Événement corporate : le semencinaire annuel

Nous avons récemment eu la chance de consommer un événement corporate, que je vais vous narrer.

Le but était triple :

  • Le midi, bâffrer gratos.
  • L’après-midi, réfléchir ensemble et ensemencer des idées pour la boîte.
  • Le soir, re-bâffrer gratos (best rendement de bâffring gratuit ever !).

Vous l’aurez compris, cet événement était placé sous le signe de la semence.

Et c’est pas vraiment un jeu de mot car les mots ‘semence’ et ‘séminaire’ ont la même racine latine.

Le midi

Rien à voir, mais une coupure de courant était prévue dans les locaux. Ça arrive de temps en temps. J’aime bien, car c’est une excuse pour demander une demi-journée de télé-travail ou pour aller glander en salle de pause.

Par un miracle dont seul le département boîtal « Orgies Internes » a le secret, la coupure de courant n’a pas empêché de dispenser des mini-carrés de pizzas, correctement réchauffés avec tout le respect qui leur était dû. Youpi !

Je passe rapidement sur cette première partie : mangeaillerie et discutailleries de-ci de-là afin de laisser transparaître un minimum de contenance sociale. Vient ensuite le moment de se transférer au lieu événematoire principal.

L’entreprise ConcreteWorld.🌏 fait toujours le choix de placer ces lieux dans des zones un peu isolées, de sorte qu’on n’ait pas d’autres choix que d’y aller en voiture, donc de limiter notre éthylisation. Mais d’autre part, nous sommes encouragés à covoiturer. J’ai donc jeté mon dévolu sur Collèguette Platona, qui a accepté avec plaisir de nous transporter, Collègue Pagne et moi. Ainsi pourrais-je me pochtronner la gueule comme il se doit.

Collègue Pagne s’appelle ainsi car il vient parfois au travail affublé d’un vêtement éponyme, pour manifester son soutien aux Carabanais, les habitants d’une île-village du Sénégal rencontrant de nombreuses difficultés.

Collèguette Platona s’appelle ainsi car elle est l’un de mes fantasmes platoniques.

Je vous explique. Son corps ressemble à ça :

(Elle a juste pas le même costume « imitation pellicule de cheveux »).

Inutile de préciser que cette dame ne m’attire pas physiquement. Mais par ailleurs on s’entend super bien et elle rigole à mes blagues débiles. Dans mes fantasmes, j’imagine donc qu’elle est complètement amoureuse de moi et qu’elle me trouve génial, en revanche on ne fait pas crac-crac. Il ne s’agit là rien de plus que l’un de mes nombreux mécanismes émotionnels d’auto-flattage d’ego.

Rien à dire sur le trajet en voiture. Nous devisons platoniquement de choses et d’autres. Nous arrivons au lieu prévu. Il s’agit d’un classique centre à événements corporates, celui-ci ayant la particularité de proposer des terrains olympiques de pétanques. On n’y jouera pas, mais le détail a son importance.

Je pose mon cadeau dans une hotte. La consigne était de fournir un présent pas cher ou fait soi-même. Ils seraient ensuite tous redistribués randomement. Je vous révélerai plus tard ce que j’ai apporté.

Café et petits gâteaux nous sont jetés en pâture. Je croise Collèguette Punkette. Nous déblaterrons sur le prestataire missionné pour ce semencinaire, que nous croisions de temps en temps dans les couloirs. Punkette pense qu’il n’aime pas les femmes, car il ne les salue pas. Je la rassure : ce monsieur n’est pas du tout mysogine, il ne salue pas les hommes non plus. Ça en a énervé plus d’un.

Personnellement, je m’en tape. Ce qui m’a toujours fait chier avec cette convention sociale du bonjour, c’est qu’absolument rien n’est prévu si tu croises deux fois une même personne dans la même journée. Il n’y a rien à lui dire. Ça me gêne énormément. À chacun de ces moments, je cherche ardemment un moyen de me donner une contenance sociale. Ça se finit en général par un sourire stupide, un onomatopée embarrassant ou une phrase inepte. Bon, c’est pas le sujet, on s’en fout.

L’après-midi

On s’installe à des tables rondes. Contrairement à un événement corporate précédent, je n’aurais pas de faux espoirs concernant l’éventualité de piacher durant les discussions. L’alcool est absent dès le départ.

On commence par des récits corporates de notre MégaChef et des vidéos de futurologues divers.

J’ai pas encore de nom pour MégaChef, promis ça viendra dès que possible.

Ce que je retiens de ces parénèses diverses :

  • Une vingtaine d’année plus avant, deux courbes représentant je-ne-sais-plus-quoi se sont croisées. C’était le signe d’un changement de paradigme.
  • Futurologue Quelconque : « il faudra se trouver des emplois complémentaires à l’Intelligence Artificielle, sinon tout le monde sera au chômage ». Alors moi je veux bien, mais si le fameux changement de paradigme sus-mentionné apparaît, est-ce que les notions d’emploi et de travail garderont leur signification actuelle ?
  • Futurologue Quelconque : « avec le Revenu de Base, dans 50 ans on aura Technopolis et dans un siècle on aura Matrix ». Et alleeeez !! Bien sûr, puisque l’IA va changer tous les humains, ça sert à rien de mettre en place un mécanisme d’investissement générique dans les êtres humains, sous forme de Revenu de Base ! Gros tocard.
  • Une fois de plus, nous nous voyons présentés un power-point comportant une image d’engrenages. Une fois de plus-plus, elle est buggée. Après les roues qui se chevauchent en tournant et le grand classique des trois roues toutes connectées ensemble, on a eu droit aux flèches de sens de rotation qui sont toutes dans le même sens. S’il vous plaît, chers marketeux et autres power-pointeurs, ne faites pas de slides avec des noms de dieu de bordel de merde de vieille pute borgne d’engrenages. Vous ne savez pas le faire. Vous trouvez inévitablement le moyen d’y claquer une couillardise qui aboutira à un système foireux. Arrêtez de vous faire mal et de nous faire mal. Merci. Merde.

