Medley d’événements corporates

Cet article sera bourré d’incohérences, encore plus que d’habitude, car il est inspiré de plusieurs événements. Ils se sont tous déroulés il y a plus de deux ans, ne soyez donc pas choqués s’il n’y est fait aucune référence à des masques ou des virus.

L’un de ces événements inaugure le démarrage du projet POILS_PUBIENS. À cette époque, nous n’étions que 4 :

  • Chef NightWish. Pouvoirs spéciaux : balancer des liens vers des docs en croyant que ça va automatiquement résoudre un de nos blocages techniques. Dire « on n’a pas réussi à faire telle chose » pour dire « tu n’as pas réussi à faire telle chose ».
  • Semi-Chef Lucene-Lapin. Pouvoirs spéciaux : travailler la nuit et dormir le jour, déclencher des « réunions coup-de-poing », coder des projets persos clients lourds en PHP (wtf ?). Son titre de noblesse a fluctué d’un article à l’autre : « Collègue », « Chef », etc. On va dire qu’il est Semi-Chef.
  • Collègue DocteurMaboul. Pouvoirs spéciaux : écrire de la documentation en LATEX, faire des présentations avec des images rigolotes hahaha.
  • Et moi, bien sûr.

Petit zoom sur Collègue DocteurMaboul, mon meilleur collègue de tous les temps et de toutes les boîtes où j’ai été :

  • Il gueule contre les chefs afin d’obtenir des avantages, pour lui-même et pour l’équipe, ce dont je suis incapable en tant que SuperFlamby.
  • Il lèche les bottes de ses collègues et encense le moindre petit morceau de travail produit, ce que j’aime en tant que SuperEgo.
  • Il glandouille et ne travaille que sur les sujets qui l’intéressent, au point de déformer l’espace glandique local, masquant ainsi les glanderies moins prononcées des collègues situés à proximité, ce qui m’intéresse en tant que SuperGlandeur.

C’était mon collègue-fusible. Je me disais : « tant qu’il est là, je peux glander un peu puisque de toutes façons je glanderai jamais autant que lui ». Spoiler alert : le fusible a pas tenu.

L’événement se déroule en Sicile, dans une villa isolée du monde extérieur. Nous y crécherons pendant 4 jours, l’objectif étant d’élaborer le « Business Model Canvas » du projet.

Phase 1 : on collecte des slips…

Petit rappel concernant POILS_PUBIENS : il s’agit d’une gamme d’application cosmologiques ayant pour sacerdoce de lutter contre les distortions spatio-temporelles de l’univers, sur tous les plans d’existence confiés par nos clients, afin d’empêcher un débordement de chaos. C’est un outil parmi d’autres dans ce passionant métier qu’est le maintien de la réalité, mais nous avons vocation à en faire un outil central qui recueillerait les détections de paradoxe génériques des autres outils.

Comme cet article est un medley, en même temps qu’on est 4, on est aussi une quinzaine de personne, mais l’événement va durer une seule journée et une seule nuit. La nuit sera longue…

Un nombre conséquent d’embauche a été récemment effectué, nous ne nous connaissons pas tous très bien. Nous avions donc pour consigne de préparer des petites présentations de nous-mêmes. Les collègues front-enders ont osé un Power Point ironico-dégueulasse rose fluo + WordArt arc-en-ciel + gif animés de dancing banana. Sa confection leur a pris une bonne demi-journée.

De mon côté, j’ai recensé des hobbys et des passions de chaque collègue, afin d’obtenir un joli graphe connexe (les collègues A et B aiment l’aquafootball, les collègues B et C aiment collectionner des images de nichons, etc.). J’ai ensuite créé un petit jeu dans lequel il faut retrouver toutes les associations hobby-personne. Je ne peux pas vous le montrer car il révélerait des choses trop intimes. Mais je l’ai recyclé en un jeu-hommage à Eye of the Beholder, décrit dans cet ancien article, et jouable par ici.

J’ai aussi demandé un petit créneau pour jouer un sketch de mon crû sur le langage python. Oui, on peut faire des blagues avec du code.

Patchwork narratif du matin

L’événement est situé à quelques lieues du Travail. Chef NightWish nous a laissé nous organiser pour le trajet, avec l’obligation d’arriver au plus tard à 12h30. Sous-entendu : « le matin vous bossez normalement, parce que les événements corporate faut pas en abuser. En partant vers 11h, vous serez large pour arriver à 12h30 ».

