. Lolilol !)

Un sourire à l’Excel-ence

Mon chef de couloir maintient un gros fichier Excel listant les projets en cours, et leur état d’avancement (ça commence bien). La case « A1 » contient un smiley content ou pas content. Il dépend d’une formule qui dépend d’autres formules, qui etc. On m’a parfois demandé de consulter ou de modifier ce fichier. Je n’ai jamais compris ce que signifiait ce foutu smiley. Je devrais peut-être poser la question. C’est peut-être à moi de faire le premier pas. Mais là j’ai pas envie.

Maintenant je sais que je ne peux pas savoir ce que je dois savoir

Le jour de son embauche, un pote à moi, ouvrier-codeur aussi, s’est connecté à son n’ordinateur de le travail. Il a vu, parmi le fatras d’icône du bureau, un lien pointant vers une page web de l’informatique interne. Celui-ci s’intitulait « ce que vous devez savoir ». Mon pote s’est dit : « cool, ça doit être une sorte de document d’accueil pour les nouveaux arrivants, avec des consignes et tout. Allez, je suis curieux et motivé. Je l’ouvre ! » Il est tombé sur une bonne vieille erreur 404. Assertion violente. inutilité.

J’annonce un site d’annonces

Quelqu’un de Brouillis Consulting (ma boîte), a décidé de lancer un service interne de petites annonces. Bien joué. Je me permet de préciser que même avant qu’internet n’existât, il y avait déjà des sites web spécialisés dans ce domaine. (Ah c’est n’importe quoi ce que je dis, tant pis, on le garde). Si encore, c’était des petites annonces pour organiser du covoiturage, ça pourrait servir. Au sein (nichons!) d’une entreprise, on a en effet de grandes chances de trouver des gens qui se déplacent dans les mêmes endroits. Mais là non, c’est que pour des achats et des ventes.

La personne qui s’occupe de ce génial service a tout bien fait comme il faut. Il y a un modèle de mail, avec marqué Achat/Vente (il faut supprimer la mention inutile), différentes catégories d’objet, et un champ description, avec plein de « xxxxxxx xxxxxx » pour bien montrer que c’est là qu’on doit écrire (n’oubliez pas d’enlever les X, hi hi hi hu hu). La personne a même rédigé un petit document Word pour expliquer comment poster une annonce. Le tout est centralisé, bien evidemment, dans un fichier Excel. On est combien dans cette boîte déjà ? Oh, une cinquantaine. Ah ben top-choucroute alors.

Et merde, c’est pas juste ! Pourquoi est-ce qu’on ne m’attribue jamais ce genre de tâche ? Moi aussi je veux pouvoir servir à rien dans mon entreprise ! Moi aussi je veux faire des trucs débiles ! Au lieu de ça, je me coltine du travail d’ouvrier-codeur sérieux ! C’est peut-être de ma faute. Je suis plus intelligent que tout le monde. Alors forcément, on profite de mon cerveau. Si j’avais été moins con, je me serais arrangé pour devenir con, et on m’aurait confié des trucs à la con dans lesquels j’aurais pu glander. Ah que le monde est cruel.

L’allégorie de la fin

Les entreprises ont tendance a oublier leur cœur de métier, le truc qu’elles savent vraiment faire et qui leur permet de gagner de l’argent. Elles s’auto-submergent d’un fouillis fourmillant de petites fonctionnalités inutiles. Les entreprises deviennent alors des structures énormes écrasant leurs propres employés. Pour l’allégorie, consultez l’image ci-dessous.

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jeu de mots foireux

Je viens juste de me rendre compte que « Open Office » est un anagramme phonétique de « Oh, pine aux fesses ».

Dans la vie, quand on dit des trucs vraiment crétins, on doit s’excuser. Et c’est bien normal.

Mais ici, c’est pas la vie, c’est mon blog. Je ne m’excuserai jamais de rien, je ne me justifierai jamais.

Je suppose que je devrais vous présenter mes excuses pour le fait que je ne m’excuserai jamais.

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