Fshhwouw !! (mouvement de mèche)

Bonne nuit.

« Les emos », c’est le thème du magazine 42 du mois de juin (http:// 42lemag.fr).

Pour la peine, je vais vous faire un petit poème d’une ligne. Ouais, les poèmes de plusieurs lignes, c’est ultra-conformiste. Moi j’ai une vision du monde autre que celle des moutons de l’humanité.

« Je rêve de planter des gens »

Voilà, ça suffira bien.

magazine 42 couverture numéro 016

Mes contributions :

Comme il est déjà 1h45 du matin et que j’ai sommeil, je vais pas m’étendre en grande description-blablabla, et y’aura même pas de jeu de mots avec le mot « direct(um) », « direct(itude) » « (inspecteur)direct ». Et merde. Bon oubliez ça.

Edit 2013-07-07 : De toutes façons, y’en avait déjà plus dans les articles précédents. Parce que les liens directs vers les articles de 42 ne fonctionnent plus. Mais c’est pas de ma faute.

Page 44 : La visite de DarkJacques

Petit florilège de poèmes emos, imaginarialement racontés par un jeune stagiaire en découverte d’entreprise. Je profite de l’occasion pour dévoiler un petit pan d’histoire de l’ultra-evil Ray Surlecôté. C’est un grand méchant que je suis en train de me fabriquer. Doucement, tranquillement, pas à pas.

Page 49 : Le festival Chapiteuf.

(49 / Chapiteuf. Ouais, ça rime !! Trop je fais des poèmes !)

Ce festival existe dans le monde réel, et j’y suis allé. J’ai fait le bénévole, j’ai filé un coup de mains aux toilettes sèches et au ramassage des cochonneries. C’était vraiment bien. J’ai vraiment éprouvé ce doux sentiment de servir à quelque chose. Un peu comme quand j’avais monté ce petit bout de mur pour construire une maison, dans un chantier de rénovation. Pis y’avait plein de jolies filles.

Edit 2013-07-07 : Le festival Chapiteuf n’existe plus dans le monde réel. À la place, il y a l’association 11bouge (http:// www. 11bouge.com/).

A part ça

Pas de nouveau l’ami de l’internet ce mois-ci. Ca commence à être la dèche. M’en fout. D’abord parce que c’est ultra-conformiste d’avoir des amis, et ensuite parce que j’ai en moyenne 100 visites quotidiennes sur ce blog ultra-anti-conformiste, et c’est déjà fucking honorable. Plus qu’à faire cracher du pognon à tous ces tocards, et je pourrais enfin accomplir mon œuvre ultime : un gâteau au chocolat.

Pour finir, quelques images. J’ai pas trouvé de belles femmes rondes emoes. Parce qu’en général, les emoes c’est que des ficelles de 12 ans, sans aucune forme. Mais j’en ai des gothiques, ça vous ira ? De toutes façons les deux tendances ont beaucoup de choses en commun. Comme par exemple … Euh… Ouais nan ça c’est pas un bon exemple, mon fidèle ManiMoule. Allez hop.

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goth bbw big boobs

Je sais déterminer l’amont et l’aval d’un courant. (À suivre)

(une journée comme une autre).zip

Ça faisait longtemps que j’avais pas raconté des conneries corporate.

MyLife.com: J’ai récemment changé de lieu de travail. Je suis toujours chez Brouillis Consulting, filiale de Berniques S.A., en prestation chez Merluchon Corp, sous-traitant de Deus Unlimited. L’ambiance me plaît mieux, mais la fréquence d’évènements boîtaux risque de diminuer fortement. En attendant, voici les trucs top-lol, bizarres et marquants de mon ancien lieu de travail.

Avertissement: Cet article est un récit concentré. Il obéit donc au principe régissant les séries téloche traitant de la vie normale: en 40 minutes, il arrive aux personnages tout ce qu’il vous arrive à vous en une année. L’intérêt de cette astuce étant de bien vous faire prendre conscience que votre vie est médiocre et insipide.

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tchou-tchou, vroum-vroum

Ce matin le train a décidé de tomber en panne. Pourquoi pas. Comme déjà dit dans un précédent article, les transports de la région vomissements. La SNCF organise des grèves régulières locales, pour diverses raisons alchimiques. J’ai toujours ressenti cela comme une agression personnelle. Si c’était une grosse grève nationale, tout le monde serait dans la merde, et ça créerait un sentiment de solidarité entre les « usagers ». Là, c’est que pour moi. Petites piques cruelles qui me sont spécifiquement adressées et dont le reste du monde se fout. (La plupart des merluchoniens prennent la voiture, car ils aiment bien montrer qu’ils sont des grandes personnes.)

Un jour un type s’est pris la tête avec un contrôleur. Je voulais participer mais j’ai jamais pu en placer une. Un contrôleur copain a radiné sa petite gueule de taupe lèche-bite. Il n’avait rien suivi de la conversation, mais s’est tout de même permis de piailler: « oh mais si vous êtes pas content, vous prenez la voiture! » Super. Merci pour la participation.

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Je pense que le contrôleur-copain n’avait pas le droit de dire ça. La SNCF dit: « À nous de vous faire préférer le train », ce qui est l’exact contraire. Quand un employé a un discours opposé à son entreprise, il ne doit pas être en contact avec des clients. Ce n’est pas obligé de le virer, mais la moindre des choses serait de le cacher dans un bureau, ou dans une cave, avec des pénis de singes crus pour seule nourriture.

Il s’est passé des tas d’autres choses toutes pourries avec ces super-contrôleurs, ces super-guichetiers, et ces super-traîne-savates-siffleurs. Je ne veux pas les raconter ici, sinon je vais pleurer. Je pense juste que ce sont des jean-foutres et qu’ils n’ont aucun sens de l’équité. Vous êtes mes problèmes et la source de mes problèmes.

Avant j’avais rien contre les grèves SNCF (il faut dire « mouvement social »). C’est parce que j’étais pas vomissements. Vous connaissez l’expression micro-trottoirienne: « les usagers sont pris en otage »?

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Eh bien moi, ça ne me dérangerait plus de la prononcer. Je ne veux plus les défendre. C’est fini. Peut-être que c’est notre méchant gouvernement qui est le problème et la source de tous ces problèmes. (Hop, petite phrase de gauche pour faire monter le nombre de visiteurs du blog). Mais de toutes façons j’ai pas envie d’y réfléchir.

Après le train, je dois prendre le bus. J’en vois un qui s’apprête à partir. Je cours pour le choper. La conducteuse me fait bien sentir que ça lui arrache la gueule de me rouvrir les portes et tout ça. Puis, je m’aperçois que c’est le bus à contresens.

Que je vous explique: y’a pas un arrêt de bus d’un côté de la rue,et l’autre de l’autre côté. Nan c’est une gare routière et les bus se garent tous dans le même gros pâté. C’est important l’humour, quand on fait de l’aménagement urbain.

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Je dis à la conducteuse que je me suis planté de sens. Elle dit qu’elle veut pas me faire ressortir parce que déjà elle est en retard et exceptionnellement elle m’a fait monter, alors ça va déjà bien comme ça et que j’aurais qu’à descendre au prochain arrêt, ah non mais hein, c’est-y donc pas possible toute cette gabegie, etc. Deux bus de la même ligne nous croisent pendant ce mini-trajet à l’envers. VDM.

En vrai je m’en fous d’arriver super-en-retard, parce que je trouve mon boulot complètement absurde. Mais ça m’énerve quand même. Surtout que toutes ces petites histoires très drôles surviennent aussi au retour et ça j’aime beaucoup moins. Mon temps libre est très précieux, car je n’ai pas le même destin que l’amorphe reste de l’humanité. Je fais des œuvres d’art moi et j’écris des articles.

Achievement unlocked! parvenir à réussir à arriver au boulot

Je fais le dernier bout de chemin avec SuperGeek, croisé là par hasard. Nous avons une conversation classique, mais agréable. En cette période d’hiver, il aime à regarder la neige qui tombe: « Cet espèce d’économiseur d’écran permanent ». Par ailleurs, il se pique parfois de dessiner des smileys géants sur les capots de voiture.

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Je pénètre enfin dans les locaux de Merluchon. Ça m’aura donc pris 1h30 pour parcourir une vingtaine de kilomètres. Belle performance. Mais la SNCF a déjà réussi à me faire faire pire.