Les gérants du centre à événements corporate ont pris soin de placer sur les tables des dépliants explicatifs et auto-promotionnels, sans oublier l’accessoire principal de tout pétanquistes olympiens : le petit crayon pour noter les points.

J’avais prévu le coup et avais apporté mon propre criterium. Mais c’est bien plus promoteur et respectueux d’utiliser le matériel qu’on nous met à disposition. C’est donc avec ce petit crayon que je réalise mon traditionnel dessin de réunion de le Travail. Vous l’avez déjà vu par ici. Pour pas me faire choper, j’active ma super-compétence de « retourner la feuille lorsque quelqu’un de sérieux passe à côté », acquise durant mes années collèges.

Petite pause bouffe et piache, puis vient l’étape d’ensemençage.

La personne sus-mentionnée missionnée pour cette étape se présente. Il s’agit de Prestataire Impoli, qui exerce le métier « d’Expectorateur Semencial ». Comme je suis un rebelle, je propose qu’on le désigne par « le Corporate Bullshiste ».

Ce monsieur nous explique le concept. Il s’agit de blablater dans notre table-ronde sur un sujet spécifique, pendant qu’un maître de table-ronde prend des notes sur un tableau. Ensuite, les équipes sont tradéridéra-isées, à l’exception du maître, qui reste le gardien de son sujet. Et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les équipes aient fait leur parcours complet. Chacune d’elle a un stylo de couleur différente, ce qui permettra par la suite de différencier quelle équipe a écrit quoi sur quel sujet. Cette technique d’ensemençage est nommée : « jeu de la multi-biscotte ».

Photo publicitaire pour le rugby. ramassage de savonnette dans la douche

Cette analogie entre la création d’idées et l’éjaculation est-elle sexiste ? Ça sous-entendrait que les femmes ne peuvent rien inventer. Pour équilibrer, est-ce que je ne devrais pas ajouter une analogie entre la création d’idées et l’ovulation ?

On peut utiliser le terme générique « gonades » pour désigner à la fois des testicules et des ovaires. Est-ce que l’écriture inclusive a défini un mot pour désigner à la fois l’éjaculation et l’ovulation ? Qu’est-ce qui est le plus sale entre le jeu de la biscotte avec du sperme et le jeu de la biscotte avec des menstruations ?

(On va pas mettre d’image ici).

Mais revenons-en plutôt à notre Corporate Bullshiste, qui ajoute que le « livrable » que nous devons fournir est constitué des notes prises durant nos réflexions successives. Je suis pas sûr qu’utiliser du vocabulaire corporate (le mot « livrable ») soit la meilleure manière pour créer une atmosphère ensemançante-ovulatorielle effervescente d’idées. Mais qui suis-je pour juger ?

Je ne me souviens plus précisément des sujets de table-ronde. Il y en avait un sur la diversité. On en a profité pour sortir des blagues de merde sur les inuits et les gauchers (deux minorités représentées à ConcreteWorld.🌏). À plusieurs reprises, des personnes me regardent d’un air interrogato-condescendant en faisant la remarque qu’il nous faudrait un vrai Système d’Information. Merci, je suis au courant, et je ne suis pas en train d’agir pour, car je travaille avec joie et abnégation sur l’outil Pochtronarr.

Notre Corporate Bullshiste passe entre les tables et tente de nous galvaniser, nous encourageant à noter tout ce qu’on trouve qui ne va pas. Moi ce que je trouve qui ne va pas c’est qu’il passe entre les tables et ça nous inhibe. Tout le monde sait que les éléments observés changent de comportement en présence d’un observateur. Il n’y a pas que les livrables dans la vie, il y a aussi les observables.

Moment de tension à la table-ronde tenue par Collègue Pioupiou-Géant. Celui-ci écrit peu lisiblement. Notre Corporate Bullshiste, qui s’était incrusté, le lui signale, et ajoute que ce sera difficile pour lui de recompiler les remarques si c’est noté aussi porcassement. Pioupiou fait alors l’effort d’écrire un peu mieux, mais ça ne convient toujours pas. Notre Corporate Bullshiste insiste. Pioupiou parvient à garder son flegme habituel en ne le regardant plus, y compris dans les moments où il est obligé de lui parler (laconiquement).

Nous tradéridéra-isons comme des petites toupies dans une arène Beyblade-Burst, et cette partie de jeu de multi-biscotte se termine. Notre Corporate Bullshiste demande à ceux qui ont appris des choses de lever le doigt, certains le font. Puis il demande la même chose à ceux qui n’ont rien appris, ce que d’autres font. Pour finir, il invite les gens qui le souhaitent à énoncer des remarques diverses.