On part dès 9h. Chef NightWish tire la tronche. On fait semblant de rien et on s’éclipse.

On débarque tranquille dans la maison-villa AirBnB. La gérante nous fait visiter. Elle est un peu âgée, avec des seins énormes. Pour de vrai. C’est pas moi qui le fantasme.

Des collègues installent du matos musical (sono, guitare, piano électropsychédélique et autres fatras). Vous verrez bientôt pourquoi.

Concernant la boustifaille, nous avons chacun été affecté à un poste précis. Collègue Aquafootball, autoproclamé « roi du barbeuk », s’est proposé pour les saucisses du soir. Il se nomme ainsi car c’est un grand supporter de l’équipe locale d’aquafootball chilien, le sport populaire de la région.

J’ai personnellement opté pour la salade-tomate-mozzarella, du soir aussi. Je peux donc glander.

J’aurais aimé distiller dans cet article une ambiance glauque et effrayante : la villa sicilienne est hantée, on entend des bruits, des personnes disparaissent, on ne peut plus repartir car la voiture est en panne, etc. Mais la matière ne s’y prêtait pas. Les deux points les plus dérangeants de la maison sont :

  • la disposition des toilettes : juste à côté de la cuisine. Si ça ne tenait qu’à moi, on serait toujours à moins de 20 mètres d’une chiotte partout dans le monde. C’est important. Mais de là à avoir un accès direct aux chiottes depuis la cuisine, une limite a été franchie.
  • Une absence de moyen acceptable de faire du café. Nous disposons d’un récipient bizarre dans lequel il faut tout mettre en vrac (eau et café moulu), puis nous devons appuyer tout doucement sur un piston afin de séparer le café liquide du café moulu. Ça ne marche pas. Nous mâcherons du café pendant 4 jours.

On pose notre fatras informatique dans la salle principale. Entre temps, Chef NightWish est arrivé. Comme il s’y croit à fond, il annonce avec un corporatisme empreint d’ironie que cette pièce sera la « War Room ».

Collègue Aquafootball teste la tireuse à bière. Je discute du projet annexe Arcanciel avec Stagiaire SuperCSS.

Le projet annexe Arcanciel est un truc de dingue, développé en partenariat avec la Zuzu Academy (l’université gratuite de Marc Zuckerberg). Comme vous le savez, l’œil humain ne distingue pas toutes les couleurs, or certains bugs de réalité ne se voient que sur certaines longueurs d’onde chromatique bien spécifiques. Arcanciel est un framework javascript permettant de convertir les couleurs d’un type d’œil vers un autre. Vous pouvez afficher une image telle que vue par un daltonien deutéranope, ou bien vue par un chien qui veut savoir comment voient les yeux d’une mante de mer, etc. C’est énormément de code, avec des calculs ultra-optimisés.

Tout le monde est là, c’est le moment de montrer notre surprise à Chef NightWish, car c’est son anniversaire ! Nous lui offrons une interprétation de la chanson « Something Wrong » du groupe islandais Bang Gang, avec des paroles personnalisées pour lui. Il a une petite larmette pendant notre prestation.

Bang Gang : meilleur groupe du monde, meilleur nom de groupe du monde, va te faire foutre la SEO.

C’est Semi-Chef Lucene-Lapin qui s’est occupé des paroles. Il avait inévitablement déclenché une « réunion-coup-de-poing » pour en faire part au reste de l’équipe, avec réservation de salle et tout. J’étais un peu gêné. Des gens passaient dans le couloir et voyaient à travers la vitre un texte humoristique projeté sur grand écran.

Ça lui avait pris deux demi-nuits. Ce mec peut travailler des nuits entières sur des documents sérieux, puis d’autres nuits entières sur des trucs complètement aléatoires tels que des énigmes amusantes proposées par des collègues (pour une fois c’était pas moi). La journée, il m’appelle pour me narrer ce qu’il a fait de ses nuits (le sérieux ET l’aléatoire). Toutes ces heures passées au téléphone… Je les rentabilise en cassant des amandes, le téléphone sur l’oreille. J’en ai des pleines boîtes à chaussures, que je cueille chaque année sur les amandiers poussant autour de chez moi.

Et donc, cette performance chantatoire est la raison pour laquelle nous étions partis en avance. Nous devions installer le matos sans que Chef NightWish ne nous voit. Je ne suis pas sûr qu’il l’ait réalisé. Pour tous les domaines qu’il connait un minimum (entre autres, l’informatique et la musique), Chef NightWish croit systématiquement que chaque action « ne prendra pas plus de 5 minutes ». On retrouve ce caractère chez beaucoup de chefs.