Je croise un mélange de collègues et de mi-collègues. Je sais jamais comment je dois doser le bonjouring dans ces situations. Le pire c’est quand tu croises des trois-quart collègues en pleine journée, alors que tu les as pas vus avant, ou quand tu croises un collègue une deuxième fois. C’est un de ces bordel ces codes sociaux. Oh, et sinon, les filles ne font plus la bise à cause de la grippe A. Je m’en suis accommodé sans problème. Tant que cette petite maladie friponne ne m’interdit pas de mater des fesses et des nichons, tout va bien.

chelsea charms

Je jette mon duffel-coat quelque part. Aujourd’hui, j’ai mis ma chemise bleu foncée d’ouvrier-codeur. C’est mon vêtement ironique. Sur ce, j’allume mon n’ordinateur chéri adoré que j’aime.

Germaine-Germaine, la cheffe de pièce, entre dans la pièce. Elle me dit bonjour et me pose discrètement la question: « t’as picolé? » Effectivement, pour une raison qui ne me revient plus en mémoire, hier, j’étais super saoul. Cette dame m’impressionne, elle parvient systématiquement à détecter mes soirées cuite. Non attendez, peut être qu’elle se repère juste par rapport à mon haleine de hamster mort.

Aujourd’hui, c’est mardi, donc c’est croissant. J’en prends un, remercie celui qui les a amenés et vais chercher un café. Après une petite offrande à la déesse-machine, un liquide noir coule de son vagin. J’ai appuyé sur le bouton « pas_de_gobelaid_de_plastik », et j’ai bien pensé à glisser dans son entrejambe ma tasse à moi faite en dur. Si je fais ça, c’est uniquement pour me donner bonne conscience. Allez surtout pas croire que je veuille économiser l’humanité. J’ai tellement envie qu’on se débarrasse de cette grosse bourde et qu’on passe à l’espèce suivante.

Aujourd’hui, c’est lundi. Je sais que dans 10 minutes, je serai pris d’une épique envie de chier. J’ignore ce que fout mon corps, mais à chaque fois, je cague que dalle de tout le week-end et dès le lundi: wouorf ! J’aime à croire que ce phénomène peut être attribué à l’origine psychologique suivante:

Chier est, de toutes façons, un gaspillage de temps. Mais il vaut mieux gâcher du temps de travail que du temps de week-end. Mon boyau à merde s’occupe de lui-même de cette optimisation.

Un téléphone sonne dans le couloir. Les premières notes ressemblent à une chanson de Renaud: « En cloque ». À moins que ce soit « Je suis une bande de jeunes à moi tout seul ». Je hais les sonneries de portables musicales. Le mien fait tubulululup et ça suffit amplement. C’est un téléphone, pas une cantatrice.

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Ah, ça y est. Mon sphincter envoie les premiers signaux d’overflow. Et c’est pas le café que je viens de lui injecter qui va l’aider à bufferizer. Chai pas vous, mais moi le café, ça me dilate le foc. Rassurez-vous, je n’utilise pas cette particularité physique à des fins pernicieuses. Sur ce, je me dirige vers les toilettes.

Les locaux de Merluchon Corp comportent 4 étages, chacun divisé en trois couloirs. Il y a une seule chiotte à caca par couloir. Ça en fait beaucoup, sauf qu’elles sont complètement éparpillées!!! Je vais dans les plus proches. Elle est occupée. Je vais dans celle d’à côté (au passage je dis coucou à la gentille dame de l’accueil). Occupée. Je vais dans celle d’à côté à côté. Occupée. Je monte d’un étage. Ça fait trois fois que la nana de l’accueil me voit passer, je suis sûr qu’elle se fout de ma gueule ou qu’elle me trouve bizarre. J’en suis plus à ça près. Occupée. Occupée. Occupée. Au troisième étage, je trouve enfin une chiotte libre. VDM.

Je chie tout ce que je peux,

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mais je sais bien que dans une heure, il faudra que j’y retourne. Pour une raison inconnue, je n’arrive jamais à tout éjecter en une fois. Peut être qu’il faut du temps à ma merde pour parcourir tout le boyau à.

Je lis la feufeuille décrivant les conseils développement-durable-tendance à appliquer pour économiser l’humanité. Il y en a une sur chaque porte de chaque toilette. Elles sont imprimées en couleur.

Je retourne à mon n’ordinateur que j’aime et démarre le logiciel de mail (dont je tairai la marque, pour pas foutre la honte à Merlu). Mon nom de compte est « Raychèr », avec une faute.

Mon patronyme existe sous trois orthographes différentes. La française : « Réchèr ». L’alsacienne : « Räscherr ». Et la française du 17ème siècle : « Raychayr ». Les gens se plantent tout le temps, et parfois, ils vont même jusqu’à tout mélanger (cf mon compte Outlook) (woups).

Je n’ai pas cherché à corriger ni à signaler l’erreur. À un certain moment de ma vie, j’en ai eu marre de devoir tout le temps préciser comment ça s’écrit. Maintenant, on peut faire ce qu’on veut avec mon nom. Et quand on me demande de l’épeler, je réponds n’importe quoi. Mon but ultime est de négationner son orthographe exacte. Et tant pis si ça fout le bronx pour ceux qui me recherchent dans Google. Ouais y’en a. J’suis connu.

Je me mets à bosser. Faut que j’écrive une dissertation sur la façon dont je compte patcher le logiciel « CUISSEAU ».

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Ce logiciel doit pouvoir lire un fichier de configuration supplémentaire, passé en 11ème paramètre, afin que le traitement qu’il effectue puisse prendre en compte des valeurs supplémentaires de densité moléculaire. Je ne suis pas sûr de l’utilité finale de CUISSEAU. Je crois qu’il permet de télé-upgrader par internet des firmware de puce pilotant des plaques à induction de cuisinières de restaurants. Je m’en fous un peu, en fait.

Radio-moquette: des bruits de couloir me renseignent que l’over-chef de chef de chef de Merluchon va venir ici même, là, aujourd’hui. Pour y faire quoi? Sais pas. De toutes façons je serai certainement cloîtré dans un placard avec interdiction de l’entrapercevoir et comme ça m’intéresse pas, ça tombe bien. En tout cas, ça explique pourquoi Jupette a mis une super-jupette.

La personne de Deus Unlimited ayant commandé le nouveau CUISSEAU s’appelle Monsieur Grillet. A chaque fois que je vois ce nom, je pense au sketch de Chevalier-Laspalès:

Vous voulez quoi? Des to-asts? Des tyost! Des towowoss! DES TOYOSTS! TOSS-WOSS-YOWOSSS! DES TOWOWOYOSSTS! TOOWAABOOOUUNNGGAAAYYOOWWAASSSTTS!!! …………………. Ouais, des tartines grillées quoi.

las pales sketch seul dans la nuit

Comme prévu par mon intérieur, je dois retourner aux toilettes. On va dire que la fois d’avant, j’ai eu beaucoup de chance et je suis allé aux plus proches. Re-coup de bol, elles sont toujours guillerètement libres.

Surprise! La crotte flottante que j’avais eu beaucoup de mal à faire partir la dernière fois est revenue! Elle a certainement remonté le tuyau avec ses petits bras en caca.

Ça me rappelle mon stage de fin d’études. Le chef était ressorti prestement des toilettes avec une mine de dégoût, en demandant à la cantonade qui était le précédent. Tous les autres stagiaires m’avaient montré du doigt. Certes, les chiottes étaient un peu sales, mais j’avais le souvenir très exact d’avoir tout bien nettoyé. Je n’ai jamais compris ce qu’il s’était vraiment passé ce jour-là. Le souvenir me reste gravé comme une cicatrice. Je me sens mal.

Je me masturbe dans les toilettes. (Je ferais peut être un article détaillé sur les différentes variantes de gestes sensationnatoires. avec classification et scores.)

fap fap masturbation demotivational

Je ressors, en vérifiant bien qu’il n’y ait pas de « petit trapéziste de sperme » accroché à ma braguette.