Je me manifeste. L’assemblée pousse alors un cri de satisfaction général et quelques applaudissements naissent. Je suis tout fier et tout gonflé d’ego de voir que le monde me kiffe et s’attend à ce que je clôture cette épreuve par un moment de soulagement trublionesque.

Je signale que mon équipe avait le feutre de couleur jaune et que c’est complètement con comme couleur parce qu’on voit pas ce qui est écrit. On a été obligé, à chaque tour, d’expliquer au maître de table-ronde qu’il ferait mieux d’en prendre une autre et de noter qu’elle correspond au jaune.

Ça a plu. Des personnes sont venues me voir après pour me féliciter de mon intervention. Hasthag ego. J’en profite pour montrer à certains d’entre eux mon dessin terminé, dont je suis également très fier.

Après toutes ces émotions : moment joyeux de réconfort avec apéro, champagne et petits machins à manger. Comme d’habitude dans ce genre de situation, je rentabilise au maximum. Par-dessus le marché, je passe pour un mec bien en demandant à chaque fois qu’on me re-remplisse mon verre de champagne plutôt que d’en prendre un nouveau. Le petit personnel me remercie pour l’économie de vaisselle.

Soirée

Je croise Collègue Pioupiou-Géant, qui m’annonce d’un air blasé qu’il a reçu l’ordre de réécrire au propre tout ce qu’il a noté. Pauvre Pioupiou. Une personne random lui apporte du champagne of greater heal.

Collègue Lucène-Lapin apparaît déguisé en Père Noël, avec sa hotte remplie de nos cadeaux. Il s’assoit sur un fauteuil et chacun vient en prendre un. C’est une technique super classe pour mettre des filles (et aussi des mecs) sur ses genoux.

Je récupère une boîte standard de petits chocolats. J’ai cherché un peu à savoir de qui ça venait, sans trouver. Pas grave, c’est un cadeau qui me satisfait très bien. Le seul petit problème c’est que je ne peux en extraire aucune connerie ni aucun déblaterrage qui aurait trouvé sa place dans cet article.

C’est Collègue Lionel-Astier qui récupère mon cadeau, il en explose de rire. Il s’agit d’un coupe-papier-toilette, accompagné d’un petit mot expliquant au bénéficiaire qu’il peut soit le garder pour sa maison, soit en faire don à ConcreteWorld.🌏. En effet, le papier toilette des toilettes boîtales est parfois extrêmement difficile à couper, surtout lorsque le rouleau n’est pas entamé. Ça m’a valu des moments de rage terrible à blom-blomer fébrilement ce putain de rouleau pour en trouver l’extrémité et arracher péniblement des lambeaux de feuilles destructurés.

Le coupe-papier-toilette

Collègue Lionel-Astier approuve l’idée et annonce que dès demain, ce prestigieux objet sera présent dans les Concrete-Gogues. Je suis heureux, c’est exactement ce que je voulais. C’était un coup risqué, car si le cadeau atterrissait dans les mains d’une personne d’un autre site, ou d’une femme, ou de quelqu’un qui aurait souhaité le garder, je n’aurai pas pu en profiter.

Est-ce que c’est sexiste de vouloir que ce soit un homme qui ait mon cadeau et pas une femme ? Et pour aller plus loin dans la réflexion : est-ce que c’est sexiste de vouloir séparer les toilettes des hommes et des femmes ?

Un collègue quelconque m’explique qu’il a récupéré son propre cadeau, comme ça « il est pas emmerdé et il a pas de mauvaises surprises ». C’est la lose totale. À une époque un peu déprimée de ma vie, je voulais me programmer ma petite descente aux enfers personnelle. J’y aurais certainement intégré des choses comme ça, entre deux étapes plus importantes.

Un magicien, dépêché sur place, passe entre les groupes et nous propose d’amusantes tromperies. Tout le monde est bluffé. Je m’attendais malgré tout à un peu mieux de sa part, il n’a pas fait de boules de feu.

Eeeeet voici la carte que vous aviez choisie !

Le repas se passe très bien. Bonne bouffe, alcool, discussions diverses, magicien qui continue son show.

J’ai compris l’un de ses tours (plus précisément, on me l’a expliqué). Il demande à trois personnes différentes de choisir un truc (un nombre, une couleur, un type d’accélérateur de particules). À chaque fois, il note quelque chose sans nous le montrer, chiffonne la feuille, et demande la réponse. À la fin, il montre toutes les bonnes réponses. En fait il à juste décalé l’écriture de chacune d’elle. Pour amorcer le truc, il avait ajouté une question initiale qui était sous une autre forme : choisir des boîtes d’allumettes dont il a appris les couleurs par cœur ou quelque chose comme ça. Bon, j’explique super mal, on s’en fout, on passe à autre chose. De toutes façons il a pas fait plus de boules de feu qu’avant.

À la fin du repas, les serveurs embarquent vivement nos bouteilles d’alcool. J’avais vu le coup venir et m’étais servi un plein verre juste avant. Mon voisin qui n’a plus soif me propose de terminer le sien. La soirée se suicide alors de façon spectaculaire, en une apothéose de molécule éthylée.

En effet, immédiatement après la fin du repas s’est amorcé un mouvement général de rentrage. J’ai trouvé ça un peu court. On aurait pu continuer de discuter un peu, ou danser sur « Royal Salute » de Brain Damage. Mais non. Go home direct.

