Événement corporate : l’Ovuliaire 2019

Préambule (de savon) : l’entreprise qui m’emploie a retravaillé son nom. « ConcreteWorld.🌏 », avec un point, ça faisait bizarre, car on avait parfois l’impression que c’était un point de fin de phrase, alors que c’est un point genre comme ceux des urls. Du coup, elle se nomme maintenant « ConcreteWorld-🌏 », avec un tiret. Je rappelle que le caractère final se prononce « 1F30D ».

L’entreprise a également retravaillé le nom de son gros événement corporate annuel. « le Semencinaire » dont je vous avais narré le déroulement s’intitule maintenant « l’Ovuliaire », par souci d’écriture inclusive.

Les présentations-blablatages

Au programme, point de Corporate Bullshiste ni de jeu de la multi-biscotte. Juste des présentations sous forme de cours magistraux, dans un amphithéâtre avec des tablettes repose-bloc-notes, parfaites pour réaliser des petits dessins.

Initialisation des cours avec la présentation de notre MegaChef. Au fait, ce monsieur a maintenant un nom : MegaChef En-Même-Temps. C’est d’un macronisme totalement assumé.

Explication : un MegaChef a intrinsèquement tendance à pousser ses employés à travailler au taquet. Cependant, ce serait trop frontal de dire « finissez-moi ce projet en deux fois moins de temps que nécessaire », or, comme il y a toujours des tonnes de projet à faire, sa solution à lui consiste à dire « finissez-moi le projet A en un temps normal, et ‘en même temps’ finissez-moi aussi le projet B en un temps normal ». L’incitation à mettre les bouchées doubles est toujours présente, mais un peu plus subtilement. Ça lui apporte également l’avantage de ne pas avoir besoin de prioriser les projets. Ils ont tous la priorité « super-haute, à faire en même temps ».

Cela dit, ce genre d’injonction n’a que peu d’implications sur moi, puisque je ne suis pas directement sous ses ordres. Mes chefs directs ont divers défauts, comme tout le monde, mais les incitations subliminales à travailler n’importe comment n’en font pas trop partie.

Rien de spécial à dire sur la présentation d’initialisation. On passe à celle de Colléguette PositiveAttitude, la nana du marketing.

Elle demande à la cantonnade si nous serions en mesure de citer une phrase d’un livre qui nous aurait marqué. Mon cerveau en trouve deux :

Les rats sont les seuls créatures véritablement underground. (Charles Bukowski, Journal d’un vieux dégueulasse).

La sexualité est un système de hiérarchie sociale. (Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte).

Mais je n’ose me manifester pour les énoncer. Personne d’autres ne moufte, à croire que nous avons tous les mêmes lectures.

Ensuite, elle redemande à la cantonnade une citation d’un film. Des phrases de Fight Club, ainsi que le « Tu te masturbais ? » de American Beauty me viennent à l’esprit. Collègue TuLaBoucles me devance, et sors la phrase à la con de Forrest Gump : « la vie c’est comme une boîte de mon cul sur la commode ».

American Beauty, excellent film.

Colléguette PositiveAttitude nous explique alors que cette petite démonstration est la preuve que nous nous souvenons plus facilement d’images et de sons que de textes. Waouw. Impressionnant.

Sauf que c’est complètement biaisé. N’importe quel charlatan de spectacle de rue sait très bien qu’un public ne réagit jamais à une première harangue, et qu’il faut la répéter. D’où la fameuse technique du « Est-ce que ça va ? Je n’ai pas bien entendu ! EST-CE QUE ÇAAAA VAAAAAA ?? ». De plus, la recherche de souvenir est un mécanisme que le cerveau met un petit temps à déclencher. Il est donc normal que les informations ressortent plus nombreuses à la deuxième sollicitation.

Si elle nous avait demandé d’abord une citation de film, puis une citation de livre, on aurait répondu uniquement aux livres et sa démonstration nounouille se serait vautrée.

Pour finir, elle nous parle de l’infobésité, un concept intéressant même s’il n’est pas spécialement nouveau.