Je finalise ma dissertation et vais voir Germaine-Germaine pour le lui signaler. Elle me répond « bravoooooo!!! » sur un ton de foutage de gueule. Je suis quelque peu interloqué. C’est ma cheffe, donc je suis plus ou moins obligé de lui dire où j’en suis. Je ne viens pas lui annoncer mes exploits pour lui montrer que je suis un surdoué, que j’expecte du triomphe, des honneurs et des petits anges tout nus jouant de la trompette dans ma tête. Mais bon, si elle a besoin de me lancer des quolibets pour se sentir bien, qu’elle s’en donne à cœur joie. Je peux comprendre: je suis payé plus qu’elle alors que j’ai moins d’ancienneté et moins de grade.

Excusez-moi, je suis un peu mauvaise langue. Elle ne me le fait plus le coup du « bravoooo!! » Assez rapidement, elle a compris que j’étais réellement surdoué et qu’elle avait indispensablement besoin de mes lumières pour réussir les projets dont elle est cheffe. Maintenant, elle évite de me titiller la bisque (l’organe psychologique de réception de la moquerie).

C’est l’heure de manger.

/* pause de midi, cas 1 */ pid = fork(); if (pid == 0) {

Le technopôle dans lequel Merluchon s’est implanté a connu un développement trop rapide et tout l’espace vital a été conquis par des entreprises œuvrant dans le secteur NOIR. Le lieu de restauration le plus décent de la zone est une cafétéria, qui profite de sa situation de monopole pour être dégueuchère (et elle a bien raison, après tout).

pain degueu

C’est pourquoi, pour désigner un aménagement territorial de ce type, on préférera parler de « péquenopôle ».

Sur le chemin, je discute avec Underground. Il me raconte que les travailleurs de l’agence Atome-de-Baryum sont des gros asociaux, alors que nous on l’est pas du tout. Ça me fait beaucoup rire.

On entre dans la cafet’. Plateau, verre, couteau, fourchette. J’attrape un mini-morceau de fromage, puis je pose mon bardaf sur le rail.

Des habitués d’une autre entreprise se sustentent à une table. Je les aime bien ceux-là, car ils ont des têtes de geek. Y’a un maigrichon à lunettes mal rasé, un grand à lunettes mal rasé avec une queue de cheval, une nana vraiment SUPER moche avec un corps en fil de fer. Le meilleur, c’est leur chef, un gros à lunettes avec des cheveux longs, arborant systématiquement un T-shirt rien chouette, du genre: « Un clavier azerty en vaut deux », « What you see is what you get », etc.

MS Albuquerque Group 1978

J’aimerais bien travailler avec eux. Mais moi je suis avec des gens normaux, c’est super chiant.

Juste derrière moi, Greumzy se met d’un coup à me gueuler dessus. Apparemment, j’ai failli lui foncer dedans et faire tout renverser son plateau. J’ai pas du tout réalisé à quel moment un tel accident aurait pu se passer. Je lui demande, mais c’est Pompière qui répond à sa place, en disant que « ha ha ha, en plus si tu t’en es pas rendu compte, alors oui c’est pire. » Ok. Merci.

Je ne saurai jamais la vérité sur ce quasi-drame.

En attendant, je suis socialement méga dans la panade. Greumzy est un voisin de pièce. En 6 mois, j’ai parlé 1,5 fois avec lui (si on exclut les bonjour-bonsoir). Un respect silencieux, teinté d’une forte timidité, s’était installé entre nous. Eh bien voilà, la glace est maintenant brisée. Me reste plus qu’à jeter toute ma bouffe par terre, m’enfuir en pleurant, et me prostrer au pied d’un arbre sombre, avec de l’alcool.

La prochaine fois, il prendra un truc comme ça:

plateau magique

J’essaie de faire comme si tout allait bien, et m’avance vers les gâtes-sauce distributeur de graillasse. Le menu est affiché, mais je préfère regarder directement ce qu’il y a dans les bacs.

Je choisis toujours des trucs très simples à manger. Pas de cuisse de poulet à dépiauter, pas de paëlla avec des crevettes à décortiquer, pas de bouts de viande avec du gras à séparer, pas de rôti à moitié cuit super galère à découper, pas de brochettes à démonter. Rien. Interdit toutes ces choses horribles.

J’ai jamais vraiment su manger correctement. Ça a toujours désespéré mes parents. Il paraît aussi que je tiens ma fourchette de manière bizarre. Mais je les emmerde. Le désavantage de pas pouvoir manger des trucs compliqués en société est bien faible par rapport à l’avantage que je les emmerde. J’ai choisi de manger comme ça. C’est l’une des rares choses que j’ai pu choisir, il y a longtemps, et le fait que ce soit un choix absurde n’a aucune importance. Et puis, j’aime vraiment pas le gras. Le pire, c’est les mélange bouts-de-viande + gras noyés dans de la sauce. Impossible de détecter quoi que ce soit. J’essaye de faire le tri, mais à chaque bouchée, j’ai la hantise de tomber sur une de ces saletés de petites sangsues élastiques régurgitogènes.

Concentré sur cette recherche de simplicité et de beauté absolue, j’en viens à demander du porc au gâte-sauce, alors que c’est du veau. Bon, ça c’est pas grave du tout. De toutes façons j’ai jamais su faire la différence entre toutes ces viandes. Qu’est-ce qu’on s’en fout, sérieux.

Je me dirige vers une table. Le placement est super important. Dans la situation actuelle, je dois bien évidemment m’éloigner le plus possible de Greumzy et Pompière. Par chance, il y a une place de libre à la table de Monsieur Vêtement, WikiDisney et leurs amis. Je les aime bien eux, y’a toujours moyen de raconter des grosses conneries qui vont les faire se facepalmer.

facepalm

Ça ne manque pas. Quelques minutes après le « bon appétit » et le début des hostilités, Monsieur Vêtement va chercher une cruchasse d’eau à la fontaine. Il la prend super-froide et rajoute des glaçons. Je lui dit que c’est tellement une chochotte qu’il est même pas foutu de boire son eau sec! Ben oui, il la coupe avec des glaçons! Ha ha ha! Facepalm.

Ça sent le cramé dans toute la cafèt’. On sait pas ce qu’ils ont foutu, mais ils ont dû bien se marrer. Skrüü De Flüü essaie d’oublier le goût de ses nouilles avec une heavy rasquade de tabasco. Candido entretient son régime en ganachant ses haricots d’une pelletée de mayonnaise. J’espionne les gens dans la file d’attente pour repérer la nana avec des nichons d’enfer que je croise de temps en temps. Malheureusement, elle est pas là aujourd’hui.

(image nichon)

Après une dernière remarque à la con (« une cravate, même moche, ça te va toujours bien quand t’es à poil en dessous »), on lève le camp. Je retourne dans ma pièce et retrouve mon copain le n’ordinateur .

/* pause de midi, cas 2 */ } else {

Aujourd’hui, la cafèt’ est fermée pour congés annuels. Dans ma tête, je trouve ça plus drôle de dire que c’est à cause de travaux de réparation, suite à un incendie dans un frigo. (Avec des glaçons).

Les gens se sont éparpillés dans les alentours du péquenopôle pour chasser à manger. Je n’ai jamais trop réussi à savoir où ils allaient, tous. Mais ça m’arrange. Je me retrouve tranquille tout seul, et sors pour aller traîner au hasard des bas-côtés. Le péquenopôle n’est pas doté de trottoir, il y a juste de l’herbe en vrac sur le bord des routes. Mes pas (et quelques panneaux indicateurs) me mènent tout naturellement vers un MacDo.

Comme dit dans un précédent article, je suis pas whizzement fan du MacDo, mais il faut bien leur reconnaître une chose: leur taux de pénétration des coins paumés est des plus impressionnant: Gro[en]land, désert de Gobelie, univers parallèle où les femmes ont trois seins et donc, le péquenopôle de la banlieue de Zogzogunterkirche (Je viens de décider que c’est là que se déroule toute l’histoire).

Rien à dire sur le MacDo en lui-même et les gens que y’a dedans. Tout est très prévisible.

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Je remarque quelques personnes arborant fièrement autour de leur cou leur petit badge d’allégeance à Deus Unlimited. Je sais que c’est du fake. Les vrais gens de Deus ne se déplacent jamais jusqu’à leurs vassaux perdus au fond de la cambrousse. Nan, ils restent cantonnés dans leur forteresse, à Lekkemi’amorsh, et nous convoquent quand bon leur semble. Les gens présents ici ne sont que des hobereaux comme moi, dotés d’un simple badge provisoire d’autorisation d’entrée.