Je me retrouve donc en voiture avec Collègue Pagne et surtout avec Colléguette Platona. Je suis aux anges, d’autant plus qu’elle nous avoue qu’elle va avoir besoin de nous pour la distraire, afin qu’elle ne s’endorme pas au volant. Ça ressemble à un début de scénario de film platonique (c’est l’inverse d’un film pornographique).

On discute de tout et de rien, puis on décide d’appeler des gens de la soirée avec la super voiture téléphonique de Platona. À chaque fois que ça décroche, on braille « Bonne annééééééé !!! » et juste après : « Tourne à gauche ! ». Y’a des gens qui ont vraiment cru qu’on leur donnait un conseil de direction voitural. On aurait pu en paumer de cette manière, ça aurait été très amusant. On propose également à certains de se retrouver en boîte de nuit, ce qui a parfois suscité de l’intérêt. Mais on s’est dégonflé et on a avoué que c’était une blague. #je_suis_trop_vieux_pour_ces_conneries.

Puis on rentre platoniquement dans nos maisons respectives.

Tourne à gauche !!

Épilogue

Tout d’abord, je me dois de compenser l’image d’indienne toute maigre que j’ai placée précédemment.

C’est mieux d’y mettre les formes

Le lendemain, debriefing général. J’apprends que notre Corporate Bullshiste a collé, voire dragouillé Colléguette Carnea pendant une bonne partie de la soirée. Ce gars est vraiment un tocard. Je l’imagine bien chez lui, au milieu de la nuit, alors que sa femme dort. Il se lèverait en douce pour se masturber, déguisé en Louis XIV, tout en écoutant du Wagner et en s’imaginant recouvrir le corps de Carnea de tranche de rumsteack Label Rouge, le tout « avec son petit coussin pour s’essuyer les doigts ».

Ça rejoint la notion de semencinaire.

Quelques semaines plus tard, nous recevons le livrable final, c’est à dire un rapport computant l’ensemble de nos remarques (y compris celles notées par Collègue Pioupiou-Géant).

Extrait :

Les supérieurs hiérarchiques doivent porter une attention abnégationelle à la priorisation des tâches de leur ouailles. Il faut réaliser en premier ce qui est facturable.

Oh, Chef Random, le tocard social de mon ancienne boîte, m’avait sorti exactement la même ineptie imprécise lorsque je l’avais interrogé sur l’ordonnancement de mes tâches. Je m’étais alors demandé ce que j’étais censé faire entre : terminer un projet qui sera facturé à la livraison, et claquer de la maintenance qui est facturée en continu chaque année.

Alors évidemment, le chef aurait répondu : « le projet d’abord, on s’en fout des maintenances ». Et l’année suivante, le client de la maintenance n’aurait plus voulu payer, parce qu’on n’aurarait rien fait. Et le chef serait revenu à la charge en me houspillant : « vous avez rien branlé espèce de branquignol, c’est de votre faute si on a perdu ce client ».

Cela dit, dans mon ancienne boîte, ça s’était pas passé comme ça. Chef Random avait répondu : « faites le projet, mais n’oubliez pas les maintenances, c’est important aussi ». Puis quand il a été débouté de son poste comme un malpropre, la réponse officielle de Chef «  » à mes demandes de priorisation était : «  » (il ne répondait pas), et sa réponse officieuse était « mais c’est des vrais gamins ! Ils sont-y donc pas capables de décider ça tout seul ? ».

J’ai déjà raconté tout ça, mais les souvenirs sont remontés et j’ai éprouvé le besoin de cracher encore un peu de ma bile. Désolé.

Un dernier extrait du livrable final :

Blasonnement parlant, l’image de ConcreteWorld.🌏 est espiègle et raffinée, percutante et disruptive.

Et sinon, il y avait une faute dans le rapport. Chouette. Je vais pouvoir faire le lèche-cul : la signaler de manière innocente, et par là-même prouver que je l’ai lu en entier et que donc je suis impliqué à donf’ de ouf’.

Événement corporate : les Temps Forts de Pochtronarr (2/2)

Re-coucou. Voici la suite de ce récit. Nous en étions resté au moment du repas de midi, juste avant que ne sonne le signal d’autorisation de se goinfrer gratos comme des gougnaffiers.

Le signal d’autorisation de se goinfrer gratos comme des gougnaffiers sonne.

Nous nous répartissons de manière aléatoire. Mes amis de tablée sont :

  • Monsieur Mucarpet de Carglass, dont nous avons déjà parlé,
  • Monsieur Gratiche de la Compagnie des Indes,
  • Monsieur Filaud de la Compagnie des Indes aussi,
  • Madame Oseffe de Global Oseffe,
  • Fournisseur-Sous-Mega-Chef Mick-Jagger,
  • Fournisseur-Développeur Drache-Code 2.

Madame Roupy est allé s’asseoir ailleurs, ce qui n’est pas plus mal, je l’entendrai pas glousser.

Monsieur Gratiche monopolise toute la conversation, vraisemblablement parce qu’il lui manque la moitié des dents. Il lui est donc plus facile de parler que de manger. Ça me va très bien, je n’avais rien à dire.