C’est le moment de la récréation, avec bâffrage croissant-confiture-café. Cool.

Collègue Pez s’approche de Collègue TuLaBoucles. Les deux se sont récemment fâchés à cause d’un truc à la con, qui ne mérite même pas d’être raconté ici.

− On se serre la main ou pas ?

− Ben non. Tu peux pas faire comme s’il s’était rien passé.

− OK. Alors tu la boucles.

Et c’est comme ça que Collègue TuLaBoucles s’est appelé « Collègue TuLaBoucles ».

Sur ce, il faut retourner en cours.

Étrangement, aucun power-point n’est doté d’une image ou d’une animation d’engrenages mal foutus et ostensiblement non fonctionnels. Nous avons juste droit à une sorte d’atomium-planète avec des petits machins gravitant autour. Je suis déçu.

C’est pas une gif, mais c’est déjà un atomium.

Chef Nightwish nous autorise à dire « ooooooh, c’est mignooooon » durant sa présentation, car il l’a ponctuée de photos de chats.

Chef Nightwish s’appelle ainsi car c’est un fan du groupe éponyme. Draxxx, le métalleux attitré de feu le magasine 42 détestait Nightwish. C’est assez rigolo. Il semble que ce groupe soit controversé. Bon, supposons que je veuille être un métalleux conventionnel, je devrais dire que j’aime ou que je déteste Nightwish ? Oh on s’en fout. En tout cas, « c’est mignooooon ».

Grâce aux efforts continus d’innovation et de recherche, la technologie évolue progressivement, et les supports de cours ont pu ne pas être exclusivement constitués de powères-pointt. Une petite vidéo sympa nous est dispensée, montrant des collègues répondant à des questions existentielles comme « qu’est-ce qui vous plaît à ConcreteWorld-🌏 », « que voudriez-vous changer ? », etc.

Certains collègues sont interviewés par deux. Ils se répondent l’un l’autre, sur un ton inhabituel et chargé de non-sens. Ça fait très Kaamelott.

Cette journée est tellement fofolle en terme d’innovation post-power-points que nous avons droit à un quizz ! En effet, le compte-rendu de l’Action Bisounours nous a été restitué sous ce formalisme.

Explication : l’Action Bisounours est un badge social-et-sociétal, comme une norme ISO-truc, garantissant qu’une entreprise agit de manière gentillounette avec ses parties prenantes : clients, employés, fournisseurs, etc.

Le quizz comportait des questions telles que : « l’Action Bisounours définit-elle un indice de visibilité de minorité, permettant de savoir, par exemple, si les Noirs seraient plus discriminés ou moins discriminés que les Mormons, les Jeunes ou les Gauchers ? ». La bonne réponse était « Non, bien sûr. Les humains sont tous différents et tous égaux, sauf l’empereur Néron qui était vraiment un superconnard. »

Un smartphone était nécessaire pour participer au quizz, ce que je ne possède pas. On nous avait demandé de prévenir à l’avance si nous étions dans ce cas, afin de mettre en place des smartphones de secours. J’avais prévu de m’en tamponner complet. Malheureusement, le nombre d’inscrits s’affichait publiquement et en temps réel. Collèguette Choucroute, l’une des organisatrices, attendait de pied ferme que celui-ci corresponde au nombre de gens dans l’amphi. J’ai donc demandé un smartphone à l’arrache et je me suis fait gronder. Je suis un Boulet (indice de visibilité de minorité : 42%).

Je m’inscrit sous le pseudo « ‘;drop database », histoire de tenter une injection SQL et d’amuser la galerie. La galerie a été amusée. Youpi.

C’est Mascotte À-Fleurs qui claque le meilleur score. Bravo à lui. Il s’appelle ainsi parce qu’il met parfois un splendide pantalon bizarre avec des fleurs dessus. Son titre de noblesse est ‘Mascotte’ et non pas ‘Collègue’, vous avez compris pourquoi.