Ma religion personnelle m’oblige à prendre une bière lorsque je mange au MacDo. Mais ils ont cassé leur tireuse ces cons-là. Heureusement, l’un des préceptes de ma religion m’autorise à casser n’importe quel précepte de ma religion. (La connerie à pas faire, c’est de casser le précepte autorisant à casser les préceptes. Ha ha ha).

Bref. Je prends des poutatoze et un sandwich à n’importe-quoi et je me barre. Je mange sur le chemin du retour. Je suis un peu déprimé et triste, sans trop savoir pourquoi. Mais j’aime bien me sentir déprimé et triste. Voilà. Je retourne dans ma pièce et retrouve mon copain le n’ordinateur.

} /* fin pause de midi */

C’est l’après-pause de midi. Je m’octroie, sans aucune honte, mon petit moment de détente casse-brique Alphabounce. Héhé, j’ai récemment chopé l’accélérateur syntrogénique, du coup je joue un peu plus longtemps. Ensuite je me fais un ou deux niveaux de DROD. Avant je jouais à DinoRPG, mais ça me niquait tout mon quota de connexion internet. Et de toutes façons, DROD, c’est 1000 fois mieux.

DROD Cover

Dans la pièce à côté, la tendance est au Counter-Strike. J’entend un type râler parce qu’il perd, tel un gros adolescent débile. Ah merde! Donc on a le droit de faire le gamin nerveux même en société! Putain, ils m’ont vraiment dit n’importe quoi mes parents.

Un téléphone sonne. Personne ne décroche. La sonnerie est redirigée vers l’accueil, mais les jolies hôtesses sont pas là, car c’est l’été et leurs horaires sont un peu plus permissifs (et c’est tant mieux pour elles). La sonnerie devient alors récupérable par n’importe qui, depuis n’importe quel téléphone. Pour bien faire comprendre ce fait absolument génial, une alarme de joueur d’orgue sourd résonne dans tout le couloir. Je déteste ça. Et on y a droit 2-3 fois par jour.

Des fois je laisse couler. Des fois je rouspète. Mais là, je décide de prendre la situation en main et de régler moi-même le problème. Je décroche mon téléphone et tape 88.

– Société Merluchon, bonjour.
– Bonjour, j’aimerais parler à monsieur Machin.
– Il est pas là. Rappelez plus tard.
– Est-ce que vous pourriez lui transmettre un message?
– Non. Je ne sais pas qui c’est.
– Mais vous servez à quelque chose dans cette boîte, vous?
– Oh lui hé! Ce matin j’ai écrit une dissertation et je me suis masturbé qu’une seule fois. Et vous apprendrez, manant, que moi j’ai l’accélérateur syntrogénique. Alors, camembert, ok?
– Tuuuut… Tuuuuut… Tuuuut…

Ça aura été l’un des moments les plus inutiles de ma vie. On m’y reprendra à vouloir régler moi-même des problèmes.

Germaine-Germaine revient de son mangeage. Elle bidouille un peu avec son n’ordinateur. Soudain, je reçois un mail de sa part. Une invitation à son anniversaire!! Je blêmis et tremble des poils pubiens. Un moment social non corporate avec des collègues de travail! Qui plus est, avec sa cheffe!

Je n’ai pas besoin d’inventer d’excuse, car le même week-end, un ami à moi non-virtuel organise une petite fiesta-craquasse pour son départ imminent en Australie du sud. Ouf.

Sérieusement, cet anniversaire, ça aurait été n’importe quoi. Je sais très bien que j’aurais été incapable de me tenir. J’aurais débarqué armé de trois packs de kro, j’aurais lancé un concours de shpockage avec ses objets personnels,

iDrink-Une-iPod-Mania

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ensuite, j’aurais avoué à ses copines que j’aime les gros seins et avec un peu de malchance, j’aurais fini par me battre avec son meilleur ami, suite à une mésentente sur un chronométrage de cul-sec.

Sur ce, ma dissertation n’est pas tout à fait finie, car je dois maintenant faire le chiffrage. C’est le moment le plus critique. Plusieurs forces entrent en jeu:

  • Mon envie de dire que ça va me prendre 2-3 jours de plus que ce que j’estime, afin de me donner une marge de glandage.
  • Mes mauvaises capacités d’évaluation, qui font qu’une tâche me prend toujours quelques jours de plus.
  • Germaine-Germaine, qui regarde mes chiffrages, refuse d’admettre que ça me prendra autant de temps, et diminue le nombre de jours.
  • Deus Unlimited, qui sont les valideurs finaux des chiffrages, et discutent parfois, mais rarement. De toutes façons ils sont pétés de tunes, alors ça ne les dérange pas de nous jeter quelques miettes de plus en pâture. (Fait dont on ne profite pas vraiment, because diminution des chiffrages par la personne citée plus haut).

C’est donc le moment le plus critique, mais la décision se prend à l’arrache, en trente secondes. Je vous montre:

Germaine-Germaine: « ce truc là, ça va pas te prendre 5 jours. Je t’en mets 4. »

Moi: « Bon ben va pour 4. »

Et voilà. C’était super. Après je bosserai dessus, je sais que j’aurais pas mon temps de glandage et avec mes estimations pourries, on risque même de faire du vilain TNF (Temps Non Facturé). Et ça, c’est outrageusement caca-pas-bien.

J’ai bien conscience que, par rapport à d’autres métiers, d’autres entreprises et d’autres salaires, ma situation est plus que correcte. Je pisse du code (c’est ce qui me plaît et ce que je sais faire), on me fout relativement la paix, on ne passe pas derrière mon écran pour m’espionner, l’ordinateur chéri que j’ai est pas trop pourri, les horaires sont plutôt libres et on m’a jamais trop engueulé les quelques fois où j’ai fait du méchant TNF.

Nan le vrai problème, c’est moi et ma désapprobation globale du concept du travail. J’aime bien pisser du code et du texte, mais que pour moi (articles débiles, jeux vidéos, autres conneries…). À part ça, j’aime pas bosser. C’est aussi simple que ça. En vertu de ce principe, j’essaie de maximiser mon temps de glandage pour faire des choses qui me tiennent à cœur.

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Tout mon comportement professionnel est orienté dans ce sens. Je suis toujours en train de calculer dans ma tête combien de temps une tâche va réellement me prendre et combien de glandage cela me permettrait d’obtenir. Car, bien entendu, s’il y a des jours de rab’ par rapport au chiffrage, je me les prends pour moi. Je vais pas les donner en surproduction à l’entreprise. Oui c’est très vilain, mais j’estime que c’est juste. Si je suis suffisamment doué et travailleur pour accomplir quelque chose en moins de temps que prévu, alors le bonus est pour moi.

Je développerai ce sujet de manière plus détaillée dans un autre article. Oui je sais, je dis ça tout le temps. Le temps.

En plus, il y a pleins de petits moments où je bosse pour de vrai, sans que ce soit réellement comptabilisé: répondre à un utilisateur qui n’a aucune idée de ce que fait l’outil qu’il utilise, aider Germaine-Germaine qui s’est vautrée dans une expression régulière, assister à des réunions à la con…

Un autre téléphone portable sonne quelque part. Cette fois-ci, la sonnerie ressemble au début d’une chanson d’Echo Lali: « Les voyages de Léo ». Vous pouvez l’écouter / la télécharger librement (http ://www .jamendo.com/fr/list/a2403/la-valise-aux-mille-voyages).

Sur ce, le chiffrage étant fait, je peux me mettre à bosser sur ce fameux CUISSEAU. Mais surprise, on m’annonce dans l’oreillette qu’il y’a un autre truc à faire en urgence. Je dois relire le document de spécification de l’outil CASTOR. J’en sais pas plus et on s’en fout. Par contre, faut se dépêcher et ne pas y passer plus d’une demi-journée. (ben oui, sinon je pourrais le comptabiliser dans mon rapport d’activités. Ha ha ha).