Florilège de ses propos corporatiste et post-colonialistement condescendant :

« Les Soudanais sont de très bon techniciens de centre d’appel. En revanche, ils ne prennent aucune initiative. »

« Nos amis africains … »

« Les gens en intérim, c’est pas facile à gérer. On tombe toujours sur un syndicaliste qui va râler et demander des notes de frais rapport à l’utilisation de son téléphone personnel dans le cadre du télétravail. »

« J’occupe mes loisirs à construire un précisomètre dans mon garage avec des Raspberry Pi. Et j’élève également un bébé-gorille qui parle, sur qui je tente des expériences de programmation neuro-linguistique ».

Les autres convives (#sous_le_signe_de_la_convivialité) ainsi que moi-même nous contentons de participer en gloussant (mais virilement) et en sortant des petites phrases d’acquiescement. Seules deux personnes se comportent différement :

  • Monsieur Mucarpet, qui ne décrochera ni mot ni gloussement de tout le repas. Sa seule utilité aura été de passer le sucre au moment du café.
  • Mick-Jagger, qui nous verse à piacher dans le but de mettre la tablée un peu moins mal à l’aise que ce qu’elle n’est au départ. Dans un moment d’égarement/mâchouillement de Monsieur Gratiche, il parvient même à placer une petite phrase sur un sujet de son choix, par une pirouette associative qui m’a échappée.

Mick-Jagger :

« Pour avoir fréquenté un tout petit peu le monde des stars, je peux vous dire qu’ils se dopent tous à la nandrolone. Je me souviens d’un type défoncé au crack, juste après il est mort. »

Merci, mais c’était pas la peine de préciser que t’as fréquenté le monde des stars. T’es quand même Mick-Jagger.

Ensuite on mange le dessert et je le trouve dégueulasse. Mais c’est gratuit et comestible, donc je bouffe sans chichis.

Hey, Mick, on get pas de no-satisfaction ?

Tables rondes

*)

Nous devons nous répartir en petits groupes et deviser sur l’un des sujets proposés afin de présenter en fin de journée le résultat de nos réflexions. Pour éviter le partage-en-gonade, des responsables de groupe seront nommés, qui auront pour charge de recadrer la discussion dans l’éventualité où celle-ci chercherait à s’enfuir on ne sait où.

Semi-chef Pez choisit le sujet « retour d’expérience client ». Il veut profiter de cette occasion pour rappeler aux ploucocratiens les bugs qu’on se coltine depuis le début, et leur mettre le nez dans leur propre merdassasse.

De manière aléatoire, je me greffe sur « propositions de nouveautés pour les briques constituantes des interfaces de doléances nobiliaires ». C’est un peu flou, mais on n’est plus à ça près.

Mes autres co-table-rondes sont constitués de :

  • Fournisseur-Consultant Frigo.
  • Monsieur Prossot, du Ministère de l’Administration. C’est lui qui est proclamé Gardien du Cadre de la Discussion.
  • Les autres on s’en fout.

*)

Au fait, pourquoi l’autre s’appelle Frigo ?

Il a eu l’occasion d’intervenir sur notre instance de Pochtronarr pour une montée de version. Pour ce faire, il avait pris le contrôle de mon PC par TeamViewer. Dans ce genre de situation, je reste en continu devant l’écran à surveiller ce qu’il se passe, car on a vite fait de se laisser voler des informations gênantes (aussi bien personnelles que professionnelles).

La prise de contrôle a duré la journée complète. Durant la pause de midi, alors que je geekouillais sobrement, je fis un copié-collé anodin. Quelle ne fut pas ma surprise d’obtenir le mot « frigo » ! Le gars était en train d’écrire un texte et ses copié-collés se transmettaient par TeamViewer.

Je me suis amusé à refaire des collés réguliers, ce qui m’a permis de reconstituer partiellement ce qu’il écrivait. Je vous en fait part tellement c’est amusant :

« Il y a une pléthore de choses indéfinies et grand-anciennes dans le frigo commun. Cela devient traumatisant. Merci d’arrêter votre harcèlement olfactif et de débarrasser les victuailles qui vous ont appartenues à l’époque de leur gloire passée. Ce vendredi je fais une rafle. Respect et robustesse. »

La leçon du jour, c’est qu’avec TeamViewer, y’a pas que le contrôlé qui laisse échapper des informations.

*)

Un préjugé naît dans mon esprit, à l’encontre de Monsieur Prossot. Il me semble complètement avoir la tête du gars qui se la pète et se croit un super-devinateur de ce que souhaitent « ses utilisateurs », alors qu’en fait c’est un pigeon géant.

On s’installe donc à la table-ronde (la même que celle du repas), la discussion commence. Frigo ouvre le feu en demandant quelle genre de briques doléanciales on voudrait voir avoir. Monsieur Prossot ouvre sa gueule et nous blablate les cas spécifiques occurrant à son Ministère. Il a conscience que la discussion s’égare et invite les autres à participer. Quelques personnes émettent de vagues suggestions (pas moi). Frigo autorise Monsieur Prossot à continuer de raconter ses trucs brumeux n’intéressant personne. La suite de la table-ronde sera constituée d’un dialogue entre eux deux.

Expressions rigolotes relevées :

  • « effet tunnel »,
  • « le panier moyen » (répété plusieurs fois, mais la signification n’en a pas été moins brumeuse),
  • « vaste sujet » (comprendre : « j’ai pas envie de parler de ça, alors je lèche un peu ton cul en te laissant croire que tu sais repérer les choses intéressantes dans ce dont on est censé discuter),
  • « c’est un projet à part entière » (pareil),
  • « le n+1, oui c’est bien ça, le n+1 ».