De plus, il faut bien l’avouer, l’installation n’a pas pris énormément de temps. En tout cas, c’est sûr que ça ne nécessitait pas la contribution de tout le monde, puisque j’ai glandé pendant que d’autres s’y attelaient.

Pour finir cette matinée : repas classe et équilibré préparé avec amour par les collègues assignés à la bouffe du midi.

Moi pendant que les autres travaillaient.

Gloubiboulga récitatoire de l’après-midi

Séance de réflexion sur le Business Model Canvas et ses schémas annexes : Customer Journey Map, Economic Canvas, Environmental Canvas, Disruptifier Bullshit Canvas, etc. Vous connaissez le principe : on écrit un truc sur un post-it et on le colle sur un des schémas.

J’adore les pitreries corporate, mais j’ai beaucoup de mal à y garder mon sérieux. J’ai des idées de post-it que je trouve pertinentes, mais je ne peux m’empêcher de les présenter de manière débile. Par exemple, j’écris : « les lois étendues de conservation de la réalité physique, on n’y comprend rien ! ». Chef NightWish est obligé de dédébiliser le propos et de le remplacer par : « manque de connaissance théorique de l’équipe technique ». C’est pas très gentil de ma part et ça ralentit l’avancée de la réflexion, mais moi je me marre.

Le groupe de travail voisin, dans lequel officient Semi-Chef Lucene-Lapin et Collègue Aquafootball, a adopté la technique du pastis-post-it. Un post-it collé, un pastis, un post-it collé, un pastis, etc.

De manière prévisible, la War Room devient un océan de post-its aux couleurs criardes et entropiques.

Chef NightWish : « Nous ne devons pas hésiter à remettre en question ou casser des choses établies depuis des années. En gros : soyez punks ! ».

Des post-its punks.

Il nous donne comme exemple Elon Musk avec sa société SpaceX. La NASA imposait une gargantuesque liste d’exigences pour je-ne-sais-quel outil de navigation. Une seule entreprise au monde était capable de les fabriquer et les vendait à un prix stratosphérique (amusant pour un machin censé aller dans l’espace). Mumusk a pris un iPad, a (fait) effectuer une gargantuesque liste de tests pour prouver qu’il répondait aux exigences exigées, et c’est passé. Comme quoi il existe des appareils qui se vendent à un prix encore plus stratosphérique que le prix déjà bien stratosphérique d’un iPad.

Je reprécise que les événements corporates narrés ici datent de plusieurs années, Mumusk avait encore à peu près la cote auprès de la population humaine, Twitter gazouillait innocemment des propos d’une toxicité variable.

Vient alors le moment de faire nos auto-présentations. L’horrible & glorieux Power Point fait sensation. Collègue Aquafootball, alcoolisé par les bières et le pastis-post-it, commence à raconter n’importe quoi de plus en plus fort. Semi-Chef Lucene-Lapin trouve notre show très goleri, ha ha ha, mais aurait surtout souhaité une liste de nos compétences techniques : qui sait faire du python, du front-end, du big data, de la colorimétrie karmagraphique, … Ah oui, c’eut été intéressant.

Petite pause autorisée, avant de se remettre en groupe de travail pour préparer la restitution finale de nos post-its. Quelques personnes jouent au jeu des hobbys. Cool. Collègue DocteurMaboul entraine son groupe (dont moi) dans la méga-piscine de la maison. Le temps de pause file comme le vent. On revient à l’arrache, plus ou moins rhabillés et les cheveux dégoulinants. La restitution risque d’être un peu légère.

Dans une autre réalité, Chef NightWish nous présente le « Manifeste de la Bienveillance de POILS_PUBIENS ». Sur ce document est gravé en lettre de feu que nous devons être gentil, ne pas nous pourrir mutuellement et ne pas répéter ce que dit un collègue en prenant une voix de débile pour se moquer. Collègue BarryWhite met en doute la réelle utilité d’un tel texte. Chef NightWish répond que dans d’autres boîtes, il a vécu des moments où des ardeurs testostéronesques inter-collègues furent désamorcées grâce à quelqu’un qui montra du doigt le manifeste local placardé au mur.