(image de castor en train de baiser dans une baignoire de coke)

Je chope la spec sur le serveur et commence à me la farcir. Gros problème: hier, j’ai vu un film de James Bond avec un allemand méchant et caricatural. Tout ce que je lis dans ma tête prend maintenant l’accent allemand. « Les tonnées tu fichier Musseau_XX.txt effektuent la korrezpondanz entre l’intex du lapel et l’itentifiant te la karteu ». Difficile de se konzentrer.

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Je me lève pour poser une question à Germaine-Germaine. C’est toujours un moment que je redoute. Pas qu’elle soit méchante, en général, nos échanges restent corrects. Mais à chaque fois, j’ai peur de faire un lapsus tout pourri et de l’appeler « Maman ». C’est déjà arrivé dans ma tête. J’ai peur que ça sorte par inadvertance.

Comme on est jeudi, je reçois un rappel automatique pour la réunion ‘QX’. Prof, le chef de couloir, nous a mis à tous ces alertes hebdomadaires, suite à quelques remarques de la part de la certification qualité, qui trouvait qu’on ne faisait pas ces réunions assez fréquemment. J’appuie sur le bouton « faire disparaître » et continue de bosser sur mon CASTOR.

Mini-fork:

Pour une fois, la réunion QX a réellement lieu. On se retrouve tous dans une salle, Prof galère avec le vidéo-projecteur (tiens c’est marrant, comme les vrais profs à l’école), chacun dit où il en est, Prof note des trucs en bleus/rouge/noir dans son super document Word de suivi des projets, et moi je fais des petits dessins sur mon cahier grand-format-petits-carreaux.

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Ce dessin n’est pas de moi.

 

J’aurais aimé vous les montrer, mais entre temps, j’ai paumé le cahier (tiens c’est marrant, comme quand j’étais à l’école). Pas grave. Je les referai comme si c’était pendant une QX, et vous aurez ça dans un autre article.

Retour à l’instance originelle de notre univers.

Ça fait déjà quelques jours que Germaine-Germaine se galère avec son PC. Elle le trouve super lent. Je suis pas sûr de comprendre comment c’est possible car on produit notre code directement sur les serveurs de Deus Unlimited. En local, on ne fait que des rédactions de document à la con (genre les dissertes) et des visionnements de powerpoint rigolos. Des fois, la connexion vers la forteresse de Lekkemi’amorsh est super défibrillée et c’est clair que c’est lent, voire immobile. Mais un nouveau PC n’arrangera rien. Bon on s’en fout, le passage rigolo, c’est là, tout de suite:

Germaine-Germaine téléphone au Bureau Populaire de Gestion des Équipements Automatiques et explique sa situation à un chef de boîtier: comme quoi que elle peut pas décemment bosser avec la rougnasse dont on l’a affublée, que ça la stresse et tout et tout. Le monsieur fait un télé-examen de son PC et admet sans problème le caractère « rougnasse » de l’objet, mais il ajoute qu’il ne peut pas lui en donner un nouveau, because restrictions de budget imposées par le chef du Bureau Populaire.

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Là, Germaine-Germaine s’énerve et dit au monsieur qu’il se moque d’elle, que c’est n’importe quoi, que lui de toutes façon il a que ça à faire et qu’ils devraient tous être à sa disposition dans ce fichu Bureau. Prof arrive, tente de calmer la situation et demande à Germaine-Germaine de parler plus constructivement avec eux, même si ils peuvent rien faire. Elle part se détendre en allant prier à l’autel de la déesse-machine-à-café.

J’aime bien ces moments-là. Mais globalement, ça me fait quand même un peu chier d’être ici et de bosser. Un spectacle que j’aimerais bien que l’on m’offrît, c’est un collègue quelconque qui pèterait les plombs, débarquerait avec un fusil et menacerait tout le monde. Là je m’imagine en héros. On me verrait planqué derrière un mur couvert d’impact de balle, un téléphone à la main, demandant à la madame de l’accueil de bloquer toutes les issues et de me laisser seul avec ce forcené. Puis je le choperais par surprise, le bloquerais avec une prise de jiu-jitsu, et commencerais à discuter avec lui. Là, il me pleurerait sa détresse, et je le comprendrais du plus profond de mon âme. Finalement, c’est moi qui prendrais le fusil et on partirait ensemble à la conquête de tout le couloir. Ce serait beau.

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Mais y’a rien de tout ça en vrai. Le truc le plus ravageur qu’il s’est passé ici, c’était un exercice d’alarme incendie. Et Braillou qui braille dans son brailloir.

« Nous créons vraiment les drames qui remplissent nos existences. »

(A l’estomac, Chuck Palahniuck)

J’arrête pas de péter sur mon siège car j’ai la chiasse. J’essaye de rester le plus discret possible, mais parfois je rate et le prout s’entend. Je dis « excusez-moi ». Personne ne répond rien. Je suis vraiment une catastrophe. Quand je suis pas là, ils doivent certainement se foutre de ma gueule à ce sujet. Je devrais avoir honte. Tuez-moi.

Germaine-Germaine est revenue et semble calmée. Peine perdue, car son téléphone sonne immédiatement. Elle regarde le numéro appelant, déblatère d’un air colérique: “t’as que ça à faire toi?”, puis décroche.

Il s’agit de DuMoisi, son autre subordonné de pièce (qu’est pas dans la même pièce qu’elle, mais ça c’est à cause d’une crise des bureaux). La pauvre, elle a toujours eu un peu de mal avec DuMoisi. Elle m’a avoué, lors d’un dialogue-thérapie, qu’il arrêtait pas de poser des questions idiotes sur des détails de pinaillage.

Moi j’aime bien quand les gens viennent me voir privativement pour dire du mal d’autres collègues. Ha haha. Je suis le Diable. Je me repaît du mal des autres. Donnez-moi votre haine. Donnez-moi votre haine que je la nourrisse. C’est moi, super faux-cul. Vous allez tous m’aimer, car je valide vos délires personnels de médisance.

Liste d’expressions rigolotes du monde corporate:

  • « ASAP ». je pensais pas qu’on pouvait le dire en vrai, avec la bouche.
  • « La philosophie de quelque chose », pour dire : « le but de quelque chose »
  • « Tu bascules sur CUISSEAU ». oooiiiiiinnnnkkk – cla-cla-cla-cla PONK!
  • « Gagner du périmètre ». lequel? (Largeur + Longueur)*2, ou 2*Pi*Rayon?
  • « Baisse/montée de charge ». Tiens rajoute un condensateur, ça consommera moins.
  • « Monter en compétence ». Je suis pâtissier-tanneur lvl 41. Et toi, tu joues à quoi ?
  • « Après rebouclage en interne ». Ça, en Monde-Réelie, ça veut dire: « j’ai demandé à mon collègue qui s’y connait mieux que moi sur le sujet ».
  • « Baisser la voilure »: non c’est pas un truc d’homosexuel. Pourtant, tout ce qui est voile… (et vapeur).

J’ai fini la relecture de ce CASTOR. Je « bascule sur autre chose ». Je dois décaler tous les numéros de tests dans un script. Je sais plus trop d’où ça sort qu’il faille que je fasse ça. Et pis j’ai plus envie de détailler mes histoires à la noix. Il est vraiment super long cette article. On va s’arrêter là.

Je reprends mon duffel-coat et sors de la pièce. Affichées sur les murs du couloir, les espèces de photos motivationnelles super moches représentant des puces électroniques et des lave-vaisselle me font des clins d’œil goguenards. Bon camarade, je leur réponds d’un hochement d’esprit, très « second degré ».

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J’aurais pas pu glander une seule seconde aujourd’hui, à cause des farces de la SNCF, des chiffrages amputés et des petits travaux surprises qu’on me demande de faire à l’arrache. Ça m’énerve. Mais c’est pas le moment de s’énerver. Là je dois stresser à me demander combien de temps de retard ça va me prendre pour faire le trajet de retour.

bye 0

Raffinement et Passion

Si vous avez manqué le début: https://recher.wordpress.com/2008/11/09/jannonce/

Muni d’une goûter mou aux amandes et d’une Leffe simple, je m’enfonce dans le gouffre du métro. Je recontrôle une dernière fois mes poches. Je me suis armé de deux stylos et trois feuilles de papier, afin de maximiser mes chances de noter mes impressions, même dans l’état le plus d’ébriété possible. La pluie tombe sur la nuit qui tombe aussi, à moins que ce soit le contraire.