La discussion s’était échappée au loin, vers de grandes étendues de champs lexicaux et sémantiques. Je la voyais courir nue sous un soleil rieur et se rouler dans les foins tel un couple d’homosexuels libérés. À côté, mon esprit personnel vagabondait comme d’habitude dans diverses pensées vidéoludiques et programmatoire.

Fournisseur-Sous-Mega-Chef Mick-Jagger, qui passait de table-ronde en table-ronde pour voir si tout se déroulait bien, débarque, se rend compte de la gabegie, et commence à tancer le Gardien de la Discussion. Monsieur Prossot répond que c’est Frigo qui l’a autorisé à gabegiter et même à rejeter la faute sur lui. Mick-Jagger reporte son tançage sur Frigo. Celui-ci répond : « oui mais moi je m’en moque ».

Dans ce cas, pourquoi t’es là, connard ? Pourquoi on fait une table-ronde ? Pourquoi je suis là à écouter les conneries d’un pigeon ? Et surtout, surtout, POURQUOI A-T-ON ENLEVÉ LES BOUTEILLES DE VIN QUI ÉTAIENT LÀ PAS PLUS TARD QUE Y’A 5 MINUTES SUR CETTE PUTAIN DE TABLE-RONDE AU SUJET DE DONT À LAQUELLE ON NOUS SERINE DEPUIS LE DÉBUT ?

Bweuuuuheuu-heuuu-heuuuu. Je pleure mentalement. La table-ronde se termine. On passe à l’activité suivante.

Pas de vin tant que vous avez pas traité l’ordre du jour ni équeuté les haricots !

 

Témoignages de divers clients

Tous les Clients disent tous qu’ils sont globalement super contents de ce super outil. J’appelle ça le principe du marabout. Attention, instant vocabulaire.

Principe du marabout : vous avez un problème (amour, argent, travail, taille de zizi, grosseur de seins, …). Vous allez voir un marabout. Il dit que pour 50 euros, il peut tout régler. Vous le payez. Ça ne règle rien. Vous retournez le voir. Il vous dit que votre problème est compliqué. Un second rituel plus puissant est nécessaire, nécessitant 100 euros. Vous vous sentez obligé de repayer, sinon ça voudrait dire que vous avez initialement dépensé 50 euros pour rien. Et ainsi de suite. Vous claquez tout votre pognon et surtout, vous ne racontez cette histoire à personne, car vous auriez honte de passer pour un imbécile qui s’est stupidement fait arnaquer.

Les Clients de Ploucocratt s’étant fait marabouter, aucun d’eux n’ira dire que cette entreprise fait de la merde.

Mais laissons de côté ces considérations déprimantes et listons les choses rigolotes qui se sont dites.

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Fournisseur-Sous-Mega-Chef Mick-Jagger :

« Le browser qui nous a posé le plus de problème, c’est IE ».

Première nouvelle. Du coup, fallait pas mieux faire vos démos de la matinée avec un autre navigateur ?

Au passage, Mick-Jagger n’articule pas. Il a pas le temps. C’est un Sous-Méga-Chef, chaque seconde de sa vie vaut plusieurs milliards. Tous les mots de plus de 3 syllabes sont donc coupés au milieu.

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Les effets démos ne manquent inévitablement pas à l’appel.

« On avait préparé un PC sur lequel tout s’affichait. Un quart d’heure avant, on s’est aperçu qu’il ne pouvait pas se connecter au vidéo-projecteur. L’écran n’affichait rien ».

Tiens, ça me rappelle une expérience douloureuse vécue à Zarma.pro.

Et il y a eu aussi cette page web (à priori assez simple et sans plug-in) qui a marché sur un PC, mais pas sur un autre. Pourtant les deux étaient connectés de la même manière.

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Diverses demandes plus ou moins fantaisistes apparaissent :

Un Client : « Avez-vous prévu de faire une version de Pochtronarr en portugais ? »

Fournisseur-Consultant Frigo : « Vu ce qu’ils nous ont fait à la dernière coupe du monde, on n’est pas parti pour. »

Le public : « Hu hu hu. Que de lol. »

Un Client : « y’aurait moyen d’avoir des champs textes avec une mise en forme et dans lesquels on pourrait faire des recherches ? »

Fournisseur-Consultant Frigo : « On va essayer, mais c’est compliqué à faire. »

Moi : « Vous pourriez mettre du mark-down. C’est un texte brut recherchable, avec quelques caractères spéciaux pour la mise en forme. »

*Frigo semble intéressé, et note sur le tableau blanc « Mark DOWN ». (sic pour la casse).

Un Client : « ce serait bien qu’on puisse directement prendre une photo avec la tablette ».

Ha ha ha ! Les ploucocratiens savent déjà pas faire des pages web qui s’adaptent à la taille de la fenêtre du navigateur. Et tu leur demandes de faire du HTML5 qui va piloter la caméra de la tablette ? T’est un fou, toi.

Fournisseur-Consultant Frigo : « Les tablettes, c’est pas pratique car y’a pas de clavier. »

Ben oui. Une tablette, c’est pas un outil de travail. Tout le monde s’en est rendu compte.