Il gagne un cadeau-surprise en différé, qui lui sera offert au prochain goûter corporate. Spoiler Alert : le cadeau-surprise est un bonnet en forme de Bisounours.

Vient ensuite la correction du quizz. Colléguette Choucroute explique chaque bonne réponse en débutant toutes ses phrases par « effectivement ». Il y a du brouhaha. Elle nous rappelle régulièrement à l’ordre comme si nous étions des petits-enfants-bisounours.

La suite de la journée se déroule classiquement. En résumé :

  • Un autre quizz, sur le sujet « les gens de la Bizness Iounite ‘Protection de la Réalité' ». Cool.
  • Réalisation de deux magnifiques dessins grâce à la tablette repose-bloc-notes. Je vous les montrerai dans un prochain article, afin de séparer les catégories blogales « dessin » et « univers fascinant du travail ».
  • Repas-buffet gratuit le midi, très bon, mais sans alcool.
  • Discussion à propos de CodinGame avec Collègue Docteur-Maboul, dont l’un des amis est un fondateur du site. Je me garde cette info sous le coude, au cas où.
  • On nous demande régulièrement de partager sur les rézosocios tel article ou tel nouvelle, pour « transmettre » et pour « que l’on parle de nous ». Je n’ose pas dire suffisamment fort que ça va rajouter de l’infobésité.

Twit ! Twit ? J’ai faim !

La présentation finale

Celle-ci nous est offerte par Viril Virgile, l’entraineur de l’équipe régionale d’aquafootball chilien.

Viril Virgile, dans les vestiaires pro du stade officiel.

Explication : l’aquafootball chilien n’est pas très connu en France, excepté dans notre région. La Chevalerie du Ballon d’Airin (c’est le nom de l’équipe) est parvenue au fil des ans à se forger (ha ha ha) une renommée internationale. La plupart des gens du coin sont des supporters-évangélistes de ce sport. Vous pouvez pas chier dans la rue sans en croiser un.

ConcreteWorld-🌏 étant sponsor officiel, nous avons régulièrement des places gratuites pour aller voir des matchs, en tribune VIP, s’il vous plaît. Ça a l’air tellement important que c’est compté comme avantage social pour les employés.

Personnellement j’en ai rien à foutre de ce sport à la con, rien à foutre de la VIPerie, et rien à foutre que Viril Virgile nous gratifie de sa présence et soit venu décharger en nous sa sagesse d’entraîneur. Le seul truc dont j’ai pas rien à foutre, c’est les mails envoyés régulièrement « à tout le monde » annonçant les places disponibles pour le prochain match. Ça m’agace car ça rajoute de l’infobésité à ma boîte mail boîtale. Je ne dis rien sous peine de passer pour un gros naze qui ne s’intéresse pas « aux valeurs du sport ».

Je reconnais que cette présentation m’a appris des choses, car j’endosse parfois le rôle d’anthropologue toujours prêt à découvrir des modes de vie de catégories socio-professionnelles différentes de la mienne. Je découvre également le personnage de Viril Virgile, et là c’est une expérience bien moins captivante, du fait de son côté « gros ours mal taillé dans un bloc de parpaing lui-même mal taillé dans un bloc de parpaing plus gros ».

Liste de ses gros-oursitudes :