L’hippodrome de Munchäusen est loin de la ville, je dois finir à pied. Sur les hauteurs, un balcon beauf hurle ses décorations de Noël gnognotantes. Du bleu et du rouge. Ça me fait penser à une animation que j’avais codée en Turbo Pascal il y a longtemps. Deux plasmas qui se superposaient, et se réactualisaient alternativement. Tout ça en 256 couleurs, c’était quelque chose. Faudra que je vous le ressorte à l’occasion. La pluie redouble de violence, puis re-redouble de violence. Fichu météo exponentielle. Je m’enfonce mon bonnet sur la gueule et hâte le pas.

Pour info je commence assez souvent mes résumés avec une atmosphère sombre-glauque-polar. Malheureusement je tiens pas le style, et ça se termine toujours dans une ambiance rose-légère-alcool-psychédélique-barbapapa.
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Là. C’est à ce moment là où ça plante.

Je retrouve Cheveux, ma collègue dont je suis censé être « l’accompagnateur ». Des types à l’entrée nous donnent deux petites feufeuilles pour faire joujou à parier sur les courses de chevals (et m’emmerdez pas).

Sauf qu’on ne parie pas sur des chevals ni des jockeys, mais sur les agences de Merluchon (c’est le nom scientifique pour dire « comté ». Rappelez-vous, mon chef de comté c’est Braillou). Il y a la mienne: atome-de-Calcium, et j’en profite pour découvrir les noms des autres, que je ne connaissais bien évidemment pas: atome-d-Aluminium, atome-de-Baryum, et atome-de-Doigtium. La course de cheval se nomme, à triste titre « Prix agence tous risques ».

Pour la deuxième course, fi des comtés: on peut parier sur « OCB », « 118 712 », « TMA team » ou « Bingalor » (chassez le naturiste, il revient au bingalor). Elle s’intitule « prix Blair witch project ». Pas compris pourquoi. Vraiment. Y’a des fois je fais semblant de rien piger, pour accentuer mon côté: « je suis un artiste tellement pur, qui voyage tellement dans mon propre univers, que le monde des humains m’est totalement étranger ». Mais là je suis sincère, j’ai vraiment pas saisi l’astuce.

L’avantage, c’est que je gagne un stylo supplémentaire, fourni gracieusement par eux. Je laisse mon duffel-coat au vestiaire, et monte des escaliers. Là, une nana avec des nichons énormes me dirige vers le bouffet, tandis qu’une autre avec des nichons normaux me met un verre de ponche dans la main. Je suis dans la place. Même que wesh wesh yo.

Je discutaille avec Underground, qui pour l’instant n’a aucune raison de s’appeler comme ça mais vous verrez plus tard. Un serveur vient pas-discrètement poser une carte de visite publicitaire de sa piache-boufferie. Le slogan est: « Raffinement et Passion ». self.setTitle(carte_de_visite.slogan)

Raffinement

et Passion

C’est toujours très classe les couples de mots séparés par la conjonction de coordination « et ». Ça me fait penser qu’à une époque, je voulais orner mon blog de la devise: « Poésie et Violence ». Mais c’était un peu trop pompeux et j’ai préféré le « Si j’étais pas là y’a rien qui marcherait » que vous connaissez. Et pis je suis pas si violent que ça en fait.

La vue sur l’hippodrome nous offre des affiches publicitaires: « Le défi du galop ». Je vois pas en quoi c’est un défi. Plus intéressante est la vue opposée: un écran plasma affichant des plasmas, bien plus améliorés que ceux que je faisais à l’époque. J’ai paumé les nichons précédents. Mais c’est pas grave, y’a des toasts foie gras.

Le moment où je me dis que « Raffinement et Passion » font pas dans la taffiotade, c’est quand les serveurs se déplacent dans la foule pour venir nous apporter la bouffaille! Ah joie! Ce feature est toujours appréciable, même pour un homme doté de nombreuses années d’expérience en pillage de soirée dînatoire (médaille d’or de la main-tentacule, troisième dan de crampon fixe, champion régional du doublé « soutenage de verre & assiette + mangeage de petits fours sans rien renverser »).

Un serveur à lunettes erre tout perdu, les mains encombrées d’un plat sur lequel reste le dernier toast oeuf-de-caille de la politesse. N’écoutant que ma bonhomie naturelle, je le débarrasse.

L’autre moment où je me dis que je suis bien bonhomme, c’est quand je vois tout le monde poser son verre vide n’importe où. C’est pas très gentil pour les vaisseliers. Moi quand mon verre est vide, je le pleins, et comme ça j’en salis qu’un seul. Vive moi.

Je croise Karo, habillée d’un short à carreaux avec un collant en-dessous. J’adore la mode.

<disgression: Scott Adams, l’auteur de Dilbert, dit: « rien ne définit plus l’humain que sa capacité à effectuer des actions complètement absurdes pour obtenir des résultats totalement improbables. C’est ce principe qui anime les rendez-vous galants, la religion et la loterie ». Et c’est vrai. Mais j’aimerais bien connaître le principe humain qui anime la mode. C’est peut être plus ou moins le même.>

Nos regards se croisent durant une milli-seconde suffisamment longue pour que s’installe une gêne, qu’il serait préférable de combler immédiatement avec une quelconque action de contenance. Karo est plutôt réactive en ce qui concerne les interactions sociales, et elle me dit « Bonjour ». Mais elle se ravise ensuite et me dit « Euh non. Salut! Oula, je fait même plus attention à qui je parle!  » Et je trouve ça plutôt flatteur en fait.

Pour tout vous expliquer, Karo lie très peu de contacts avec les gens. Soit elle est super prétentieuse et méprise tout le monde du haut de sa grande beauté, parce que c’est quand même une top-model mexicaine. Soit elle est super timide et n’ose pas approcher les gens, parce que quand on est une top-model mexicaine vaut mieux pas trop se faire remarquer dans une entreprise garnie de gras geeks zombis aux yeux injectés de sang, qui rôdent dans les couloirs en maugréant « giiiiiirrrrllllzzzzzz!!!!!! ».

Ah tiens à propos de top-model mexicaine :
big tijuana hookers
(Même si c’est pas le même style de top-modelisme)

Bref. Là elle m’a dit « Salut » au lieu de « Bonjour », donc elle considère qu’on a une relation sociale de niveau « pote » et ça fait plutôt plaisir.

L’autre moment socialement bizarre c’est quand un mec dont je connais pas le nom me croise et me dit « Salut ça va? », en ajoutant mon vrai nom dans la phrase. Ouaou, je suis donc si tant une vedette que ça? Oh comme c’est bon. Plongez mon ego dans une piscine de miel. Oh oui.

Au détour d’un autre ponche, je discute avec Underground et Rose. Un serveur à haut drop-rate de toasts foie gras spawne à proximité. On se le tanke à trois. C’est là que survient un bon vieux bide comme j’aime bien, d’autant plus rigolo que cette fois c’est pas moi. Conversation entre Underground et Rose :

– Ah moi j’aime pas du tout ça le foie gras. Pfou là là. Comment que j’aime pas ça, c’est hallucinant.
– Yess, je viens de looter quelques items au serveur. Qui n’en veut?
– Ah ça m’intéresse, file m’en un, steu plaît.
– Mais tu viens de dire que t’aimais pas le foie gras.
– Nan mais c’était ironique
– Ah d’accord. Donc là en fait je viens de complètement faire planter le moment « ha!ha!ha! » de la conversation.
– Voilà, oui.
– Désolée.

On remarquera le total avouage du super-bide à la fin du dialogue, ce qui permet à Rose de s’en tirer à fort bon compte, par une action du type « On se sent tellement bien entre nous qu’on a même plus besoin de cacher nos petits foirages, ça ne nous gêne plus. ho ho ho. Comment qu’on a trop bien brisé la glace. »

J’aime la glace.

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Vu qu’on parle de gastronomie richiste , on glisse inévitablement vers le sujet de rigueur: le caviar. Mais on est pas assez riche pour en discuter assez longtemps, alors ça dévie vers les oeufs de lompe. Soudain, dans le Monde Des Idées, une rigolote petite illumination vient poker mon esprit. J’énonce alors solennellement: « manger des oeufs de lompe, c’est un peu comme claquer du papier bulle avec sa langue ». Je suis plutôt fier de cette phrase.