*)

On retrouve quelques phrases de bourgeois condescendants

« L’informatique, pour le personnel routier, c’est un peu du chinoix ».

Je vous rassure, c’est aussi le cas pour certains informaticiens. Cette phrase bourgeoise est d’autant plus amusante que l’encodage de Pochtronarr ne gère pas les caractères chinoix. Mais je crois l’avoir déjà dit.

« Cette fonctionnalité est plutôt destinée à des cols blancs ».

La bonne vieille lutte des classes des années 60 ! Arlette Laguiller, tu peux venir s’il te plaît ?

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Témoignage de Monsieur Flapin, de AdopteUnPêcheur.com. Il nous explique que dans sa société, il y a des super-intendants et des super-super-intendants. Les intendants tout simple, ils sont où ?

Son collègue prend l’écran en photo, sur lequel est projeté le power point de présentation de sa propre boîte. J’ai pas compris.

L’un des raccourcis à l’écran était intitulé « VIRGINIE ». Bizarre.

Virginie ? Coucou !

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Ces conférences-témoignages sont une occasion de plus de se passer de la pommade.

« On n’est pas des gourous en terme d’organisation. Mais là, le consultant ITIL de notre Client avait pondu quelque chose de beaucoup trop fumeux et trop décalé par rapport à la réalité ».

« Oui, ça on sait faire, mais en standard ».

Euh… Pardon ? Si c’est en standard ça veut dire que c’est dans le produit de base, donc disponible pour tous les Clients. Pourquoi il y a un « mais » dans la phrase ?

Mick-Jagger : « Notre Client utilisait un outil équivalent à Pochtronarr, mais le coût de maintenance annuel était de XXXX euros. »

Le public (avec un air scandalisé) : « Ooooooohhhhh ».

Fournisseur-Consultant Frigo : « Pour ce besoin spécifique, on a fortement modifié et tordu notre outil ».

Fournisseur-Mega-Chef TecNoTIC : « Oui, on est très fort pour ça. »

Pour le coup, je ne crois pas que cette phrase soit un compliment ou de l’auto-satisfaction. C’est même un dénigrement de l’équipe technique : « le moteur interne de notre outil est tellement mal foutu qu’on est obligé de le tordre fortement pour lui faire faire ce que l’on veut ».

Cette remarque est d’autant plus gênante que ni TecNoTIC, ni les développeurs de Pochtronarr ne se sont rendus compte que ça pouvait être pris comme un dénigrement. Keep It Simple, Stupid !

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On finit ce chapitre sur un passage possiblement sexiste (parce qu’il y a écrit « ma bonne dame » à la fin).

Frigo : « Vous avez également la possibilité de créer automatiquement une doléance lorsqu’un utilisateur envoie un mail pré-formaté. »
Madame Roupy : « Oulala, on ne veut surtout pas cela. Sinon les doléances pleuvraient. »

D’accord. Mais du coup, tu sers à quoi ? Parce que si ton métier consiste à répondre aux doléances des gens, mais que tu préfères leur limiter les moyens d’en créer, il y a un petit problème, non ? Il est possible que tes collègues finissent par te voir comme la glandue assise à un bureau exécutant un travail mystérieux et hypothétique dont on ne distingue aucun résultat concret.

Et là tu vas me répondre que si on facilite le doléançage, des dizaines de clampins vont générer des doléances random totalement à côté de la plaque. Il faudra que tu leur expliques en long et en large ton périmètre d’action, à quel type de doléances tu es censée répondre, et de quelle manière elles doivent être formulée pour qu’elles soient réalisables. Je suis d’accord avec toi que c’est très chiant.

Malheureusement, ça fait partie de ton métier. Si tu as pour tâche de rendre un service à un groupe de gens, tu dois également leur apprendre la manière dont ils doivent procéder pour te demander correctement ce service. Tu dois former les clampins pour qu’ils ne fassent plus les clampins, au moins avec toi. Et si tu tombes sur des super-clampins qui comprennent vraiment rien où qui le font exprès, tu as alors le droit de répondre de manière plus violente : fermeture de leur compte, signalement aux chefs, chiage sur leur bureau, etc.

On est d’accord que sur un service ouvert au public, on ne peut pas trop faire comme ça, car le monde est beaucoup trop rempli de clampins, sur qui ont a une influence trop limitée. Mais quand le service que tu rends est à disposition uniquement de tes clients, ou en interne, à toi de te démerder, ma bonne dame.

« Nous souhaiterions avoir un bouton de couleur verte, permettant d’insérer un power point sous forme de vidéo. Ce sera prêt quand ? »

Compte-rendu de la table ronde

Chaque Gardien de Discussion vient déclamer son gentil bla-bla, de manière propre et obséquieuse bien comme il faut. Je ne parviens pas à repérer de remarques qui auraient pu émaner de Semi-Chef Pez dans le bla-bla du groupe « retour d’expérience client ». Peut-être qu’il a dit des choses trop dérangeantes et pas assez propre.

Vient le compte-rendu de mon groupe. Monsieur Prossot et Fournisseur-Consultant Frigo n’ont pas grand chose à dire. Comme prévu, Prossot charge Frigo un max, et Frigo montre de manière totalement assumée que ça ne lui fait ni chaud ni froid. (Vous avez saisi la blague ? « Frigo », « ni chaud ni froid ». Non ? C’est pas grave).