Collègue BarryWhite continue d’émettre des doutes. Il est à la limite de se foutre de la gueule de Chef NightWish. Je lui réponds que dans le respect du Manifeste, on ne doit pas se foutre de la gueule des autres, y compris au sujet du Manifeste lui-même.

Collègue BarryWhite se nomme ainsi car il a le physique inverse de BarryWhite, tout en ayant sa voix. C’est assez troublant.

Le Manifeste.

Dans une autre réalité, un tournoi de paintball est organisé. Le gagnant remportera un coussin-peluche à l’effigie du logo de notre projet. Je suis l’un des plus mauvais, dans l’équipe la plus mauvaise. Ça me rappelle une partie de Laser Quest que j’avais disputé contre des gamins de 8 ans. J’étais arrivé avant-dernier. Évidemment, si ça avait été un tournoi de Clash of Codes, je leur aurai tous dévissé la tronche.

Malgré tout, je reste fair-play, en particulier lorsqu’une personne d’une autre équipe se vautre devant moi telle une otarie bourrée à la bière et se flingue le genou. Je m’enquiert de son état et ne lui tire pas dessus à bout portant. J’ai dû me faire violence, car cette personne est une autre fan d’aquafootball chilien, mais de type reloue. Elle arrête pas de fanfaronner chaque fois que son équipe gagne. Insupportable.

Chef NightWish n’est pas dans l’équipe la plus mauvaise, mais il est le plus mauvais. Ça finit par le gonfler d’arriver à rien. Dans les dernières minutes, il court dans tous les sens en rafalant aléatoirement et en insultant les mères de tout le monde.

Il est un peu essouflé et un peu rouge au moment de remettre le trophée à la personne gagnante (je ne sais plus qui c’est).

Saurez-vous deviner ce que représente ce trophée-coussin-peluche ?

Dans l’autre-autre réalité, notre restitution se déroule tant bien que mal et notre ardent travail est achevé. Les schémas dûment post-ités doivent maintenant nous permettre de déterminer notre Business Model. Chef NightWish énonce en quelques phrases le fonctionnement du projet et la manière dont il permettra de générer des clients et des soussous. On est tous bluffés : c’est clair, ça semble réaliste et c’est sorti naturellement. Une sorte de magie corporato-cognitive s’est opérée, notre travail de pastis-post-it-bullsh-it n’était rien d’autre qu’une préparation pour obtenir ces phrases qui nous sont maintenant évidentes.

Je pense que c’est des conneries et que Chef NightWish a tout fomenté à l’avance. Ces fameuses phrases étaient déjà prêtes bien avant le début de l’événement. Si je les ais instantanément approuvées, c’est surtout par fainéantise et par facilité. Dois-je rappeler que je préfère sauter dans une piscine, boire de la bière et réaliser des mini-jeux plutôt que de réfléchir à la proposition de valeur d’une start-up que l’on souhaiterait à haut potentiel de licornitude ?

Bachouillis racontariens du soir + lendemain

Réaffectation des tâches pour la préparation de la bouffe du soir, car Collègue Aquafootball est étrangement introuvable. Je me vois octroyé, d’autorité, le titre de « prince régent du barbeuk ». Je ne suis pas doué pour ce genre d’activité adulte et virile, je crame 73% des saucisses, ça aurait pu être pire.

Un québecois spawne de nul part, probablement un locataire comme nous. Comment a-t-il fait le trajet du Québec jusqu’à cette villa paumée en Sicile sans qu’on le voit arriver ? On ne le saura jamais. Il décline poliment notre invitation à partager notre repas, car il a déjà mangé. Mais il accepte l’invitation à boire et à discuter. Il a inévitablement un accent rigolo.

Je gratte les pourcentages de saucisse non-cramés et tente de les ingérer, car je n’aime pas gâcher la nourriture. Une voix proférant des propos aléatoires me fait relever la tête de mon assiette. Collègue Aquafootball a réapparu. Il parle avec le québecois, très fort et en anglais. Plusieurs personnes lui disent à plusieurs reprises que ce natif de la Belle Province parle et comprend le français, ce dont Collègue Aquafootball n’a cure. Un tel comportement peut-il être qualifié de « punk » ?

Il est 2 heures du matin, c’est le moment de sortir mon ordinateur et de proposer mon sketch sur le python. Dans un futur indéterminé, je vous ferais un article de blog pour vous le montrer. En attendant, voici un avant-goût : ouvrez une console python, écrivez None is not False et appuyez sur Entrée. Lolilol !