Les plats à petits fours sont presque vides, on va très rapidement switcher vers le style de bouffe suivant. Je me dépêche de finir ce qu’il reste.

Une voix s’élève dans les haut-parleurs, c’est notre animateur trop délire gaule à donf’. Il nous présente le déroulement de la soirée: ceux qui parieront sur la bonne agence-comté gagneront « un petit lot surprise ». Ça c’est chouette. Il ajoute que pendant les courses, nous ne devons pas parler, afin de respecter la solennité du moment. Quand les chevals passeront devant nous, on aura le droit de crier et de hurler, mais seulement quand il nous l’autorisera. Ensuite, il nous annonce qu’il va nous annoncer les résultats du graaaaaannnnnd tirage au sort magique, qui permettra à 4 immmeeennnnses chanceux d’entre nous de monter avec le jockey pour « driver » une chariotte. la plupart des inscrits retient son souffle. Vu la merde qui tombe du ciel, ils n’ont pas envie de se retrouver à caracoler dehors dans la boue. Moi j’m’en fous, je me suis pas inscrit à ce truc. D’ailleurs j’en avais surement pas le droit, vu que je suis que accompagnateur. L’animateur énonce des noms que je ne connais pas. Il y a plein de Philippe.

Il faut donner les petits papiers des paris de cette première course. Je suis un mec bien et je vote pour Atome-de-Calcium, puis je vais redemander un verre de ponche.

L’animateur trop délire nous fait le pedigree des chevaux. Y’en a un qui s’est blessé deux fois, une qu’a jamais rien gagné, un qu’a été disqualifiée 3 fois en 4 courses parce qu’il est parti en galop alors que c’est interdit, et le quatrième était positif au dernier contrôle de dopage. Bref, on sent qu’ils nous on refilé des vieilles carnes.

Barry Trotter et le cheval mort

L’animateur ajoute que pendant les courses, nous ne devons pas parler, afin de respecter la solennité du moment. Quand les chevals passeront devant nous, on aura le droit de crier et de hurler, mais seulement quand il nous l’autorisera.

J’avais vu quelques obstacles rigolos sur le circuit, j’aurais trouvé ça cool de voir des sauts. Mais non. Un cheval qui traîne une charriotte ça peut difficilement sauter. Et il semblerait que ça ne fasse pas non plus de galop. L’animateur nous explique à plusieurs reprises que la course de trot n’est pas une démarche naturelle, et c’est ça toute la beauté de l’épreuve: réussir à « driver » le cheval pour pas qu’il parte en cacahouète.

On va donc assister à des courses de chevaux frustrés. Ça promet d’être un « Instant féérique et époustouflant ». On nous amène des paniers de charcuterie à découper soi-même. Je suis pas fan, mais c’est gratuit. Jupette attrape une saucisse géante et commence à faire la conne avec. Sacré Jupette.

L’animateur trop délire revient à la charge. « Comment ça va tout le moooooonde????? » Bien évidemment personne ne répond. Je risque un petit « allez Jean-Pierre!! » histoire de me foutre de sa gueule. On me dit qu’il s’appelle Jean-Paul. Je pique des croutons de pain.

Après son magistral fail dans sa tentative de mettage d’ambiance, ledit Jean-Paul nous offre ses pronostics sur la course, et en profite pour chambrer ceux qui ont parié sur les mauvais chevals. Sympa. Son pronostic de merde il le garde. Ou alors il nous dit tout ça avant qu’on fasse les paris. Il ajoute que pendant les courses, nous ne devons pas parler, afin de respecter la solennité du moment. Quand les chevals passeront devant nous, on aura le droit de crier et de hurler, mais seulement quand il nous l’autorisera.

La bouffasse a switché pour des mini-coupelles de trucs divers, et des shooters de légumes en gelée. Long-pif m’explique ironiquement que c’est de la bouffe pour chien. Ha ha ha. Il dit ça parce qu’il s’est fait mordre la gueule par un clebs y’a 2 semaines, et qu’il a gagné deux jours d’arrêt de travail. Je hais les chiens. J’ai mes traumatismes, je fais avec. Mais vraiment, je hais les chiens.

Ah, au fait, dans le monde fabuleux de la jockeyerie, « driver » se prononce « driver », et non pas « draïver ». Parce qu’on a la classe nous monsieur. Oui. On n’est pas comme ces rustres de la Formule 1. (Je hais la Formule 1). Et quand on veut dire « un jockey avec une casquette à carreaux » on dit « un jockey avec une casquette écartelée ». Ça doit faire mal. Je pense à Ravaillac.

Comme Long-pif et sa copine personnelle sont campés devant un spot de bouffe, je suis obligé de continuer la conversation. Il m’apprend que certains Merluchoniens sont toujours à bosser, en ce moment même, car ils doivent livrer un truc aujourd’hui. Ça me dégoûte. Mais ça pourrait être pire, ça pourrait être moi.

La course commence. Je vois que d’alle car y’a plein de gens devant les fenêtres, qui font le non-silence. Un peu plus loin, des gens font la queue à un stand de distribution de foie gras découpé à la main par un vrai ouvrier, honnête, travailleur et sans casier judiciaire. J’y vais. On peut ajouter du sel ou de la confiture. C’est ça la magie du foie gras.

L’animateur trop délire fait des trop délire blagues, du genre: « ah, il a crevé ses deux roues ». (Là, pour l’équilibre du paragraphe, je devrais écrire une deuxième de ses blagues. Mais j’en ai plus. Je crois que mon cerveau a enterré ce passage de ma vie). Le moment vraiment rigolo ça a été quand l’un des chevals est parti en sens inverse. Surement qu’il en avait marre et qu’il voulait, lui aussi, se taper du foie-gras-confiture-saucisse-ponche. Tout le monde continue de parler normalement quand l’animateur nous dit de hurler et d’applaudir.

L’ouvrier au foie gras se retourne pour regarder la course. Je me dis que je pourrais lui voler son morceau de barbaque et me barrer en courant. Ça ferait un truc vraiment génial à raconter dans mon blog. Mon double maléfique me hurle « Vas-y, fais-le! Tu es obligé! Tu DOIS faire quelque chose d’exceptionnel ce soir! Sinon tu n’auras rien à raconter dans ton blog, et tu ne gagneras jamais de lecteurs. Fais-le! MAINTENANT! »

J’arrive à le faire taire avec un verre de ponche et demi.

Après je suis dans une espèce de conversation, enfin je crois. Un mec demande: « Il est pas là, Braillou? » et un autre mec répond: « Bien sûr que non! C’est une soirée pour prolétaire. » Et c’est vrai. Ça aurait fait bizarre de le voir ici, c’est pas compatible avec sa caste.

Je repère un deuxième stand de foie gras, avec personne derrière. Je m’en découpe une tranchette quand une vieille nana-ouvrière se pointe et me dit que non, c’est elle qui découpe. Moi j’ai pas le droit. Ce petit instant d’impolitesse sociale me fait beaucoup rire. La nana a essayé de me faire culpabiliser alors que c’est de SA faute. Si elle veut pas qu’on pioche dans son putain de bout de gras, elle a qu’à camper à côté et le garder sérieusement, au lieu d’aller draguer le jeune serveur éphèbe d’à côté, (qui se trouve être un noir en-dessous de sa peau blanche, le petit fripon).

Les heureux tirés au sort sont revenus (après une bonne douche) et l’animateur trop délire demande ses impressions à l’un des Phillipes.Celui-ci explique qu’il aimerait être un petit poisson qui vole dans les airs, avec des sandwichs au ricard, que les êtres mignons et malicieux du Monde Des Idées vont bientôt proclamer une déclaration d’impédance (Z), que les fleurs qui gambadent dans les meta-fleurs sont vraiment très jolies, et lorsque le feu sacré de nos souvenirs fera revivre les poupées de chiffons qui nous servent de personnages de jeux vidéos, alors enfin, nous pourrons rire, danser au milieu des rues, et faire orgasmer de joie nos guitares héroes. Puis le Phillipe s’évanouit dans une gerbe de lumière et de sourire, en nous souhaitant adieu, et en chantant que nous n’avons absolument rien à craindre car nous ne sommes qu’un mini-soubresaut de bizarrisme dans le non-déroulement temporel du cosmos. Ding!