  • « Bon, je vois qu’il y a des femmes. Désolé, vous vous ennuierez peut-être un peu. » (Du coup, t’aurais dû venir avec une cargaison de cartes-cadeaux Zara et des boules de geisha, pour distraire ces pauvres dames. On n’est plus à un cliché près).
  • « Et aussi, je vais parfois dire des gros mots. » (Apporte-aussi des écouteurs diffusant en boucle du Vianney, du Katy Perry ou n’importe quelle autre soupe girlie, on n’est plus à deux clichés près).
  • Son support de présentation en est resté au stade du power-point. Qui plus est, avec des transitions moches en 3D. Certaines diapos sont présentes en double, voire triple exemplaire.
  • À croire qu’il aime les (répétitions)³, ou alors qu’il se prend pour le Général de Gaulle à l’appel du 18 juin, car il redit parfois trois fois de suite la même phrase.
  • Certaines diapos montrent des fiches de compte-rendu de match. Il y a des smileys content et pas-content dessiné en gros, pour bien montrer aux joueurs ce qui a été bien et pas bien. On a l’impression d’être chez les super-teubés.
  • Mini-vidéo les montrant en visite dans une usine locale de lacets de chaussure. L’un d’eux se prend un carton rouge car il s’énerve durant le quizz final. On peut voir en arrière-plan un grand écran affichant la dernière réponse du quizz, à savoir : « les chaussures ». Laissez-moi deviner la question : « que permet de lacer les objets fabriqués dans notre usine ? ».
  • Pour que les joueurs de l’équipe se sentent impliqués et se comportent correctement avec les journalistes et les gens normaux, Viril Virgile les nomme « Les Chevaliers ». « Tous les membres de l’équipe doivent avoir l’esprit de la ‘chevalerie’ ancré en eux ».
  • Photo de joueurs se serrant dans les bras durant un match, dans une franche, chevaleresque et virile camaraderie. Je dis : « Oooooh, c’est mignon ». Mais ça ne fait pas rire beaucoup de gens autour de moi. Tant pis.
  • Une saison sportive d’aquafootball chilien étant jalonnée d’événements et matchs divers, il est utile d’effectuer une analogie avec une autre histoire, en faisant correspondre leurs étapes respectives. Voilà une idée intéressante. L’année dernière, l’histoire choisie était : le tournoi des 5 nations du rugby. Euh… WTF ? C’est quoi l’intérêt de faire une analogie entre la saison sportive d’un sport et la saison sportive d’un autre sport ? En tout cas, ça va pas aider à diminuer l’impression qu’ils sont super-teubés.

Un collègue sort de la salle. Vraisemblablement parce qu’il en a marre ou qu’il veut aller aux toilettes.

Un peu plus tard, une diapo-power-point affiche le texte « homo numericus ». Viril Virgile nous raconte qu’en voyant cela, l’un de ses Chevaliers a rétorqué en riant : « Hurr hurr huuurr, je préfère être numericus que homo. Hurr hurr huuurr. ». L’assemblée rit légèrement. Viril Virgile ajoute : « Bon, il a dit ça comme ça. Mais je suis assez d’accord. Pas de pédés dans mon équipe. » L’assemblée re-rit à nouveau. J’écoutais à moitié, puisque je dessinais. Je n’ai pas su déterminer s’il disait cela sur le ton de l’humour ou pas.

Collègue Machin dit à ses voisins : « Mais pourquoi les gens rient ? C’est pas drôle. On se targue d’être Action-Bisounours-Compliant, et on rigole à des blagues comme ça ? ».

Je passe quelques minutes à réfléchir à la situation, puis je décide que Viril Virgile ne blaguait pas, que de toutes façons sa présentation commence à me gonfler, et que vu qu’une personne est déjà sortie, j’ai bien le droit de faire pareil.

J’embarque mes dessins et je me casse. Je me retrouve seul dans le hall d’entrée à finir de gribouiller. Je suis un peu inquiet quand même. J’ai peur de devoir me justifier par la suite, et de passer pour le gros boulet qui se permet de monter sur ses grands chevaux juste pour se donner un peu de personnalité.

Lorsqu’enfin la présentation se termine et que tout le monde sort, je découvre que je n’ai rien raté de notable. Ça s’est terminé avec des questions de l’assemblée, dont un bon chapelet de questions chiantes par Collègue GrandBlondAvecPasDeChaussureNoire.

Je me sens obligé d’exprimer pourquoi je suis parti. Je suis agréablement surpris car personne ne désapprouve. Certains s’en tamponnent, d’autres me disent qu’ils ont eux aussi hésité à sortir sans oser le faire, et d’autres encore ont relevé ses remarques introductives de merde à propos des femmes et des gros mots.