Dans tous les événements corporate dont cet article est le medley, je présente ce sketch. Chef NightWish, qui y a déjà assisté, me fait remarquer que la blague « None is not False », je finirai par ne plus pouvoir l’utiliser. Sous-entendu : « ton sketch, c’est du réchauffé ». Ouais, et alors ? T’as mieux à proposer ? Viens nous faire un sketch sur les Business Model Canvas ! (C’est même pas ironique).

Semi-Chef Lucene-Lapin tente de mettre en défaut mes connaissances, en me questionnant sur la manière dont les nombres décimaux sont gérés en python. Il me suggère de tester des opérations mathématiques donnant des résultats faux à cause des approximations. C’est censé me surprendre.

Réponse : les nombres décimaux sont gérés pareil que dans la plupart des autres langages, c’est à dire avec la norme IEEE 754 (mais toujours en précision « double », 64 bits). Sauf que je maîtrise mal ces histoires de valeur approchées et ne parviens pas à lui répondre. Je considère que Semi-Chef Lucene-Lapin a mis en défaut mes connaissances sur la norme IEEE 754, mais pas sur le python.

Je me permets de lui montrer que s’il veut des valeurs plus exactes, avec une précision configurable et théoriquement infinie, il suffit d’utiliser le module « decimal », de la librairie standard du python. Merci, au revoir.

Le sketch terminé, chacun retourne à des occupations plus ou moins valorisantes : boisson, katastro-karaoké avec le matos de musique, discussion sur la vie, …

On re-perd Collègue Aquafootball. On le re-retrouve endormi dans un fossé, serrant dans ses bras une bouteille de whisky aromatisé au sirop d’érable. Stagiaire SuperCSS le traine jusque dans la villa et le pose en vrac sur un canapé. La plupart des gens partent se coucher. Nous ne sommes plus que quatre : Semi-Chef Lucene-Lapin, Collègue DocteurMaboul, Stagiaire SuperCSS et moi.

Collègue DocteurMaboul sort un petit carré de shit et commence à rouler. Ça fait plus de quinze ans que je n’avais pas fumé. Je le remercie pour ce petit moment de nostalgie qui me remémore ma vie étudiante et post-étudiante. À l’époque où ce récit se déroule, le CBD n’était pas encore à la mode. Cela dit j’ai jamais testé ce truc.

Dans une autre réalité, ce n’est pas la dernière nuit de l’événement, et le Business Model Canvas n’est pas fini. Nous restons à rédiger des post-its supplémentaires. C’est clairement pas la même réalité que celle avec le shit.

Dans la réalité précédente, nous discutons de l’avenir du projet jusqu’à 4 heures du matin.

Les deux réalités se rejoignent lorsqu’on va tous se coucher. Sauf pour Semi-Chef Lucene-Lapin, qui utilise son pouvoir spécial et continue de rédiger des post-its tout seul.

Le lendemain, les gens se réveillent à des heures non centrées et non normées. Nous rangeons le bordel : ordinateurs, bouteilles vides, tireuses à bière, morceaux de saucisse, matériel de musique, fins de pétards, post-its, …

Après un vote à l’unanimité, nous annulons les résultats du tournoi de paintball. La personne ayant gagné accepte de bon cœur de rendre le trophée-coussin-peluche-poils-pubiens (de toutes façons je savais même plus qui c’était), afin de le remettre solennellement et officiellement à Collègue Aquafootball, pour l’ensemble de sa prestation de la veille.

Covoiturage pour rentrer, dans la voiture de Collègue BarryWhite. Nous mettons plus de temps qu’à l’aller, car nous devons faire une pause tous les 20 kilomètres pour laisser vomir Collègue Aquafootball.

Durant l’une de ces sessions « dégobillage », nous sommes arrêtés dans un chemin d’entrée de maison. Un vieux affublé d’une casquette Spiderman s’approche de nous. On lui explique pourquoi on est là, qu’on est désolé et qu’on va très vite repartir. Le vieux ne dit rien et reste à nous regarder jusqu’à ce qu’on parte. C’était pas par méchanceté ni par crainte qu’on soit des cambrioleurs gérontophiles. C’est juste qu’il était très vieux et n’avait plus la faculté de parler. Un moment étrange, hors du temps.

Collègue Aquafootball perdu dans son vomi et le vieux Spiderman bizarre (allégorie).