Dans un dernier baroud, mon double maléfique intégré me souffle de prendre le micro des mains du mec et de hurler « À POIL!! ». Y’a plus de ponche, alors je commute vers le vin rouge. Les serveurs jettent les petits fours desserts en pâture à la foule en liesse. C’est la curée.

La deuxième course, je vous la raconte pas. C’est plus ou moins tout pareil, sauf que je m’en souviens moins bien parce que je commençais à être mi-saoul. Pour la feufeuille de pari, j’ai inscrit « votre histoire, ainsi qu’une tache de gras » (en entourant au stylo une tache de gras qui se trouvait là), et j’ai signé « Réchèr ».

Sans rentrer dans les détails, voici les autres moments rigolos:

– L’animateur trop délire demande successivement qui a parié pour qui. Y’a 2,5 personnes qui lèvent le doigt à chaque fois. L’ambiance est de folie.

– L’animateur trop délire dit « chhhhhhhtttt!!! S’il vous plaît! ». Ça, c’est drôle! Ça, ça fait une ambiance de folie! Ouais! J’adore.

– Jupette attrape une crotte géante séchée décorative et la lance sur un mec. Mais personne ne lui répond. Je me cache discrètement derrière un gros poteau et je la snipe avec une autre crotte. Elle se la prend de plein fouet dans l’épaule, et ne repère même pas que c’est moi. Je suis trop fort. Glouglou.

– Je gueule quand même « à poil » lors d’une demande d’applaudissement de l’animateur. J’ai pas pu m’en empêcher. En tout cas ça a libéré un peu de place autour de moi. Des gens ont eu peur.

Pour finir, c’est la distribution des « petits lots surprises » à ceux qui ont bien parié. J’ai pas gagné, mais j’aimerais bien savoir ce que c’est. Eh bien en fait il y a eu re-tirage au sort parmi les bons parieurs, et 4 d’entre eux ont gagné une coupe en plastique de supermarché. (Vous vous souvenez les coupes que vous gagniez à l’école primaire, lors de vos compétitions de judo/basket/foot/GRS/balle au prisonnier? Eh ben moi j’en ai jamais eu).

day of the tentacle mummy

Je me pose des questions sur la rentabilité de cette soirée corporate. Sur 400 personnes, 12 ont pu avoir quelque chose d’un peu spécial, par tirage au sort plus ou moins aléatoire. Les autres ont eu le cocktail habituel: bouffe-alcool-soirée dansante (on va y venir). Personnellement je m’en contente tout à fait. Surtout que j’ai pas à la ramener vu que je suis que « accompagnateur ». Ah, et tous ces tirages au sort se sont fait sous l’oeil de l’huissier Maître Tripatoul. Heureusement, sinon on aurait tous essayé de soudoyer le tireur au sort.

J’erre au milieu de tout le monde, mon verre à la main. J’ai l’idée d’une chanson rigolote, reprise de Renan Luce: « Au corporate circus ». Faudrait que je réfléchisse à des paroles sympas.

Alors que je suis debout les yeux dans le vague à dodeliner de la tête, Pompière se pointe et cherche son ticket de vestiaire sur la table d’à côté. Quand elle le récupère sous un gros tas de fringues, je fais la blague nulle de rigueur: « Ah si j’avais su j’aurais pu partir avec un super manteau ». Là elle est un peu coincée: pour pas faire de scandale social, elle est obligée de faire semblant de trouver ça drôle. Alors au moment de partir, elle se retourne vers moi en souriant. Ha ha. OK. C’est validé.

Et là, je sais pas ce qu’il lui prend, elle continue son chemin vers la sortie et se retourne UNE DEUXIEME FOIS! Scsdkxvnwghhggaaaa??? Nan mais ça va bien oui? Elle est amoureuse de moi ou quoi? J’hésite à porter plainte pour harcèlement. Et finalement, je préfère me réfugier aux toilettes, les yeux grelottant de frayeur.

ChouGras me suit dans les toilettes. Je commence à avoir vraiment peur. Je m’en tire pas trop mal en énonçant 2-3 banalités de contenance sociale. (Je trouve intelligemment un sujet au sujet des toilettes).

Je me remets de mes émotions dans les te-chio, quand soudain quelqu’un toquetoque à la porte. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous d’un seul coup à vouloir de mon corps? C’est l’alcool qui leur fait ça, ou les hormones de cheval? Je veux pas me faire déchirer en lambeaux par une bande lubrique de salariés-vampires. Bordel! Sortez-moi de là! Au secours!

Je reste prostré dans les toilettes au moins 5 minutes, le temps de finir mon verre. Je sors discrètement. Tout à l’air calme. Un peu trop. La salle de bouffe se vide progressivement. Le flot des gens s’écoule vers la soirée dansante. Bon, la musique agressive et les flash lumineux à répétition vont certainement calmer leurs ardeurs violenteuses. Je prends un dernier verre et je suis la foule. Blablabla se remet les cheveux en place en se regardant dans un reflet de fenêtre. (Son vrai nom c’est Blablablabla-Blablablabla-Blablablabla-Blablablabla mais elle préfère qu’on utilise son diminutif).

Et pendant que j’y suis, l’autre s’appelle ChouGras parce qu’il ressemble à Chouchou, un pote à moi. La différence, c’est que ChouGras est tellement gras du cou qu’on distingue même pas la limite. C’est fun.

2848755373_9d6eb2e99d choux gras

Là ça commence à devenir flou. Tout ce dont je me rends compte c’est qu’on est passé aux alcools forts, mais faut les payer. Alors je paye. Ça danse de partout. Il y a plein de vieilles habillées comme des jeunes, ce que j’apprécie bien (En tant que jeune habillé comme un vieux). Grand-Echalas tape dans ses mains toutes les 0,5 secondes, et je suis suffisamment saoul pour pas me rendre compte qu’il est pas en rythme. Son ridicule achevé me donne le droit d’être ridicule moi aussi. Je me pose au milieu de la piste avec mon verre et je commence doucement à m’endormir debout. J’aime bien ce sentiment d’abandon. Il est même pas minuit et je suis déjà en train de tomber.

Il se passe plein de temps, et la salle se vide petit à petit. Il va falloir rentrer, accompagné de la pluie. Je compte bien en profiter jusqu’au bout, alors je danse des slows avec la gérante-nichons. Son opulente poitrine me caresse le torse. Youpi.

2964478877_fab992e367 nichons géants

Underground qui est toujours là me propose d’aller dans une autre soirée, à Schleswigheim. Je lui dis que je suis mort. Il me dit que ça va être génial et qu’il peut m’emmener en voiture et que de toutes façons je peux pas rentrer chez moi comme ça. Je me dis: soyons fou.

Il m’emmène en voiture, je m’endors pendant le trajet.

On arrive à un endroit que je connais pas, d’un style underground et en métal, comme de bien entendu. On paye 10 euros chacun et on entre. La musique fait boum-boum, je m’endors debout sur place. Puis il me dit qu’on ferait mieux de repartir.

Il me ramène, je m’endors pendant le trajet. Finalement, il me drope pas trop loin de chez moi. Je le remercie et je rentre. Une bien bonne soirée dans l’ensemble. Le lendemain je rate mon train.

Debriefing

Lundi suivant, je retrouve Cheveux et Blablabla, en train de discuter. Cheveux me dit que j’étais bourré et que j’ai passé une bonne partie de la soirée à tourner autour d’un poteau. C’est pas vrai du tout. C’est quand je m’étais planqué derrière pour sniper Jupette. Je me suis pas mis à virevolter autour comme une drag-queen. Font chier les gens à dire n’importe quoi.

Blablabla ajoute que la musique était vraiment pourrie. Elle a essayé de négocier avec le DidJi, mais il a rien voulu entendre (C’est un comble, ha ha). Le clou négatif de la soirée a été, selon elle, Annie Cordy avec Tata Yoyo. Ça, pour le coup, je m’en souvenais pas. Dommage. J’imagine que le DidJi devait tous nous prendre pour des vieux. Et ça c’est bon ça. J’aimerais bien être vieux en fait.

Et apparemment, les mecs qui étaient restés bosser pour livrer leur truc ont pu débarquer à la soirée vers 23h30. Congrats!