Potlatch d’échange

Le lieu de l’orgie dînatoire n’est pas très loin du lieu des présentations, ce qui me permet d’y aller tranquillement en vélo. De plus, je pourrais m’alcooliser sans scrupules puisque pour rentrer chez moi, je ne serais dépendant ni d’un véhicule à moteur ni d’une autre personne.

Comme l’année précédente, un potlatch d’échange est organisé. Chacun vient avec un cadeau et repart avec un autre. En revanche, pas de collègue déguisé en Père Noël. Dommage. On a des collègues noirs, j’aurais trouvé ça super classe et tellement Action-Bisounours-Compliant d’avoir un Père Noël noir.

− T’es pas vraiment fringué en père Noël.
− Et t’es pas vraiment un Bisounours.

Ma contribution à ce potlatch était Boulonix, le chien-robot qui fait caca. Vous l’aurez deviné, le but de ce cadeau était uniquement de me la péter auprès de mes collègues, qu’ils voient comment je suis trop créatif et ingénieux.

Et ça marche. Les gens défilent pour voir ma création, je performe plusieurs fois de suite la démonstration de la nourriture qu’on met dans la bouche de Boulonix et qui ressort par le trou-du-luc.

Les deux nénettes du Département boîtal « Pollinisation de l’entropie réalitoire » sont admiratives. Je suis très content. Dans mon cerveau un peu bancal, ces deux personnes sont des fantasmes platoniques, comme Colléguette Platona dont je vous ai parlé lors du Semencinaire 2018.

Ce serait un peu impersonnel de les appeler « Platona 2 » et « Platona 3 », alors, comme elles s’occupent de pollinisation et que je suis un mec super drôle, la première s’appelle Colléguette Pauline. La deuxième aurait pu s’appeler Colléguette Paulette, mais ça aurait été du second degré tellement naze que ça en serait devenu du zéro degré. Alors en fait elle s’appelle Colléguette Babiole. C’en est presque poétique.

Je les aime bien ces deux nanas. Nous avons vécu des moments d’amitié intenses, à l’époque où nos burlingues étaient dans la même zone d’open space. Surtout lorsque je sortais des blagues débiles et des jeux de mots dignes de Michel Drucker s’il avait décidé de faire des jeux de mots.

En tant que geek-cliché, j’ai aidé Colléguette Pauline à résoudre les exercices de math de son fils. D’autre part, j’ai ouï dire que Colléguette Babiole faisait un peu de graphisme ou de dessin. Et c’est cool.

Une œuvre (en pixel art CGA) de Colléguette Babiole.

Notre amitié éternelle et légendaire a perdu un peu de son intensité lorsque j’ai déménagé de burlingue-open space. Mais on se croise régulièrement à la machine à café ou aux toilettes. Rappelons que je suis une personne qui se rend énormément souvent aux toilettes.

Et donc, ces deux dames trouvent Boulonix magnifique. Flattage d’ego, flattage d’ego. Elles me font promettre de leur en fabriquer un autre du même genre, pour mettre sur leur burlingue commun. Faudra que je m’occupe de ça à l’occasion.

En revanche, Colléguette Carnea n’accroche pas trop. Lorsque je lui fais la démonstration du cacatage boulonixien, elle a un petit sourire crispé sur un air « qu’est-ce qu’il me veut ce gamin avec son jouet scatologique ? ».

Je papillonne dans divers groupes de discussion, à montrer mon chien et/ou mes dessins (ego, ego, ego). Je retombe sur Collègue Docteur-Maboul. Je découvre que lui aussi connait Bukowski, ça fait plaisir.

Durant notre conversation, le contexte fait qu’il éprouve le besoin d’énoncer une expression de type « Avec des ‘si’, on mettrait Paris en bouteille ». Celle qu’il me sort est éminemment über-classe : « Si mon grand-père avait trois couilles, ce serait un flipper ». J’adore.

Le grand-père de Collègue Docteur-Maboul

Çay parti pour le showe !