Épilogue

Le dérapage alcoolisé de Collègue Aquafootball restera dans les esprits et sera diffusé, répété et mentionné durant plusieurs mois. Le pauvre ne méritait pas ça, d’autant plus que c’était exceptionnel (dans tous les sens du terme). Ce n’est pas un déglingopathe habitué du binge partying. Ça avait fait pareil avec Chef Peyotl : il a eu un seul écart malheureux et les gens en reparlaient encore des années après. C’est pourquoi, j’essaye pour ma part de ne pas trop faire circuler ce genre d’embarrassantes sorties de route. Sauf que je les écris et les immortalise dans ce blog. Zut…

Collègue BarryWhite deviendra un early adopter de Squarity. C’est grâce à des gens comme lui si je continue d’avoir le courage d’avancer ce pojet personnel. Ça avance juste très lentement.

Le coussin-peluche deviendra la mascotte de la boîte, trônant sur le burlingue de Collègue Aquafootball. Nous nous amuserons régulièrement à nous le lancer mutuellement à la tronche.

Stagiaire SuperCSS, armé d’un magnum de vodka, consacrera deux week-ends au projet annexe Arcanciel. Son travail rendra caduc et inutile tout le code déjà produit par la Zuzu Academy. Ce que la plupart des gens ignorent (mais pas lui), c’est que les codes couleurs CSS peuvent contenir de nombreuses valeurs hexadécimales. Les 3 premières indiquent les quantités de rouge, de vert et de bleu, les suivantes décrivent les différentes couleurs visibles par d’autres types de cônes et de bâtonnets présents dans différents types d’organes visuels, aussi bien humains que animaux.

color: #AABBCC1122334455667788990000111111

Collègue DocteurMaboul se fera intégralement virer comme un malpropre. Licenciement pour truanderie au travail et glanderie aggravée, sans indemnité ni pot de départ. C’était mon gonfleur d’égo, mon aggro à chefs, mon meilleur collègue de tous les temps. Il ne pouvait pas durer éternellement. Je le remercie de m’avoir permis de croiser son chemin à lui, iridescent et éthéré.

Semi-Chef Lucene-Lapin, armé d’un Jéroboam de Ricard, tentera de fusionner le PHP de Drupal avec le PHP de Symfony en une ultime application client lourd, mais échouera à cause de la mauvaise gestion des encodages de caractères dans le PHP, qui effacera tous les points-virgules de son code source. Son rythme de travail-sommeil incompatible avec le reste de l’humanité agacera la hiérarchie, qui le semi-placardisera en abaissant son contrat de travail aux trois cinquièmes.

Chef Nightwish démissionnera pour aller brouter de l’herbe plus verte ailleurs. Il fera un pot de départ comme il se doit, que je rentabiliserai un max (fondue savoyarde).

Des quatre fondateurs originaux du projet POILS_PUBIENS, il n’en reste maintenant plus que 1,6 (suite au passage aux trois-cinquième de Semi-Chef Lucene-Lapin). Ce dernier se rapproche doucement de l’âge de la retraite…

Sauf que bientôt, il ne restera plus que 0,6 fondateurs. Si vous avez lu cet article jusqu’ici, vous méritez bien une petite info exclusive : je vais très prochainement changer de crémerie ! Je ne manquerai pas de vous écrire une palanquée d’articles récapitulant les divers moments intéressants et étranges de cette présente incarnation professionnelle. Cependant, je dois vous avertir qu’il y aura moins de matière que ma série d’articles revanchards et cathartiques que j’avais écris en fuyant Zarma.pro.

À bientôt !

Ça c’est pas moi, c’est Collègue DocteurMaboul

4 réponses à “Medley d’événements corporates

  1. Plop plop,

    Merci pour ce concentré de bonne humeur sarcastique!
    Je suis toujours aussi fan : c’est précisément ça qui m’a fait lire l’ensemble du blog après l’avoir découvert avec je ne sais plus quel jeu.

    J’ai hâte de lire la suite de tes aventures d’ouvrier-codeur-crémier.
    @ bientot.
    Nark

  2. Merci pour ce commentaire, cher et assidu Nark.

    Je suis impressionné que tu ais lu tout mon blog. Merci beaucoup ! Ça gonfle mon ego, et ça va m’encourager à écrire la suite (même si par ailleurs, j’ai continuellement un petit singe dans la tête qui m’encourage à glander).

    Du coup je suis continuellement en train de me battre contre le singe dans ma tête. Je fais avec !

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