Ils s’en sortent scandaleusement avec des phrases à l’emporte-pièce :

Les gens du Métier, de toutes façons, ils changent tout le temps d’avis.

Oui, c’est pour ça qu’on a inventé l’AGILE, espèce de gros nul.

Il faut bien définir le besoin avant.

Contradiction spotted avec la remarque d’avant.

On peut pas plaquer un logiciel tout fait sur une entreprise avec un historique et une culture.

Je maintiens que pour une conclusion de cette qualité, on aurait pu laisser les bouteilles de vin sur la table-ronde.

Distribution des prix du quizz

Les cadeaux sont assez sympas : un système de positionnement karmagraphique (ça m’a rappelé mon ancienne boîte, comment je l’avais quitté et comment je me sens mieux maintenant) et un iPhone garanti sans huile de palme. Le tout annoncé par TecNoTIC d’un espiègle : « vous allez voir, c’est de la technologie ».

Il n’a pas mis de guillemets autour du mot « technologie », mais c’était pas loin.

Tous nos petits papiers-réponses sont dans une grand coupelle. Je ne suis même pas sûr qu’ils aient fait un pré-filtrage pour ne garder que les bonnes. Mick-Jagger prend deux papiers au hasard et annonce les noms. Si j’étais mesquin, je dirais que rien ne prouve que c’est ceux écrits sur les papiers.

La gagnante du karmaPos est Madame Raupy. Elle glousse sous les applaudissements de la salle.

Le gagnant de l’iPhone est Monsieur Gratiche. Il nous gratichie d’un sourire incomplet sous les re-applaudissements de la salle.

Dernier petit moment social empiffratoire, avec du café et des cookies. On discute un peu, je signale à l’un des Fournisseur-Développeur Drache-Code qu’il y a des fautes de frappe dans les noms des fonctions de leur API. Il me répond que surtout je n’hésite pas à le leur signaler. J’y crois pas une seconde. On dit au revoir à tout le monde et on se casse.

Avant de partir, Fournisseuse-Commerciale Jacquotte nous demande de rendre nos petits cartons avec écrit « Monsieur Réchèr » et « Monsieur Pez », ce que nous effectuons sans résistance. Pas cons les Ploucocratiens, ils les gardent pour nous les redonner l’année prochaine, ça leur fait des économies.

Spoiler alert : on reviendra pas l’année prochaine. Mais peut-être l’année d’après.

Rendez-moi les cartes, j’en ai besoin pour m’habiller.

Trajet de retour et conclusion

Le trajet se passe mieux qu’à l’aller, puisqu’on échange les rôles pilote-copilote. Semi-Chef Pez aura quand même eu le temps de chier un peu d’huile, et de faire clic-clac avec son chargeur de Pez. À un moment, il me dit : « Désolé, je te donne des consignes, j’ai l’impression de faire un cours de conduite ». Fallait vraiment pas qu’il se sente désolé pour ça.

Le moment le plus bizarre, ça a été quand il a pété dans la bagnole. Sans blague, lecteur ! Il a pété ! Ça m’a déprimé au plus haut point.

Ce n’est pas l’incommodité de l’odeur ni l’impolitesse de l’acte qui m’a déprimé. C’est par rapport à ma relation personnelle avec les prouts. Je suis quelqu’un qui pète énormément, avec des pets qui sentent souvent très mauvais. Ne me demandez pas pourquoi, j’en sais rien.

Par conséquent, dans les moments sociaux un peu coincés, surtout quand ils sont à huis clos, je fais attention de ne pas péter. Et je me sens toujours terriblement coupable lorsque j’en laisse échapper un. Je tente régulièrement de prononcer des vœux de non-flatulence, que je ne parviens jamais à tenir. Vous vous rappelez mon road-trip avec Chef Random, dans mon ancienne crémerie ? 3 heures de voiture sans péter. J’en ai gazeusement souffert, mais je m’en suis sorti la tête haute et l’anus innocent.

Et lui, il pète et semble n’en éprouver aucun remords. Ça m’a déprimé car j’aurais vraiment aimé avoir sa force de caractère.

Ah et sinon on a croisé une pute sur le trajet, avec des formes magnifiques. J’ai pas pu m’empêcher de la regarder plusieurs fois pendant de longues secondes. J’ai sûrement dû passer pour un adolescent attardé qu’a jamais vu de nichons en vrai dans sa vie, mais j’assume sans problème.

(insérer ici l’image d’une pute).

Ensuite on est rentré dans nos chez-nous respectifs.

C’était un événement corporate très chouette, que j’ai beaucoup apprécié car c’est mon premier en tant que Client. Je n’avais pas le stress de devoir passer pour un mec bien, d’essayer de vanter nos produits, d’essuyer les provocations en duel de clients mécontents, etc.

Si on veut chipoter, on dira que je n’y étais pas que en tant que Client, mais également en tant que « Client qui s’est méchamment fait arnaquer en achetant un logiciel tout pourri ». C’est un détail.

Maintenant, que j’y pense, tous les autres Clients avaient des têtes de pigeons qui n’y connaissent rien à l’informatique. Ce n’est peut-être qu’un préjugé. De plus, si c’est des pigeons, j’en fais partie.

C’est pas grave. Je me suis bien amusé !

Moi, incommodé par le prout de Semi-Chef Pez.