L’année dernière, le show avait été assuré pas un magicien, que tout le monde avait trouvé tout pourri, mais que j’avais personnellement bien aimé, (je suis peut-être un peu con-con en terme de magie).

Revirement complet pour cette édition, puisque nous avons droit à un spectacle de cabaret, avec danseuses peu habillées. Excellent !

En apprenant cela, plusieurs personnes se sont posé la question de la pertinence d’un spectacle de type foire-à-la-greluche pour une soirée corporate. La cheffette du département boîtal « Orgies Internes » nous a expliqué que celui-ci avait été conseillé par un organisme partenaire, en qui elle avait entière confiance. Lorsqu’elle s’est renseignée plus conséquemment, elle a découvert la nature exacte de la prestation, mais il était trop tard pour chercher autre chose. Elle a malgré tout réussi à négocier quelques conventionnalisations, notamment le fait de ne pas trop montrer de bouts de seins.

Il faut reconnaître qu’elle a réussi à bien gérer la situation, avec les moyens et les infos qu’elle avait. Mais moi, j’aurais bien voulu les voir les bouts de seins. #BalanceTonCorps .

Et qui était donc l’organisme partenaire nous ayant bayé ce conseil ? La Chevalerie du Ballon d’Airin, bien sûr ! Ah nom de dieu de putain de couille de loup, qu’est-ce qu’on se marre.

Ce spectacle de cabaret avait pour thème « les cabarets de Paris ». Wouuuu !!! Une prise de risque artistique de malade !

Qu’à cela ne tienne, ça me plait beaucoup car il y a des femmes rondes.

Les modèles du spectacle

Je suis à la même table que MégaChef En-Même-Temps, du coup j’essaye de me tenir bien. Mais il part assez vite vers le fond de la salle, pour non-danser à côté de quelques personnes qui dansent.

Colléguette Doctoresse-Chaussure, ma voisine de table, est un peu mal à l’aise à cause de cette profusion de peau nue. Je dois avouer que je n’ai pas spécialement fait attention à elle, trop occupé à baver. Heureusement, Colléguette Platona est venue la voir.

Par contre, un type qui nous a lourdé pendant toute la soirée, c’est le chanteur de cabaret. Il apparaissait le temps d’un numéro pour nous pousser une de ses interprétations, tout en essayant de lancer l’ambiance avec des injonctions nazes : « vous pouvez taper dans vos mains si vous voulez ». Wéééééééé !

Je lui hurle dessus qu’on veut soit du Patrick Sébastien, soit les madames. Je tape des mains comme un orang-outang et passe tout le temps de ses chansons merdiques à faire tourner ma serviette. Entre-temps, je me fais une tâche de vin rouge, ce qui était hautement prévisible.

Pour son dernier numéro, ce super-tocard apparait sapé comme le capitaine de La Croisière S’Amuse. Collègue TuLaBoucles annonce : « Ah, on va avoir droit à du Michel Sardou. ‘♪ Quand je pense à la vieille anglaise ♫’. ». Je comprends pas du tout de quoi il parle, jusqu’à ce que super-tocard commence à chanter. On ne l’appellera plus jamais, celui-là.

Les interprétations musicales de super-tocard (allégorie).

Le show se termine sur une apothéose de plumes et de paillettes. Les dames descendent dans le public pour froufrouter leurs robes sur la tête des gens. C’est trop rigolo. On tape dans nos mains, mais cette fois-ci pour applaudir.

Je discutaille ici et là au fur et à mesure que les gens partent. On embarque chacun un super package-cadeau avec de la bonne bouffe et du pinard dedans. Chouette.

Finalement, je rentre tranquillement en vélo. Comme d’habitude, je me plante de chemin mais je ne fais pas demi-tour pour ne pas me taper la honte nucléaire ultime de recroiser des gens qui vont se rendre compte que je me suis planté de chemin. Je parviens malgré tout à rentrer chez moi, avec mon package de miam-miam et ma tâche de vin rouge.

C’était une super journée, riche en bouffe gratuite et en courbes généreuses. Merci ConcreteWorld-🌏 !